HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, Métaphysique, livre IX

Chapitre 2

  Chapitre 2

[9,2] CHAPITRE II. Ἐπεὶ δ' αἱ μὲν ἐν τοῖς ἀψύχοις ἐνυπάρχουσιν ἀρχαὶ τοιαῦται, αἱ δ' ἐν τοῖς ἐμψύχοις καὶ ἐν ψυχῇ καὶ τῆς ψυχῆς ἐν τῷ λόγον ἔχοντι, (1046b) (1) δῆλον ὅτι καὶ τῶν δυνάμεων αἱ μὲν ἔσονται ἄλογοι αἱ δὲ μετὰ λόγου· διὸ πᾶσαι αἱ τέχναι καὶ αἱ ποιητικαὶ ἐπιστῆμαι δυνάμεις εἰσίν· ἀρχαὶ γὰρ μεταβλητικαί εἰσιν ἐν ἄλλῳ ἄλλο. Καὶ αἱ μὲν (5) μετὰ λόγου πᾶσαι τῶν ἐναντίων αἱ αὐταί, αἱ δὲ ἄλογοι μία ἑνός, οἷον τὸ θερμὸν τοῦ θερμαίνειν μόνον δὲ ἰατρικὴ νόσου καὶ ὑγιείας. Αἴτιον δὲ ὅτι λόγος ἐστὶν ἐπιστήμη, δὲ λόγος αὐτὸς δηλοῖ τὸ πρᾶγμα καὶ τὴν στέρησιν, πλὴν οὐχ ὡσαύτως, καὶ ἔστιν ὡς ἀμφοῖν ἔστι δ' ὡς (10) τοῦ ὑπάρχοντος μᾶλλον, ὥστ' ἀνάγκη καὶ τὰς τοιαύτας ἐπιστήμας εἶναι μὲν τῶν ἐναντίων, εἶναι δὲ τοῦ μὲν καθ' αὑτὰς τοῦ δὲ μὴ καθ' αὑτάς· καὶ γὰρ λόγος τοῦ μὲν καθ' αὑτὸ τοῦ δὲ τρόπον τινὰ κατὰ συμβεβηκός· ἀποφάσει γὰρ καὶ ἀποφορᾷ δηλοῖ τὸ ἐναντίον· γὰρ στέρησις (15) πρώτη τὸ ἐναντίον, αὕτη δὲ ἀποφορὰ θατέρου. Ἐπεὶ δὲ τὰ ἐναντία οὐκ ἐγγίγνεται ἐν τῷ αὐτῷ, δ' ἐπιστήμη δύναμις τῷ λόγον ἔχειν, καὶ ψυχὴ κινήσεως ἔχει ἀρχήν, τὸ μὲν ὑγιεινὸν ὑγίειαν μόνον ποιεῖ καὶ τὸ θερμαντικὸν θερμότητα καὶ τὸ ψυκτικὸν ψυχρότητα, δ' ἐπιστήμων (20) ἄμφω. Λόγος γάρ ἐστιν ἀμφοῖν μέν, οὐχ ὁμοίως δέ, καὶ ἐν ψυχῇ ἔχει κινήσεως ἀρχήν· ὥστε ἄμφω ἀπὸ τῆς αὐτῆς ἀρχῆς κινήσει πρὸς ταὐτὸ συνάψασα· διὸ τὰ κατὰ λόγον δυνατὰ τοῖς ἄνευ λόγου δυνατοῖς ποιεῖ τἀναντία· μιᾷ γὰρ ἀρχῇ περιέχεται, τῷ λόγῳ. Φανερὸν δὲ καὶ ὅτι (25) τῇ μὲν τοῦ εὖ δυνάμει ἀκολουθεῖ τοῦ μόνον ποιῆσαι παθεῖν δύναμις, ταύτῃ δ' ἐκείνη οὐκ ἀεί· ἀνάγκη γὰρ τὸν εὖ ποιοῦντα καὶ ποιεῖν, τὸν δὲ μόνον ποιοῦντα οὐκ ἀνάγκη καὶ εὖ ποιεῖν. [9,2] CHAPITRE II. Des principes dont nous parlons, les uns résident dans les êtres inanimés, les autres dans les êtres animés, dans l'âme, dans la partie de l'âme où se trouve la raison. (1046b) On voit qu'il doit y avoir des puissances irrationnelles et des puissances rationnelles ; et tous les actes, toutes les sciences pratiques, toutes les sciences enfin sont des puissances, car ce sont là des principes de changement dans un autre être en tant qu'autre. Chaque puissance rationnelle peut produire à elle seule les effets contraires ; mais les puissances irrationnelles ne produisent chacune qu'un seul et même effet. La chaleur n'est cause que de l'échauffement, tandis que la médecine peut l'être de la maladie et de la santé. Il en est ainsi parce que la science est une explication rationnelle. Or, l'explication rationnelle explique et l'objet et la privation de l'objet : seulement ce n'est pas de la même manière; sous un point de vue, la connaissance de l'un et de l'autre est le but de l'explication rationnelle ; mais, sous un autre point de vue, c'est surtout celle de l'objet lui-même. Les sciences de cette sorte sont donc nécessairement sciences des contraires ; mais l'un des contraires est leur objet propre, tandis que l'autre ne l'est pas. 90 Elles expliquent l'un en lui-même ; ce n'est qu'accidentellement, si je puis dire, qu'elles traitent de l'autre. C'est par la négation qu'elles montrent le contraire, c'est en le faisant disparaître. La privation première d'un objet c'est, en effet, son contraire ; or, cette privation première, c'est la suppression de l'objet. Les contraires ne se produisent pas dans le même être ; mais la science est une puissance en tant qu'elle contient la raison des choses, et il y a dans l'âme le principe du mouvement. Ainsi donc le sain ne produit que la santé, le chaud que la chaleur, le froid que la froidure, tandis que celui qui sait produit les deux contraires. La science connaît l'un et l'autre, mais d'une manière différente. Car la notion des deux contraires se trouve, mais non point de la même manière, dans l'âme qui a en elle le principe du mouvement ; et du même principe, l'âme, tout en ne s'appliquant qu'à un seul et même objet, fera sortir l'un et l'autre contraire. Les êtres rationnellement puissants sont donc dans un cas contraire à ceux qui n'ont qu'une puissance irrationnelle : il n'y a dans la notion de ces derniers qu'un principe unique. Il est clair que la puissance du bien emporte toujours l'idée de la puissance simplement active ou passive; mais elle n'accompagne pas toujours celle-ci. Celui qui fait bien, nécessairement fait, tandis que celui qui fait seulement, ne fait pas nécessairement bien.


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Dernière mise à jour : 3/12/2009