Texte grec :
[6,6] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Ϛ'.
§ 1. Ἐπεὶ δὲ πᾶν τὸ μεταβάλλον ἔκ τινος εἴς τι μεταβάλλει, ἀνάγκη τὸ
μεταβεβληκός, ὅτε πρῶτον μεταβέβληκεν, εἶναι ἐν ᾧ μεταβέβληκεν. Τὸ γὰρ
μεταβάλλον, ἐξ οὗ μεταβάλλει, ἐξίσταται ἢ ἀπολείπει αὐτό, καὶ ἤτοι ταὐτόν
ἐστι τὸ μεταβάλλειν καὶ τὸ ἀπολείπειν, ἢ ἀκολουθεῖ τῷ μεταβάλλειν τὸ
ἀπολείπειν. Εἰ δὲ τῷ μεταβάλλειν τὸ ἀπολείπειν, τῷ μεταβεβληκέναι τὸ
ἀπολελοιπέναι· ὁμοίως γὰρ ἑκάτερον ἔχει πρὸς ἑκάτερον. Ἐπεὶ οὖν μία τῶν
μεταβολῶν ἡ κατ' ἀντίφασιν, ὅτε μεταβέβληκεν ἐκ τοῦ μὴ ὄντος εἰς τὸ ὄν,
ἀπολέλοιπεν τὸ μὴ ὄν. Ἔσται ἄρα ἐν τῷ ὄντι· πᾶν γὰρ ἀνάγκη ἢ εἶναι ἢ μὴ
εἶναι. Φανερὸν οὖν ὅτι ἐν τῇ κατ' ἀντίφασιν μεταβολῇ τὸ μεταβεβληκὸς ἔσται
ἐν ᾧ μεταβέβληκεν. Εἰ δ' ἐν ταύτῃ, καὶ ἐν ταῖς ἄλλαις· ὁμοίως γὰρ ἐπὶ μιᾶς
καὶ τῶν ἄλλων.
§ 2. Ἔτι δὲ καὶ καθ' ἑκάστην λαμβάνουσι φανερόν, εἴπερ ἀνάγκη τὸ
μεταβεβληκὸς εἶναί που ἢ ἔν τινι. Ἐπεὶ γὰρ ἐξ οὗ μεταβέβληκεν ἀπολέλοιπεν,
ἀνάγκη δ' εἶναί που, ἢ ἐν τούτῳ ἢ ἐν ἄλλῳ ἔσται. Εἰ μὲν οὖν ἐν ἄλλῳ, οἷον
ἐν τῷ Γ, τὸ εἰς τὸ Β μεταβεβληκός, πάλιν ἐκ τοῦ Γ μεταβάλλει εἰς τὸ Β· οὐ
γὰρ ἦν ἐχόμενον τὸ Β, ἡ δὲ μεταβολὴ συνεχής. Ὥστε τὸ μεταβεβληκός, ὅτε
μεταβέβληκεν, μεταβάλλει εἰς ὃ μεταβέβληκεν. Τοῦτο δ' ἀδύνατον· ἀνάγκη ἄρα
τὸ μεταβεβληκὸς εἶναι ἐν τούτῳ εἰς ὃ μεταβέβληκεν.
§ 3. Φανερὸν οὖν ὅτι καὶ τὸ γεγονός, ὅτε γέγονεν, ἔσται, καὶ τὸ ἐφθαρμένον
οὐκ ἔσται· καθόλου τε γὰρ εἴρηται περὶ πάσης μεταβολῆς, καὶ μάλιστα δῆλον
ἐν τῇ κατ' ἀντίφασιν.
§ 4. Ὅτι μὲν τοίνυν τὸ μεταβεβληκός, ὅτε μεταβέβληκε πρῶτον, ἐν ἐκείνῳ
ἐστίν, δῆλον.
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Traduction française :
[6,6] CHAPITRE VI.
§ 1. Comme tout ce qui vient à changer change de tel état dans tel autre
état, il s'ensuit nécessairement que ce qui a changé, dès le premier
moment qu'il a changé, doit être dans la chose en laquelle il a changé.
En effet, ce qui change sort de l'état qu'il change, ou si l'on veut il quitte
cet état. Et certainement, ou changer et quitter son état sont deux idées
qui se confondent; ou bien l'idée de quitter est la conséquence de celle
de changer, comme avoir quitté est la conséquence d'avoir changé ; car
le rapport de l'un de ces termes à l'autre est absolument pareil pour les
deux cas. Si donc c'est une espèce de changement que le changement par
contradiction, quand une chose change du non-être à l'être, elle a quitté et perdu
l'état de non-être, elle fera donc partie de l'être; car il faut de toute nécessité
qu'une chose soit ou ne soit pas. Par conséquent, il est clair que, pour le
changement par contradiction, la chose changée sera dans la chose en laquelle
elle a changé. Et, s'il en est ainsi dans ce changement spécial, il en sera de même
pour tous les autres changements ; car il en est pour tous ce qu'il en est pour un
seul.
§ 2. On peut encore aisément s'en convaincre, en considérant à part chacun des
changements, puisque, nécessairement, ce qui a subi le changement doit être
dans un certain lieu ou dans une certaine chose. En effet, comme il a quitté l'état
qu'il a changé, et qu'il faut bien qu'il soit quelque part, il sera, ou dans cet objet
dans lequel il a changé, ou dans un autre. S'il est dans un autre et que ce soit en
C, par exemple, ce qui a changé en B doit encore changer de C en B ; car C n'est
pas supposé continu à B. Or, le changement est continu. Par conséquent, ce qui a
changé, quand il a déjà changé, change en ce en quoi il a déjà changé. Mais cela
n'est pas possible. Donc, ce qui a changé doit nécessairement être dans ce en
quoi il a changé.
§ 3. Par suite, il n'est pas moins évident que ce qui a été est au moment où il a
été, et que ce qui a péri n'existe plus. Mais ces généralités qui s'appliquent à
toute espèce de changement, s'appliquent surtout avec évidence au changement
qui se marque par la contradiction.
§ 4. Ainsi, l'on voit que ce qui a changé est, dès le premier moment qu'il a
changé, dans l'objet en lequel il change.
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