[4,2c] § 20. Περὶ μὲν γὰρ τὸ αὐτὸ γένος στρέφεται ἡ σοφιστικὴ καὶ ἡ διαλεκτικὴ τῇ
φιλοσοφίᾳ, ἀλλὰ διαφέρει τῆς μὲν τῷ τρόπῳ τῆς δυνάμεως, τῆς δὲ τοῦ βίου
(25) τῇ προαιρέσει· ἔστι δὲ ἡ διαλεκτικὴ πειραστικὴ περὶ ὧν ἡ φιλοσοφία
γνωριστική, ἡ δὲ σοφιστικὴ φαινομένη, οὖσα δ' οὔ.
§ 21. Ἔτι τῶν ἐναντίων ἡ ἑτέρα συστοιχία στέρησις, καὶ πάντα ἀνάγεται εἰς
τὸ ὂν καὶ τὸ μὴ ὄν, καὶ εἰς ἓν καὶ πλῆθος, οἷον στάσις τοῦ ἑνὸς κίνησις δὲ
τοῦ πλήθους·
§ 22. τὰ δ' ὄντα καὶ τὴν (30) οὐσίαν ὁμολογοῦσιν ἐξ ἐναντίων σχεδὸν
ἅπαντες συγκεῖσθαι· πάντες γοῦν τὰς ἀρχὰς ἐναντίας λέγουσιν· οἱ μὲν γὰρ
περιττὸν καὶ ἄρτιον, οἱ δὲ θερμὸν καὶ ψυχρόν, οἱ δὲ πέρας καὶ ἄπειρον, οἱ
δὲ φιλίαν καὶ νεῖκος.
§ 23. Πάντα δὲ καὶ τἆλλα ἀναγόμενα φαίνεται εἰς τὸ ἓν καὶ πλῆθος (εἰλήφθω
γὰρ ἡ ἀναγωγὴ ἡμῖν), (1005a)(1) αἱ δ' ἀρχαὶ καὶ παντελῶς αἱ παρὰ τῶν ἄλλων
ὡς εἰς γένη ταῦτα πίπτουσιν. Φανερὸν οὖν καὶ ἐκ τούτων ὅτι μιᾶς ἐπιστήμης
τὸ ὂν ᾗ ὂν θεωρῆσαι. Πάντα γὰρ ἢ ἐναντία ἢ ἐξ ἐναντίων, ἀρχαὶ δὲ τῶν
ἐναντίων τὸ ἓν (5) καὶ πλῆθος. Ταῦτα δὲ μιᾶς ἐπιστήμης, εἴτε καθ' ἓν
λέγεται εἴτε μή, ὥσπερ ἴσως ἔχει καὶ τἀληθές.
§ 24. Ἀλλ' ὅμως εἰ καὶ πολλαχῶς λέγεται τὸ ἕν, πρὸς τὸ πρῶτον τἆλλα
λεχθήσεται καὶ τὰ ἐναντία ὁμοίως, (καὶ διὰ τοῦτο) καὶ εἰ μὴ ἔστι τὸ ὂν ἢ
τὸ ἓν καθόλου καὶ ταὐτὸ ἐπὶ πάντων ἢ (10) χωριστόν, ὥσπερ ἴσως οὐκ ἔστιν
ἀλλὰ τὰ μὲν πρὸς ἓν τὰ δὲ τῷ ἐφεξῆς.
§ 25. Καὶ διὰ τοῦτο οὐ τοῦ γεωμέτρου θεωρῆσαι τί τὸ ἐναντίον ἢ τέλειον ἢ
ἓν ἢ ὂν ἢ ταὐτὸν ἢ ἕτερον, ἀλλ' ἢ ἐξ ὑποθέσεως.
§ 26. Ὅτι μὲν οὖν μιᾶς ἐπιστήμης τὸ ὂν ᾗ ὂν θεωρῆσαι καὶ τὰ ὑπάρχοντα αὐτῷ
ᾗ ὄν, δῆλον, καὶ ὅτι (15) οὐ μόνον τῶν οὐσιῶν ἀλλὰ καὶ τῶν ὑπαρχόντων ἡ
αὐτὴ θεωρητική, τῶν τε εἰρημένων καὶ περὶ προτέρου καὶ ὑστέρου, καὶ γένους
καὶ εἴδους, καὶ ὅλου καὶ μέρους καὶ τῶν ἄλλων τῶν τοιούτων.
| [4,2c] § 20. Ainsi, la Sophistique et la Dialectique tournent dans le même cercle
de questions que la philosophie; mais la philosophie se distingue, de
celle-ci par la manière dont elle emploie ses forces, et de celle-là par
l'intention qu'elle apporte dans la conduite de la vie. La
Dialectique essaie de connaître les choses que la philosophie connaît à
fond; et, quant à la Sophistique, elle n'a qu'une apparence sans réalité;
elle semble être, mais elle n'est pas.
§ 21. Quoi qu'il en soit, la privation est la seconde des deux
combinaisons que peuvent présenter les contraires; tous ils se ramènent à
l'Être et au Non-être, à l'unité et à la pluralité. Ainsi, par exemple, on
peut classer l'inertie dans l'unité, et le mouvement dans la pluralité.
§ 22. Or, on est assez généralement d'accord pour admettre que les
êtres et la substance viennent des contraires. Aussi, tous les philosophes
reconnaissent-ils que les principes sont contraires : les uns les voyant
dans l'impair et le pair; les autres, dans le chaud et le froid; ceux-ci,
dans le fini et l'infini ; ceux-là, dans l'Amour et la Discorde; toutes
ces oppositions et tant d'autres pouvant se réduire à celle de l'unité et
de la pluralité.
§ 23. Supposons donc qu'en effet elles s'y réduisent, comme l'a démontré
l'analyse que nous en avons faite, (1005a) et que les principes se rangent
absolument dans ces deux classes, comme ils y ont été rangés par nos
devanciers. Ces considérations ne peuvent que nous faire voir une fois de
plus que c'est à une seule et même science d'étudier l'Être; car toutes
les choses, ou sont elles-mêmes des contraires, ou viennent de contraires,
qui les produisent. Or, les principes des contraires eux-mêmes sont
l'unité et la pluralité, objets d'une même et seule science, soit que ces
termes n'aient qu'une acception, soit qu'ils en aient plusieurs, comme
c'est peut-être le cas.
§ 24. Mais, bien que l'unité puisse s'entendre en plusieurs sens, tout le
reste de ces acceptions diverses se ramènera à l'acception primitive,
ainsi que les contraires; et, en supposant même que l'Être et l'Un ne
soient pas des universaux identiques pour toutes choses, ou qu'ils
n'existent pas séparément, comme sans doute ils n'existent point en effet
de cette façon, il n'en est pas moins vrai que toutes ces acceptions se
rapportent directement à l'unité, ou qu'elles viennent à sa suite.
§ 25. C'est là ce qui fait que ce n'est pas au géomètre d'étudier ce qu'on
doit entendre par le Contraire, le Parfait, l'Un, l'Être, le Même, l'Autre
; ou du moins, il ne peut les étudier qu'en en supposant préalablement
l'existence.
§ 26. Donc, en résumé, il appartient certainement à une seule et même
science d'étudier l'Être en tant qu'Être, avec tous les attributs qui lui
sont propres, à ce titre. Et non seulement cette même science doit
étudier les substances, mais aussi leurs conditions essentielles ; et,
sans parler de celles que nous avons indiquées, elle doit analyser
également l'Antérieur et le Postérieur, le Genre et l'Espèce, le Tout et
la Partie, et toutes les autres notions qui sont analogues à celles-là.
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