HODOI ELEKTRONIKAI
Corpora

Aristote, Éthique à Nicomaque, livre V

μὴ



Texte grec :

[5,1134] (1134a) (1) Καὶ ἡ μὲν δικαιοσύνη ἐστὶ καθ' ἣν ὁ δίκαιος λέγεται πρακτικὸς κατὰ προαίρεσιν τοῦ δικαίου, καὶ διανεμητικὸς καὶ αὑτῷ πρὸς ἄλλον καὶ ἑτέρῳ πρὸς ἕτερον οὐχ οὕτως ὥστε τοῦ μὲν αἱρετοῦ πλέον αὑτῷ ἔλαττον δὲ τῷ (5) πλησίον, τοῦ βλαβεροῦ δ' ἀνάπαλιν, ἀλλὰ τοῦ ἴσου τοῦ κατ' ἀναλογίαν, ὁμοίως δὲ καὶ ἄλλῳ πρὸς ἄλλον. Ἡ δ' ἀδικία τοὐναντίον τοῦ ἀδίκου. Τοῦτο δ' ἐστὶν ὑπερβολὴ καὶ ἔλλειψις τοῦ ὠφελίμου ἢ βλαβεροῦ παρὰ τὸ ἀνάλογον. Διὸ ὑπερβολὴ καὶ ἔλλειψις ἡ ἀδικία, ὅτι ὑπερβολῆς καὶ ἐλλείψεώς ἐστιν, ἐφ' (10) αὑτοῦ μὲν ὑπερβολῆς μὲν τοῦ ἁπλῶς ὠφελίμου, ἐλλείψεως δὲ τοῦ βλαβεροῦ· ἐπὶ δὲ τῶν ἄλλων τὸ μὲν ὅλον ὁμοίως, τὸ δὲ παρὰ τὸ ἀνάλογον, ὁποτέρως ἔτυχεν. Τοῦ δὲ ἀδικήματος τὸ μὲν ἔλαττον ἀδικεῖσθαί ἐστι, τὸ δὲ μεῖζον τὸ ἀδικεῖν. Περὶ μὲν οὖν δικαιοσύνης καὶ ἀδικίας, τίς ἑκατέρας ἐστὶν (15) ἡ φύσις, εἰρήσθω τοῦτον τὸν τρόπον, ὁμοίως δὲ καὶ περὶ δικαίου καὶ ἀδίκου καθόλου. VI. Ἐπεὶ δ' ἔστιν ἀδικοῦντα μήπω ἄδικον εἶναι, ὁ ποῖα ἀδικήματα ἀδικῶν ἤδη ἄδικός ἐστιν ἑκάστην ἀδικίαν, οἷον κλέπτης ἢ μοιχὸς ἢ λῃστής; ἢ οὕτω μὲν οὐδὲν διοίσει; καὶ γὰρ (20) ἂν συγγένοιτο γυναικὶ εἰδὼς τὸ ᾗ, ἀλλ' οὐ διὰ προαιρέσεως ἀρχὴν ἀλλὰ διὰ πάθος. Ἀδικεῖ μὲν οὖν, ἄδικος δ' οὐκ ἔστιν, οἷον οὐ κλέπτης, ἔκλεψε δέ, οὐδὲ μοιχός, ἐμοίχευσε δέ· ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων. Πῶς μὲν οὖν ἔχει τὸ ἀντιπεπονθὸς πρὸς τὸ δίκαιον, εἴρηται πρότερον· δεῖ δὲ μὴ λανθάνειν (25) ὅτι τὸ ζητούμενόν ἐστι καὶ τὸ ἁπλῶς δίκαιον καὶ τὸ πολιτικὸν δίκαιον. Τοῦτο δ' ἔστιν ἐπὶ κοινωνῶν βίου πρὸς τὸ εἶναι αὐτάρκειαν, ἐλευθέρων καὶ ἴσων ἢ κατ' ἀναλογίαν ἢ κατ' ἀριθμόν· ὥστε ὅσοις μή ἐστι τοῦτο, οὐκ ἔστι τούτοις πρὸς ἀλλήλους τὸ πολιτικὸν δίκαιον, ἀλλά τι δίκαιον καὶ καθ' (30) ὁμοιότητα. Ἔστι γὰρ δίκαιον, οἷς καὶ νόμος πρὸς αὑτούς· νόμος δ', ἐν οἷς ἀδικία· ἡ γὰρ δίκη κρίσις τοῦ δικαίου καὶ τοῦ ἀδίκου. Ἐν οἷς δ' ἀδικία, καὶ τὸ ἀδικεῖν ἐν τούτοις ̔ἐν οἷς δὲ τὸ ἀδικεῖν, οὐ πᾶσιν ἀδικίἀ, τοῦτο δ' ἐστὶ τὸ πλέον αὑτῷ νέμειν τῶν ἁπλῶς ἀγαθῶν, ἔλαττον δὲ τῶν ἁπλῶς κακῶν. (35) Διὸ οὐκ ἐῶμεν ἄρχειν ἄνθρωπον, ἀλλὰ τὸν λόγον, ὅτι ἑαυτῷ τοῦτο ποιεῖ (1134b) (1) καὶ γίνεται τύραννος. Ἔστι δ' ὁ ἄρχων φύλαξ τοῦ δικαίου, εἰ δὲ τοῦ δικαίου, καὶ τοῦ ἴσου. Ἐπεὶ δ' οὐθὲν αὐτῷ πλέον εἶναι δοκεῖ, εἴπερ δίκαιος (οὐ γὰρ νέμει πλέον τοῦ ἁπλῶς ἀγαθοῦ αὑτῷ, εἰ μὴ πρὸς αὐτὸν ἀνάλογόν ἐστιν· διὸ (5) ἑτέρῳ πονεῖ· καὶ διὰ τοῦτο ἀλλότριον εἶναί φασιν ἀγαθὸν τὴν δικαιοσύνην, καθάπερ ἐλέχθη καὶ πρότερον)· μισθὸς ἄρα τις δοτέος, τοῦτο δὲ τιμὴ καὶ γέρας· ὅτῳ δὲ μὴ ἱκανὰ τὰ τοιαῦτα, οὗτοι γίνονται τύραννοι. Τὸ δὲ δεσποτικὸν δίκαιον καὶ τὸ πατρικὸν οὐ ταὐτὸν τούτοις ἀλλ' ὅμοιον· οὐ γὰρ ἔστιν (10) ἀδικία πρὸς τὰ αὑτοῦ ἁπλῶς, τὸ δὲ κτῆμα καὶ τὸ τέκνον, ἕως ἂν ᾖ πηλίκον καὶ χωρισθῇ, ὥσπερ μέρος αὑτοῦ, αὑτὸν δ' οὐδεὶς προαιρεῖται βλάπτειν· διὸ οὐκ ἔστιν ἀδικία πρὸς αὑτόν· οὐδ' ἄρα ἄδικον οὐδὲ δίκαιον τὸ πολιτικόν· κατὰ νόμον γὰρ ἦν, καὶ ἐν οἷς ἐπεφύκει εἶναι νόμος, οὗτοι δ' ἦσαν (15) οἷς ὑπάρχει ἰσότης τοῦ ἄρχειν καὶ ἄρχεσθαι. Διὸ μᾶλλον πρὸς γυναῖκά ἐστι δίκαιον ἢ πρὸς τέκνα καὶ κτήματα· τοῦτο γάρ ἐστι τὸ οἰκονομικὸν δίκαιον· ἕτερον δὲ καὶ τοῦτο τοῦ πολιτικοῦ. VII. Τοῦ δὲ πολιτικοῦ δικαίου τὸ μὲν φυσικόν ἐστι τὸ δὲ νομικόν, φυσικὸν μὲν τὸ πανταχοῦ τὴν αὐτὴν ἔχον δύναμιν, (20) καὶ οὐ τῷ δοκεῖν ἢ μή, νομικὸν δὲ ὃ ἐξ ἀρχῆς μὲν οὐδὲν διαφέρει οὕτως ἢ ἄλλως, ὅταν δὲ θῶνται, διαφέρει, οἷον τὸ μνᾶς λυτροῦσθαι, ἢ τὸ αἶγα θύειν ἀλλὰ μὴ δύο πρόβατα, ἔτι ὅσα ἐπὶ τῶν καθ' ἕκαστα νομοθετοῦσιν, οἷον τὸ θύειν Βρασίδᾳ, καὶ τὰ ψηφισματώδη. Δοκεῖ δ' ἐνίοις εἶναι πάντα (25) τοιαῦτα, ὅτι τὸ μὲν φύσει ἀκίνητον καὶ πανταχοῦ τὴν αὐτὴν ἔχει δύναμιν, ὥσπερ τὸ πῦρ καὶ ἐνθάδε καὶ ἐν Πέρσαις καίει, τὰ δὲ δίκαια κινούμενα ὁρῶσιν. Τοῦτο δ' οὐκ ἔστιν οὕτως ἔχον, ἀλλ' ἔστιν ὥς· καίτοι παρά γε τοῖς θεοῖς ἴσως οὐδαμῶς, παρ' ἡμῖν δ' ἔστι μέν τι καὶ φύσει, κινητὸν μέντοι (30) πᾶν, ἀλλ' ὅμως ἐστὶ τὸ μὲν φύσει τὸ δ' οὐ φύσει. Ποῖον δὲ φύσει τῶν ἐνδεχομένων καὶ ἄλλως ἔχειν, καὶ ποῖον οὒ ἀλλὰ νομικὸν καὶ συνθήκῃ, εἴπερ ἄμφω κινητὰ ὁμοίως, δῆλον. Καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων ὁ αὐτὸς ἁρμόσει διορισμός· φύσει γὰρ ἡ δεξιὰ κρείττων, καίτοι ἐνδέχεται πάντας ἀμφιδεξίους (35) γενέσθαι.

Traduction française :

[5,1134] (1134a) En effet, la justice est l’habitude ou la disposition d’après laquelle l’homme équitable fait, par choix, ce qui est juste, et l’observe non seulement dans toutes ses transactions avec les autres, mais aussi dans celles où il n’y a que d’autres personnes qui soient intéressées; en sorte qu’il ne s’attribuera pas une quantité plus considérable de ce qui est utile ou avantageux, n’en laissant qu’une moindre part à celui avec qui il partage; ou, au contraire, s’il est question de choses nuisibles ou dommageables: mais il observera l’égalité proportionnelle avec une scrupuleuse exactitude; et il en agira de même quand il faudra partager entre des personnes étrangères. L’injustice est la disposition opposée ; elle ne cherche que l’excès en plus dans ce qui est utile, ou en moins dans ce qui peut être nuisible, sans observer ni règle ni proportion. Voilà pourquoi l’excès en plus ou en moins est le caractère de l’injustice; l’excès en plus quand il s’agit de choses avantageuses à l’homme injuste, et l’excès en moins dans les choses nuisibles on dangereuses. Quand il n’est pas intéressé lui-même dans cette distribution, mais qu’il est chargé de la faire aux autres, il agit, en général, avec la même partialité : mais, quant à la proportion, il la règle au hasard et sans scrupule. En fait d’injustice, l’extrême en moins est le lot de celui qui la souffre, et l’extrême en plus, le bénéfice de celui qui la commet. Telle est la manière dont j’ai cru devoir envisager la justice et l’injustice; voilà ce que j’avais à dire sur la nature de l’une et de l’autre, et aussi sur le juste et l’injuste, en général. VI. Cependant, comme il est possible qu’en commettant un acte d’injustice, on ne soit pas encore effectivement injuste, quels sont les délits qui, dans chaque genre d’injustice, font qu’un homme est effectivement injuste ? Par exemple, le filou, l’adultère, le voleur, sont-ils dans ce cas ? ou bien, n’y aura-t-il aucune différence? Car un homme pourrait avoir commerce avec une femme, sachant très bien qui elle est, mais sans en avoir formé le dessein, et uniquement entraîné par la passion. Il commet un acte injuste sans doute; mais il n’est pas viscéralement injuste ; de même, il n’est pas voleur, mais il a volé; ni adultère, mais il a commis un adultère, et ainsi des autres genres de délit. J’ai dit précédemment ce qu’est la réciprocité d’action par rapport au droit; mais il ne faut pas perdre de vue que ce que nous cherchons ici, c’est le juste en soi, ou proprement dit, et le juste par rapport à la société civile; c’est-à-dire pour des hommes libres et égaux, qui se sont associés dans la vue de pourvoir à la satisfaction de tous leurs besoins, conformément aux règles de la proportion, soit géométrique, soit arithmétique. En sorte que partout où cela n’a pas lieu, il n’existe point de justice politique qui règle les rapports des citoyens entre eux; il n’y a qu’une justice, qui a simplement quelque ressemblance avec la justice politique. En effet, le droit existe chez ceux dont la loi règle les rapports mutuels, et la loi existe même quand il a injustice: car le jugement prononcé par un tribunal décide sur ce qui est juste et injuste. Partout où il y a injustice, il y a aussi des actes injustes commis; mais partout où des actes injustes sont commis, il n’y a pas toujours injustice; c’est-à-dire volonté ou dessein de s’attribuer, (plus qu’on n’en a le droit), des biens pris dans un sens absolu, et moins des maux pris dans le même sens. Voilà pourquoi nous ne souffrons pas que l’homme commande; mais nous voulons que ce soit la loi; parce que l’homme ne consulte que son propre intérêt, (1134b) et devient tyran. Mais le magistrat est le gardien de la justice ; et s’il l’est de la justice, il l’est aussi de l’égalité. Cependant, s’il est juste, il ne prétend, sous aucun rapport, à des privilèges particuliers; car il ne s’attribue à lui-même une part plus grande du bien en soi qu’autant qu’elle se trouve dans la proportion autorisée ou prescrite par la justice et par la loi. Aussi est-ce pour l’intérêt des autres qu’il travaille; et c’est par cette raison qu’on dit que la justice est le bien d’autrui, ainsi qu’il a été remarqué précédemment. Il faut donc lui accorder un salaire, et ce salaire est l’honneur et la considération. Tous ceux à qui cela ne suffit pas, ne sauraient être que des tyrans. Au reste, le droit du maître, ou du père, n’est pas le même que celui dont on vient de parler, il n’est que semblable. En effet, il n’y a pas proprement injustice à l’égard de ce qui nous appartient : notre esclave, notre enfant, jusqu’à ce qu’il soit parvenu à un certain âge, et tant qu’il ne vit pas indépendant, sont comme des parties de nous-mêmes ; or, personne n’a la volonté de se nuire à soi-même. Voilà pourquoi il n’y a pas injustice d’un homme envers lui-même; par conséquent, il n’y a ni droit ni injustice dans le sens politique : car ce droit n’existe qu’en vertu de la loi, et entre des hommes qui sont de nature à être gouvernés par 1a loi, c’est-à-dire entre des êtres parmi lesquels il y a égalité de commandement et d’obéissance. Aussi le droit est-il plutôt relatif à la femme qu’aux enfants et aux esclaves. Car c’est l’espèce de droit qui se rapporte à l’économie de la maison, et qui est autre que le droit politique. VII. Mais la justice politique se divise en deux espèces, l’une est naturelle, l’autre légale. La justice naturelle, qui a partout la même force, et qui ne dépend ni des opinions, ni des décrets des hommes ; la justice légale, qui regarde les actions indifférentes en elles-mêmes, mais qui cessent de l’être dès que la loi vient à les prescrire ou à les défendre. Par exemple, quand elle ordonne de racheter les prisonniers pour le prix d’une mine d’argent, ou d’immoler à Jupiter des chèvres et non pas des brebis. En général, toutes les choses de détail sont prescrites par la loi, comme de faire des sacrifices à Brasidas, et tout ce qui est compris dans les décrets de l’autorité publique. Cependant certains pensent que tout est de ce dernier genre, parce que ce qui est de la nature est immuable, et a partout la même force; ainsi le feu brûle ici, de même que chez les Perses, alors qu’on voit ce qui est juste sujet à des vicissitudes : mais cela n’est vrai que jusqu’à un certain point. Peut-être cette immuabilité de la justice n’existe-t-elle que parmi les dieux, tandis que chez nous il y a des choses qui sont naturellement sujettes au changement, quoique toutes ne le soient pas : il y a donc un droit naturel, et il y en a un qui ne dérive pas de la nature. Mais il est facile de voir, entre des choses qui sont sujettes au changement, celle qui peut varier naturellement, et celle qui ne le peut pas naturellement, mais seulement par l’effet des lois et des conventions, en supposant même que les unes et les autres soient pareillement susceptibles de changer. La même distinction s’appliquera à d’autres choses; car on est plus naturellement porté à se servir de la main droite; et néanmoins tout homme peut devenir ambidextre.





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Dernière mise à jour : 22/05/2008