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Du texte à l'hypertexte

Aristote, La grande morale, livre II

Chapitre 15

  Chapitre 15

[2,15] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΕ'. § 1. Ἐπεὶ δ´ ἐστίν, ὡς φαμέν, αὐτῷ πρὸς αὑτὸν φιλία, πότερον σπουδαῖος ἔσται φίλαυτος οὔ; Ἔστιν δὲ φίλαυτος αὑτοῦ ἕνεκεν πάντα πράττων ἐν τοῖς κατὰ τὸ λυσιτελές. μὲν οὖν φαῦλος φίλαυτος ἐστίν (αὐτὸς αὑτοῦ γὰρ ἕνεκεν πάντα πράττειἀλλ´ οὐχ σπουδαῖος. Διὰ τοῦτο γάρ ἐστι σπουδαῖος, ὅτι ἄλλου ἕνεκεν τοῦτο πράττει· διὸ οὐκ ἔστιν φίλαυτος. § 2. Ἀλλ´ ὁρμῶσι μὲν ἅπαντες ἐπὶ τἀγαθά, καὶ οἴονται αὑτοῖς δεῖν μάλιστα ὑπάρχειν. Τοῦτο δέ ἐστι μάλιστα φανερὸν ἐπὶ πλούτου καὶ ἀρχῆς. μὲν οὖν σπουδαῖος ἐκστήσεται τούτων ἄλλῳ, οὐχ ὡς οὐ προσῆκον αὑτῷ μάλιστα, ἀλλ´ ἂν ὁρᾷ ἄλλον δυνησόμενον μᾶλλον τούτοις αὑτοῦ χρῆσθαι· οἱ δ´ ἄλλοι τοῦτο οὐ ποιήσουσι δι´ ἄγνοιαν (οὐ γὰρ οἴονται κακῶς ἂν χρήσασθαι τοῖς τοιούτοις ἀγαθοῖς) διὰ φιλοτιμίαν τοῦ ἄρχειν. § 3. δὲ σπουδαῖος οὐδέτερον τούτων πείσεται· διὸ οὐδὲ φίλαυτος κατά γε τὰ τοιαῦτα ἀγαθά. Ἀλλ´ εἰ ἄρα, κατὰ τὸ καλόν. Τούτου γὰρ μόνον ἄλλῳ οὐκ ἂν ἐκσταίη, τὰ δὲ συμφέροντα καὶ ἡδέα ἐκστήσεται. § 4. Τὴν μὲν οὖν κατὰ τὸ καλὸν αἵρεσιν φίλαυτος ἔσται· τὴν δὲ κατὰ τὸ συμφέρον καὶ καθ´ ἡδονὴν λεγομένην οὐκ ἔσται σπουδαῖος, ἀλλὰ φαῦλος. [2,15] CHAPITRE XV. § 1. Comme il peut y avoir, ainsi que nous l'avons démontré, affection et amitié de l'individu pour lui-même, on s'est posé cette question : L'homme vertueux s'aimera-t-il, ou ne s'aimera-t-il pas lui-même ? Sera-t-il égoïste ? L'égoïste est celui qui fait tout en vue de lui seul, dans les choses qui lui peuvent être utiles. Le méchant est égoïste, puisqu'il ne fait absolument rien que pour lui-même. Mais l'honnête homme, l'homme de bien ne saurait être égoïste ; car il n'est honnête précisément que parce qu'il agit dans l'intérêt des autres; et par conséquent, il ne peut avoir d'égoïsme. § 2. Mais tous les hommes se précipitent vers le bien qu'ils désirent, et il n'en est pas un qui ne croie que c'est surtout à lui que ces biens doivent revenir. C'est ce qu'on peut voir avec pleine évidence en ce qui concerne la richesse et le pouvoir. Mais l'honnête homme s'éloignera de ces biens pour les laisser à autrui, non pas qu'il ne croie que ces avantages ne dussent appartenir surtout à lui ; mais il se retire dès qu'il voit que les autres pourraient en faire plus d'usage que lui-même. Quant au reste des hommes, ils seraient incapables de ce sacrifice ; d'abord, par ignorance ; car ils ne croient pas qu'ils puissent mal employer ces biens qu'ils convoitent ; et en second lieu, par ambition de dominer. § 3. Pour l'honnête homme, comme il n'éprouve aucun de ces sentiments, il ne sera pas égoïste en ce qui regarde ces sortes de biens. S'il l'est par hasard, ce sera uniquement en fait de vertu et de belles actions. Voilà le seul point où il ne céderait jamais à personne ; mais il cédera sans peine à qui le veut toutes les choses qui ne sont qu'utiles et agréables. § 4. Il sera donc égoïste en gardant exclusivement pour lui-même tous les actes de vertu. Mais il ne sera pas du tout atteint de cet égoïsme qui s'attache, aux choses agréables ou utiles ; il n'y a que le méchant qui ressente cet égoïsme-là.


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Dernière mise à jour : 29/05/2008