HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, Éthique à Nicomaque, livre III

Chapitre 7

  Chapitre 7

[3,7] Τὸ δὲ φοβερὸν οὐ πᾶσι μὲν τὸ αὐτό, λέγομεν δέ τι καὶ ὑπὲρ ἄνθρωπον. τοῦτο μὲν οὖν παντὶ φοβερὸν τῷ γε νοῦν ἔχοντι· τὰ δὲ κατ´ ἄνθρωπον διαφέρει μεγέθει καὶ τῷ μᾶλλον καὶ ἧττον· ὁμοίως δὲ καὶ τὰ θαρραλέα. δὲ ἀνδρεῖος ἀνέκπληκτος ὡς ἄνθρωπος. φοβήσεται μὲν οὖν καὶ τὰ τοιαῦτα, ὡς δεῖ δὲ καὶ ὡς λόγος ὑπομενεῖ τοῦ καλοῦ ἕνεκα· τοῦτο γὰρ τέλος τῆς ἀρετῆς. ἔστι δὲ μᾶλλον καὶ ἧττον ταῦτα φοβεῖσθαι, καὶ ἔτι τὰ μὴ φοβερὰ ὡς τοιαῦτα φοβεῖσθαι. γίνεται δὲ τῶν ἁμαρτιῶν μὲν ὅτιοὐ δεῖ, δὲ ὅτι οὐχ ὡς δεῖ, δὲ ὅτι οὐχ ὅτε, τι τῶν τοιούτων· ὁμοίως δὲ καὶ περὶ τὰ θαρραλέα. μὲν οὖν δεῖ καὶ οὗ ἕνεκα ὑπομένων καὶ φοβούμενος, καὶ ὡς δεῖ καὶ ὅτε, ὁμοίως δὲ καὶ θαρρῶν, ἀνδρεῖος· κατ´ ἀξίαν γάρ, καὶ ὡς ἂν λόγος, πάσχει καὶ πράττει ἀνδρεῖος. τέλος δὲ πάσης ἐνεργείας ἐστὶ τὸ κατὰ τὴν ἕξιν. καὶ τῷ ἀνδρείῳ δὲ ἀνδρεία καλόν. τοιοῦτον δὴ καὶ τὸ τέλος· ὁρίζεται γὰρ ἕκαστον τῷ τέλει. καλοῦ δὴ ἕνεκα ἀνδρεῖος ὑπομένει καὶ πράττει τὰ κατὰ τὴν ἀνδρείαν. τῶν δ´ ὑπερβαλλόντων μὲν τῇ ἀφοβίᾳ ἀνώνυμος (εἴρηται δ´ ἡμῖν ἐν τοῖς πρότερον ὅτι πολλά ἐστιν ἀνώνυμα), εἴη δ´ ἄν τις μαινόμενος ἀνάλγητος, εἰ μηδὲν φοβοῖτο, μήτε σεισμὸν μήτε κύματα, καθάπερ φασὶ τοὺς Κελτούς· δὲ τῷ θαρρεῖν ὑπερβάλλων περὶ τὰ φοβερὰ θρασύς. δοκεῖ δὲ καὶ ἀλαζὼν εἶναι θρασὺς καὶ προσποιητικὸς ἀνδρείας· ὡς γοῦν ἐκεῖνος περὶ τὰ φοβερὰ ἔχει, οὗτος βούλεται φαίνεσθαι· ἐν οἷς οὖν δύναται, μιμεῖται. διὸ καὶ εἰσὶν οἱ πολλοὶ αὐτῶν θρασύδειλοι· ἐν τούτοις γὰρ θρασυνόμενοι τὰ φοβερὰ οὐχ ὑπομένουσιν. δὲ τῷ φοβεῖσθαι ὑπερβάλλων δειλός· καὶ γὰρ μὴ δεῖ καὶ ὡς οὐ δεῖ, καὶ πάντα τὰ τοιαῦτα ἀκολουθεῖ αὐτῷ. ἐλλείπει δὲ καὶ τῷ θαρρεῖν· ἀλλ´ ἐν ταῖς λύπαις ὑπερβάλλων μᾶλλον καταφανής ἐστιν. δύσελπις δή τις δειλός· πάντα γὰρ φοβεῖται. δ´ ἀνδρεῖος ἐναντίως· τὸ γὰρ θαρρεῖν εὐέλπιδος. περὶ ταὐτὰ μὲν οὖν ἐστὶν τε δειλὸς καὶ θρασὺς καὶ ἀνδρεῖος, διαφόρως δ´ ἔχουσι πρὸς αὐτά· οἳ μὲν γὰρ ὑπερβάλλουσι καὶ ἐλλείπουσιν, δὲ μέσως ἔχει καὶ ὡς δεῖ· καὶ οἱ μὲν θρασεῖς προπετεῖς, καὶ βουλόμενοι πρὸ τῶν κινδύνων ἐν αὐτοῖς δ´ ἀφίστανται, οἱ δ´ ἀνδρεῖοι ἐν τοῖς ἔργοις ὀξεῖς, πρότερον δ´ ἡσύχιοι. Καθάπερ οὖν εἴρηται, ἀνδρεία μεσότης ἐστὶ περὶ θαρραλέα καὶ φοβερά, ἐν οἷς εἴρηται, καὶ ὅτι καλὸν αἱρεῖται καὶ ὑπομένει, ὅτι αἰσχρὸν τὸ μή. τὸ δ´ ἀποθνήσκειν φεύγοντα πενίαν ἔρωτα τι λυπηρὸν οὐκ ἀνδρείου, ἀλλὰ μᾶλλον δειλοῦ· μαλακία γὰρ τὸ φεύγειν τὰ ἐπίπονα, καὶ οὐχ ὅτι καλὸν ὑπομένει, ἀλλὰ φεύγων κακόν. [3,7] CHAPITRE VII : Les sujets d'effroi ne sont pas identiques pour tous et, par cette expression, nous désignons aussi parfois ce qui excède les forces humaines. Ce qui présente ce caractère est redoutable pour tout homme, bien entendu s'il est doué de raison. Quant aux périls à la mesure de l'homme, l'effroi qu'ils nous inspirent diffère d'intensité et est plus ou moins vif. Il n'en va pas autrement de ce qui nous inspire de la confiance. 2. L'homme courageux montre un sang-froid inaltérable, en tant qu'homme. Il redoutera donc aussi ce qui dépasse les forces humaines, tout en le supportant comme il le faut et comme la raison le veut, en vue du bien; car telle est la fin de la vertu. 3. D'autre part, il arrive que dans l'effroi que nous ressentons, il y ait des degrés et que même nous redoutions ce qui n'est pas effectivement redoutable. 4. Les erreurs que nous commettons sur ce point proviennent ou bien de ce que nous faisons ce qu'il ne faut pas faire, ou que nous nous trompons sur la manière et les circonstances de notre action, ou de quelque autre cause semblable; il en va de même aussi de ce qui nous inspire de la confiance. 5. L'homme qui tient bon et qui redoute ce qui convient, pour un but, d'une manière et dans des circonstances convenables, et qui montre de la confiance dans des conditions analogues, est vraiment courageux. Car il tient bon et agit comme les faits le méritent et comme l'exige la raison. 6. La fin de toute activité est en rapport avec les habitudes; il en va ainsi pour l'homme courageux; or le courage est beau en soi; la fin du courage sera donc belle elle aussi, car tout se définit selon la fin poursuivie; c'est donc en vue du bien que l'homme courageux tient bon et agit conformément au courage. 7. Il est des gens qui dépassent la mesure; l'un, qui pèche par excès, par absence de toute crainte, ne porte pas de nom particulier — or nous avons vu précédemment que bien des comportements n'ont pas de mots qui les expriment. D'autre part, ce serait faire acte de folie ou d'insensibilité que ne rien redouter, ni tremblement de terre, ni vagues irritées, ainsi que le font, dit-on, les Celtes. Celui qui montre face aux dangers une confiance excessive est l'audacieux. 8. L'audacieux, semble-t-il, est aussi un fanfaron qui affecte le courage; en effet, il veut paraître dans les dangers avoir l'attitude de l'homme de coeur et, dans la mesure où il le peut, il s'efforce de l'imiter. 9. C'est pourquoi beaucoup de ces faux audacieux ne sont que des poltrons qui font les braves; avec toute leur affectation de confiance, ils ne tiennent pas devant le péril véritable. 10. Celui qui ressent une peur excessive est lâche. En effet, il redoute ce qui n'est pas redoutable, et d'une manière qui ne convient pas, et il s'ensuit pour lui toutes sortes de conséquences analogues. De plus, il pèche aussi par manque de confiance, mais, comme il se montre excessif dans l'affliction, c'est là qu'apparaît surtout sa nature. 11. Ainsi donc le lâche est en quelque sorte réfractaire à l'espérance. Ne redoute-t-il pas tout ? L'homme courageux se comporte tout différemment, car la confiance en soi naît d'une ferme espérance. 12. Il s'ensuit que le lâche, l'audacieux, et le courageux apparaissent devant les mêmes dangers, mais ils se comportent différemment; les premiers pèchent par excès et par manque; le courageux garde le juste milieu et se comporte comme il convient. De plus les audacieux se jettent fougueusement dans les périls et, dès l'abord, veulent s'y précipiter; mais dans la mêlée, ils lachent pied, tandis que les hommes courageux sont résolus dans l'action, sans avoir perdu leur calme auparavant. 13. Comme nous l'avons dit, le courage est un juste milieu dans les cas où la confiance et la peur trouvent à se montrer —avec les réserves que nous avons indiquées. Il accepte et supporte ce qu'il est beau d'affronter et honteux de fuir. Mais se donner la mort parce qu'on veut échapper à la pauvreté, ou par suite de chagrins d'amour ou de toute autre affliction, n'est pas le fait de l'homme courageux, mais bien plutôt du lâche. Quelle mollesse de ne pas supporter les dures épreuves ! L'homme que nous envisagions à l'instant ne se résigne pas à la mort parce qu'il est beau de le faire, mais pour éviter un mal.


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Dernière mise à jour : 11/06/2008