HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, Métaphysique, livre IX

Chapitre 3

  Chapitre 3

[9,3] CHAPITRE III. Εἰσὶ δέ τινες οἵ φασιν, οἷον οἱ Μεγαρικοί, ὅταν ἐνεργῇ (30) μόνον δύνασθαι, ὅταν δὲ μὴ ἐνεργῇ οὐ δύνασθαι, οἷον τὸν μὴ οἰκοδομοῦντα οὐ δύνασθαι οἰκοδομεῖν, ἀλλὰ τὸν οἰκοδομοῦντα ὅταν οἰκοδομῇ· ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων. Οἷς τὰ συμβαίνοντα ἄτοπα οὐ χαλεπὸν ἰδεῖν. Δῆλον γὰρ ὅτι οὔτ' οἰκοδόμος ἔσται ἐὰν μὴ οἰκοδομῇ (τὸ γὰρ οἰκοδόμῳ (35) εἶναι τὸ δυνατῷ εἶναί ἐστιν οἰκοδομεῖν), ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων τεχνῶν. Εἰ οὖν ἀδύνατον τὰς τοιαύτας ἔχειν τέχνας μὴ μαθόντα ποτὲ καὶ λαβόντα, (1047a) (1) καὶ μὴ ἔχειν μὴ ἀποβαλόντα ποτέ ( γὰρ λήθῃ πάθει τινὶ χρόνῳ· οὐ γὰρ δὴ τοῦ γε πράγματος φθαρέντος, ἀεὶ γὰρ ἔστιν), ὅταν παύσηται, οὐχ ἕξει τὴν τέχνην, πάλιν δ' εὐθὺς οἰκοδομήσει πῶς λαβών; Καὶ τὰ ἄψυχα δὴ ὁμοίως· οὔτε γὰρ (5) ψυχρὸν οὔτε θερμὸν οὔτε γλυκὺ οὔτε ὅλως αἰσθητὸν οὐθὲν ἔσται μὴ αἰσθανομένων· ὥστε τὸν Πρωταγόρου λόγον συμβήσεται λέγειν αὐτοῖς. § 4. Ἀλλὰ μὴν οὐδ' αἴσθησιν ἕξει οὐδὲν ἂν μὴ αἰσθάνηται μηδ' ἐνεργῇ. Εἰ οὖν τυφλὸν τὸ μὴ ἔχον ὄψιν, πεφυκὸς δὲ καὶ ὅτε πέφυκε καὶ ἔτι ὄν, οἱ αὐτοὶ (10) τυφλοὶ ἔσονται πολλάκις τῆς ἡμέρας, καὶ κωφοί. Ἔτι εἰ ἀδύνατον τὸ ἐστερημένον δυνάμεως, τὸ μὴ γιγνόμενον ἀδύνατον ἔσται γενέσθαι· τὸ δ' ἀδύνατον γενέσθαι λέγων εἶναι ἔσεσθαι ψεύσεται (τὸ γὰρ ἀδύνατον τοῦτο ἐσήμαινεν), ὥστε οὗτοι οἱ λόγοι ἐξαιροῦσι καὶ κίνησιν καὶ γένεσιν. (15) Ἀεὶ γὰρ τό τε ἑστηκὸς ἑστήξεται καὶ τὸ καθήμενον καθεδεῖται· οὐ γὰρ ἀναστήσεται ἂν καθέζηται· ἀδύνατον γὰρ ἔσται ἀναστῆναι γε μὴ δύναται ἀναστῆναι.Εἰ οὖν μὴ ἐνδέχεται ταῦτα λέγειν, φανερὸν ὅτι δύναμις καὶ ἐνέργεια ἕτερόν ἐστιν (ἐκεῖνοι δ' οἱ λόγοι δύναμιν καὶ ἐνέργειαν ταὐτὸ (20) ποιοῦσιν, διὸ καὶ οὐ μικρόν τι ζητοῦσιν ἀναιρεῖν), ὥστε ἐνδέχεται δυνατὸν μέν τι εἶναι μὴ εἶναι δέ, καὶ δυνατὸν μὴ εἶναι εἶναι δέ, ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων κατηγοριῶν δυνατὸν βαδίζειν ὂν μὴ βαδίζειν, καὶ μὴ βαδίζειν δυνατὸν ὂν βαδίζειν. Ἔστι δὲ δυνατὸν τοῦτο ἐὰν ὑπάρξῃ (25) ἐνέργεια οὗ λέγεται ἔχειν τὴν δύναμιν, οὐθὲν ἔσται ἀδύνατον. Λέγω δὲ οἷον, εἰ δυνατὸν καθῆσθαι καὶ ἐνδέχεται καθῆσθαι, τούτῳ ἐὰν ὑπάρξῃ τὸ καθῆσθαι, οὐδὲν ἔσται ἀδύνατον· καὶ εἰ κινηθῆναι κινῆσαι στῆναι στῆσαι εἶναι γίγνεσθαι μὴ εἶναι μὴ γίγνεσθαι, ὁμοίως. (30) Ἐλήλυθε δ' ἐνέργεια τοὔνομα, πρὸς τὴν ἐντελέχειαν συντιθεμένη, καὶ ἐπὶ τὰ ἄλλα ἐκ τῶν κινήσεων μάλιστα· δοκεῖ γὰρ ἐνέργεια μάλιστα κίνησις εἶναι, διὸ καὶ τοῖς μὴ οὖσιν οὐκ ἀποδιδόασι τὸ κινεῖσθαι, ἄλλας δέ τινας κατηγορίας, οἷον διανοητὰ καὶ ἐπιθυμητὰ εἶναι τὰ μὴ ὄντα, (35) κινούμενα δὲ οὔ, τοῦτο δὲ ὅτι οὐκ ὄντα ἐνεργείᾳ ἔσονται ἐνεργείᾳ. (1047b) (1) Τῶν γὰρ μὴ ὄντων ἔνια δυνάμει ἐστίν· οὐκ ἔστι δέ, ὅτι οὐκ ἐντελεχείᾳ ἐστίν. [9,3] CHAPITRE III. Il en est qui prétendent, les philosophes de Mégare par exemple, qu'il n'y a puissance que lorsqu'il y a acte, que lorsqu'il n'y a pas acte, il n'y a pas puissance : ainsi celui qui ne construit point, n'a pas le pouvoir de construire, mais celui qui construit a ce pouvoir quand il construit; et de même pour tout le reste. Il n'est pas difficile de voir les conséquences absurdes de ce principe. Évidemment alors on ne sera pas constructeur si l'on ne construit pas ; car l'essence du constructeur c'est d'avoir le pouvoir de construire. De même pour les autres arts. Il est impossible de posséder un art sans l'avoir appris, sans qu'on nous l'ait transmis, (1047a) de ne plus le posséder ensuite sans l'avoir perdu (on le perd ou en l'oubliant, ou par quelque circonstance, ou par l'effet du temps ; car je ne parle point du cas de la destruction du sujet sur lequel l'art opère : dans cette hypothèse même l'art subsiste toujours). Or, si l'on cesse d'agir, on ne 92 possédera plus l'art. Et pourtant on se remettra immédiatement à bâtir ; comment aura-t-on recouvré l'art ? Il en sera de même pour les objets inanimés, le froid, le chaud, le doux ; et en un mot, tous les objets sensibles ne seront rien indépendamment de l'être sentant. On tombe alors dans le système de Protagoras. Ajoutons qu'aucun être n'aura même la faculté de sentir, s'il ne sent réellement, s'il n'a sensation en acte. Si donc nous appelons aveugle l'être qui ne voit point, quand il est dans sa nature de voir, et à l'époque où il est dans sa nature de voir, les mêmes êtres seront aveugles et sourds plusieurs fois par jour. Bien plus, comme ce dont il n'y a pas puissance est impossible, il sera impossible que ce qui n'est pas produit actuellement, soit jamais produit. Prétendre que ce qui est dans l'impossibilité d'être, existe ou existera, ce serait dire une fausseté, comme l'indique le mot même d'impossible. Un pareil système supprime le mouvement et la production. L'être qui est debout sera toujours debout, l'être qui est assis sera éternellement assis. Il ne pourra pas se lever s'il est assis, car ce qui n'a pas le pouvoir de se lever est dans l'impossibilité de se lever. Si l'on ne peut pas admettre ces conséquences, il est évident que la puissance et l'acte sont deux choses différentes : or, ce système identifie la puissance et 93 l'acte. Ce qu'on essaie de supprimer ainsi, c'est une chose de la plus haute importance. Il est donc établi que quelque chose peut être en puissance, et n'être pas réellement, que quelque chose peut exister réellement, et n'être pas en puissance. De même pour toutes les autres catégories. Il se peut qu'un être qui a le pouvoir de marcher ne marche pas ; qu'un être marche, qui a le pouvoir de ne pas marcher. Je dis qu'une chose est possible lorsque son passage de la puissance à l'acte, n'entraîne aucune impossibilité. Par exemple, si un être a le pouvoir d'être assis, s'il est possible en un mot que cet être soit assis, être assis n'entraînera pour cet être aucune impossibilité. De même s'il a le pouvoir de recevoir ou d'imprimer le mouvement, de se tenir debout ou de tenir debout un auure objet, d'être ou de devenir, de ne pas être ou de ne pas devenir. C'est surtout par rapport au mouvement que le nom d'acte a été donné à la puissance active et aux autres choses ; le mouvement, en effet, semble être l'acte par excellence. C'est pourquoi on n'attribue point le mouvement à ce qui n'est pas ; on le rapporte à quelques-unes des autres catégories. Des choses qui ne sont pas, on dit bien qu'elles sont intelligibles, désirables, mais non pas qu'elles sont en mouvement. Et cela parce qu'elles ne sont pas maintenant en acte, mais seulement peuvent être en acte ; (1047b) car, parmi les choses qui ne sont pas, quelques-unes sont en puissance, mais ne sont pas réellement, parce qu'elles ne sont pas en acte.


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Dernière mise à jour : 3/12/2009