[1,4] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Δ'.
§ 1. Καὶ ἐξ ὧν ἐπιδεικνύουσι, λύειν οὐ χαλεπόν. Ἀμφότεροι γὰρ ἐριστικῶς
συλλογίζονται, καὶ Μέλισσος καὶ Παρμενίδης {καὶ γὰρ ψευδῆ λαμβάνουσι καὶ
ἀσυλλόγιστοί εἰσιν αὐτῶν οἱ λόγοι· μᾶλλον δ' ὁ Μελίσσου φορτικὸς καὶ οὐκ
ἔχων ἀπορίαν, ἀλλ' ἑνὸς ἀτόπου δοθέντος τἆλλα συμβαίνει· τοῦτο δ' οὐθὲν
χαλεπόν}.
§ 2. Ὅτι μὲν οὖν παραλογίζεται Μέλισσος, δῆλον· οἴεται γὰρ εἰληφέναι, εἰ
τὸ γενόμενον ἔχει ἀρχὴν ἅπαν, ὅτι καὶ τὸ μὴ γενόμενον οὐκ ἔχει.
§ 3. Εἶτα καὶ τοῦτο ἄτοπον, τὸ παντὸς εἶναι ἀρχήν – τοῦ πράγματος καὶ μὴ
τοῦ χρόνου, καὶ γενέσεως μὴ τῆς ἁπλῆς ἀλλὰ καὶ ἀλλοιώσεως, ὥσπερ οὐκ
ἀθρόας γιγνομένης μεταβολῆς.
§ 4. Ἔπειτα διὰ τί ἀκίνητον, εἰ ἕν; Ὣσπερ γὰρ καὶ τὸ μέρος ἓν ὄν, τοδὶ τὸ
ὕδωρ, κινεῖται ἐν ἑαυτῷ, διὰ τί οὐ καὶ τὸ πᾶν; Ἔπειτα ἀλλοίωσις διὰ τί οὐκ
ἂν εἴη;
§ 5. Ἀλλὰ μὴν οὐδὲ τῷ εἴδει οἷόν τε ἓν εἶναι, πλὴν τῷ ἐξ οὗ (οὕτως δὲ ἓν
καὶ τῶν φυσικῶν τινες λέγουσιν, ἐκείνως δ' οὔ)· ἄνθρωπος γὰρ ἵππου ἕτερον
τῷ εἴδει καὶ τἀναντία ἀλλήλων.
§ 6. Καὶ πρὸς Παρμενίδην δὲ ὁ αὐτὸς τρόπος τῶν λόγων, καὶ εἴ τινες ἄλλοι
εἰσὶν ἴδιοι· καὶ ἡ λύσις τῇ μὲν ὅτι ψευδὴς τῇ δὲ ὅτι οὐ συμπεραίνεται,
§ 7. ψευδὴς μὲν ᾗ ἁπλῶς λαμβάνει τὸ ὂν λέγεσθαι, λεγομένου πολλαχῶς,
§ 8. ἀσυμπέραντος δὲ ὅτι, εἰ μόνα τὰ λευκὰ ληφθείη, σημαίνοντος ἓν τοῦ
λευκοῦ, οὐθὲν ἧττον πολλὰ τὰ λευκὰ καὶ οὐχ ἕν· οὔτε γὰρ τῇ συνεχείᾳ ἓν
ἔσται τὸ λευκὸν οὔτε τῷ λόγῳ. Ἄλλο γὰρ ἔσται τὸ εἶναι λευκῷ καὶ τῷ
δεδεγμένῳ. Καὶ οὐκ ἔσται παρὰ τὸ λευκὸν οὐθὲν χωριστόν· οὐ γὰρ ᾗ χωριστὸν
ἀλλὰ τῷ εἶναι ἕτερον τὸ λευκὸν καὶ ᾧ ὑπάρχει. Ἀλλὰ τοῦτο Παρμενίδης οὔπω
συνεώρα.
§ 9. Ἀνάγκη δὴ λαβεῖν μὴ μόνον ἓν σημαίνειν τὸ ὄν, καθ' οὗ ἂν κατηγορηθῇ,
ἀλλὰ καὶ ὅπερ ὂν καὶ ὅπερ ἕν. Τὸ γὰρ συμβεβηκὸς καθ' ὑποκειμένου τινὸς
λέγεται, ὥστε ᾧ συμβέβηκε τὸ ὄν, οὐκ ἔσται (ἕτερον γὰρ τοῦ ὄντος)· ἔσται
τι ἄρα οὐκ ὄν. Οὐ δὴ ἔσται ἄλλῳ ὑπάρχον τὸ ὅπερ ὄν. Οὐ γὰρ ἔσται ὄν τι
αὐτὸ εἶναι, εἰ μὴ πολλὰ τὸ ὂν σημαίνει οὕτως ὥστε εἶναί τι ἕκαστον. Ἀλλ'
ὑπόκειται τὸ ὂν σημαίνειν ἕν.
§ 10. Εἰ οὖν τὸ ὅπερ ὂν μηδενὶ συμβέβηκεν ἀλλὰ <τὰ ἄλλα> ἐκείνῳ, τί μᾶλλον
τὸ ὅπερ ὂν σημαίνει τὸ ὂν ἢ μὴ ὄν; Εἰ γὰρ ἔσται τὸ ὅπερ ὂν {ταὐτὸ} καὶ
λευκόν, τὸ λευκῷ δ' εἶναι μὴ ἔστιν ὅπερ ὄν (οὐδὲ γὰρ συμβεβηκέναι αὐτῷ
οἷόν τε τὸ ὄν· οὐδὲν γὰρ ὂν ὃ οὐχ ὅπερ ὄν), οὐκ ἄρα ὂν τὸ λευκόν· οὐχ οὕτω
δὲ ὥσπερ τι μὴ ὄν, ἀλλ' ὅλως μὴ ὄν. Τὸ ἄρα ὅπερ ὂν οὐκ ὄν·
§ 11. ἀληθὲς γὰρ εἰπεῖν ὅτι λευκόν, τοῦτο δὲ οὐκ ὂν ἐσήμαινεν. Ὥστε καὶ
τὸ λευκὸν σημαίνει ὅπερ ὄν· πλείω ἄρα σημαίνει τὸ ὄν.
§ 12. Οὐ τοίνυν οὐδὲ μέγεθος ἕξει τὸ ὄν, εἴπερ ὅπερ ὂν τὸ ὄν· ἑκατέρῳ γὰρ
ἕτερον τὸ εἶναι τῶν μορίων.
§ 13. Ὅτι δὲ διαιρεῖται τὸ ὅπερ ὂν εἰς ὅπερ ὄν τι ἄλλο, καὶ τῷ λόγῳ
φανερόν, οἷον ὁ ἄνθρωπος εἰ ἔστιν ὅπερ ὄν τι, ἀνάγκη καὶ τὸ ζῷον ὅπερ ὄν
τι εἶναι καὶ τὸ δίπουν. Εἰ γὰρ μὴ ὅπερ ὄν τι, συμβεβηκότα ἔσται. Ἢ οὖν τῷ
ἀνθρώπῳ ἢ ἄλλῳ τινὶ ὑποκειμένῳ. Ἀλλ' ἀδύνατον.
§ 14. Συμβεβηκός τε γὰρ λέγεται τοῦτο, ἢ ὃ ἐνδέχεται ὑπάρχειν καὶ μὴ
ὑπάρχειν, ἢ οὗ ἐν τῷ λόγῳ ὑπάρχει τὸ ᾧ συμβέβηκεν {ἢ ἐν ᾧ ὁ λόγος ὑπάρχει
ᾧ συμβέβηκεν} (οἷον τὸ μὲν καθῆσθαι ὡς χωριζόμενον, ἐν δὲ τῷ σιμῷ ὑπάρχει
ὁ λόγος ὁ τῆς ῥινὸς ᾗ φαμὲν συμβεβηκέναι τὸ σιμόν)·
§ 15. ἔτι ὅσα ἐν τῷ ὁριστικῷ λόγῳ ἔνεστιν ἢ ἐξ ὧν ἐστιν, ἐν τῷ λόγῳ τῷ
τούτων οὐκ ἐνυπάρχει ὁ λόγος ὁ τοῦ ὅλου, οἷον ἐν τῷ δίποδι ὁ τοῦ ἀνθρώπου
ἢ ἐν τῷ λευκῷ ὁ τοῦ λευκοῦ ἀνθρώπου.
§ 16. Εἰ τοίνυν ταῦτα τοῦτον ἔχει τὸν τρόπον καὶ τῷ ἀνθρώπῳ συμβέβηκε τὸ
δίπουν, ἀνάγκη χωριστὸν εἶναι αὐτό, ὥστε ἐνδέχοιτο ἂν μὴ δίπουν εἶναι τὸν
ἄνθρωπον, ἢ ἐν τῷ λόγῳ τῷ τοῦ δίποδος ἐνέσται ὁ τοῦ ἀνθρώπου λόγος. Ἀλλ'
ἀδύνατον· ἐκεῖνο γὰρ ἐν τῷ ἐκείνου λόγῳ ἔνεστιν.
§ 17. Εἰ δ' ἄλλῳ συμβέβηκε τὸ δίπουν καὶ τὸ ζῷον, καὶ μὴ ἔστιν ἑκάτερον
ὅπερ ὄν τι, καὶ ὁ ἄνθρωπος ἂν εἴη τῶν συμβεβηκότων ἑτέρῳ. Ἀλλὰ τὸ ὅπερ ὂν
ἔστω μηδενὶ συμβεβηκός, καὶ καθ' οὗ ἄμφω {καὶ ἑκατέρον}, καὶ τὸ ἐκ τούτων
λεγέσθω.
§ 18. Ἐξ ἀδιαιρέτων ἄρα τὸ πᾶν;
§ 19. Ἔνιοι δ' ἐνέδοσαν τοῖς λόγοις ἀμφοτέροις, τῷ μὲν ὅτι πάντα ἕν, εἰ τὸ
ὂν ἓν σημαίνει, ὅτι ἔστι τὸ μὴ ὄν, τῷ δὲ ἐκ τῆς διχοτομίας, ἄτομα
ποιήσαντες μεγέθη.
§ 20. Φανερὸν δὲ καὶ ὅτι οὐκ ἀληθὲς ὡς, εἰ ἓν σημαίνει τὸ ὂν καὶ μὴ οἷόν
τε ἅμα τὴν ἀντίφασιν, οὐκ ἔσται οὐθὲν μὴ ὄν· οὐθὲν γὰρ κωλύει, μὴ ἁπλῶς
εἶναι, ἀλλὰ μὴ ὄν τι εἶναι τὸ μὴ ὄν. Τὸ δὲ δὴ φάναι, παρ' αὐτὸ τὸ ὂν εἰ μή
τι ἔσται ἄλλο, ἓν πάντα ἔσεσθαι, ἄτοπον. Τίς γὰρ μανθάνει αὐτὸ τὸ ὂν εἰ μὴ
τὸ ὅπερ ὄν τι εἶναι; Εἰ δὲ τοῦτο, οὐδὲν ὅμως κωλύει πολλὰ εἶναι τὰ ὄντα,
ὥσπερ εἴρηται.
§ 21. Ὅτι μὲν οὖν οὕτως ἓν εἶναι τὸ ὂν ἀδύνατον, δῆλον.
| [1,4] CHAPITRE IV.
§ 1. Même en partant des principes que ces philosophes admettent
dans leurs démonstrations, il n'est pas difficile de résoudre les questions
qui les arrêtent. Le raisonnement de Mélissus et de Parménide est
également captieux ; ils ont l'un et l'autre des prémisses fausses, et ils ne
concluent pas régulièrement. Mais le raisonnement de Mélissus est
encore plus grossier et ne peut pas même causer la moindre hésitation.
Il suffit d'une seule donnée absurde pour que toutes les conséquences le
soient également ; et c'est une chose des plus faciles à voir.
§ 2. Il est de toute évidence que Mélissus raisonne mal ; car il admet
cette hypothèse, que du moment que tout ce qui a été produit a un
principe, ce qui n'a pas été produit ne doit point en avoir.
§ 3. C'est encore une erreur non moins grave de supposer que toute
chose a un commencement et que le temps n'en a point ; qu'il n'y a point
de principe pour la génération absolue, mais qu'il y en a pour l'altération,
comme s'il n'y avait pas tel changement complet qui se produit tout d'une
pièce.
§ 4. Ensuite, pourquoi l'être doit-il être immobile, parce qu'il est un ?
En effet, quand une partie du tout qui est bien une, de l'eau, par
exemple, se meut par elle-même, pourquoi l'être entier ne pourrait-il pas
se mouvoir, lui aussi, de la même façon ? Et pourquoi l'altération y serait-elle
impossible ?
§ 5. Enfin, il ne se peut pas que l'être soit un en espèce, à moins que
ce ne soit par l'identité du principe d'où il sort. Il est même certains
physiciens qui entendent l'unité de l'être entier en ce dernier sens, et qui
ne l'entendent pas dans l'acception précédente ; car, disent-ils, l'homme,
par exemple, est en espèce différent du cheval, et les contraires diffèrent
également d'espèce entre eux.
§ 6. Les mêmes arguments peuvent être employés contre
Parménide, bien qu'on puisse aussi lui en opposer de spéciaux ; et la
réfutation consiste encore pour lui à démontrer d'une part que ses
données sont fausses, et d'autre part qu'elles ne concluent pas.
§ 7. D'abord la donnée est fausse en ce qu'il suppose que le mot Être
n'a qu'un seul sens, tandis qu'il en a plusieurs.
§ 8. En second lieu, il ne conclut pas régulièrement en ce qu'en
admettant même que le blanc soit un, les objets blancs n'en sont pas
moins plusieurs et non point un seul évidemment. En effet, le blanc n'est
un ni par la continuité, ni par la définition ; car l'essence de la blancheur
est autre que l'essence de l'être qui reçoit cette blancheur ; et, en dehors
de l'être qui est blanc, il n'existe pas de substance séparée, puisque ce
n'est pas en tant que la blancheur est séparée qu'elle diffère de l'être
blanc. Mais, encore une fois, c'est que l'essence de la blancheur est
autre que l'essence de l'être à qui cette blancheur appartient ; or, c'est ce
que Parménide n'a pas su voir.
§ 9. Ainsi donc, quand on soutient que l'être est un, il faut de toute
nécessité admettre non seulement que l'être exprime l'Un, bien que l'Un
lui soit attribué, mais qu'il exprime aussi tout ensemble et l'existence
réelle de l'être, et l'existence réelle de l'Un, puisque l'accident est
toujours attribué à un sujet. Par suite le sujet auquel alors on applique
l'être comme attribut, n'a plus d'existence propre puisqu'il est différent de
l'être ; et voilà un être sans existence qui existe. C'est que de fait rien n'a
l'existence substantielle que ce qui est réellement ; car il ne se peut pas
qu'un être soit son attribut à lui-même, à moins que le mot Être n'ait
plusieurs sens qui permettent d'attribuer l'existence à chacune de ces
choses particulières. Mais on suppose que l'Être ne signifie que l'Un.
§ 10. Si donc l'être réel n'est jamais l'attribut accidentel de quoi que
ce soit, mais qu'il reçoive au contraire les attributs, comment pourra-t-on
dire que l'être vrai signifie l'être plutôt que le non-être ? Car si l'être réel
se confond avec le blanc par exemple, et que l'essence du blanc ne soit
pas identique à celle de l'être, puisqu'aucun être ne peut jamais être
l'attribut du blanc, il s'en suit qu'il n'y a d'être que l'être réel ; et le blanc
dès lors n'est pas, non point en ce sens qu'il n'est pas tel être, mais en
ce sens qu'il n'est pas absolument du tout. Ainsi l'être réel devient un
non-être ; car il est exact de dire qu'il est blanc, et le blanc n'exprimait
pas l'être.
§ 11. En résumé, si le blanc exprime un être réel, il faut reconnaître
dès lors que le mot Être peut avoir plusieurs sens divers.
§ 12. L'être, tel que le comprend Parménide, ne sera même plus
susceptible d'une dimension quelconque, du moment que ce seul être
est l'être réel, puisque chacune des deux parties du tout a toujours un
être différent.
§ 13. Pour se convaincre que l'être réel se divise essentiellement en
un autre être, il suffit de regarder à la définition d'un être quelconque. Par
exemple, si l'homme est défini un certain être réel, il faut absolument que
l'animal et le bipède soient également des êtres ; car si ce ne sont pas
des êtres, ce sont des accidents, soit de l'homme soit de tout autre sujet ;
ce qui est évidemment impossible.
§ 14. En effet on entend par accident ou attribut dans le langage
ordinaire, d'abord ce qui peut indifféremment être et ne pas être dans le
sujet, et ensuite ce dont la définition comprend l'être dont il est l'attribut.
Ainsi être assis est un simple accident d'un être quelconque, en tant
qu'accident séparable ; mais dans l'attribut Camard, il y a la définition de
nez ; car c'est du nez seul que nous disons qu'il peut accidentellement
être camard.
§ 15. Il faut ajouter encore que tout ce qui est compris dans la
définition essentielle d'une chose, ou qui en forme les éléments, ne
comprend pas néanmoins nécessairement dans sa définition, la
définition du tout lui-même. Ainsi, la définition de l'homme n'est pas dans
celle du bipède ; ou bien encore celle de l'homme blanc n'est pas dans la
définition du blanc.
§ 16. Si donc il en est ainsi, et que le bipède soit un simple accident
de l'homme, il faut nécessairement que l'accident soit séparable, c'est-à-dire
que l'homme puisse n'être pas bipède ; ou autrement, la définition de
l'homme serait impliquée dans l'idée de bipède. Mais c'est là ce qui est
impossible, puisqu'an contraire c'est l'idée de bipède qui est impliquée
dans la définition de l'homme.
§ 17. Si bipède, ainsi qu'animal, peut être l'accident d'un autre être, il
s'ensuit que ni l'un ni l'autre ne sont des êtres réels, et que l'homme est
aussi au nombre des accidents qui peuvent être attribués à un autre être.
Mais l'être réel est précisément ce qui ne peut jamais être accident ou
attribut de quoi que ce soit ; c'est le sujet auquel s'appliquent les deux
termes, soit chacun séparément, soit même réunis dans le composé total
qu'ils forment.
§ 18. Ainsi donc, l'être total est composé d'indivisibles.
§ 19. Quelques philosophes ont donné les mains aux deux solutions
à la fois ; d'une part, à celle qui admet que tout est un, si l'être signifie
l'un, et que le non-être lui-même est quelque chose ; et, d'autre part, à
celle qui arrive par la méthode de division successive en deux, par la
dichotomie, à reconnaître des existences et des grandeurs individuelles.
§ 20. Mais, évidemment, il est faux de conclure, parce que l'être
signifierait l'un, et parce que les contradictoires ne peuvent être vraies à
la fois, qu'il n'y a pas de non-être ; car rien ne s'oppose à ce que le non-être
soit non pas absolument quelque chose qui n'est pas, mais qu'il ne
soit pas un certain être. Ce qui est absurde c'est de soutenir que tout est
un par cela seul qu'il n'existe rien en dehors de l'être lui-même ; car qui
pourrait comprendre ce qu'est l'être, s'il n'est pas un certain être réel ?
Et, s'il en est ainsi, rien ne s'oppose à ce que les êtres soient multiples,
ainsi que je l'ai dit.
§ 21. Il est donc de toute évidence qu'à ce point de vue il est
impossible de dire que l'être soit un.
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