[12,3] CHAPITRE III.
(35) Μετὰ ταῦτα ὅτι οὐ γίγνεται οὔτε ἡ ὕλη οὔτε τὸ εἶδος, λέγω δὲ τὰ ἔσχατα. Πᾶν γὰρ μεταβάλλει τὶ καὶ ὑπό τινος καὶ εἴς τι· (1070a) (1) ὑφ' οὗ μέν, τοῦ πρώτου κινοῦντος· ὃ δέ, ἡ ὕλη· εἰς ὃ δέ, τὸ εἶδος. Εἰς ἄπειρον οὖν εἶσιν, εἰ μὴ μόνον ὁ χαλκὸς γίγνεται στρογγύλος ἀλλὰ καὶ τὸ στρογγύλον ἢ ὁ χαλκός· ἀνάγκη δὴ στῆναι. Μετὰ ταῦτα ὅτι ἑκάστη (5) ἐκ συνωνύμου γίγνεται οὐσία (τὰ γὰρ φύσει οὐσίαι καὶ τὰ ἄλλα). Ἢ γὰρ τέχνῃ ἢ φύσει γίγνεται ἢ τύχῃ ἢ τῷ αὐτομάτῳ. Ἡ μὲν οὖν τέχνη ἀρχὴ ἐν ἄλλῳ, ἡ δὲ φύσις ἀρχὴ ἐν αὐτῷ (ἄνθρωπος γὰρ ἄνθρωπον γεννᾷ), αἱ δὲ λοιπαὶ αἰτίαι στερήσεις τούτων.
Οὐσίαι δὲ τρεῖς, ἡ μὲν ὕλη (10) τόδε τι οὖσα τῷ φαίνεσθαι (ὅσα γὰρ ἁφῇ καὶ μὴ συμφύσει, ὕλη καὶ ὑποκείμενον), ἡ δὲ φύσις τόδε τι καὶ ἕξις τις εἰς ἥν· ἔτι τρίτη ἡ ἐκ τούτων ἡ καθ' ἕκαστα, οἷον Σωκράτης ἢ Καλλίας.
Ἐπὶ μὲν οὖν τινῶν τὸ τόδε τι οὐκ ἔστι παρὰ τὴν συνθετὴν οὐσίαν, οἷον οἰκίας τὸ εἶδος, εἰ (15) μὴ ἡ τέχνη (οὐδ' ἔστι γένεσις καὶ φθορὰ τούτων, ἀλλ' ἄλλον τρόπον εἰσὶ καὶ οὐκ εἰσὶν οἰκία τε ἡ ἄνευ ὕλης καὶ ὑγίεια καὶ πᾶν τὸ κατὰ τέχνην), ἀλλ' εἴπερ, ἐπὶ τῶν φύσει· διὸ δὴ οὐ κακῶς Πλάτων ἔφη ὅτι εἴδη ἔστιν ὁπόσα φύσει, εἴπερ ἔστιν εἴδη ἄλλα τούτων οἷον πῦρ σὰρξ κεφαλή· (20) ἅπαντα γὰρ ὕλη ἐστί, καὶ τῆς μάλιστ' οὐσίας ἡ τελευταία.
Τὰ μὲν οὖν κινοῦντα αἴτια ὡς προγεγενημένα ὄντα, τὰ δ' ὡς ὁ λόγος ἅμα. Ὅτε γὰρ ὑγιαίνει ὁ ἄνθρωπος, τότε καὶ ἡ ὑγίεια ἔστιν, καὶ τὸ σχῆμα τῆς χαλκῆς σφαίρας ἅμα καὶ ἡ χαλκῆ σφαῖρα
(εἰ δὲ καὶ ὕστερόν τι ὑπομένει, σκεπτέον· (25) ἐπ' ἐνίων γὰρ οὐδὲν κωλύει, οἷον εἰ ἡ ψυχὴ τοιοῦτον, μὴ πᾶσα ἀλλ' ὁ νοῦς· πᾶσαν γὰρ ἀδύνατον ἴσως).
Φανερὸν δὴ ὅτι οὐδὲν δεῖ διά γε ταῦτ' εἶναι τὰς ἰδέας· ἄνθρωπος γὰρ ἄνθρωπον γεννᾷ, ὁ καθ' ἕκαστον τὸν τινά· ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν τεχνῶν· ἡ γὰρ ἰατρικὴ τέχνη ὁ λόγος τῆς ὑγιείας (30) ἐστίν.
| [12,3] CHAPITRE III.
Prouvons maintenant que ni la matière ni la forme ne deviennent ; j'entends la matière et la forme primitives. Tout ce qui change est quelque chose, et le changement a une cause et un but. (1070a) La cause, c'est le premier moteur ; le sujet, c'est la matière; le but, c'est la forme. On irait donc à l'infini, si ce qui devient c'était, non pas seulement l'airain cylindrique, mais la forme cylindrique elle-même, ou l'airain : or, il faut s'arrêter. Ensuite chaque essence provient d'une essence de même nom : ainsi pour les choses naturelles, lesquelles sont des essences ; ainsi pour les autres êtres; car il ya des êtres qui sont des produits de l'art, d'autres viennent de la nature, ou de la fortune, ou du hasard. L'art est un principe qui réside dans un être différent de l'objet produit ; mais la nature réside dans l'objet
lui-même, car c'est un homme qui engendre un homme. Pour les autres causes, elles ne sont que des privations de ces deux là.
208 Il y a trois sortes d'essence : la matière qui n'est qu'en apparence l'être déterminé, car des parties entre lesquelles il n'y a que simple contact et non pas connexion, ne sont qu'une pure matière et un sujet; la nature, c'est-à-dire cette forme, cet état déterminé auquel aboutit la production ; la troisième essence est la réunion des deux premières, c'est l'essence individuelle, c'est Socrate ou Callias.
Il est des objets dont la forme n'existe pas indépendamment de l'ensemble de la matière et de la forme : ainsi la forme d'une maison; à moins que par forme on entende l'art lui-même. Les formes de ces objets ne sont d'ailleurs sujettes ni à production, ni à destruction. C'est d'une autre manière que sont, ou que ne sont pas, et la maison immatérielle, et la santé, et tout ce qui est un produit de l'art. Mais il n'en est pas de même pour les choses naturelles. Aussi Platon n'a-t-il pas eu tort de dire qu'il n'y a des idées que des choses naturelles; si l'on admet qu'il peut y avoir des idées autres que les objets sensibles, celles du feu, par exemple, de la chair, de la tête : toutes choses qui 209 ne sont qu'une matière, la matière intégrante de l'essence par excellence.
Les causes motrices ont la priorité d'existence sur les choses qu'elles produisent ; les causes formelles sont contemporaines de ces choses. C'est quand l'homme est sain, que la santé existe ; et la figure de la sphère d'airain est contemporaine de la sphère d'airain.
Demandons-nous encore s'il subsiste quelque chose après la dissolution de l'ensemble. Pour certains êtres rien ne s'y oppose : l'âme, par exemple, est dans ce cas, non pas l'âme tout entière, mais l'intelligence, car pour l'âme entière cela est peut-être impossible.
Il est donc évident que dans tout ce que nous venons de voir il n'y a pas de raison pour admettre l'existence des idées. C'est un homme qui engendre un homme ; c'est l'individu qui engendre l'individu. Il en est de même pour les arts : c'est la médecine qui contient la notion de la santé.
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