[6,15] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΕ'.
§ 1. Ἀποδεδειγμένων δὲ τούτων λέγομεν ὅτι τὸ ἀμερὲς οὐκ ἐνδέχεται
κινεῖσθαι πλὴν κατὰ συμβεβηκός, οἷον κινουμένου τοῦ σώματος ἢ τοῦ μεγέθους
τῷ ἐνυπάρχειν, καθάπερ ἂν εἰ τὸ ἐν τῷ πλοίῳ κινοῖτο ὑπὸ τῆς τοῦ πλοίου
φορᾶς ἢ τὸ μέρος τῇ τοῦ ὅλου κινήσει.
§ 2. Ἀμερὲς δὲ λέγω τὸ κατὰ ποσὸν ἀδιαίρετον.
§ 3. Καὶ γὰρ αἱ τῶν μερῶν κινήσεις ἕτεραί εἰσι κατ' αὐτά τε τὰ μέρη καὶ
κατὰ τὴν τοῦ ὅλου κίνησιν. Ἴδοι δ' ἄν τις ἐπὶ τῆς σφαίρας μάλιστα τὴν
διαφοράν· οὐ γὰρ ταὐτὸν τάχος ἐστὶ τῶν τε πρὸς τῷ κέντρῳ καὶ τῶν ἐκτὸς καὶ
τῆς ὅλης, ὡς οὐ μιᾶς οὔσης κινήσεως.
§ 4. Καθάπερ οὖν εἴπομεν, οὕτω μὲν ἐνδέχεται κινεῖσθαι τὸ ἀμερὲς ὡς ὁ ἐν
τῷ πλοίῳ καθήμενος τοῦ πλοίου θέοντος, καθ' αὑτὸ δ' οὐκ ἐνδέχεται.
Μεταβαλλέτω γὰρ ἐκ τοῦ ΑΒ εἰς τὸ ΒΓ, εἴτ' ἐκ μεγέθους εἰς μέγεθος εἴτ' ἐξ
εἴδους εἰς εἶδος εἴτε κατ' ἀντίφασιν· ὁ δὲ χρόνος ἔστω ἐν ᾧ πρώτῳ
μεταβάλλει ἐφ' οὗ Δ. Οὐκοῦν ἀνάγκη αὐτὸ καθ' ὃν μεταβάλλει χρόνον ἢ ἐν τῷ
ΑΒ εἶναι ἢ ἐν τῷ ΒΓ, ἢ τὸ μέν τι αὐτοῦ ἐν τούτῳ τὸ δ' ἐν θατέρῳ· πᾶν γὰρ
τὸ μεταβάλλον οὕτως εἶχεν. Ἐν ἑκατέρῳ μὲν οὖν οὐκ ἔσται τι αὐτοῦ· μεριστὸν
γὰρ ἂν εἴη. Ἀλλὰ μὴν οὐδ' ἐν τῷ ΒΓ· μεταβεβληκὸς γὰρ ἔσται, ὑπόκειται δὲ
μεταβάλλειν. Λείπεται δὴ αὐτὸ ἐν τῷ ΑΒ εἶναι, καθ' ὃν μεταβάλλει χρόνον.
Ἠρεμήσει ἄρα· τὸ γὰρ ἐν τῷ αὐτῷ εἶναι χρόνον τινὰ ἠρεμεῖν ἦν. Ὥστ' οὐκ
ἐνδέχεται τὸ ἀμερὲς κινεῖσθαι οὐδ' ὅλως μεταβάλλειν·
§ 5. μοναχῶς γὰρ ἂν οὕτως ἦν αὐτοῦ κίνησις, εἰ ὁ χρόνος ἦν ἐκ τῶν νῦν·
αἰεὶ γὰρ ἐν τῷ νῦν κεκινημένον ἂν ἦν καὶ μεταβεβληκός, ὥστε κινεῖσθαι μὲν
μηδέποτε, κεκινῆσθαι δ' ἀεί. Τοῦτο δ' ὅτι ἀδύνατον, δέδεικται καὶ
πρότερον· οὔτε γὰρ ὁ χρόνος ἐκ τῶν νῦν οὔθ' ἡ γραμμὴ ἐκ στιγμῶν οὔθ' ἡ
κίνησις ἐκ κινημάτων· οὐθὲν γὰρ ἄλλο ποιεῖ ὁ τοῦτο λέγων ἢ τὴν κίνησιν ἐξ
ἀμερῶν, καθάπερ ἂν εἰ τὸν χρόνον ἐκ τῶν νῦν ἢ τὸ μῆκος ἐκ στιγμῶν.
§ 6. Ἔτι δὲ καὶ ἐκ τῶνδε φανερὸν ὅτι οὔτε στιγμὴν οὔτ' ἄλλο ἀδιαίρετον
οὐθὲν ἐνδέχεται κινεῖσθαι. Ἅπαν γὰρ τὸ κινούμενον ἀδύνατον πρότερον μεῖζον
κινηθῆναι αὑτοῦ, πρὶν ἢ ἴσον ἢ ἔλαττον. Εἰ δὴ τοῦτο, φανερὸν ὅτι καὶ ἡ
στιγμὴ ἔλαττον ἢ ἴσον κινηθήσεται πρῶτον. Ἐπεὶ δὲ ἀδιαίρετος, ἀδύνατον
ἔλαττον κινηθῆναι πρότερον· ἴσην ἄρα αὑτῇ. Ὥστε ἔσται ἡ γραμμὴ ἐκ στιγμῶν·
αἰεὶ γὰρ ἴσην κινουμένη τὴν πᾶσαν γραμμὴν στιγμὴ καταμετρήσει. Εἰ δὲ τοῦτο
ἀδύνατον, καὶ τὸ κινεῖσθαι τὸ ἀδιαίρετον ἀδύνατον.
§ 7. Ἔτι δ' εἰ ἅπαν ἐν χρόνῳ κινεῖται, ἐν δὲ τῷ νῦν μηθέν, ἅπας δὲ χρόνος
διαιρετός, εἴη ἄν τις χρόνος ἐλάττων ὁτῳοῦν τῶν κινουμένων ἢ ἐν ᾧ κινεῖται
ὅσον αὐτό. Οὗτος μὲν γὰρ ἔσται χρόνος ἐν ᾧ κινεῖται διὰ τὸ πᾶν ἐν χρόνῳ
κινεῖσθαι, χρόνος δὲ πᾶς διαιρετὸς δέδεικται πρότερον. Εἰ δ' ἄρα στιγμὴ
κινεῖται, ἔσται τις χρόνος ἐλάττων ἢ ἐν ᾧ αὑτὴν ἐκινήθη. Ἀλλὰ ἀδύνατον· ἐν
γὰρ τῷ ἐλάττονι ἔλαττον ἀνάγκη κινεῖσθαι. Ὥστε ἔσται διαιρετὸν τὸ
ἀδιαίρετον εἰς τὸ ἔλαττον, ὥσπερ καὶ ὁ χρόνος εἰς τὸν χρόνον.
§ 8. Μοναχῶς γὰρ ἂν κινοῖτο τὸ ἀμερὲς καὶ ἀδιαίρετον, εἰ ἦν ἐν τῷ νῦν
κινεῖσθαι δυνατὸν τῷ ἀτόμῳ· τοῦ γὰρ αὐτοῦ λόγου ἐν τῷ νῦν κινεῖσθαι καὶ
ἀδιαίρετόν τι κινεῖσθαι.
| [6,15] CHAPlTRE XV.
§ 1. Ceci démontré, nous prétendons que ce qui est sans parties ne peut
avoir de mouvement, si ce n'est indirectement ; et, par exemple,
l'indivisible ne se meut que par le mouvement du corps ou de la grandeur
quelconque dans laquelle il est, comme une chose qui est dans un
bateau et qui n'est mise en mouvement que par le mouvement du bateau
même ; ou bien encore, comme la partie est mue par le mouvement du tout.
§ 2. Quand je dis « Sans parties, » j'entends ce qui est indivisible sous le
rapport de la quantité.
§ 3. Car les mouvements des parties sont différents, selon que ces parties
elles-mêmes se meuvent, ou que c'est le tout lui-même qui est en mouvement.
Où l'on peut bien observer cette différence, c'est dans la sphère; car la rapidité des
parties qui sont au centre, ou des parties qui sont à la surface, ou de la sphère
elle-même n'est pas identique; et c'est bien la preuve qu'il n'y a pas un seul
mouvement.
§ 4. Ainsi donc, nous le répétons, ce qui est sans parties peut se mouvoir comme
se meut la personne assise dans un bateau, par cela seul que le bateau est en
marche. Mais en soi, ce qui est sans parties ne peut pas se mouvoir. Supposons,
en effet, que le corps change de AB en BC, soit d'ailleurs qu'il change en passant
d'une grandeur à une autre grandeur, soit en passant d'une forme à une autre
forme, soit que ce soit par simple contradiction. Soit D le temps primitif durant
lequel le corps change. Il y a nécessité que l'objet dans le temps où il change soit
tout entier ou en AB ou en BC, ou qu'une de ses parties soit dans l'un, et qu'une
de ses parties soit dans l'autre, puisque tout ce qui change est soumis à cette
condition, ainsi que nous l'avons vu. Mais d'abord une partie de l'objet ne pourra
être dans l'un et dans l'autre; car alors l'objet serait divisible. De plus, il ne peut
pas davantage être dans BC ; car alors il aura changé, et nous supposons qu'il
change. Reste donc que l'objet soit dans AB, durant le temps où il change. Donc
il y sera en repos ; car être en repos signifie, ainsi que nous l'avons dit, se trouver
dans le même état durant quelque temps. Donc par conséquent, ce qui est sans
parties ne peut ni se mouvoir, ni éprouver un changement quelconque.
§ 5. Il n'y aurait qu'un seul sens où l'on pourrait dire que le corps se meut : c'est
le cas où le temps se composerait d'instants ; car le corps aurait été mu, et il
aurait changé toujours dans un instant, de telle sorte qu'on pourrait dire que
l'objet n'est jamais actuellement en mouvement et qu'il y a toujours été. Mais
nous avons antérieurement démontré que c'est là une chose impossible; car le
temps ne se compose pas plus d'instants que la ligne ne se compose de points, ni
que le mouvement ne se compose de motions successives; et, si l'on soutenait
cette théorie, cela reviendrait absolument à dire que le mouvement se compose
d'éléments sans parties ; par exemple, comme le temps qui se composerait
d'instants, et que la grandeur se compose de points.
§ 6. Une autre conséquence évidente de ceci, c'est que le point, ni aucun
indivisible, ne peut avoir de mouvement. En effet, aucun corps en mouvement
ne peut, dans son mouvement, parcourir un espace plus grand que lui, sans avoir
préalablement parcouru un espace égal à lui-même, ou un espace plus petit. Cela
posé, il est évident que le point parcourra un espace, ou plus petit que lui, ou
égal à lui, avant de parcourir tout autre espace. Mais le point étant indivisible, il
est bien impossible qu'il parcoure préalablement un espace plus petit que lui-même.
Il parcourra donc un espace égal ; et par conséquent, la ligne sera
composée de points; car ayant un mouvement égal à lui-même, le point finira par
mesurer toute la ligne. Mais si cela ne se peut pas, il ne se peut pas non plus
davantage que l'indivisible soit jamais en mouvement.
§ 7. Ajoutez que si tout ce qui se meut doit se mouvoir dans le temps, et que
dans un instant il n'y ait aucun mouvement possible ; et si le temps est toujours
divisible, il s'ensuit qu'il y aura, pour tout mobile quelconque, un temps moindre
que le temps dans lequel il parcourt, en se mouvant, un espace égal à lui-même.
Or, ce sera précisément le temps durant lequel il se meut, parce que le
mouvement ne peut jamais avoir lieu que dans le temps. Mais il a été démontré
plus haut que le temps est toujours divisible. Si donc le point se meut, il y aura
un temps plus petit dans lequel son mouvement aura eu lien. Mais cela est de
toute impossibilité, puisque dans un temps moindre il faut nécessairement que le
mouvement soit moindre aussi; et par conséquent, l'indivisible serait divisé en
parties moindres, comme le temps lui-même serait divisé en temps.
§ 8. Ainsi donc, ce qui est sans parties et est indivisible ne pourrait se mouvoir
qu'a une seule condition, c'est qu'il fût possible qu'il y eût mouvement dans un
instant indivisible; car cela revient tout à fait au même, et qu'il puisse y avoir
mouvement dans l'instant, et que l'indivisible puisse se mouvoir.
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