HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, Métaphysique, livre XII

Chapitre 9

  Chapitre 9

[12,9] CHAPITRE IX. (15) Τὰ δὲ περὶ τὸν νοῦν ἔχει τινὰς ἀπορίας· δοκεῖ μὲν γὰρ εἶναι τῶν φαινομένων θειότατον, πῶς δ' ἔχων τοιοῦτος ἂν εἴη, ἔχει τινὰς δυσκολίας. Εἴτε γὰρ μηδὲν νοεῖ, τί ἂν εἴη τὸ σεμνόν, ἀλλ' ἔχει ὥσπερ ἂν εἰ καθεύδων· εἴτε νοεῖ, τούτου δ' ἄλλο κύριον, οὐ γάρ ἐστι τοῦτο ἐστιν αὐτοῦ (20) οὐσία νόησις, ἀλλὰ δύναμις, οὐκ ἂν ἀρίστη οὐσία εἴη· διὰ γὰρ τοῦ νοεῖν τὸ τίμιον αὐτῷ ὑπάρχει. Ἔτι δὲ εἴτε νοῦς οὐσία αὐτοῦ εἴτε νόησίς ἐστι, τί νοεῖ; γὰρ αὐτὸς αὑτὸν ἕτερόν τι· καὶ εἰ ἕτερόν τι, τὸ αὐτὸ ἀεὶ ἄλλο. Πότερον οὖν διαφέρει τι οὐδὲν τὸ νοεῖν τὸ καλὸν τὸ τυχόν; (25) καὶ ἄτοπον τὸ διανοεῖσθαι περὶ ἐνίων; Δῆλον τοίνυν ὅτι τὸ θειότατον καὶ τιμιώτατον νοεῖ, καὶ οὐ μεταβάλλει· εἰς χεῖρον γὰρ μεταβολή, καὶ κίνησίς τις ἤδη τὸ τοιοῦτον. Πρῶτον μὲν οὖν εἰ μὴ νόησίς ἐστιν ἀλλὰ δύναμις, εὔλογον ἐπίπονον εἶναι τὸ συνεχὲς αὐτῷ τῆς νοήσεως· ἔπειτα δῆλον (30) ὅτι ἄλλο τι ἂν εἴη τὸ τιμιώτερον νοῦς, τὸ νοούμενον. Καὶ γὰρ τὸ νοεῖν καὶ νόησις ὑπάρξει καὶ τὸ χείριστον νοοῦντι, ὥστ' εἰ φευκτὸν τοῦτο (καὶ γὰρ μὴ ὁρᾶν ἔνια κρεῖττον ὁρᾶν), οὐκ ἂν εἴη τὸ ἄριστον νόησις. Αὑτὸν ἄρα νοεῖ, εἴπερ ἐστὶ τὸ κράτιστον, καὶ ἔστιν νόησις νοήσεως νόησις. (35) Φαίνεται δ' ἀεὶ ἄλλου ἐπιστήμη καὶ αἴσθησις καὶ δόξα καὶ διάνοια, αὑτῆς δ' ἐν παρέργῳ. Ἔτι εἰ ἄλλο τὸ νοεῖν καὶ τὸ νοεῖσθαι, κατὰ πότερον αὐτῷ τὸ εὖ ὑπάρχει; Οὐδὲ γὰρ ταὐτὸ τὸ εἶναι νοήσει καὶ νοουμένῳ. ἐπ' ἐνίων ἐπιστήμη τὸ πρᾶγμα, (1075a) (1) ἐπὶ μὲν τῶν ποιητικῶν ἄνευ ὕλης οὐσία καὶ τὸ τί ἦν εἶναι, ἐπὶ δὲ τῶν θεωρητικῶν λόγος τὸ πρᾶγμα καὶ (5) νόησις; Οὐχ ἑτέρου οὖν ὄντος τοῦ νοουμένου καὶ τοῦ νοῦ, ὅσα μὴ ὕλην ἔχει, τὸ αὐτὸ ἔσται, καὶ νόησις τῷ νοουμένῳ μία. Ἔτι δὴ λείπεται ἀπορία, εἰ σύνθετον τὸ νοούμενον· μεταβάλλοι γὰρ ἂν ἐν τοῖς μέρεσι τοῦ ὅλου. ἀδιαίρετον πᾶν τὸ μὴ ἔχον ὕλην - ὥσπερ ἀνθρώπινος νοῦς γε τῶν συνθέτων ἔχει ἔν τινι χρόνῳ (οὐ γὰρ ἔχει τὸ εὖ ἐν τῳδὶ ἐν τῳδί, ἀλλ' ἐν ὅλῳ τινὶ τὸ ἄριστον, ὂν ἄλλο τι) - (10) οὕτως δ' ἔχει αὐτὴ αὑτῆς νόησις τὸν ἅπαντα αἰῶνα; [12,9] CHAPITRE IX. Nous avons à résoudre quelques questions relatives à l'intelligence. L'intelligence est, ce semble, la plus divine des choses que nous connaissons. Mais pour être telle en effet, quel doit être son état habituel ? Il y a là des difficultés. Si elle ne pensait rien, si elle était comme un homme endormi, où serait sa dignité ? Et si elle pense, mais que sa pensée dépende d'un autre principe, son essence n'étant plus alors la pensée, mais un simple pouvoir de penser, elle ne 234 saurait être l'essence la meilleure, car ce qui lui donne son prix, c'est le penser. Enfin, que son essence soit l'intelligence, ou qu'elle soit la pensée, que pense-t-elle ? car, ou elle se pense elle-même, ou bien elle pense quelque autre objet. Et si elle pense un autre objet, ou bien c'est toujours le même, ou bien son objet varie. Importe-t-il donc, oui ou non, que l'objet de sa pensée soit le bien, ou la première chose venue ? ou plutôt ne serait-il pas absurde que telles et telles choses fussent l'objet de la pensée ? Ainsi il est clair qu'elle pense ce qu'il y a de plus divin et de plus excellent, et qu'elle ne change pas d'objet ; car changer ce serait passer du mieux au pire, ce serait déjà un mouvement. Et d'abord, si elle n'était pas la pensée, mais une simple puissance, il est probable que la continuité de la pensée serait pour elle une fatigue. Ensuite il est évident qu'il y aurait quelque chose de plus excellent que la pensée, à savoir ce qui est pensé; car le penser et la pensée appartiendraient encore à l'intelligence, même alors qu'elle penserait ce qu'il y a de plus vil. C'est là ce qu'il faut éviter (et, en effet, il est des choses qu'il faut ne pas voir, plutôt que de les voir) ; sinon la pensée ne serait pas ce qu'il y a de plus excellent. L'intelligence se pense donc elle-même, puisqu'elle est ce qu'il y a de plus excellent, et la pensée est la pensée de la pensée. La science, la sensation, l'opinion, le raisonnement , ont, au contraire, un objet différent d'eux-mêmes ; ils ne s'occupent d'eux-mêmes qu'en passant. D'ailleurs, si penser 235 était différent d'être pensé, lequel des deux constituerait l'excellence de la pensée ? Car la pensée et l'objet de la pensée n'ont pas la même essence. Ou bien la science est-elle dans certains cas la chose même? Dans les sciences créatrices, l'essence indépendante de la matière et la forme déterminée, la notion et la pensée, dans les sciences théorétiques, sont l'objet même de la science. Pour les êtres immatériels, ce qui est pensé n'a pas une existence différente de ce qui pense, il y a identité, et la pensée ne fait qu'un avec ce qui est pensé. Reste encore une difficulté ; (1075a) c'est de savoir si l'objet de la pensée est composé, et dans ce cas l'intelligence changerait, car elle parcourrait les parties de l'ensemble ; ou bien si tout ce qui n'a pas de matière est indivisible. Il en est éternellement de la pensée, comme il en est de l'intelligence humaine, de toute intelligence dont les objets sont des composés, à quelques instants fugitifs. Car ce n'est pas toujours successivement que l'intelligence humaine saisit le bien ; c'est dans un instant indivisible qu'elle saisit son bien suprême. Mais son objet n'est pas elle-même; tandis que la pensée éternelle, qui saisit aussi son objet dans un instant indivisible, se pense elle-même durant toute l'éternité.


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Dernière mise à jour : 3/12/2009