[7,13] XIII.
(1038b)(1) Ἐπεὶ δὲ περὶ τῆς οὐσίας ἡ σκέψις ἐστί, πάλιν ἐπανέλθωμεν.
Λέγεται δ' ὥσπερ τὸ ὑποκείμενον οὐσία εἶναι καὶ τὸ τί ἦν εἶναι καὶ τὸ ἐκ
τούτων, καὶ τὸ καθόλου. Περὶ μὲν οὖν τοῖν δυοῖν εἴρηται (καὶ γὰρ περὶ τοῦ
τί ἦν εἶναι καὶ τοῦ (5) ὑποκειμένου, ὅτι διχῶς ὑπόκειται, ἢ τόδε τι ὄν, ὥσπερ
τὸ ζῷον τοῖς πάθεσιν, ἢ ὡς ἡ ὕλη τῇ ἐντελεχείᾳ), δοκεῖ δὲ καὶ τὸ καθόλου
αἴτιόν τισιν εἶναι μάλιστα, καὶ εἶναι ἀρχὴ τὸ καθόλου· διὸ ἐπέλθωμεν καὶ
περὶ τούτου.
Ἔοικε γὰρ ἀδύνατον εἶναι οὐσίαν εἶναι ὁτιοῦν τῶν καθόλου λεγομένων.
Πρῶτον (10) μὲν γὰρ οὐσία ἑκάστου ἡ ἴδιος ἑκάστῳ, ἣ οὐχ
ὑπάρχει ἄλλῳ, τὸ δὲ καθόλου κοινόν· τοῦτο γὰρ λέγεται καθόλου ὃ
πλείοσιν ὑπάρχειν πέφυκεν. Τίνος οὖν οὐσία τοῦτ' ἔσται; Ἢ γὰρ πάντων ἢ
οὐδενός, πάντων δ' οὐχ οἷόν τε· ἑνὸς δ' εἰ ἔσται, καὶ τἆλλα τοῦτ' ἔσται· ὧν
γὰρ μία ἡ οὐσία καὶ τὸ τί ἦν εἶναι (15) ἕν, καὶ αὐτὰ ἕν. Ἔτι οὐσία λέγεται τὸ
μὴ καθ' ὑποκειμένου, τὸ δὲ καθόλου καθ' ὑποκειμένου τινὸς λέγεται ἀεί.
Ἀλλ' ἆρα οὕτω μὲν οὐκ ἐνδέχεται ὡς τὸ τί ἦν εἶναι, ἐν τούτῳ δὲ
ἐνυπάρχειν, οἷον τὸ ζῷον ἐν τῷ ἀνθρώπῳ καὶ ἵππῳ; Οὐκοῦν δῆλον ὅτι
ἔστι τις αὐτοῦ λόγος. Διαφέρει δ' οὐθὲν οὐδ' εἰ μὴ (20) πάντων λόγος ἔστι
τῶν ἐν τῇ οὐσίᾳ· οὐδὲν γὰρ ἧττον οὐσία τοῦτ' ἔσται τινός, ὡς ὁ ἄνθρωπος
τοῦ ἀνθρώπου ἐν ᾧ ὑπάρχει, ὥστε τὸ αὐτὸ συμβήσεται πάλιν· ἔσται γὰρ
ἐκείνου οὐσία, οἷον τὸ ζῷον, ἐν ᾧ ὡς ἴδιον ὑπάρχει.
Ἔτι δὲ καὶ ἀδύνατον καὶ ἄτοπον τὸ τόδε καὶ οὐσίαν, εἰ ἔστιν ἔκ τινων,
(25) μὴ ἐξ οὐσιῶν εἶναι μηδ' ἐκ τοῦ τόδε τι ἀλλ' ἐκ ποιοῦ· πρότερον γὰρ
ἔσται μὴ οὐσία τε καὶ τὸ ποιὸν οὐσίας τε καὶ τοῦ τόδε. Ὅπερ ἀδύνατον·
οὔτε λόγῳ γὰρ οὔτε χρόνῳ οὔτε γενέσει οἷόν τε τὰ πάθη τῆς οὐσίας εἶναι
πρότερα· ἔσται γὰρ καὶ χωριστά. Ἔτι τῷ Σωκράτει ἐνυπάρξει οὐσία οὐσίᾳ,
(30) ὥστε δυοῖν ἔσται οὐσία. Ὅλως δὲ συμβαίνει, εἰ ἔστιν οὐσία ὁ
ἄνθρωπος καὶ ὅσα οὕτω λέγεται, μηθὲν τῶν ἐν τῷ λόγῳ εἶναι μηδενὸς
οὐσίαν μηδὲ χωρὶς ὑπάρχειν αὐτῶν μηδ' ἐν ἄλλῳ, λέγω δ' οἷον οὐκ εἶναί τι
ζῷον παρὰ τὰ τινά, οὐδ' ἄλλο τῶν ἐν τοῖς λόγοις οὐδέν.
Ἔκ τε δὴ τούτων θεωροῦσι (35) φανερὸν ὅτι οὐδὲν τῶν καθόλου
ὑπαρχόντων οὐσία ἐστί, καὶ ὅτι οὐδὲν σημαίνει τῶν κοινῇ κατηγορουμένων
τόδε τι, (1039a)(1) ἀλλὰ τοιόνδε. Εἰ δὲ μή, ἄλλα τε πολλὰ συμβαίνει καὶ ὁ
τρίτος ἄνθρωπος.
Ἔτι δὲ καὶ ὧδε δῆλον. Ἀδύνατον γὰρ οὐσίαν ἐξ οὐσιῶν εἶναι
ἐνυπαρχουσῶν ὡς ἐντελεχείᾳ· τὰ γὰρ δύο (5) οὕτως ἐντελεχείᾳ οὐδέποτε
ἓν ἐντελεχείᾳ, ἀλλ' ἐὰν δυνάμει δύο ᾖ, ἔσται ἕν ̔οἷον ἡ διπλασία ἐκ δύο
ἡμίσεων δυνάμει γε· ἡ γὰρ ἐντελέχεια χωρίζεἰ, ὥστ' εἰ ἡ οὐσία ἕν, οὐκ
ἔσται ἐξ οὐσιῶν ἐνυπαρχουσῶν καὶ κατὰ τοῦτον τὸν τρόπον, ὃν λέγει
Δημόκριτος ὀρθῶς· ἀδύνατον γὰρ εἶναί φησιν ἐκ (10) δύο ἓν ἢ ἐξ ἑνὸς δύο
γενέσθαι· τὰ γὰρ μεγέθη τὰ ἄτομα τὰς οὐσίας ποιεῖ.
Ὁμοίως τοίνυν δῆλον ὅτι καὶ ἐπ' ἀριθμοῦ ἕξει, εἴπερ ἐστὶν ὁ ἀριθμὸς
σύνθεσις μονάδων, ὥσπερ λέγεται ὑπό τινων· ἢ γὰρ οὐχ ἓν ἡ δυὰς ἢ οὐκ
ἔστι μονὰς ἐν αὐτῇ ἐντελεχείᾳ.
Ἔχει δὲ τὸ συμβαῖνον ἀπορίαν. Εἰ γὰρ (15) μήτε ἐκ τῶν καθόλου οἷόν
τ' εἶναι μηδεμίαν οὐσίαν διὰ τὸ τοιόνδε ἀλλὰ μὴ τόδε τι σημαίνειν, μήτ' ἐξ
οὐσιῶν ἐνδέχεται ἐντελεχείᾳ εἶναι μηδεμίαν οὐσίαν σύνθετον, ἀσύνθετον
ἂν εἴη οὐσία πᾶσα, ὥστ' οὐδὲ λόγος ἂν εἴη οὐδεμιᾶς οὐσίας. Ἀλλὰ μὴν
δοκεῖ γε πᾶσι καὶ ἐλέχθη πάλαι ἢ (20) μόνον οὐσίας εἶναι ὅρον ἢ μάλιστα·
νῦν δ' οὐδὲ ταύτης. Οὐδενὸς ἄρ' ἔσται ὁρισμός· ἢ τρόπον μέν τινα ἔσται
τρόπον δέ τινα οὔ. Δῆλον δ' ἔσται τὸ λεγόμενον ἐκ τῶν ὕστερον μᾶλλον.
| [7,13] XIII.
Il s'agit pour nous de l'étude de la substance ; revenons donc sur nos
pas. Substance se prend pour le sujet, pour l'essence pure, pour la
réunion de l'un et de l'autre, pour l'universel. Deux d'entre ces
acceptions ont été examinées, l'essence pure et le sujet. Nous avons
dit que le sujet s'entend de deux manières : il y a l'être déterminé, ainsi,
l'animal sujet des modifications ; il y a la matière sujet de l'acte. Il semble
que l'universel est, lui aussi, lui surtout, cause de certains êtres, et que
l'universel est un principe. Occupons-nous donc de l'universel.
Il est impossible, selon nous, qu'aucun universel, quel qu'il soit, soit
une substance. Et d'abord, la substance première d'un individu, c'est celle
qui lui est propre, qui n'est point la substance d'un autre. L'universel, au
contraire, est commun à plusieurs êtres ; car ce qu'on nomme universel,
c'est ce qui se trouve, de la nature, en un grand nombre d'êtres. De quoi
l'universel sera-t-il donc substance ? Il l'est de tous les individus, ou il ne
l'est d'aucun ; et qu'il le soit de tous, cela n'est pas possible. Mais si
l'universel était la substance d'un individu, tous les autres seraient cet
individu, car l'unité de substance et l'unité d'essence constituent l'unité
d'être. D'ailleurs, la substance, c'est ce qui n'est pas l'attribut d'un sujet;
or, l'universel est toujours l'attribut de quelque sujet.
L'universel ne peut-il donc pas être substance à titre de forme
déterminée, l'animal ne peut-il pas être l'essence de l'homme et du cheval ?
Mais alors il y aurait donc une définition de l'universel. Or, que la
définition renferme ou non toutes les notions qui sont dans la substance,
peu importe ; l'universel n'en sera pas moins la substance de quelque
chose : homme sera, par exemple, la substance de l'homme en qui il
réside. De sorte que nous retomberons dans la même conséquence que
tout à l'heure. En effet, ta substance sera substance d'un individu, l'animal
le sera de l'individu dans lequel il réside.
Il est impossible d'ailleurs, il est absurde que l'essence et la
substance, si elles sont un produit, ne soient ni un produit de substances,
ni un produit d'essences, et qu'elles viennent de la qualité. Alors ce qui
n'est pas substance, la qualité, aurait la priorité sur la substance et sur
l'essence, ce qui est impossible. Il n'est pas possible que ni dans l'ordre
des notions, ni dans l'ordre chronologique, ni dans l'ordre de production,
les modifications soient antérieures à la substance; sans quoi elles
seraient susceptibles d'avoir une existence indépendante. D'ailleurs, dans
Socrate, dans une substance, existerait alors une autre substance ;
Socrate serait la substance de deux substances. La conséquence, en
général, c'est que, si l'individu homme est une substance, et tous les
individus avec lui, rien de ce qui entre dans la définition n'est substance
de quoi que ce soit, ni n'existe séparé des individus, ni dans autre chose
que les individus; c'est-à-dire, par exemple, qu'en dehors des animaux
particuliers il n'y a pas quelque autre animal, il n'y a rien de ce qui entre
dans la définition.
Il est donc évident, d'après ce qui précède, que rien de ce qui se
trouve universellement dans les êtres, n'est une substance, et qu'aucun
des attributs généraux ne marque l'existence déterminée, mais qu'ils
désignent (1039a) le mode de l'existence. Sans cela, outre une foule
d'autres conséquences, on tombe dans celle du troisième homme.
Voici encore une autre preuve. Il est impossible que la substance soit
un produit de substances qu'elle contiendrait en acte. Deux êtres en acte
ne deviendront jamais un seul être en acte. Mais si les deux êtres ne sont
qu'en puissance, il pourra y avoir unité. En puissance, le double, par
exemple, se compose de deux moitiés. L'acte sépare les êtres. Si donc il
y a unité dans la substance, la substance ne saurait être un produit de
substances contenues en elle, et de cette manière l'expression dont se
sert Démocrite est fondée en raison : II est impossible, dit-il, que l'unité
vienne de deux, ou deux de l'unité. En effet, pour Dé-mocrite les
grandeurs indivisibles sont les substances.
La même conséquence s'applique encore au nombre, si le nombre
est, comme le disent quelques-uns, une collection de monades. Ou la
dyade n'est pas une unité, ou bien la monade n'existe pas en acte dans la
dyade.
Toutefois, ces conséquences entraînent une difficulté. Si l'universel
ne peut constituer aucune substance, parce qu'il désigne la manière
d'être et non l'existence déterminee, et qu'aucune substance ne peut être
composée de substances en acte, alors toute substance doit être simple.
Il ne doit donc y avoir de définition d'aucune substance. Pourtant tout le
monde pense, et nous avons dit plus haut que la substance seule, ou du
moins qu'elle surtout, a une définition. Et voilà qu'elle-même n'en a pas.
N'y aurait-il donc définition de rien absolument ? Ou bien y aurait-il
définition dans un certain sens, et dans un autre, non ? C'est un point qui
s'éclaircira par la suite.
|