[1,1] LIVRE I. ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Α'
§ 1. Ἐπειδὴ τὸ εἰδέναι καὶ τὸ ἐπίστασθαι συμβαίνει περὶ πάσας τὰς
μεθόδους, ὧν εἰσὶν ἀρχαὶ ἢ αἴτια ἢ στοιχεῖα, ἐκ τοῦ ταῦτα γνωρίζειν (τότε
γὰρ οἰόμεθα γιγνώσκειν ἕκαστον, ὅταν τὰ αἴτια γνωρίσωμεν τὰ πρῶτα καὶ τὰς
ἀρχὰς τὰς πρώτας καὶ μέχρι τῶν στοιχείων), δῆλον ὅτι καὶ τῆς περὶ φύσεως
ἐπιστήμης πειρατέον διορίσασθαι πρῶτον τὰ περὶ τὰς ἀρχάς.
§ 2. Πέφυκε δὲ ἐκ τῶν γνωριμωτέρων ἡμῖν ἡ ὁδὸς καὶ σαφεστέρων ἐπὶ τὰ
σαφέστερα τῇ φύσει καὶ γνωριμώτερα· οὐ γὰρ ταὐτὰ ἡμῖν τε γνώριμα καὶ
ἁπλῶς. Διόπερ ἀνάγκη τὸν τρόπον τοῦτον προάγειν ἐκ τῶν ἀσαφεστέρων μὲν τῇ
φύσει ἡμῖν δὲ σαφεστέρων ἐπὶ τὰ σαφέστερα τῇ φύσει καὶ γνωριμώτερα.
§ 3. Ἔστι δ' ἡμῖν τὸ πρῶτον δῆλα καὶ σαφῆ τὰ συγκεχυμένα μᾶλλον· ὕστερον
δ' ἐκ τούτων γίγνεται γνώριμα τὰ στοιχεῖα καὶ αἱ ἀρχαὶ διαιροῦσι ταῦτα.
§ 4. Διὸ ἐκ τῶν καθόλου ἐπὶ τὰ καθ' ἕκαστα δεῖ προϊέναι· τὸ γὰρ ὅλον κατὰ
τὴν αἴσθησιν γνωριμώτερον, τὸ δὲ καθόλου ὅλον τί ἐστι· πολλὰ γὰρ
περιλαμβάνει ὡς μέρη τὸ καθόλου.
§ 5. Πέπονθε δὲ ταὐτὸ τοῦτο τρόπον τινὰ καὶ τὰ ὀνόματα πρὸς τὸν λόγον·
ὅλον γάρ τι καὶ ἀδιορίστως σημαίνει, οἷον ὁ κύκλος, ὁ δὲ ὁρισμὸς αὐτοῦ
διαιρεῖ εἰς τὰ καθ' ἕκαστα.
§ 6. Καὶ τὰ παιδία τὸ μὲν πρῶτον προσαγορεύει πάντας τοὺς ἄνδρας πατέρας
καὶ μητέρας τὰς γυναῖκας, ὕστερον δὲ διορίζει τούτων ἑκάτερον.
| [1,1] LIVRE I. CHAPITRE I.
§ 1. Comme on ne parvient à comprendre et à savoir quelque chose
dans tout sujet de recherches méthodiques où il y a des principes, des
causes et des éléments, que du moment où on les connaît; car on ne
pense jamais connaître une chose que quand on en connaît les causes
premières, les principes premiers, et jusqu'à ses éléments; de même
aussi pour la science de la nature, il est évident que l'on doit tout d'abord
prendre soin de déterminer ce qui regarde les principes.
§ 2. La marche qui semble ici toute naturelle, c’est de procéder des
choses qui sont plus connues et plus claires pour nous, aux choses qui
sont plus claires et plus connues par leur propre nature. En effet, les
choses qui sont notoires absolument, et les choses qui sont notoires
pour nous, ne sont pas les mêmes ; et voila comment c'est une nécessité
de commencer par les choses qui, bien que plus obscures par nature,
sont cependant plus notoires pour nous, afin de passer ensuite aux
choses qui sont naturellement plus claires et plus connues en soi.
§ 3. Ce qui est d'abord pour nous le plus notoire et le plus clair, c'est
ce qui est le plus composé et le plus confus. Mais ensuite en partant de
ces composés mêmes, les éléments et les principes nous sont rendus
clairs par les divisions que nous en faisons.
§ 4. Ainsi donc il faut s'avancer du général au particulier ; car le tout
que donne la sensation est plus connu ; et le général est une espèce de
tout, puisque le général contient dans son ensemble une foule de choses
à l'état de simples parties.
§ 5. C'est un rapport assez analogue à celui-là, que les noms des
choses soutiennent avec les définitions. Les noms, en effet, expriment
aussi une totalité quelconque; mais ils l'expriment d'une manière
indéterminée ; par exemple, le mot Cercle, que la définition résout
ensuite dans ses éléments particuliers.
§ 6. C'est encore ainsi que les enfants appellent d'abord Papa et
Maman, tous les hommes, toutes les femmes, qu'ils voient; mais plus
tard ils les distinguent fort bien les uns et les autres.
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