[3,7] Τὸ δὲ φοβερὸν οὐ πᾶσι μὲν τὸ αὐτό, λέγομεν δέ τι
καὶ ὑπὲρ ἄνθρωπον. τοῦτο μὲν οὖν παντὶ φοβερὸν τῷ γε
νοῦν ἔχοντι· τὰ δὲ κατ´ ἄνθρωπον διαφέρει μεγέθει καὶ τῷ
μᾶλλον καὶ ἧττον· ὁμοίως δὲ καὶ τὰ θαρραλέα. ὁ δὲ
ἀνδρεῖος ἀνέκπληκτος ὡς ἄνθρωπος. φοβήσεται μὲν οὖν καὶ
τὰ τοιαῦτα, ὡς δεῖ δὲ καὶ ὡς ὁ λόγος ὑπομενεῖ τοῦ καλοῦ
ἕνεκα· τοῦτο γὰρ τέλος τῆς ἀρετῆς. ἔστι δὲ μᾶλλον καὶ
ἧττον ταῦτα φοβεῖσθαι, καὶ ἔτι τὰ μὴ φοβερὰ ὡς τοιαῦτα
φοβεῖσθαι. γίνεται δὲ τῶν ἁμαρτιῶν ἣ μὲν ὅτι 〈ὃ〉 οὐ δεῖ, ἣ
δὲ ὅτι οὐχ ὡς δεῖ, ἣ δὲ ὅτι οὐχ ὅτε, ἤ τι τῶν τοιούτων· ὁμοίως
δὲ καὶ περὶ τὰ θαρραλέα. ὁ μὲν οὖν ἃ δεῖ καὶ οὗ ἕνεκα
ὑπομένων καὶ φοβούμενος, καὶ ὡς δεῖ καὶ ὅτε, ὁμοίως δὲ
καὶ θαρρῶν, ἀνδρεῖος· κατ´ ἀξίαν γάρ, καὶ ὡς ἂν ὁ λόγος,
πάσχει καὶ πράττει ὁ ἀνδρεῖος. τέλος δὲ πάσης ἐνεργείας
ἐστὶ τὸ κατὰ τὴν ἕξιν. καὶ τῷ ἀνδρείῳ δὲ ἡ ἀνδρεία καλόν.
τοιοῦτον δὴ καὶ τὸ τέλος· ὁρίζεται γὰρ ἕκαστον τῷ τέλει.
καλοῦ δὴ ἕνεκα ὁ ἀνδρεῖος ὑπομένει καὶ πράττει τὰ κατὰ
τὴν ἀνδρείαν. τῶν δ´ ὑπερβαλλόντων ὁ μὲν τῇ ἀφοβίᾳ
ἀνώνυμος (εἴρηται δ´ ἡμῖν ἐν τοῖς πρότερον ὅτι πολλά ἐστιν
ἀνώνυμα), εἴη δ´ ἄν τις μαινόμενος ἢ ἀνάλγητος, εἰ μηδὲν
φοβοῖτο, μήτε σεισμὸν μήτε κύματα, καθάπερ φασὶ
τοὺς Κελτούς· ὁ δὲ τῷ θαρρεῖν ὑπερβάλλων περὶ τὰ
φοβερὰ θρασύς. δοκεῖ δὲ καὶ ἀλαζὼν εἶναι ὁ θρασὺς καὶ
προσποιητικὸς ἀνδρείας· ὡς γοῦν ἐκεῖνος περὶ τὰ φοβερὰ
ἔχει, οὗτος βούλεται φαίνεσθαι· ἐν οἷς οὖν δύναται,
μιμεῖται. διὸ καὶ εἰσὶν οἱ πολλοὶ αὐτῶν θρασύδειλοι· ἐν
τούτοις γὰρ θρασυνόμενοι τὰ φοβερὰ οὐχ ὑπομένουσιν. ὁ
δὲ τῷ φοβεῖσθαι ὑπερβάλλων δειλός· καὶ γὰρ ἃ μὴ δεῖ
καὶ ὡς οὐ δεῖ, καὶ πάντα τὰ τοιαῦτα ἀκολουθεῖ αὐτῷ.
ἐλλείπει δὲ καὶ τῷ θαρρεῖν· ἀλλ´ ἐν ταῖς λύπαις ὑπερβάλλων
μᾶλλον καταφανής ἐστιν. δύσελπις δή τις ὁ δειλός·
πάντα γὰρ φοβεῖται. ὁ δ´ ἀνδρεῖος ἐναντίως· τὸ γὰρ
θαρρεῖν εὐέλπιδος. περὶ ταὐτὰ μὲν οὖν ἐστὶν ὅ τε δειλὸς
καὶ ὁ θρασὺς καὶ ὁ ἀνδρεῖος, διαφόρως δ´ ἔχουσι πρὸς
αὐτά· οἳ μὲν γὰρ ὑπερβάλλουσι καὶ ἐλλείπουσιν, ὃ δὲ μέσως
ἔχει καὶ ὡς δεῖ· καὶ οἱ μὲν θρασεῖς προπετεῖς, καὶ
βουλόμενοι πρὸ τῶν κινδύνων ἐν αὐτοῖς δ´ ἀφίστανται, οἱ
δ´ ἀνδρεῖοι ἐν τοῖς ἔργοις ὀξεῖς, πρότερον δ´ ἡσύχιοι.
Καθάπερ οὖν εἴρηται, ἡ ἀνδρεία μεσότης ἐστὶ περὶ
θαρραλέα καὶ φοβερά, ἐν οἷς εἴρηται, καὶ ὅτι καλὸν αἱρεῖται
καὶ ὑπομένει, ἢ ὅτι αἰσχρὸν τὸ μή. τὸ δ´ ἀποθνήσκειν
φεύγοντα πενίαν ἢ ἔρωτα ἤ τι λυπηρὸν οὐκ ἀνδρείου, ἀλλὰ
μᾶλλον δειλοῦ· μαλακία γὰρ τὸ φεύγειν τὰ ἐπίπονα, καὶ
οὐχ ὅτι καλὸν ὑπομένει, ἀλλὰ φεύγων κακόν.
| [3,7] CHAPITRE VII :
Les sujets d'effroi ne sont pas identiques pour tous et, par
cette expression, nous désignons aussi parfois ce qui
excède les forces humaines. Ce qui présente ce caractère
est redoutable pour tout homme, bien entendu s'il est doué
de raison. Quant aux périls à la mesure de l'homme, l'effroi
qu'ils nous inspirent diffère d'intensité et est plus ou moins
vif. Il n'en va pas autrement de ce qui nous inspire de la
confiance. 2. L'homme courageux montre un sang-froid
inaltérable, en tant qu'homme. Il redoutera donc aussi ce
qui dépasse les forces humaines, tout en le supportant
comme il le faut et comme la raison le veut, en vue du
bien; car telle est la fin de la vertu. 3. D'autre part, il arrive
que dans l'effroi que nous ressentons, il y ait des degrés et
que même nous redoutions ce qui n'est pas effectivement
redoutable. 4. Les erreurs que nous commettons sur ce
point proviennent ou bien de ce que nous faisons ce qu'il ne
faut pas faire, ou que nous nous trompons sur la manière
et les circonstances de notre action, ou de quelque autre
cause semblable; il en va de même aussi de ce qui nous
inspire de la confiance. 5. L'homme qui tient bon et qui
redoute ce qui convient, pour un but, d'une manière et
dans des circonstances convenables, et qui montre de la
confiance dans des conditions analogues, est vraiment
courageux. Car il tient bon et agit comme les faits le
méritent et comme l'exige la raison. 6. La fin de toute
activité est en rapport avec les habitudes; il en va ainsi
pour l'homme courageux; or le courage est beau en soi; la
fin du courage sera donc belle elle aussi, car tout se définit
selon la fin poursuivie; c'est donc en vue du bien que
l'homme courageux tient bon et agit conformément au
courage. 7. Il est des gens qui dépassent la mesure; l'un,
qui pèche par excès, par absence de toute crainte, ne porte
pas de nom particulier — or nous avons vu précédemment
que bien des comportements n'ont pas de mots qui les
expriment. D'autre part, ce serait faire acte de folie ou
d'insensibilité que ne rien redouter, ni tremblement de
terre, ni vagues irritées, ainsi que le font, dit-on, les Celtes.
Celui qui montre face aux dangers une confiance
excessive est l'audacieux. 8. L'audacieux, semble-t-il, est
aussi un fanfaron qui affecte le courage; en effet, il veut
paraître dans les dangers avoir l'attitude de l'homme de
coeur et, dans la mesure où il le peut, il s'efforce de
l'imiter. 9. C'est pourquoi beaucoup de ces faux audacieux
ne sont que des poltrons qui font les braves; avec toute
leur affectation de confiance, ils ne tiennent pas devant le
péril véritable. 10. Celui qui ressent une peur excessive est
lâche. En effet, il redoute ce qui n'est pas redoutable, et
d'une manière qui ne convient pas, et il s'ensuit pour lui
toutes sortes de conséquences analogues. De plus, il pèche
aussi par manque de confiance, mais, comme il se montre
excessif dans l'affliction, c'est là qu'apparaît surtout sa
nature. 11. Ainsi donc le lâche est en quelque sorte
réfractaire à l'espérance. Ne redoute-t-il pas tout ?
L'homme courageux se comporte tout différemment, car la
confiance en soi naît d'une ferme espérance. 12. Il s'ensuit
que le lâche, l'audacieux, et le courageux apparaissent
devant les mêmes dangers, mais ils se comportent
différemment; les premiers pèchent par excès et par
manque; le courageux garde le juste milieu et se comporte
comme il convient. De plus les audacieux se jettent
fougueusement dans les périls et, dès l'abord, veulent s'y
précipiter; mais dans la mêlée, ils lachent pied, tandis que
les hommes courageux sont résolus dans l'action, sans
avoir perdu leur calme auparavant. 13. Comme nous
l'avons dit, le courage est un juste milieu dans les cas où la
confiance et la peur trouvent à se montrer —avec les
réserves que nous avons indiquées. Il accepte et supporte
ce qu'il est beau d'affronter et honteux de fuir. Mais se
donner la mort parce qu'on veut échapper à la pauvreté, ou
par suite de chagrins d'amour ou de toute autre affliction,
n'est pas le fait de l'homme courageux, mais bien plutôt du
lâche. Quelle mollesse de ne pas supporter les dures
épreuves ! L'homme que nous envisagions à l'instant ne se
résigne pas à la mort parce qu'il est beau de le faire, mais
pour éviter un mal.
|