[2,3] CHAPITRE III.
1 Ἐχόμενον δὲ καὶ περὶ ξηροῦ καὶ ὑγροῦ διελθεῖν ἀκολούθως τοῖς εἰρημένοις. Λέγεται δὲ ταῦτα πλεοναχῶς, οἷον τὰ μὲν δυνάμει τὰ δ´ ἐνεργείᾳ. Κρύσταλλος γὰρ καὶ πᾶν τὸ πεπηγὸς ὑγρὸν λέγεται ξηρὸν μὲν ἐνεργείᾳ καὶ κατὰ συμβεβηκός, ὄντα δυνάμει καὶ καθ´ αὑτὰ ὑγρά, γῆ δὲ καὶ τέφρα καὶ τὰ τοιαῦτα μιχθέντα ὑγρῷ ἐνεργείᾳ μὲν ὑγρὰ καὶ κατὰ συμβεβηκός, καθ´ αὑτὰ δὲ καὶ δυνάμει ξηρά· 2 διακριθέντα δὲ ταῦτα τὰ μὲν ὕδατος ἀναπληστικὰ καὶ ἐνεργείᾳ καὶ δυνάμει ὑγρά, τὰ δὲ γῆς ἅπαντα ξηρά. 3 Καὶ τὸ κυρίως καὶ ἁπλῶς ξηρὸν τοῦτον μάλιστα λέγεται τὸν τρόπον. Ὁμοίως δὲ καὶ θάτερα τὰ ὑγρὰ κατὰ τὸν αὐτὸν λόγον ἔχει τὸ κυρίως καὶ ἁπλῶς, καὶ ἐπὶ θερμῶν καὶ ψυχρῶν.
4 Τούτων δὲ διωρισμένων φανερὸν ὅτι τὸ αἷμα ὡδὶ μὲν ἔστι θερμόν, οἷόν τι ἦν αὐτῷ τὸ αἵματι εἶναι (καθαπερεὶ ὀνόματί τινι σημαίνοιμεν τὸ ζέον ὕδωρ, οὕτω λέγεται), τὸ δ´ ὑποκείμενον καὶ ὅ ποτε ὂν αἷμά ἐστιν, οὐ θερμόν· καὶ καθ´ αὑτό ἐστι μὲν ὡς θερμόν ἐστιν, ἔστι δ´ ὡς οὔ. Ἐν μὲν γὰρ τῷ λόγῳ ὑπάρξει αὐτοῦ ἡ θερμότης, ὥσπερ ἐν τῷ τοῦ λευκοῦ ἀνθρώπου τὸ λευκόν· ᾗ δὲ κατὰ πάθος τὸ αἷμα, οὐ καθ´ αὑτὸ θερμόν. 5 Ὁμοίως δὲ καὶ περὶ ξηροῦ καὶ ὑγροῦ. Διὸ καὶ ἐν τῇ φύσει τῶν τοιούτων τὰ μὲν θερμὰ καὶ ὑγρὰ χωριζόμενα δὲ πήγνυται καὶ ψυχρὰ φαίνεται, οἷον τὸ αἷμα, τὰ δὲ θερμὰ καὶ πάχος ἔχοντα καθάπερ ἡ χολή, χωριζόμενα δ´ ἐκ τῆς φύσεως τῶν ἐχόντων τοὐναντίον πάσχει· ψύχεται γὰρ καὶ ὑγραίνεται· τὸ μὲν γὰρ αἷμα ξηραίνεται μᾶλλον, ὑγραίνεται δ´ ἡ ξανθὴ χολή. Τὸ δὲ μᾶλλον καὶ ἧττον μετέχειν τῶν ἀντικειμένων ὡς ὑπάρχοντα δεῖ τιθέναι τούτοις.
6 Πῶς μὲν οὖν (650b) θερμὸν καὶ πῶς ὑγρόν, καὶ πῶς τῶν ἐναντίων ἡ φύσις τοῦ αἵματος κεκοινώνηκεν, εἴρηται σχεδόν.
7 Ἐπεὶ δ´ ἀνάγκη πᾶν τὸ αὐξανόμενον λαμβάνειν τροφήν, ἡ δὲ τροφὴ πᾶσιν ἐξ ὑγροῦ καὶ ξηροῦ, καὶ τούτων ἡ πέψις γίνεται καὶ ἡ μεταβολὴ διὰ τῆς τοῦ θερμοῦ δυνάμεως, καὶ τὰ ζῷα πάντα καὶ τὰ φυτά, κἂν εἰ μὴ δι´ ἄλλην αἰτίαν, ἀλλὰ διὰ ταύτην ἀναγκαῖον ἔχειν ἀρχὴν θερμοῦ φυσικήν, καὶ ταύτην ὥσπερ † ... αἱ ἐργασίαι τῆς τροφῆς πλειόνων εἰσὶ μορίων. 8 Ἡ μὲν γὰρ πρώτη φανερὰ τοῖς ζῴοις λειτουργία διὰ τοῦ στόματος οὖσα καὶ τῶν ἐν τούτῳ μορίων, ὅσων ἡ τροφὴ δεῖται διαιρέσεως. Ἀλλ´ αὕτη μὲν οὐδεμιᾶς αἰτία πέψεως, ἀλλ´ εὐπεψίας μᾶλλον· ἡ γὰρ εἰς μικρὰ διαίρεσις τῆς τροφῆς ῥᾴω ποιεῖ τῷ θερμῷ τὴν ἐργασίαν· ἡ δὲ τῆς ἄνω καὶ τῆς κάτω κοιλίας ἤδη μετὰ θερμότητος φυσικῆς ποιεῖται τὴν πέψιν. 9 Ὥσπερ δὲ καὶ τὸ στόμα τῆς ἀκατεργάστου τροφῆς πόρος ἐστί, καὶ τὸ συνεχὲς αὐτῷ μόριον ὃ καλοῦσιν οἰσοφάγον, ὅσα τῶν ζῴων ἔχει τοῦτο τὸ μόριον, ἕως εἰς τὴν κοιλίαν, οὕτως καὶ ἄλλας ἀρχὰς δεῖ πλείους εἶναι, δι´ ὧν ἅπαν λήψεται τὸ σῶμα τὴν τροφήν, ὥσπερ ἐκ φάτνης, ἐκ τῆς κοιλίας καὶ τῆς τῶν ἐντέρων φύσεως. Τὰ μὲν γὰρ φυτὰ λαμβάνει τὴν τροφὴν κατειργασμένην ἐκ τῆς γῆς ταῖς ῥίζαις (διὸ καὶ περίττωμα οὐ γίνεται τοῖς φυτοῖς· τῇ γὰρ γῇ καὶ τῇ ἐν αὐτῇ θερμότητι χρῆται ὥσπερ κοιλίᾳ),
10 τὰ δὲ ζῷα πάντα μὲν σχεδόν, τὰ δὲ πορευτικὰ φανερῶς, οἷον γῆν ἐν αὑτοῖς ἔχει τὸ τῆς κοιλίας κύτος, ἐξ ἧς, ὥσπερ ἐκεῖνα ταῖς ῥίζαις, ταῦτα δεῖ τινι τὴν τροφὴν λαμβάνειν, ἕως τὸ τῆς ἐχομένης πέψεως λάβῃ τέλος. Ἡ μὲν γὰρ τοῦ στόματος ἐργασία παραδίδωσι τῇ κοιλίᾳ, παρὰ δὲ ταύτης ἕτερον ἀναγκαῖον λαμβάνειν, 11 ὅπερ συμβέβηκεν· αἱ γὰρ φλέβες κατατείνονται διὰ τοῦ μεσεντερίου παράπαν, κάτωθεν ἀρξάμεναι μέχρι τῆς κοιλίας. Δεῖ δὲ ταῦτα θεωρεῖν ἔκ τε τῶν ἀνατομῶν καὶ τῆς φυσικῆς ἱστορίας. Ἐπεὶ δὲ πάσης τροφῆς ἐστί τι δεκτικὸν καὶ τῶν γινομένων περιττωμάτων, αἱ δὲ φλέβες οἷον ἀγγεῖον αἵματός εἰσι, φανερὸν ὅτι τὸ αἷμα ἡ τελευταία τροφὴ τοῖς ζῴοις τοῖς ἐναίμοις ἐστί, τοῖς δ´ ἀναίμοις τὸ ἀνάλογον. 12 Καὶ διὰ τοῦτο μὴ λαμβάνουσί τε τροφὴν ὑπολείπει τοῦτο καὶ λαμβάνουσιν (651a) αὐξάνεται, καὶ χρηστῆς μὲν οὔσης ὑγιεινόν, φαύλης δὲ φαῦλον. Ὅτι μὲν οὖν τὸ αἷμα τροφῆς ἕνεκεν ὑπάρχει τοῖς ἐναίμοις, φανερὸν ἐκ τούτων καὶ τῶν τοιούτων. 13 Καὶ γὰρ διὰ τοῦτο θιγγανόμενον αἴσθησιν οὐ ποιεῖ, ὥσπερ οὐδ´ ἄλλο τῶν περιττωμάτων οὐδέν. Οὐδ´ ἡ τροφὴ καθάπερ σάρξ· αὕτη γὰρ θιγγανομένη ποιεῖ αἴσθησιν. Οὐ γὰρ συνεχές ἐστι τὸ αἷμα ταύτῃ οὐδὲ συμπεφυκός, ἀλλ´ οἷον ἐν ἀγγείῳ τυγχάνει κείμενον ἔν τε τῇ καρδίᾳ καὶ ταῖς φλεψίν. Ὃν δὲ τρόπον λαμβάνει ἐξ αὐτοῦ τὰ μόρια τὴν αὔξησιν, ἔτι δὲ περὶ τροφῆς ὅλως, ἐν τοῖς περὶ γενέσεως καὶ ἐν ἑτέροις οἰκειότερόν ἐστι διελθεῖν. Νῦν δ´ ἐπὶ τοσοῦτον εἰρήσθω (τοσοῦτον γὰρ χρήσιμον), ὅτι τὸ αἷμα τροφῆς ἕνεκα καὶ τροφῆς τῶν μορίων ἐστίν.
| [2,3] CHAPITRE III.
1 Comme suite à ce que nous venons de dire, nous étudierons aussi le sec et l'humide. Ces termes se prennent en plusieurs sens, selon qu'on les considère en puissance et en acte. La glace et tout liquide qui est gelé, est sec en réalité et par accident, bien qu'en puissance et essentiellement ces corps soient liquides. La terre et la cendre mêlées à un liquide sont en acte et accidentellement liquides aussi, quoique en soi et en puissance ce soient des corps secs. 2 Quand les matières se sont séparées, les parties aqueuses, qui font remplissage, sont en acte et en puissance des liquides ; et toutes les parties dites terreuses sont sèches. 3 C'est en ce sens principalement qu'on dit d'une chose qu'elle est sèche d'une manière spéciale et absolue. De même pour les liquides, on les appelle proprement et absolument des liquides par la même raison, comme on l'a fait plus haut pour les corps chauds et les corps froids.
4 Ces points une fois fixés, il est clair que le sang n'est chaud que dans le sens où l'est aussi ce qui le fait être du sang. En effet, il en est de même pour le sang que quand nous exprimons d'un seul et unique mot ce qu'est l'eau bouillante ; l'objet quel qu'il soit qui devient du sang, n'est pas davantage chaud par lui-même; et si, d'une part, il est chaud réellement, d'autre part, il ne l'est pas. La chaleur ne sera comprise dans la définition du sang que dans la mesure où la blancheur est comprise dans la définition de l'homme blanc. En tant que le sang peut être affecté d'une certaine façon, il est chaud ; mais il n'est pas chaud en soi et essentiellement. 5 Nous en pouvons dire autant du sec et de l'humide. Aussi en ce qui concerne la nature des corps liquides ou secs, les uns sont chauds et liquides, bien que, lorsqu'ils sont isolés ils se congèlent et paraissent froids, comme le sang ; d'autres sont chauds et deviennent épais, comme la bile. Mais quand on les isole de la nature des corps qui les contiennent, ils se présentent sous l'aspect contraire, c'est-à-dire qu'ils se refroidissent et se liquéfient. Le sang alors devient plus sec, tandis que la bile jaune devient plus liquide. Ainsi, participer aux opposés en plus et en moins doit être regardé comme une propriété de ces deux corps.
6 C'est donc là (650b) à peu près tout ce qu'on peut dire pour expliquer comment le sang est chaud et liquide, et comment sa nature peut participer des qualités contraires.
7 Nécessairement tout être qui se développe et s'accroît doit prendre de la nourriture, et toute nourriture ne peut venir que d'une matière liquide et d'une matière sèche. La digestion et le changement des deux ne peuvent avoir lieu que par la puissance de la chaleur. Tous les animaux, toutes les plantes doivent nécessairement pour cette cause, si ce n'est pour d'autres causes encore, avoir un principe de chaleur naturelle, qui se trouve dans plusieurs parties de leur organisation, de même que les élaborations successives de la nourriture s'accomplissent également dans plusieurs parties du corps. 8 La première opération nutritive qui se manifeste clairement chez les animaux, c'est celle qui s'accomplit par la bouche, et par les différentes parties de la bouche, dont la nourriture a besoin pour être divisée. La bouche elle-même n'est pour rien dans la digestion proprement dite; mais elle prépare plutôt une bonne digestion. La réduction de la nourriture en petites parcelles rend l'élaboration plus facile à la chaleur ; mais l'action de la cavité supérieure et de la cavité inférieure achève la digestion, avec l'aide de la chaleur naturelle. 9 De même que la bouche est le conduit de la nourriture non encore élaborée, et que cette partie attenante à la bouche qu'on appelle l'œsophage va jusqu'à l'estomac dans les animaux qui ont cet organe, de même il faut encore que d'autres principes agissent pour que le corps entier puisse prendre la nourriture, comme dans une crèche, en la recevant de l'estomac et des autres viscères, selon leur nature. Les végétaux, par leurs racines, puisent leur nourriture tout élaborée dans la terre, d'où ils la tirent; et c'est là ce qui fait que les végétaux n'ont pas d'excrétions, parce que la terre et la chaleur qui est en elle leur tiennent lieu d'estomac.
10 Mais tous les animaux presque sans exception, et bien manifestement ceux qui marchent, ont en eux- mêmes la cavité de l'estomac, qui est pour eux une sorte de terre ; c'est de l'estomac que, comme les végétaux par leurs racines, ces animaux doivent, au moyen de quelque organe, tirer leur nourriture, jusqu'à ce que la digestion qui en est la suite soit achevée et complète. Le travail de la bouche transmet les aliments à l'estomac, et c'est de l'estomac qu'un autre organe doit nécessairement les prendre encore. 11 Du reste, c'est bien ainsi que les choses se passent ; et les veines se dirigent partout à travers le mésentère, commençant d'en bas pour aller jusqu'au ventre. On peut voir cette disposition des veines d'après les dessins Anatomiques et d'après l'Histoire naturelle. Mais comme il faut un organe qui reçoive toute la nourriture et les excréments qui en résultent, et que les veines sont en quelque sorte le vase du sang, il est clair que le sang est la nourriture définitive des animaux qui ont du sang, et que c'est la partie qui tient lieu du sang pour ceux qui n'en ont pas. 12 De là vient que le sang diminue dans les animaux qui ne prennent pas de nourriture, (651a) et qu'il augmente au contraire chez ceux qui en prennent. Si la nourriture est saine, le sang l'est aussi; si elle est mauvaise, le sang ne vaut pas mieux. De ces considérations et de celles qu'on pourrait y joindre, on doit conclure que le sang, dans les animaux qui en ont, n'a pour objet que de les nourrir. 13 C'est là ce qui fait que, même en étant touché dans les organes, il n'y cause pas de sensation, non plus qu'aucune des autres excrétions. En ceci, la nourriture n'est pas comme la chair, puisque celle-ci, quand on la touche, ne manque pas de causer une sensation ; mais le sang n'est pas en contact avec la chair ; il n'y est pas mêlé ; et il est comme renfermé en un vase, que forment pour lui le cœur et les veines. Comment les diverses parties du corps tirent-elles du sang leur développement et leur croissance? Qu'est-ce que c'est en général que la nutrition ? Ce sont là des questions qui seront étudiées plus convenablement dans le traité de la Génération des Animaux, et ailleurs. Pour le moment, ce qui précède doit suffire, puisque c'est tout ce qui peut nous servir ici, et nous savons maintenant que le sang a pour but de nourrir l'animal dans sa totalité et de nourrir ses parties diverses.
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