[5] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Ε'.
§ 1. Τὴν δ΄ αἰτίαν περὶ τούτων ἁπάντων ἐντεῦθεν ἄν τις θεωρήσειεν. Δεῖ γὰρ λαβεῖν ὅτι τὸ ζῷόν ἐστι φύσει ὑγρὸν καὶ θερμόν͵ καὶ τὸ ζῆν τοιοῦτον͵ τὸ δὲ γῆρας ξηρὸν καὶ ψυχρόν͵ καὶ τὸ τεθνηκός· φαίνεται γὰρ οὕτως. Ὕλη δὲ τῶν σωμάτων τοῖς ζῴοις ταῦτα͵ τὸ θερμὸν καὶ τὸ ψυχρόν͵ καὶ τὸ ξηρὸν καὶ τὸ ὑγρόν. Ἀνάγκη τοίνυν γηράσκοντα ξηραίνεσθαι· διὸ δεῖ μὴ εὐξήραντον εἶναι τὸ ὑγρόν. Καὶ διὰ τοῦτο τὰ λιπαρὰ ἄσηπτα· αἴτιον δ΄ ὅτι ἀέρος͵ ὁ δ΄ ἀὴρ πρὸς τἆλλα πῦρ͵ πῦρ δ΄ οὐ γίνεται σαπρόν. Οὐδ΄ αὖ ὀλίγον δεῖ εἶναι τὸ ὑγρόν· εὐξήραντον γὰρ καὶ τὸ ὀλίγον.
§ 2. Διὸ καὶ τὰ μεγάλα καὶ ζῷα καὶ φυτὰ ὡς ὅλως εἰπεῖν μακροβιώτερα͵ καθάπερ ἐλέχθη πρότερον· εὔλογον γὰρ τὰ μείζω πλέον ἔχειν ὑγρόν. Οὐ μόνον δὲ διὰ τοῦτο μακροβιώτερα· δύο γὰρ τὰ αἴτια͵ τό τε ποσὸν καὶ τὸ ποιόν͵ ὥστε δεῖ μὴ μόνον πλῆθος εἶναι ὑγροῦ͵ ἀλλὰ τοῦτο καὶ θερμόν͵ ἵνα μήτε εὔπηκτον μήτε εὐξήραντον ᾖ.
§ 3. Καὶ διὰ τοῦτο ἄνθρωπος μακρόβιον μᾶλλον ἐνίων μειζόνων· μακροβιώτερα γὰρ τὰ λειπόμενα τῷ πλήθει τοῦ (466b) ὑγροῦ͵ ἐὰν πλείονι λόγῳ ὑπερέχῃ κατὰ τὸ ποιὸν ἢ λείπεται κατὰ τὸ ποσόν.
§ 4. Ἔστι δ΄ ἐνίοις μὲν τὸ θερμὸν τὸ λιπαρόν͵ ὃ ἅμα ποιεῖ τό τε μὴ εὐξήραντον καὶ τὸ μὴ εὔψυκτον· ἐνίοις δ΄ ἄλλον ἔχει χυμόν.
§ 5. Ἔτι δεῖ τὸ μέλλον εἶναι μὴ εὔφθαρτον μὴ περιττωματικὸν εἶναι. Ἀναιρεῖ γὰρ τὸ τοιοῦτον ἢ νόσῳ ἢ φύσει· ἐναντία γὰρ ἡ τοῦ περιττώματος δύναμις καὶ φθαρτικὴ ἡ μὲν τῆς φύσεως ἡ δὲ μορίου.
§ 6. Διὸ καὶ τὰ ὀχευτικὰ καὶ πολύσπερμα γηράσκει ταχύ· τὸ γὰρ σπέρμα περίττωμα͵ καὶ ἔτι ξηραίνει ἀπιόν. Καὶ διὰ τοῦτο ἡμίονος μακροβιώτερος καὶ ἵππου καὶ ὄνου͵ ἐξ ὧν ἐγένετο͵ καὶ τὰ θήλεα τῶν ἀρρένων͵ ἐὰν ὀχευτικὰ ᾖ τὰ ἄρρενα· διὸ οἱ στρουθοὶ οἱ ἄρρενες βραχυβιώτεροι τῶν θηλειῶν.
§ 7. Ἔτι δὲ καὶ ὅσα πονητικὰ τῶν ἀρρένων καὶ διὰ τὸν πόνον γηράσκει μᾶλλον· ξηραίνει γὰρ ὁ πόνος͵ τὸ δὲ γῆρας ξηρόν ἐστιν.
§ 8. Φύσει δὲ καὶ ὡς ἐπὶ τὸ πᾶν εἰπεῖν τὰ ἄρρενα τῶν θηλειῶν μακροβιώτερα· αἴτιον δ΄ ὅτι θερμότερον ζῷον τὸ ἄρρεν τοῦ θήλεος.
§ 9. Τὰ δ΄ αὐτὰ ἐν τοῖς ἀλεεινοῖς μακροβιώτερά ἐστιν ἢ ἐν τοῖς ψυχροῖς τόποις͵ διὰ τὴν αὐτὴν αἰτίαν δι΄ ἥνπερ καὶ μείζω. Καὶ μάλιστ΄ ἐπίδηλον τὸ μέγεθος τῶν τὴν φύσιν ψυχρῶν ζῴων· διὸ οἵ τ΄ ὄφεις καὶ αἱ σαῦραι καὶ τὰ φολιδωτὰ μεγάλα ἐν τοῖς θερμοῖς τόποις͵ καὶ ἐν τῇ θαλάττῃ τῇ ἐρυθρᾷ τὰ ὀστρακόδερμα·
§ 10. τῆς τε γὰρ αὐξήσεως ἡ θερμὴ ὑγρότης αἰτία καὶ τῆς ζωῆς. Ἐν δὲ τοῖς ψυχροῖς τόποις ὑδατωδέστερον τὸ ὑγρὸν τὸ ἐν τοῖς ζῴοις ἐστίν· διὸ εὔπηκτον͵ ὥστε τὰ μὲν οὐ γίνεται ὅλως τῶν ζῴων τῶν ὀλιγαίμων ἢ ἀναίμων ἐν τοῖς πρὸς τὴν ἄρκτον τόποις͵ οὔτε τὰ πεζὰ ἐν τῇ γῇ οὔτε τὰ ἔνυδρα ἐν τῇ θαλάττῃ͵ τὰ δὲ γίνεται μέν͵ ἐλάττω δὲ καὶ βραχυβιώτερα· ἀφαιρεῖται γὰρ ὁ πάγος τὴν αὔξησιν.
§ 11. Τροφὴν δὲ μὴ λαμβάνοντα καὶ τὰ φυτὰ καὶ τὰ ζῷα φθείρεται· συντήκει γὰρ αὐτὰ ἑαυτά· ὥσπερ γὰρ ἡ πολλὴ φλὸξ κατακαίει καὶ φθείρει τὴν ὀλίγην τῷ τὴν τροφὴν ἀναλίσκειν͵ οὕτω τὸ φυσικὸν θερμόν͵ τὸ πρῶτον πεπτικὸν ὄν͵ ἀναλίσκει τὴν ὕλην ἐν ᾗ ἐστιν.
§ 12. Τὰ δ΄ ἔνυδρα τῶν πεζῶν ἧττον μακρόβια οὐχ ὅτι (467a) ὑγρὰ ἁπλῶς͵ ἀλλ΄ ὅτι ὑδατώδη· τὸ δὲ τοιοῦτον ὑγρὸν εὔφθαρτον͵ ὅτι ψυχρὸν καὶ εὔπηκτον.
§ 13. Καὶ τὸ ἄναιμον διὰ τὸ αὐτό͵ ἐὰν μὴ μεγέθει ἀπαμύνηται· οὔτε γὰρ λίπος οὔτε γλυκὺ ἔχει. Ἐν γὰρ ζῴῳ τὸ λιπαρὸν γλυκύ· διὸ αἱ μέλιτται μακροβιώτεραι ἑτέρων μειζόνων ζῴων.
| [5] CHAPITRE V.
§ 1. On pourrait trouver la cause de tous ces faits dans l'explication suivante : Il faut supposer que naturellement l'animal est humide et chaud, et que vivre, c'est rester dans ces conditions, tandis que la vieillesse est froide et sèche, comme l'est aussi la mort, qui présente bien en effet cette apparence. Les éléments corporels des êtres étant le chaud, le froid, le sec et l'humide, il y a nécessité, quand on vieillit, qu'on se dessèche. Aussi faut-il que l'humide ne puisse pas aisément se dessécher; et c'est là ce qui fait que les choses grasses ne se gâtent pas : la cause en est qu'elles sont d'air, et l'air agit comme agit le feu relativement à d'autres choses ; or, le feu ne se gâte pas. D'autre part, il ne faut pas non plus que l'humide soit en petite quantité, parce que tout ce qui est en petite quantité se sèche trop facilement.
§ 2. Voilà donc comment les grands animaux, les grandes plantes ont en général une vie plus longue, ainsi que je viens de le dire; car il est tout simple que les plus grands êtres aient aussi plus d'humidité. Mais ce n'est pas seulement pour ce motif qu'ils vivent plus longtemps; car il y a ici deux causes qui agissent, la quantité et la qualité; par conséquent, il ne faut pas seulement qu'il y ait une certaine quantité d'humidité; il faut aussi que cette humidité soit chaude, afin qu'elle ne puisse pas facilement ni se geler ni se sécher.
§ 3. Ceci explique comment l'homme vit plus longtemps que certains animaux qui sont d'ailleurs plus grands que lui. Les animaux qui ont une moins grande quantité (466b) d'humidité peuvent vivre cependant davantage, si, du côté de la qualité, ils regagnent proportionnellement plus qu'ils ne perdent en quantité.
§ 4. Il y a quelques animaux chez qui la graisse se joint à la chaleur, et fait qu'ils ne peuvent que très difficilement se dessécher et se refroidir; d'autres animaux ont un suc différent de la graisse.
§ 5. Il faut encore, pour qu'un être ne soit pas facilement destructible, qu'il ne produise pas non plus trop de résidu; car tout résidu détruit l'animal, soit par une maladie qu'il cause, soit par sa nature spéciale. La force propre du résidu, c'est d'être contraire et de détruire; et tantôt c'est toute la nature de l'animal qui est détruite, tantôt c'est l'une de ses parties.
§ 6. Voilà pourquoi les animaux lascifs et qui ont beaucoup de sperme, vieillissent de bonne heure : le sperme est un résidu, et l'émission du sperme dessèche l'animal. C'est là ce qui fait que le mulet vit plus longtemps que le cheval et l'âne dont il sort, et que les femelles vivent plus que les mâles, si les mâles font un usage fréquent du coït. voilà encore comment les mâles, parmi les passereaux, vivent beaucoup moins que les femelles.
§ 7. Parmi les mâles, ceux qui fatiguent vieillissent beaucoup plus vite; car la fatigue dessèche, et la vieillesse est sèche aussi.
§ 8. Les mâles, par leur nature particulière, doivent généralement vivre plus longtemps que les femelles; et la cause en est que l'animal mâle est naturellement plus chaud que la femelle.
§ 9. Les mêmes animaux vivent plus longtemps dans les climats chauds que dans les climats froids, par la même cause que les grands animaux vivent plus que les petits ; et ce sont surtout les animaux froids par leur nature qui prennent alors des dimensions considérables. Ainsi les serpents, les lézards et les animaux à écailles, sent énormes dans les climats chauds; et les coquillages le sont également dans la mer Rouge.
§ 10. C'est en effet l'humidité chaude qui est la cause du développement et de la vie. Or, l'humidité qui est dans les animaux devient plus aqueuse dans les climats froids; par suite elle gèle plus aisément; et voilà pourquoi les animaux qui ont peu de sang, ou qui n'en ont pas, ne se rencontrent plus du tout dans les régions septentriomales, les terrestres sur terre, ni les aquatiques dans le mer; ou bien, s'ils y vivent encore, ils y sont beaucoup plus petits et meurent bien plus vite. C'est que le froid qui les glace empoche leur développement.
§ 11. Les animaux et les plantes meurent quand ils ne prennent pas de nourriture; c'est l'être lui-même qui alors se consume. De même, en effet, qu'une grande flamme en absorbe et en détruit une plus petite parce qu'elle consomme la nourriture de ce petit foyer, de même la chaleur naturelle qui est le principe de la digestion consume la matière dans laquelle elle est.
§ 12. Les animaux aquatiques vivent moins longtemps que les animaux terrestres, non pas seulement parce (467a) qu'ils sont essentiellement humides, mais aussi parce qu'ils sont aqueux; et l'humidité qui est aqueuse se détruit d'autant plus vite qu'elle est froide et se congèle aisément.
§ 13. Voilà encore pourquoi les animaux qui n'ont pas de sang sont si facilement destructibles, quand la grandeur de leurs dimensions ne vient pas les protéger; c'est qu'ils n'ont ni la graisse ni le principe doux; car dans l'animal, c'est la graisse qui est le principe doux. Et c'est là ce qui fait que les abeilles vivent plus longtemps que certains animaux plus grands qu'elles.
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