[3,4] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Δ'.
§ 1. Ἐπεὶ δ' ἐστὶν ἡ περὶ φύσεως ἐπιστήμη περὶ μεγέθη καὶ κίνησιν καὶ
χρόνον, ὧν ἕκαστον ἀναγκαῖον ἢ ἄπειρον ἢ πεπερασμένον εἶναι, εἰ καὶ μὴ πᾶν
ἐστιν ἄπειρον ἢ πεπερασμένον, οἷον πάθος ἢ στιγμή (τῶν γὰρ τοιούτων ἴσως
οὐδὲν ἀναγκαῖον ἐν θατέρῳ τούτων εἶναι), προσῆκον ἂν εἴη τὸν περὶ φύσεως
πραγματευόμενον θεωρῆσαι περὶ ἀπείρου, εἰ ἔστιν ἢ μή, καὶ εἰ ἔστιν, τί ἐστιν.
§ 2. Σημεῖον δ' ὅτι ταύτης τῆς ἐπιστήμης οἰκεία ἡ θεωρία ἡ περὶ αὐτοῦ·
πάντες γὰρ οἱ δοκοῦντες ἀξιολόγως ἧφθαι τῆς τοιαύτης φιλοσοφίας πεποίηνται
λόγον περὶ τοῦ ἀπείρου, καὶ πάντες ὡς ἀρχήν τινα τιθέασι τῶν ὄντων.
§ 3. Οἱ μέν, ὥσπερ οἱ Πυθαγόρειοι καὶ Πλάτων, καθ' αὑτό, οὐχ ὡς συμβεβηκός
τινι ἑτέρῳ ἀλλ' οὐσίαν αὐτὸ ὂν τὸ ἄπειρον.
§ 4. Πλὴν οἱ μὲν Πυθαγόρειοι ἐν τοῖς αἰσθητοῖς (οὐ γὰρ χωριστὸν ποιοῦσιν
τὸν ἀριθμόν), καὶ εἶναι τὸ ἔξω τοῦ οὐρανοῦ ἄπειρον, Πλάτων δὲ ἔξω μὲν
οὐδὲν εἶναι σῶμα, οὐδὲ τὰς ἰδέας, διὰ τὸ μηδὲ ποὺ εἶναι αὐτάς, τὸ μέντοι
ἄπειρον καὶ ἐν τοῖς αἰσθητοῖς καὶ ἐν ἐκείναις εἶναι·
§ 5. καὶ οἱ μὲν τὸ ἄπειρον εἶναι τὸ ἄρτιον (τοῦτο γὰρ ἐναπολαμβανόμενον
καὶ ὑπὸ τοῦ περιττοῦ περαινόμενον παρέχειν τοῖς οὖσι τὴν ἀπειρίαν· σημεῖον
δ' εἶναι τούτου τὸ συμβαῖνον ἐπὶ τῶν ἀριθμῶν· περιτιθεμένων γὰρ τῶν
γνωμόνων περὶ τὸ ἓν καὶ χωρὶς ὁτὲ μὲν ἄλλο ἀεὶ γίγνεσθαι τὸ εἶδος, ὁτὲ δὲ
ἕν), Πλάτων δὲ δύο τὰ ἄπειρα, τὸ μέγα καὶ τὸ μικρόν.
§ 6. Οἱ δὲ περὶ φύσεως πάντες {ἀεὶ} ὑποτιθέασιν ἑτέραν τινὰ φύσιν τῷ
ἀπείρῳ τῶν λεγομένων στοιχείων, οἷον ὕδωρ ἢ ἀέρα ἢ τὸ μεταξὺ τούτων.
§ 7. Τῶν δὲ πεπερασμένα ποιούντων στοιχεῖα οὐθεὶς ἄπειρα ποιεῖ·
§ 8. ὅσοι δ' ἄπειρα ποιοῦσι τὰ στοιχεῖα, καθάπερ Ἀναξαγόρας καὶ
Δημόκριτος, ὁ μὲν ἐκ τῶν ὁμοιομερῶν, ὁ δ' ἐκ τῆς πανσπερμίας τῶν σχημάτων,
τῇ ἁφῇ συνεχὲς τὸ ἄπειρον εἶναι φασίν.
§ 9. Καὶ ὁ μὲν ὁτιοῦν τῶν μορίων εἶναι μίγμα ὁμοίως τῷ παντὶ διὰ τὸ ὁρᾶν
ὁτιοῦν ἐξ ὁτουοῦν γιγνόμενον· ἐντεῦθεν γὰρ ἔοικε καὶ ὁμοῦ ποτὲ πάντα
χρήματα φάναι εἶναι, οἷον ἥδε ἡ σὰρξ καὶ τόδε τὸ ὁστοῦν, καὶ οὕτως ὁτιοῦν·
καὶ πάντα ἄρα· καὶ ἅμα τοίνυν· ἀρχὴ γὰρ οὐ μόνον ἐν ἑκάστῳ ἔστι τῆς
διακρίσεως, ἀλλὰ καὶ πάντων. Ἐπεὶ γὰρ τὸ γιγνόμενον ἐκ τοῦ τοιούτου
γίγνεται σώματος, πάντων δ' ἔστι γένεσις πλὴν οὐχ ἅμα, καί τινα ἀρχὴν δεῖ
εἶναι τῆς γενέσεως, αὕτη δ' ἐστὶν μία, οἷον ἐκεῖνος καλεῖ νοῦν, ὁ δὲ νοῦς
ἀπ' ἀρχῆς τινος ἐργάζεται νοήσας· ὥστε ἀνάγκη ὁμοῦ ποτε πάντα εἶναι καὶ
ἄρξασθαί ποτε κινούμενα. Δημόκριτος δ' οὐδὲν ἕτερον ἐξ ἑτέρου γίγνεσθαι
τῶν πρώτων φησίν· ἀλλ' ὅμως γε αὐτῷ τὸ κοινὸν σῶμα πάντων ἐστὶν ἀρχή.
Mεγέθει κατὰ μόρια καὶ σχήματι διαφέρον.
§ 10. Ὅτι μὲν οὖν προσήκουσα τοῖς φυσικοῖς ἡ θεωρία, δῆλον ἐκ τούτων.
§ 11. Εὐλόγως δὲ καὶ ἀρχὴν αὐτὸ τιθέασι πάντες· οὔτε γὰρ μάτην οἷόν τε
αὐτὸ εἶναι, οὔτε ἄλλην ὑπάρχειν αὐτῷ δύναμιν πλὴν ὡς ἀρχήν· ἅπαντα γὰρ ἢ
ἀρχὴ ἢ ἐξ ἀρχῆς, τοῦ δὲ ἀπείρου οὐκ ἔστιν ἀρχή· εἴη γὰρ ἂν αὐτοῦ πέρας.
§ 12. Ἔτι δὲ καὶ ἀγένητον καὶ ἄφθαρτον ὡς ἀρχή τις οὖσα· τό τε γὰρ
γενόμενον ἀνάγκη τέλος λαβεῖν, καὶ τελευτὴ πάσης ἔστιν φθορᾶς. Διό,
καθάπερ λέγομεν, οὐ ταύτης ἀρχή, ἀλλ' αὕτη τῶν ἄλλων εἶναι δοκεῖ
§ 13. καὶ περιέχειν ἅπαντα καὶ πάντα κυβερνᾶν, ὥς φασιν ὅσοι μὴ ποιοῦσι
παρὰ τὸ ἄπειρον ἄλλας αἰτίας, οἷον νοῦν ἢ φιλίαν·
§ 14. καὶ τοῦτ' εἶναι τὸ θεῖον· ἀθάνατον γὰρ καὶ ἀνώλεθρον, ὥσπερ φησὶν
Ἀναξίμανδρος καὶ οἱ πλεῖστοι τῶν φυσιολόγων.
| [3,4] CHAPITRE IV.
§ 1. La science de la nature s'occupant des grandeurs, du
mouvement et du temps, trois choses qui sont de toute nécessité ou
infinies ou finies, bien que d'ailleurs on ne puisse pas dire que tout sans
exception soit infini ou fini, par exemple la qualité dans les choses et le
point en mathématiques, les choses de ce genre ne devant peut-être pas
nécessairement être rangées dans l'une ou l'autre de ces deux classes,
il convient, quand en traite de la nature, d'étudier aussi l'infini et de
rechercher s'il est ou s'il n'est pas ; et dans le cas où il est, ce qu'il est.
§ 2. Une preuve manifeste que cette recherche sur l'infini appartient
en propre à la science de la nature, c'est que tous ceux qui ont traité
avec une véritable autorité cette partie de la philosophie, se sont
occupés de l'infini. Tous en ont fait un principe des êtres.
§ 3. Les uns, comme les Pythagoriciens et Platon, pensant que l'infini
est en soi ce principe, en ont fait non pas l'attribut et l'accident d'une
autre chose, mais une substance qui existe par elle-même.
§ 4. La seule différence, c'est que les Pythagoriciens mettent l'infini
parmi les choses sensibles; car ils ne supposent pas que le nombre est
séparé des choses; et l'infini est pour eux ce qui est en dehors du ciel.
Platon, au contraire, pense qu'en dehors du ciel il n'y a rien, pas même
les Idées, qui d'ailleurs ne sont nulle part; et il n'en soutient pas moins
que l'infini est dans les choses sensibles et dans les Idées.
§ 5. Les Pythagoriciens disent encore que l'infini est le pair; car selon
eux, c'est le pair qui, enveloppé et complété par l'impair, donne aux êtres
l'infinitude. Ils allèguent en preuve ce qui se passe dans les nombres, où
en ajoutant les gnomons à l'unité, et séparément, on obtient tantôt une
figure toujours différente et tantôt une figure pareille. De son côté, Platon
distingue deux infinis, qui sont le grand et le petit.
§ 6. Les philosophes physiciens supposent tous à l'infini une autre
nature, et lui prêtent celle des éléments qu'ils admettent, tels que l'eau,
l'air, et les intermédiaires analogues.
§ 7. Parmi ceux qui reconnaissent que les éléments sont en nombre
fini, personne n'a jamais songé à les faire infinis en grandeur.
§ 8. Mais ceux qui croient les éléments infinis en nombre, comme
Anaxagore et Démocrite, l'un les composant de ses parties similaires ou
Homoeoméries, et l'autre de ses formes partout répandues comme des
germes, ceux-là pensent que l'infini est continu par le contact universel
des choses.
§ 9. Anaxagore affirme qu'une partie quelconque d'une chose est un
mélange pareil au reste de l'univers, parce que selon lui on peut observer
que tout vient de tout. C'est là aussi ce qui lui faisait dire qu'à l'origine
toutes choses étaient pêle-mêle les uns avec les autres, et que, par
exemple, ce qui est actuellement de la chair était aussi ce qui est
actuellement des os et telle autre chose, que tout en un mot était tout, et
que toutes choses étaient par conséquent confondues ensemble ; car
selon lui, non seulement il y a dans chacune un principe de distinction
pour cette chose même, mais un principe de distinction pour toutes les
autres. Mais comme il est bien vrai, en effet, que tout ce qui se produit
vient d'un corps analogue, qu'il y a réellement génération de tout, sans
que d'ailleurs cette génération soit simultanée, ainsi que le croit
Anaxagore, et comme enfin il faut un principe précis de génération, ce
principe est certainement unique, et c'est ce qu'Anaxagore appelle
l'Intelligence. Or, l'Intelligence en agissant intellectuellement doit partir
d'un certain principe déterminé. Donc, nécessairement tout était jadis
pêle-mêle ; et les choses ont dû commencer à recevoir le mouvement.
Quant à Démocrite, il pense que jamais dans les éléments primordiaux
l'un ne peut venir de l'autre; mais que cependant c'est le même corps
commun qui est le principe de tous les autres, ne variant jamais que par
la grandeur et la forme de ses parties.
§ 10. Ce qui précède doit nous prouver que l'étude de l'infini
appartient bien aux physiciens.
§ 11. Tous d'ailleurs ont eu pleine raison de faire de l'infini un
principe ; car il n'est pas possible que l'infini ait été fait pour rien; et on ne
peut pas lui attribuer une autre valeur que celle de principe. Tout, en
effet, est principe ou vient d'un principe; mais il ne peut pas y avoir un
principe de l'infini, puisqu'alors ce serait une limite qui le rendrait fini.
§ 12. Il faut de plus que l'infini, en tant que principe d'un certain
genre, soit incréé et impérissable; car ce qui est créé doit avoir une fin; et
il y a un terme à tout dépérissement. Aussi, nous le répétons, il n'y a pas
de principe de l'infini, et c'est lui qui semble le principe de tout le reste.
§ 13. « Il embrasse tout, il gouverne tout, » comme le disent ceux qui
ne reconnaissent point en dehors de l'infini d'autres causes telles que
l'Intelligence ou l'Amour.
§ 14. Ils ajoutent que l'infini est le divin, puisqu'il est immortel et
indestructible, ainsi que le disait Anaximandre, et avec lui, le plus grand
nombre des philosophes Naturalistes.
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