[5,12] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΒ'.
XII. § 1 (15) Δύναμις λέγεται ἡ μὲν ἀρχὴ κινήσεως ἢ μεταβολῆς ἡ ἐν ἑτέρῳ ἢ ᾗ
ἕτερον, οἷον ἡ οἰκοδομικὴ δύναμίς ἐστιν ἣ οὐχ ὑπάρχει ἐν τῷ οἰκοδομουμένῳ,
ἀλλ' ἡ ἰατρικὴ δύναμις οὖσα ὑπάρχοι ἂν ἐν τῷ ἰατρευομένῳ, ἀλλ' οὐχ ᾗ
ἰατρευόμενος. § 2 Ἡ μὲν οὖν ὅλως ἀρχὴ μεταβολῆς ἢ κινήσεως λέγεται δύναμις
(20) ἐν ἑτέρῳ ἢ ᾗ ἕτερον, ἡ δ' ὑφ' ἑτέρου ἢ ᾗ ἕτερον (καθ' ἣν γὰρ τὸ
πάσχον πάσχει τι, ὁτὲ μὲν ἐὰν ὁτιοῦν, δυνατὸν αὐτό φαμεν εἶναι παθεῖν, ὁτὲ
δ' οὐ κατὰ πᾶν πάθος ἀλλ' ἂν ἐπὶ τὸ βέλτιον)· § 3 ἔτι ἡ τοῦ καλῶς τοῦτ'
ἐπιτελεῖν ἢ κατὰ προαίρεσιν· ἐνίοτε γὰρ τοὺς μόνον ἂν πορευθέντας ἢ
εἰπόντας, μὴ (25) καλῶς δὲ ἢ μὴ ὡς προείλοντο, οὔ φαμεν δύνασθαι λέγειν ἢ
βαδίζειν· ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τοῦ πάσχειν.
§ 4 Ἔτι ὅσαι ἕξεις καθ' ἃς ἀπαθῆ ὅλως ἢ ἀμετάβλητα ἢ μὴ ῥᾳδίως ἐπὶ τὸ
χεῖρον εὐμετακίνητα, δυνάμεις λέγονται· κλᾶται μὲν γὰρ καὶ συντρίβεται καὶ
κάμπτεται καὶ ὅλως φθείρεται οὐ τῷ (30) δύνασθαι ἀλλὰ τῷ μὴ δύνασθαι καὶ
ἐλλείπειν τινός· ἀπαθῆ δὲ τῶν τοιούτων ἃ μόλις καὶ ἠρέμα πάσχει διὰ
δύναμιν καὶ τῷ δύνασθαι καὶ τῷ ἔχειν πώς.
§ 5 Λεγομένης δὲ τῆς δυνάμεως τοσαυταχῶς, καὶ τὸ δυνατὸν ἕνα μὲν τρόπον
λεχθήσεται τὸ ἔχον κινήσεως ἀρχὴν ἢ μεταβολῆς (καὶ γὰρ (35) τὸ στατικὸν
δυνατόν τι) § 6 ἐν ἑτέρῳ ἢ ᾗ ἕτερον, ἕνα δ' ἐὰν ἔχῃ τι αὐτοῦ ἄλλο δύναμιν
τοιαύτην, § 7 (1019b) ἕνα δ' ἐὰν ἔχῃ μεταβάλλειν ἐφ' ὁτιοῦν δύναμιν, εἴτ'
ἐπὶ τὸ χεῖρον εἴτ' ἐπὶ τὸ βέλτιον (καὶ γὰρ τὸ φθειρόμενον δοκεῖ δυνατὸν
εἶναι φθείρεσθαι, ἢ οὐκ ἂν φθαρῆναι εἰ ἦν ἀδύνατον· νῦν δὲ ἔχει τινὰ
διάθεσιν (5) καὶ αἰτίαν καὶ ἀρχὴν τοῦ τοιούτου πάθους· § 8 ὁτὲ μὲν δὴ τῷ
ἔχειν τι δοκεῖ, ὁτὲ δὲ τῷ ἐστερῆσθαι τοιοῦτον εἶναι· εἰ δ' ἡ στέρησίς
ἐστιν ἕξις πως, πάντα τῷ ἔχειν ἂν εἴη τι, εἰ δὲ μὴ ὥστε τῷ τε ἔχειν ἕξιν
τινὰ καὶ ἀρχήν ἐστι δυνατὸν ὁμωνύμως καὶ τῷ ἔχειν τὴν τούτου στέρησιν, εἰ
ἐνδέχεται (10) ἔχειν στέρησιν·) § 9 ἕνα δὲ τῷ μὴ ἔχειν αὐτοῦ δύναμιν ἢ
ἀρχὴν ἄλλο ἢ ᾗ ἄλλο φθαρτικήν. § 10 Ἔτι δὲ ταῦτα πάντα ἢ τῷ μόνον ἂν
συμβῆναι γενέσθαι ἢ μὴ γενέσθαι, ἢ τῷ καλῶς. Καὶ γὰρ ἐν τοῖς ἀψύχοις
ἔνεστιν ἡ τοιαύτη δύναμις, οἷον ἐν τοῖς ὀργάνοις· τὴν μὲν γὰρ δύνασθαί
φασι (15) φθέγγεσθαι λύραν, τὴν δ' οὐδέν, ἂν ᾖ μὴ εὔφωνος.
§ 11 Ἀδυναμία δὲ ἐστὶ στέρησις δυνάμεως καὶ τῆς τοιαύτης ἀρχῆς οἵα
εἴρηται, ἢ ὅλως ἢ τῷ πεφυκότι ἔχειν, ἢ καὶ ὅτε πέφυκεν ἤδη ἔχειν· οὐ γὰρ
ὁμοίως ἂν φαῖεν ἀδύνατον εἶναι γεννᾶν παῖδα καὶ ἄνδρα καὶ εὐνοῦχον. § 12
Ἔτι δὲ καθ' ἑκατέραν (20) δύναμιν ἔστιν ἀδυναμία ἀντικειμένη, τῇ τε μόνον
κινητικῇ καὶ τῇ καλῶς κινητικῇ. § 13 Καὶ ἀδύνατα δὴ τὰ μὲν κατὰ τὴν
ἀδυναμίαν ταύτην λέγεται, τὰ δὲ ἄλλον τρόπον, οἷον δυνατόν τε καὶ
ἀδύνατον, ἀδύνατον μὲν οὗ τὸ ἐναντίον ἐξ ἀνάγκης ἀληθές (οἷον τὸ τὴν
διάμετρον σύμμετρον εἶναι (25) ἀδύνατον ὅτι ψεῦδος τὸ τοιοῦτον οὗ τὸ
ἐναντίον οὐ μόνον ἀληθὲς ἀλλὰ καὶ ἀνάγκη ἀσύμμετρον εἶναι· τὸ ἄρα
σύμμετρον οὐ μόνον ψεῦδος ἀλλὰ καὶ ἐξ ἀνάγκης ψεῦδος)· § 14 τὸ δ' ἐναντίον
τούτῳ, τὸ δυνατόν, ὅταν μὴ ἀναγκαῖον ᾖ τὸ ἐναντίον ψεῦδος εἶναι, οἷον τὸ
καθῆσθαι ἄνθρωπον δυνατόν· οὐ (30) γὰρ ἐξ ἀνάγκης τὸ μὴ καθῆσθαι ψεῦδος. §
15 Τὸ μὲν οὖν δυνατὸν ἕνα μὲν τρόπον, ὥσπερ εἴρηται, τὸ μὴ ἐξ ἀνάγκης
ψεῦδος σημαίνει, ἕνα δὲ τὸ ἀληθές εἶναι, ἕνα δὲ τὸ ἐνδεχόμενον ἀληθὲς
εἶναι.
§ 16 Κατὰ μεταφορὰν δὲ ἡ ἐν γεωμετρίᾳ λέγεται δύναμις. § 17 Ταῦτα μὲν οὖν
τὰ δυνατὰ οὐ κατὰ δύναμιν· (35) τὰ δὲ λεγόμενα κατὰ δύναμιν πάντα λέγεται
πρὸς τὴν πρώτην μίαν· (1020a) αὕτη δ' ἐστὶν ἀρχὴ μεταβολῆς ἐν ἄλλῳ ἢ ᾗ
ἄλλο. Τὰ γὰρ ἄλλα λέγεται δυνατὰ τῷ τὰ μὲν ἔχειν αὐτῶν ἄλλο τι τοιαύτην
δύναμιν τὰ δὲ μὴ ἔχειν τὰ δὲ ὡδὶ ἔχειν. § 18 Ὁμοίως δὲ καὶ τὰ ἀδύνατα.
Ὥστε ὁ κύριος ὅρος (5) τῆς πρώτης δυνάμεως ἂν εἴη ἀρχὴ μεταβλητικὴ ἐν ἄλλῳ
ἢ ᾗ ἄλλο.
| [5,12] CHAPITRE XII.
Puissance. § 1. (15) Puissance désigne d'abord le principe du mouvement,
ou du changement quelconque, dans un autre être, en tant qu'il est autre.
Par exemple, la puissance de construire ne se trouve pas dans le bâtiment
qui est construit ; et si la puissance de guérir peut se trouver dans
l'être qui est guéri, ce n'est pas du moins en tant qu'il est guéri.
§ 2. Si donc, généralement parlant, la puissance est le principe du
mouvement, ou du changement, dans un autre en tant qu'il est autre, elle
peut être aussi pour l'être lui-même la puissance (20) d'être mû par un
autre en tant qu'autre. C'est la Puissance qui fait qu'un être qui
souffre, souffre une certaine action. Tantôt nous employons cette
expression générale, parce que la chose peut souffrir une affection
quelconque; et tantôt, cette expression ne s'applique pas à toute
affection indistinctement, mais aux seules affections qui améliorent.
§ 3. Parfois encore, la puissance exprime la faculté d'achever une chose
comme il convient, ou selon la libre volonté qu'on en a. C'est ainsi en
effet que, de gens qui n'ont fait que venir ou que parler, mais qui ne
l'ont (25) pas bien fait, ou qui même seulement ne l'ont pas fait selon
leur gré, nous disons qu'ils n'ont pas pu venir ou parler. Même remarque
s'il s'agissait de la passion au lieu de l'action.
§ 4. On appelle encore Puissances tous les états dans lesquels les choses
sont, ou absolument impossibles, ou immuables, ou tout au moins très peu
susceptibles d'un mouvement qui puisse les détériorer ; car lorsqu'une
chose est brisée, broyée, tordue, en un mot lorsqu'elle est détruite, ce
n'est pas apparemment parce (30) qu'elle peut, c'est au contraire parce
qu'elle ne peut pas, et qu'il lui manque quelque chose. Sous ce rapport,
on appelle impassibles les choses qui souffrent à peine, ou qui ne
souffrent qu'à la longue, à cause de la puissance qu'elles possèdent, ou
de la puissance qu'elles exercent, ou de l'état dans lequel elles se
trouvent.
§ 5. Comme le mot de Puissance a tous les sens différents qu'on vient de
voir, on dira aussi d'une chose qu'elle est Possible dans des acceptions
diverses : l'une d'abord, quand la chose a son principe de mouvement, ou
de changement quelconque, dans un autre en tant qu'autre ; car ce qui
produit le repos est bien aussi une puissance d'un certain genre.
§ 6. En second lieu, quand c'est une autre partie d'elle-même qui a cette
puissance.
§ 7. (1019a) Enfin, dans une troisième acception, quand la chose a cette
puissance de changer, d'une manière quelconque, soit en bien, soit en mal
; car ce qui est détruit semble bien avoir la puissance d'être détruit, ou
du moins il n'aurait pas été détruit s'il avait été dans l'impossibilité
de l'être. Mais cet être qui peut être détruit doit bien avoir maintenant
un certain état, (5) un principe, une cause, qui fait qu'il souffre ce
qu'il souffre.
§ 8. Parfois, la chose semble être possible comme elle l'est, parce
qu'elle a et possède certaines conditions ; d'autres fois, parce qu'elle
en est privée. Mais si la privation, de son côté, est aussi une sorte de
possession, alors tout ce qui est possible l'est sans exception par les
propriétés qu'il possède. Dans ce cas , l'Être est homonyme ; et par
suite, on dit d'une chose qu'elle est possible tout à la fois, parce
qu'elle a telle disposition et tel principe, et aussi parce qu'elle en est
privée, si toutefois on peut dire qu'on a une chose (10) quand on en est
privé.
§ 9. En un autre sens, on dit d'une chose qu'elle est possible, quand
elle n'a pas la puissance de détruire une chose, ou qu'elle n'a pas dans
un autre, ou en tant qu'autre , le principe de destruction.
§ 10. On dit encore de toutes les choses qu'elles sont possibles par cela
seul qu'il leur arrive, ou de se produire, ou de ne pas se produire
absolument, ou de se produire bien. Même dans les choses inanimées, on
retrouve une puissance de ce genre : et par exemple, pour des instruments
dont l'homme se sert; car, en parlant d'une lyre, on dit de celle-ci
qu'elle peut (15) donner des sons, et de celle-là qu'elle ne le peut pas,
par cela seul que les sons qu'elle rend ne sont pas tout ce qu'ils
devraient être.
§ 11. L'Impuissance est la privation de la Puissance ; et la disparition,
quelle qu'elle soit, du principe en question, disparition qui a lieu, ou
d'une manière absolue, ou dans l'être qui devrait naturellement avoir la
puissance, ou bien à l'époque où il devrait naturellement déjà la
posséder. Par exemple, en partant de l'impuissance à engendrer, on ne peut
pas mettre sur la même ligne, et l'enfant, et l'homme, et l'eunuque.
§ 12. Chacune des deux espèces (20) de puissance a une impuissance qui lui
est opposée soit que cette puissance soit cause d'un simple mouvement,
soit qu'elle produise un mouvement qui mène la chose au bien.
§ 13. On dit des choses qu'elles sont Impuissantes dans le sens qu'on
vient d'indiquer. Mais l'Impuissance se prend encore en un autre sens, je
veux dire, le sens de Possible et d'Impossible. On entend par Impossible
tout ce dont le contraire est nécessairement vrai ; et c'est ainsi qu'il
est Impossible que la diagonale soit commensurable au côté, parce que
cette proposition (25) est essentiellement fausse. Et ce n'est pas
seulement, parce que le contraire est vrai, mais c'est encore parce qu'il
est nécessaire. Ici, par exemple, la diagonale est nécessairement
incommensurable. Donc, supposer qu'elle est commensurable, ce n'est pas
simplement faux ; mais c'est nécessairement faux.
§ 14. Le contraire de cet Impossible, c'est le Possible dans le cas où le
contraire n'est pas nécessairement faux. Ainsi, l'on dit qu'il est
Possible que telle personne soit assise; car il n'est pas (30)
nécessairement faux qu'elle ne soit pas assise.
§ 15. Le mot de Possible signifie donc, d'une façon, et comme on vient de
le dire, ce qui n'est pas nécessairement faux ; d'une autre façon, ce qui
est vrai; et enfin, ce qui peut être vrai.
§ 16. Ce n'est que par métaphore qu'on parle de Puissance en géométrie.
§ 17. En résumé, tous ces Possibles ne se rapportent pas à l'idée vraie
de Puissance. Mais tous les Possibles qui s'y rapportent réellement, sont
relatifs à la notion première et unique de puissance indiquée plus haut,
(1020a) et celle-là c'est le principe qui cause le changement dans un
autre en tant qu'autre. Tous les autres Possibles sont ainsi dénommés, les
uns, parce que quelque autre partie d'eux-mêmes a une puissance de ce
genre ; d'autres, au contraire, parce qu'ils ne l'ont pas ; d'autres
enfin, parce qu'ils la possèdent dans telle ou telle mesure.
§ 18. Mêmes remarques pour les Impossibles ; et par conséquent, on peut
conclure que la définition principale de la Puissance première est
celle-ci : « Le principe qui produit le changement en un autre en tant
qu'autre. »
|