[11,7] CHAPITRE VII.
(35) Πᾶσα δ' ἐπιστήμη ζητεῖ τινὰς ἀρχὰς καὶ αἰτίας περὶ ἕκαστον τῶν ὑφ' αὑτὴν ἐπιστητῶν, (1064a) (1) οἷον ἰατρικὴ καὶ γυμναστικὴ καὶ τῶν λοιπῶν ἑκάστη τῶν ποιητικῶν καὶ μαθηματικῶν. Ἑκάστη γὰρ τούτων περιγραψαμένη τι γένος αὑτῇ περὶ τοῦτο πραγματεύεται ὡς ὑπάρχον καὶ ὄν, οὐχ ᾗ δὲ ὄν, ἀλλ' ἑτέρα τις αὕτη παρὰ ταύτας τὰς ἐπιστήμας ἐστὶν ἐπιστήμη.
Τῶν δὲ (5) λεχθεισῶν ἐπιστημῶν ἑκάστη λαβοῦσά πως τὸ τί ἐστιν ἐν ἑκάστῳ γένει πειρᾶται δεικνύναι τὰ λοιπὰ μαλακώτερον ἢ ἀκριβέστερον. Λαμβάνουσι δὲ τὸ τί ἐστιν αἱ μὲν δι' αἰσθήσεως αἱ δ' ὑποτιθέμεναι· διὸ καὶ δῆλον ἐκ τῆς τοιαύτης ἐπαγωγῆς ὅτι τῆς οὐσίας καὶ τοῦ τί ἐστιν οὐκ ἔστιν ἀπόδειξις.
(10) Ἐπεὶ δ' ἔστι τις ἡ περὶ φύσεως ἐπιστήμη, δῆλον ὅτι καὶ πρακτικῆς ἑτέρα καὶ ποιητικῆς ἔσται. Ποιητικῆς μὲν γὰρ ἐν τῷ ποιοῦντι καὶ οὐ τῷ ποιουμένῳ τῆς κινήσεως ἡ ἀρχή, καὶ τοῦτ' ἔστιν εἴτε τέχνη τις εἴτ' ἄλλη τις δύναμις· ὁμοίως δὲ καὶ τῆς πρακτικῆς οὐκ ἐν τῷ πρακτῷ μᾶλλον δ' ἐν τοῖς (15) πράττουσιν ἡ κίνησις. Ἡ δὲ τοῦ φυσικοῦ περὶ τὰ ἔχοντ' ἐν ἑαυτοῖς κινήσεως ἀρχήν ἐστιν. Ὅτι μὲν τοίνυν οὔτε πρακτικὴν οὔτε ποιητικὴν ἀλλὰ θεωρητικὴν ἀναγκαῖον εἶναι τὴν φυσικὴν ἐπιστήμην, δῆλον ἐκ τούτων (εἰς ἓν γάρ τι τούτων τῶν γενῶν ἀνάγκη πίπτειν)·
ἐπεὶ δὲ τὸ τί ἐστιν ἀναγκαῖον (20) ἑκάστῃ πως τῶν ἐπιστημῶν εἰδέναι καὶ τούτῳ χρῆσθαι ἀρχῇ, δεῖ μὴ λανθάνειν πῶς ὁριστέον τῷ φυσικῷ καὶ πῶς ὁ τῆς οὐσίας λόγος ληπτέος, πότερον ὡς τὸ σιμὸν ἢ μᾶλλον ὡς τὸ κοῖλον. Τούτων γὰρ ὁ μὲν τοῦ σιμοῦ λόγος μετὰ τῆς ὕλης λέγεται τῆς τοῦ πράγματος, ὁ δὲ τοῦ κοίλου χωρὶς τῆς ὕλης· (25) ἡ γὰρ σιμότης ἐν ῥινὶ γίγνεται, διὸ καὶ ὁ λόγος αὐτῆς μετὰ ταύτης θεωρεῖται· τὸ σιμὸν γάρ ἐστι ῥὶς κοίλη. Φανερὸν οὖν ὅτι καὶ σαρκὸς καὶ ὀφθαλμοῦ καὶ τῶν λοιπῶν μορίων μετὰ τῆς ὕλης ἀεὶ τὸν λόγον ἀποδοτέον.
Ἐπεὶ δ' ἔστι τις ἐπιστήμη τοῦ ὄντος ᾗ ὂν καὶ χωριστόν, σκεπτέον πότερόν ποτε τῇ φυσικῆ (30) ῆ τὴν αὐτὴν θετέον εἶναι ταύτην ἢ μᾶλλον ἑτέραν. Ἡ μὲν οὖν φυσικὴ περὶ τὰ κινήσεως ἔχοντ' ἀρχὴν ἐν αὑτοῖς ἐστίν, ἡ δὲ μαθηματικὴ θεωρητικὴ μὲν καὶ περὶ μένοντά τις αὕτη, ἀλλ' οὐ χωριστά. Περὶ τὸ χωριστὸν ἄρα ὂν καὶ ἀκίνητον ἑτέρα τούτων ἀμφοτέρων τῶν ἐπιστημῶν ἔστι τις, εἴπερ (35) ὑπάρχει τις οὐσία τοιαύτη, λέγω δὲ χωριστὴ καὶ ἀκίνητος, ὅπερ πειρασόμεθα δεικνύναι. Καὶ εἴπερ ἔστι τις τοιαύτη φύσις ἐν τοῖς οὖσιν, ἐνταῦθ' ἂν εἴη που καὶ τὸ θεῖον, καὶ αὕτη ἂν εἴη πρώτη καὶ κυριωτάτη ἀρχή.
(1064b) (1) Δῆλον τοίνυν ὅτι τρία γένη τῶν θεωρητικῶν ἐπιστημῶν ἔστι, φυσική, μαθηματική, θεολογική. Βέλτιστον μὲν οὖν τὸ τῶν θεωρητικῶν γένος, τούτων δ' αὐτῶν ἡ τελευταία λεχθεῖσα· περὶ τὸ τιμιώτατον (5) γάρ ἐστι τῶν ὄντων, βελτίων δὲ καὶ χείρων ἑκάστη λέγεται κατὰ τὸ οἰκεῖον ἐπιστητόν.
Ἀπορήσειε δ' ἄν τις πότερόν ποτε τὴν τοῦ ὄντος ᾗ ὂν ἐπιστήμην καθόλου δεῖ θεῖναι ἢ οὔ. Τῶν μὲν γὰρ μαθηματικῶν ἑκάστη περὶ ἕν τι γένος ἀφωρισμένον ἐστίν, ἡ δὲ καθόλου κοινὴ περὶ πάντων. Εἰ μὲν οὖν αἱ (10) φυσικαὶ οὐσίαι πρῶται τῶν ὄντων εἰσί, κἂν ἡ φυσικὴ πρώτη τῶν ἐπιστημῶν εἴη· εἰ δ' ἔστιν ἑτέρα φύσις καὶ οὐσία χωριστὴ καὶ ἀκίνητος, ἑτέραν ἀνάγκη καὶ τὴν ἐπιστήμην αὐτῆς εἶναι καὶ προτέραν τῆς φυσικῆς καὶ καθόλου τῷ προτέραν.
| [11,7] CHAPITRE VII.
Toute science s'occupe de la recherche de certains principes et de certaines causes, à l'occasion de chacun des objets dont elle embrasse la connaissance. (1064a) Ainsi font la médecine, la gymnastique, et les diverses autres sciences créatrices; ainsi font les sciences mathématiques. Chacune d'elles se circonscrit en effet dans un genre déterminé, et traite uniquement de ce genre ; elle le considère comme une réalité et un être, sans toutefois l'examiner en tant qu'être. La science qui traite de l'être en tant qu'être est différente de toutes ces sciences, et en dehors d'elles.
Les sciences que nous venons de mentionner prennent chacune pour sujet dans chaque genre, l'essence, et tâchent de donner sur tout le reste des démonstrations, plus ou moins sujettes à exceptions, plus ou moins rigoureuses. Les unes admettent l'essence perçue par les sens ; les autres posent tout d'abord l'essence comme fait fondamental. Il est clair alors, qu'il n'y a lieu, avec cette façon de procéder, à aucune démonstration ni de la substance, ni de l'essence.
La physique est une science; mais elle n'est évidemment point une science pratique, ni une science créatrice. Pour les sciences créatrices, en effet, c'est dans l'agent, et non dans l'objet qui subit l'action, que réside le principe de mouvement ; et ce principe, c'est ou bien un art, ou bien quelque autre puissance. De même pour les sciences pratiques : ce n'est pas non plus dans la chose qui est l'objet de l'action que réside le mouvement, mais bien plutôt dans l'être qui agit. La science du physicien traite des êtres qui ont en eux-mêmes le principe du mouvement. On voit assez dès-lors que la science physique n'est ni une science pratique, ni une science créatrice, mais qu'elle est de toute nécessité une science théorétique; car il faut bien qu'elle rentre dans l'un de ces trois genres.
Puisqu'il est nécessaire que chaque science connaisse sous quelque point de vue l'essence, et s'en serve comme d'un principe, le physicien ne peut donc pas ignorer la manière de définir; il faut qu'il sache ce qu'est véritablement la notion substantielle dans les objets dont il traite, si elle est dans le même cas que le camus, ou bien plutôt comme le retroussé. La notion du camus implique la matière de l'objet ; celle du retroussé est indépendante de toute matière. En effet, c'est dans un nez que se produit le camus; et c'est pour cela que la notion du camus implique celle du nez : le camus, c'est le nez retroussé. Il est donc évident que la matière doit entrer dans la définition 177 de la chair, de l'œil et des autres parties du corps.
Il y a une science de l'être considéré en tant qu'être et indépendamment de tout sujet matériel : voyons donc s'il faut admettre l'identité de cette science et de la physique, ou bien plutôt leur différence. La physique traite des êtres qui ont en eux-mêmes le principe du mouvement. La science mathématique est une science théorétique, il est vrai, et qui traite d'objets immobiles ; mais ces objets ne sont pas séparés de toute matière. La science de l'être indépendant et immobile est donc différente de l'une et de l'autre de ces deux sciences ; supposé qu'il y ait une substance qui soit réellement ainsi, je veux dire indépendante et immobile, ce que nous nous efforcerons de prouver. Et s'il y a une nature de cette sorte parmi les êtres, ce sera la nature divine, ce sera le premier principe, le principe par excellence.
(1064a) Il y a, à ce compte, trois sciences théorétiques : la Physique, la Science mathématique, la Théologie. Or, les sciences théorétiques l'emportent sur les autres sciences. Mais celle que nous venons de nommer la dernière l'emporte sur toutes les sciences théorétiques. Elle a pour objet l'être qui l'emporte sur tous les êtres; et c'est la valeur de l'objet propre de la connaissance, qui détermine ou la supériorité d'une science, ou son infériorité.
C'est une question de savoir si la science de l'être en tant qu'être est, oui ou non, une science universelle. Les sciences mathématiques traitent chacune d'un genre d'êtres déterminé; la science universelle embrasse tous les êtres. Si donc les substances physiques 178 étaient les premières entre toutes les essences, alors la première de toutes les sciences, ce serait la physique. Mais s'il existe une autre nature, une substance indépendante et immobile, il faut bien que la science de cette nature soit une autre science, une science antérieure à la physique, une science universelle par son antériorité même.
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