[5,14] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΔ'.
XIV. § 1 Τὸ ποιὸν λέγεται ἕνα μὲν τρόπον ἡ διαφορὰ τῆς οὐσίας, οἷον ποιόν τι
ἄνθρωπος ζῷον ὅτι δίπουν, ἵππος δὲ τετράπουν, (35) καὶ κύκλος ποιόν τι
σχῆμα ὅτι ἀγώνιον, ὡς τῆς διαφορᾶς τῆς κατὰ τὴν οὐσίαν ποιότητος οὔσης·
(1020b) - § 2 ἕνα μὲν δὴ τρόπον τοῦτον λέγεται ἡ ποιότης διαφορὰ οὐσίας,
ἕνα δὲ ὡς τὰ ἀκίνητα καὶ τὰ μαθηματικά, ὥσπερ οἱ ἀριθμοὶ ποιοί τινες, οἷον
οἱ σύνθετοι καὶ μὴ μόνον ἐφ' ἓν ὄντες ἀλλ' ὧν μίμημα (5) τὸ ἐπίπεδον καὶ
τὸ στερεόν (οὗτοι δ' εἰσὶν οἱ ποσάκις ποσοὶ ἢ ποσάκις ποσάκις ποσοί), καὶ
ὅλως ὃ παρὰ τὸ ποσὸν ὑπάρχει ἐν τῇ οὐσίᾳ· οὐσία γὰρ ἑκάστου ὃ ἅπαξ, οἷον
τῶν ἓξ οὐχ ὃ δὶς ἢ τρὶς εἰσὶν ἀλλ' ὃ ἅπαξ· ἓξ γὰρ ἅπαξ ἕξ. § 4 Ἔτι ὅσα
πάθη τῶν κινουμένων οὐσιῶν, οἷον θερμότης καὶ ψυχρότης, (10) καὶ λευκότης
καὶ μελανία, καὶ βαρύτης καὶ κουφότης, καὶ ὅσα τοιαῦτα, καθ' ἃ λέγονται
καὶ ἀλλοιοῦσθαι τὰ σώματα μεταβαλλόντων. Ἔτι κατ' ἀρετὴν καὶ κακίαν καὶ
ὅλως τὸ κακὸν καὶ ἀγαθόν. § 5 Σχεδὸν δὴ κατὰ δύο τρόπους λέγοιτ' ἂν τὸ
ποιόν, καὶ τούτων ἕνα τὸν κυριώτατον· πρώτη μὲν γὰρ (15) ποιότης ἡ τῆς
οὐσίας διαφορά άταύτης δέ τι καὶ ἡ ἐν τοῖς ἀριθμοῖς ποιότης μέρος· διαφορὰ
γάρ τις οὐσιῶν, ἀλλ' ἢ οὐ κινουμένων ἢ οὐχ ᾗ κινούμενἀ, § 6 τὰ δὲ πάθη τῶν
κινουμένων ᾗ κινούμενα, καὶ αἱ τῶν κινήσεων διαφοραί. § 7 Ἀρετὴ δὲ καὶ
κακία τῶν παθημάτων μέρος τι· διαφορὰς γὰρ δηλοῦσι τῆς (20) κινήσεως καὶ
τῆς ἐνεργείας, καθ' ἃς ποιοῦσιν ἢ πάσχουσι καλῶς ἢ φαύλως τὰ ἐν κινήσει
ὄντα· τὸ μὲν γὰρ ὡδὶ δυνάμενον κινεῖσθαι ἢ ἐνεργεῖν ἀγαθὸν τὸ δ' ὡδὶ καὶ
ἐναντίως μοχθηρόν. § 8 Μάλιστα δὲ τὸ ἀγαθὸν καὶ τὸ κακὸν σημαίνει τὸ ποιὸν
ἐπὶ τῶν ἐμψύχων, καὶ τούτων μάλιστα ἐπὶ τοῖς ἔχουσι (25) προαίρεσιν.
| [5,14] CHAPITRE XIV
Qualité. § 1. Le mot de Qualité, en un premier sens, indique la différence
essentielle. Par exemple, l'homme est un animal doué d'une certaine
qualité; il est bipède, tandis que le cheval est quadrupède. Le cercle est
une figure géométrique qui a une qualité particulière, celle de n'a voir
point d'angle; et c'est là la différence essentielle qui constitue sa
qualité. Ainsi, dans ce premier sens, la qualité peut être définie la
différence essentielle.
§ 2. (1020b) En un autre sens, le mot de Qualité s'applique aux êtres
immobiles, aux êtres mathématiques ; et c'est de cette façon que les
nombres peuvent avoir certaine Qualité. Tels sont, par exemple, les
nombres multiples, ceux qui ne sont pas pris une seule et unique fois,
mais qui ont (5) quelque chose de la surface et du solide, comme sont les
nombres multipliés une fois, ou deux fois, par eux-mêmes. La Qualité
représente, en ce sens, ce qui subsiste dans l'essence du nombre après la
quantité; car l'essence de chaque nombre, c'est de n'être pris qu'une
seule fois en lui-même. Soit, si l'on veut, le nombre six ; son essence
n'est pas d'être pris deux fois , trois fois ; mais c'est d'être pris une
seule fois; six est une seule et unique fois six.
§ 4. On entend, en un second sens, par Qualités les modifications des
substances mises en mouvement : je veux dire, la chaleur, le froid, (10)
la blancheur, la noirceur, la légèreté et la pesanteur, et toutes ces
variations qui font qu'on peut dire des corps, qui changent, qu'ils
deviennent autres qu'ils n'étaient. La Qualité s'entend encore de la vertu
et du vice, et, d'une manière plus générale, du bien et du mal.
§ 5. Voilà donc, on peut dire, deux sens du mot Qualité ; et l'un de ces
sens est le principal : la Qualité, dans son acception primordiale, est la
différence de la substance. La Qualité, dans les nombres, fait partie
aussi de la qualité ainsi entendue; car là encore, c'est une sorte de
différence des substances; seulement, ce sont des substances qui ne se
meuvent pas, ou qui du moins sont considérées en tant qu'elles ne sont pas
mues.
§ 6. Dans le second sens, le mot de Qualité exprime les modifications des
choses qui se meuvent, en tant qu'elles se meuvent, et aussi, les
différences des mouvements.
§ 7. La vertu et le vice peuvent également être rangés parmi les
modifications de ce genre; car le vice et la vertu expriment des
différences de (25) mouvement et d'action, qui indiquent que les êtres en
mouvement font, ou souffrent, le bien ou le mal. En effet, ce qui peut
être mû ou agir de telle manière est bon ; ce qui agit de telle autre
façon, et d'une façon contraire, est mauvais.
§ 8. D'ailleurs, ce sont surtout le bien ou le mal qui déterminent la
Qualité dans les êtres animés, et, parmi ces êtres, dans ceux-là
principalement qui sont doués (25) de libre arbitre.
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