[3] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Γ'.
§ 1. (465b) Ἴσως δ΄ ἄν τις ἀπορήσειεν εὐλόγως͵ ἆρ΄ ἔστιν οὗ ἄφθαρτον ἔσται τὸ φθαρτόν͵ οἷον τὸ πῦρ ἄνω͵ οὗ μὴ ἔστι τὸ ἐναντίον.
§ 2. Φθείρεται γὰρ τὰ μὲν ὑπάρχοντα τοῖς ἐναντίοις κατὰ συμβεβηκός͵ τῷ ἐκεῖνα φθείρεσθαι (ἀναιρεῖται γὰρ τἀναντία ὑπ΄ ἀλλήλων)͵ κατὰ συμβεβηκὸς δ΄ οὐθὲν τῶν ἐν ταῖς οὐσίαις ἐναντίων φθείρεται͵ διὰ τὸ μηθενὸς ὑποκειμένου κατηγορεῖσθαι τὴν οὐσίαν. Ὥσθ΄ ᾧ μὴ ἔστιν ἐναντίον καὶ ὅπου μὴ ἔστιν͵ ἀδύνατον ἂν εἴη φθαρῆναι· τί γὰρ ἔσται τὸ φθεροῦν͵ εἴπερ ὑπ΄ ἐναντίων μὲν φθείρεσθαι συμβαίνει μόνων͵ τοῦτο δὲ μὴ ὑπάρχει͵ ἢ ὅλως ἢ ἐνταῦθα;
§ 3. Ἢ τοῦτο τῇ μὲν ἀληθές ἐστι τῇ δ΄ οὔ; ἀδύνατον γὰρ τῷ ὕλην ἔχοντι μὴ ὑπάρχειν πως τὸ ἐναντίον. Παντὶ μὲν γὰρ ἐνεῖναι τὸ θερμὸν ἢ τὸ εὐθὺ ἐνδέχεται͵ πᾶν δ΄ εἶναι ἀδύνατον ἢ θερμὸν ἢ εὐθὺ ἢ λευκόν· ἔσται γὰρ τὰ πάθη κεχωρισμένα. Εἰ οὖν͵ ὅταν ἅμα ᾖ τὸ ποιητικὸν καὶ τὸ παθητικόν͵ ἀεὶ τὸ μὲν ποιεῖ τὸ δὲ πάσχει͵ ἀδύνατον μὴ μεταβάλλειν.
§ 4. Ἔτι καὶ εἰ ἀνάγκη περίττωμα ποιεῖν͵ τὸ δὲ περίττωμα ἐναντίον· ἐξ ἐναντίου γὰρ ἀεὶ ἡ μεταβολή͵ τὸ δὲ περίττωμα ὑπόλειμμα τοῦ προτέρου.
§ 5. Εἰ δὲ πᾶν ἐξελαύνει τὸ ἐνεργείᾳ ἐναντίον͵ κἂν ἐνταῦθ΄ ἄφθαρτον ἂν εἴη. Ἢ οὔ͵ ἀλλ΄ ὑπὸ τοῦ περιέχοντος φθείρεται;
§ 6. Εἰ μὲν οὖν͵ ἱκανὸν ἐκ τῶν εἰρημένων· εἰ δὲ μή͵ ὑποθέσθαι δεῖ ὅτι ἔνεστί τι ἐνεργείᾳ ἐναντίον͵ καὶ περίττωμα γίνεται. (Διὸ ἡ ἐλάττων φλὸξ κατακαίεται ὑπὸ τῆς πολλῆς κατὰ συμβεβηκός͵ ὅτι ἡ τροφὴ ἣν ἐκείνη ἐν πολλῷ χρόνῳ ἀναλίσκει͵ τὸν καπνόν͵ ταύτην ἡ πολλὴ φλὸξ ταχύ.) Διὸ πάντα ἀεὶ ἐν κινήσει ἐστί͵ καὶ γίνεται ἢ φθείρεται. Τὸ δὲ περιέχον ἢ συμπράττει ἢ ἀντιπράττει· καὶ διὰ τοῦτο μετατιθέμενα πολυχρονιώτερα μὲν γίνεται καὶ ὀλιγοχρονιώτερα τῆς φύσεως͵ ἀίδια δ΄ οὐδαμοῦ͵ ὅσοις ἐναντία ἔστιν· εὐθὺς γὰρ ἡ ὕλη τὸ ἐναντίον ἔχει͵ ὥστ΄ εἰ μὲν τοῦ ποῦ͵ κατὰ τόπον μεταβάλλει͵ εἰ δὲ τοῦ ποσοῦ͵ κατ΄ αὔξησιν καὶ φθίσιν͵ εἰ δὲ πάθους͵ ἀλλοιοῦται.
| [3] CHAPITRE III.
§ 1. (465b) On pourrait bien avec raison se demander si un corps, d'ailleurs destructible, peut, là où il n'a pas de contraire, par exemple le feu dans les régions supérieures, devenir par cela seul indestructible.
§ 2. Les choses qui existent dans les contraires, ne sont détruites qu'accidentellement par la destruction de ces contraires ; car les contraires s'excluent mutuellement. Mais jamais les contraires qui sont dans les substances ne sont détruits par accident, attendu que la substance n'est jamais l'attribut d'aucun sujet. Par conséquent, ce qui n'a pas de contraire ne saurait être détruit; et là où il n'y a pas de contraire, il ne saurait y avoir de destruction. En effet, qui est-ce qui pourrait alors détruire, s'il n'y a de destruction possible que par les contraires, et qu'il n'y ait pas de contraires, soit d'une manière absolue, soit dans le lieu particulier dont il s'agit?
§ 3. Ou bien ne peut-on pas dire que ceci est vrai en un sens, et ne l'est pas dans un autre? car il est impossible que ce qui est matériel n'ait pas aussi un contraire, du moins en quelque façon. Ainsi, le chaud ou le droit peuvent bien être dans toutes les parties de la matière; et pourtant il est impossible que la matière tout entière soit chaude, ou droite, ou blanche; car alors les modifications des choses en seraient séparées. Si donc, du moment que ce qui agit et ce qui souffre l'action se trouvent ensemble, il faut toujours que l'un agisse et que l'autre souffre, il est impossible qu'il n'y ait pas de changements.
§ 4. De plus encore, s'il faut nécessairement que le feu des régions supérieures laisse un résidu, ce résidu est un contraire, parce que le changement ne vient jamais que du contraire; et le résidu n'est qu'un reste d'une chose antérieure.
§ 5. Mais si même tout contraire en acte était éliminé, cela seul suffirait-il pour que dans ce cas même le feu soit indestructible? ou bien ne le sera-t-il pas? et doit-il être détruit par le milieu qui l'entoure?
§ 6. Si cette explication est suffisante, il faut s'en tenir à ce que nous venons de dire; sinon, il faut admettre par hypothèse qu'il existe toujours quelque contraire en acte, et qu'il se forme toujours un résidu. Voilà comment une petite flamme est consumée accidentellement par une plus considérable, parce que la nourriture, c'est-à-dire la fumée, que celle-là n'absorbe qu'à la longue, la forte flamme l'absorbe en quelques moments. Voilà aussi pour quoi toutes les choses sont toujours en mouvement, soit pour naître soit pour se détruire. Le milieu qui les environne peut d'ailleurs seconder ou contrarier ce mouvement; et c'est ainsi que les choses, quand elles sont changées de lieu, sont tantôt plus durables et tantôt le sont moins que ne les fait leur nature propre. Les choses ne sont jamais éternelles, quand elles ont des contraires; car la matière n'est jamais un instant sans contraire ; ainsi, pour le lieu, elle se déplace ; pour la quantité, elle s'accroît ou diminue; pour les modifications, elle s'altère.
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