[7,6] § 1. Ἐπεὶ δὲ τὸ κινοῦν κινεῖ τι ἀεὶ καὶ ἔν τινι καὶ μέχρι του (λέγω δὲ
τὸ μὲν ἔν τινι, ὅτι ἐν χρόνῳ, τὸ δὲ μέχρι του, ὅτι ποσόν τι μῆκος· ἀεὶ γὰρ
ἅμα κινεῖ καὶ κεκίνηκεν, ὥστε ποσόν τι ἔσται ὃ ἐκινήθη, καὶ ἐν ποσῷ),
§ 2. εἰ δὴ τὸ μὲν Α τὸ κινοῦν, τὸ δὲ Β τὸ κινούμενον, ὅσον δὲ κεκίνηται
μῆκος τὸ Γ, ἐν ὅσῳ δέ, ὁ χρόνος, ἐφ' οὗ τὸ Δ, ἐν δὴ τῷ ἴσῳ χρόνῳ ἡ ἴση
δύναμις ἡ ἐφ' οὗ τὸ Α τὸ ἥμισυ τοῦ Β διπλασίαν τῆς Γ κινήσει, τὴν δὲ τὸ Γ
ἐν τῷ ἡμίσει τοῦ Δ· οὕτω γὰρ ἀνάλογον ἔσται.
§ 3. Καὶ εἰ ἡ αὐτὴ δύναμις τὸ αὐτὸ ἐν τῳδὶ τῷ χρόνῳ τοσήνδε κινεῖ καὶ τὴν
ἡμίσειαν ἐν τῷ ἡμίσει, καὶ ἡ ἡμίσεια ἰσχὺς τὸ ἥμισυ κινήσει ἐν τῷ ἴσῳ
χρόνῳ τὸ ἴσον. Οἷον τῆς Α δυνάμεως ἔστω ἡμίσεια ἡ τὸ Ε καὶ τοῦ Β τὸ Ζ
ἥμισυ· ὁμοίως δὴ ἔχουσι καὶ ἀνάλογον ἡ ἰσχὺς πρὸς τὸ βάρος, ὥστε ἴσον ἐν
ἴσῳ χρόνῳ κινήσουσιν.
§ 4. Καὶ εἰ τὸ Ε τὸ Ζ κινεῖ ἐν τῷ Δ τὴν Γ, οὐκ ἀνάγκη ἐν τῷ ἴσῳ χρόνῳ τὸ
ἐφ' οὗ Ε τὸ διπλάσιον τοῦ Ζ κινεῖν τὴν ἡμίσειαν τῆς Γ·
§ 5. εἰ δὴ τὸ Α τὴν τὸ Β κινεῖ ἐν τῷ Δ ὅσην ἡ τὸ Γ, τὸ ἥμισυ τοῦ Α τὸ ἐφ'
ᾧ Ε τὴν τὸ Β οὐ κινήσει ἐν τῷ χρόνῳ ἐφ' ᾧ τὸ Δ οὐδ' ἔν τινι τοῦ Δ τι τῆς Γ
ἀνάλογον πρὸς τὴν ὅλην τὴν Γ ὡς τὸ Α πρὸς τὸ Ε· ὅλως γὰρ εἰ ἔτυχεν οὐ
κινήσει οὐδέν· οὐ γὰρ εἰ ἡ ὅλη ἰσχὺς τοσήνδε ἐκίνησεν, ἡ ἡμίσεια οὐ
κινήσει οὔτε ποσὴν οὔτ' ἐν ὁποσῳοῦν· εἷς γὰρ ἂν κινοίη τὸ πλοῖον, εἴπερ ἥ
τε τῶν νεωλκῶν τέμνεται ἰσχὺς εἰς τὸν ἀριθμὸν καὶ τὸ μῆκος ὃ πάντες
ἐκίνησαν.
§ 6. Διὰ τοῦτο ὁ Ζήνωνος λόγος οὐκ ἀληθής, ὡς ψοφεῖ τῆς κέγχρου ὁτιοῦν
μέρος· οὐδὲν γὰρ κωλύει μὴ κινεῖν τὸν ἀέρα ἐν μηδενὶ χρόνῳ τοῦτον ὃν
ἐκίνησεν πεσὼν ὁ ὅλος μέδιμνος. Οὐδὲ δὴ τοσοῦτον μόριον, ὅσον ἂν κινήσειεν
τοῦ ὅλου εἰ εἴη καθ' αὑτὸ τοῦτο, οὐ κινεῖ. Οὐδὲ γὰρ οὐδὲν ἔστιν ἀλλ' ἢ
δυνάμει ἐν τῷ ὅλῳ.
§ 7. Εἰ δὲ τὰ <κινοῦντα> δύο, καὶ ἑκάτερον τῶνδε ἑκάτερον κινεῖ τὸ τοσόνδε
ἐν τοσῷδε, καὶ συντιθέμεναι αἱ δυνάμεις τὸ σύνθετον ἐκ τῶν βαρῶν τὸ ἴσον
κινήσουσιν μῆκος καὶ ἐν ἴσῳ χρόνῳ· ἀνάλογον γάρ.
§ 8. Ἆρ' οὖν οὕτω καὶ ἐπ' ἀλλοιώσεως καὶ ἐπ' αὐξήσεως; Τὶ μὲν γὰρ τὸ
αὖξον, τὶ δὲ τὸ αὐξανόμενον, ἐν ποσῷ δὲ χρόνῳ καὶ ποσὸν τὸ μὲν αὔξει τὸ δὲ
αὐξάνεται. Καὶ τὸ ἀλλοιοῦν καὶ τὸ ἀλλοιούμενον ὡσαύτως – τὶ καὶ ποσὸν κατὰ
τὸ μᾶλλον καὶ ἧττον ἠλλοίωται, καὶ ἐν ποσῷ χρόνῳ, ἐν διπλασίῳ διπλάσιον,
καὶ τὸ διπλάσιον ἐν διπλασίῳ· τὸ δ' ἥμισυ ἐν ἡμίσει χρόνῳ (ἢ ἐν ἡμίσει
ἥμισυ), ἢ ἐν ἴσῳ διπλάσιον. Εἰ δὲ τὸ ἀλλοιοῦν ἢ αὖξον τὸ τοσόνδε ἐν τῷ
τοσῷδε αὔξει ἢ ἀλλοιοῖ, οὐκ ἀνάγκη καὶ τὸ ἥμισυ ἐν ἡμίσει καὶ ἐν ἡμίσει
ἥμισυ, ἀλλ' οὐδέν, εἰ ἔτυχεν, ἀλλοιώσει ἢ αὐξήσει, ὥσπερ καὶ ἐπὶ τοῦ
βάρους.
| [7,6] CHAPITRE VI.
§ 1. Le moteur meut toujours quelque chose, dans un certain espace et
dans une certaine mesure; par un certain espace, j'entends un certain
espace de temps; et par une certaine mesure, je veux dire une certaine
longueur; car toujours le moteur meut en même temps qu'il a mu, et ce
qui a été mu sera une certaine quantité, qui elle-même sera mue dans
une certaine quantité.
§ 2. Soit donc A le moteur, B le mobile, et C la quantité dont il a été mu.
Le temps durant lequel le mouvement a eu lieu, sera représenté par D.
Dans un temps égal, la puissance égale représentée par A, fera faire à la
moitié de B un mouvement qui sera le double de C; et il fera parcourir la
distance C dans la moitié du temps D ; car ce sera là la proportion.
§ 3. Si dans tel temps donné la même puissance meut le même mobile
de telle quantité, il produira la moitié de ce mouvement dans un temps
moitié moindre. La moitié de la force produira la moitié du mouvement,
dans un temps égal sur un mobile égal. Par exemple, soit la puissance
E, moitié de la puissance A; et F moitié de B. Les rapports restent les
:mêmes, et la force est en proportion avec le poids à mouvoir. Par
conséquent, ces deux forces produiront le même mouvement dans un
temps égal.
§ 4. Si E meut F d'un mouvement C dans le temps D, il n'en résulte pas
nécessairement que dans un temps égal E puisse mouvoir le double de
F, de la moitié de C.
§ 5. Si A meut le mobile B dans le temps D d'une quantité égale à C, la
moitié de A représentée par E ne pourra pas mouvoir B dans le temps D.
Elle ne pourra pas non plus faire parcourir au mobile une partie de C, ou
telle partie proportionnelle qui serait à C tout entier comme A est à E; car
ce cas posé, il n'y aura pas du tout de mouvement. S'il faut, en effet, la
force tout entière pour mouvoir telle quantité, la moitié de la force ne
pourra la mettre en mouvement, ni d'une certaine distance, ni dans une
proportion de temps quelconque ; car alors il suffirait d'un homme tout
seul pour mettre un navire en mouvement, si l'on pouvait ainsi diviser la
force de tous les matelots, soit relativement au nombre, soit relativement
à la longueur que tous réunis ont pu faire ensemble parcourir au
bâtiment.
§ 6. Aussi, c'est là ce qui montre que Zénon se trompe quand il prétend
qu'une partie quelconque du tas de grains doit faire du bruit; car rien
n'empêche que, dans aucun espace de temps, cette partie ne soit hors
d'état de mouvoir cet air que le médimne entier a pu mouvoir en tombant.
Elle ne peut même pas, quand elle est en soi et isolée, mouvoir autant
d'air qu'elle en mettrait en mouvement sur la totalité; car aucune partie
n'a même de puissance que quand elle est dans le tout.
§ 7. Que si l'on suppose deux forces au lieu d'une; et que chacune de
ces forces meuvent chaque mobile de telle quantité dans tel temps
donné, les cieux forces réunies pousseront le poids total formé de la
réunion des poids d'une quantité égale, dans un temps égal ; car c'est la
la proportion.
§ 8. Mais en est-il encore ainsi de l'altération et de l'accroissement ? D'un
côté il y a ce qui accroît ; de l'autre, ce qui est accru. L'un accroît dans un
certain temps, et d'une certaine quantité; l'autre est accru dans les
mêmes conditions. De même l'altérant et l'altéré sont modifiés en plus et
en moins, d'une certaine façon et dans une certaine mesure, et dans un
certain temps. Dans un temps double, l'objet changera le double, et s'il a
changé le double, c'est dans un temps double ; dans la moitié du temps,
il changera de moitié, et s'il a changé de moitié, c'est dans la moitié du
temps ; ou parfois le double dans un temps égal. Mais si l'altérant et
l'accroissant altèrent ou accroissent de telle quantité dans tel temps
donné, il ne s'ensuit pas nécessairement que la moitié fasse la moitié, ou
que la moitié agisse deux fois moins dans un temps deux fois moindre.
Mais il se peut fort bien aussi qu'il n'y ait aucune altération, ni aucun
accroissement, comme cela avait lieu aussi dans le cas de la pesanteur.
|