[8,27] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΖ'.
§ 1. Διαφέρει δὲ τὰ ζῷα καὶ κατὰ τοὺς τόπους· ὥσπερ γὰρ ἔν τισιν ἔνια οὐ γίνεται
παντάπασιν, οὕτως ἐν ἐνίοις τόποις γίνεται μὲν ἐλάττω δὲ καὶ ὀλιγοβιώτερα, καὶ οὐκ εὐημερεῖ.
Καὶ ἐνίοτε ἐν τοῖς πάρεγγυς τόποις ἡ διαφορὰ γίνεται τῶν τοιούτων, οἷον τῆς Μιλησίας ἐν
τόποις γειτνιῶσιν ἀλλήλοις ἔνθα μὲν γίνονται τέττιγες ἔνθα δ´ οὐ γίνονται, § 2. καὶ ἐν
Κεφαληνίᾳ ποταμὸς διείργει, οὗ ἐπὶ τάδε μὲν γίνονται τέττιγες, ἐπ´ ἐκεῖνα δ´ οὐ γίνονται. Ἐν δὲ
Πορδοσελήνῃ ὁδὸς διείργει, ἧς ἐπ´ ἐκεῖνα μὲν γαλῆ γίνεται, ἐπὶ θάτερα δ´ οὐ γίνεται. Καὶ ἐν τῇ
Βοιωτίᾳ ἀσπάλακες περὶ μὲν τὸν Ὀρχομενὸν (606b) πολλοὶ γίνονται, ἐν δὲ τῇ Λεβαδιακῇ
γειτνιώσῃ οὐκ εἰσίν, οὐδ´ ἄν τις κομίσῃ, ἐθέλουσιν ὀρύττειν. § 3. Ἐν Ἰθάκῃ δ´ οἱ δασύποδες,
ἐάν τις ἀφῇ κομίσας, οὐ δύνανται ζῆν, ἀλλὰ φαίνονται τεθνεῶτες πρὸς τῇ θαλάττῃ
ἐστραμμένοι, ᾗπερ ἂν εἰσαχθῶσιν. Καὶ ἐν μὲν Σικελίᾳ ἱππομύρμηκες οὐκ εἰσίν, ἐν δὲ Κυρήνῃ
οἱ φωνοῦντες βάτραχοι πρότερον οὐκ ἦσαν. § 4. Ἐν δὲ Λιβύῃ πάσῃ οὔτε σῦς ἄγριός ἐστιν
οὔτ´ ἔλαφος οὔτ´ αἲξ ἄγριος· ἐν δὲ τῇ Ἰνδικῇ, ὡς φησὶ Κτησίας οὐκ ὢν ἀξιόπιστος, οὔτ´
ἄγριος οὔτε ἥμερος ὗς, τὰ δ´ ἄναιμα καὶ τὰ φολιδωτὰ πάντα μεγάλα. Καὶ ἐν μὲν τῷ Πόντῳ
οὔτε τὰ μαλάκια γίνεται οὔτε τὰ ὀστρακόδερμα, εἰ μὴ ἔν τισι τόποις ὀλίγα ἐν δὲ τῇ ἐρυθρᾷ
θαλάττῃ ὑπερμεγέθη τὰ ὀστρακόδερμα πάντα. § 5. Ἐν δὲ Συρίᾳ τὰ πρόβατα τὰς οὐρὰς ἔχει τὸ
πλάτος πήχεως, τὰ δ´ ὦτα αἱ αἶγες σπιθαμῆς καὶ παλαιστῆς, καὶ ἔνιαι συμβάλλουσι κάτω τὰ
ὦτα πρὸς τὴν γῆν· καὶ οἱ βόες, ὥσπερ αἱ κάμηλοι, κάλας ἔχουσιν ἐπὶ τῶν ἀκρωμίων. Καὶ ἐν
Λυκίᾳ αἱ αἶγες κείρονται, ὥσπερ τὰ πρόβατα παρὰ τοῖς ἄλλοις. Καὶ ἐν μὲν Λιβύῃ εὐθὺς γίνεται
κέρατα ἔχοντα τὰ κερατώδη τῶν ζῴων, οὐ μόνον οἱ ἄρνες, ὥσπερ φησὶν Ὅμηρος, ἀλλὰ καὶ
τἆλλα· ἐν δὲ τῷ Πόντῳ περὶ τὴν Σκυθικὴν τοὐναντίον· ἀκέρατα γὰρ γίνονται. § 6. Καὶ ἐν
Αἰγύπτῳ τὰ μὲν ἄλλα μείζω ἢ ἐν τῇ Ἑλλάδι, καθάπερ οἱ βόες καὶ τὰ πρόβατα, τὰ δ´ ἐλάττω,
οἷον οἱ κύνες καὶ λύκοι καὶ λαγωοὶ καὶ ἀλώπεκες καὶ κόρακες καὶ ἱέρακες, τὰ δὲ παραπλήσια,
οἷον κορῶναι καὶ αἶγες. Αἰτιῶνται δὲ τὰς τροφάς, ὅτι τοῖς μὲν ἄφθονος τοῖς δὲ σπανία, οἷον τοῖς
λύκοις καὶ τοῖς ἱέραξι, τοῖς μὲν γὰρ σαρκοφάγοις ὀλίγη· σπάνια (607a) γὰρ τὰ μικρὰ ὄρνεα·
τοῖς δὲ δασύποσι, καὶ ὅσα μὴ σαρκοφάγα, ὅτι οὔτ´ ἀκρόδρυα οὔτ´ ὀπώρα χρόνιος. § 7.
Πολλαχοῦ δὲ καὶ ἡ κρᾶσις αἰτία, οἷον ἐν τῇ Ἰλλυρίδι καὶ τῇ Θρᾴκῃ καὶ τῇ Ἠπείρῳ οἱ ὄνοι
μικροί, ἐν δὲ τῇ Σκυθικῇ καὶ Κελτικῇ ὅλως οὐ γίνονται· δυσχείμερα γὰρ ταῦτα. Ἐν δ´ Ἀραβίᾳ
σαῦραι μείζους πηχυαίων γίνονται καὶ μύες πολὺ μείζους τῶν ἀρουραίων, τὰ μὲν ὀπίσθια
σκέλη ἔχοντες καὶ σπιθαμῆς, τὰ δὲ πρόσθια ὅσον ἄχρι τῆς πρώτης καμπῆς τῶν δακτύλων. § 8.
Ἐν δὲ τῇ Λιβύῃ τὸ τῶν ὄφεων μέγεθος γίνεται ἄπλετον, ὥσπερ καὶ λέγεται· ἤδη γάρ φασί τινες
προσπλεύσαντες ἰδεῖν ὀστᾶ βοῶν πολλῶν, ἃ δῆλον γενέσθαι αὐτοῖς ὅτι ὑπ´ ὄφεων ἦν
κατεδηδεσμένα· ἀναγομένων γὰρ διώκειν ταχὺ τὰς τριήρεις αὐτούς, καὶ ἐνίους αὐτῶν
ἐμβαλεῖν ἀνατρέψαντας τὴν τριήρη. § 9. Ἔτι δὲ λέοντες μὲν ἐν τῇ Λιβύῃ μᾶλλον, καὶ τῆς
Ἐυρώπης ἐν τῷ μεταξὺ τόπῳ τοῦ Ἀχελῴου καὶ Νέσσου ποταμοῦ· παρδάλεις δ´ ἐν τῇ Ἀσίᾳ, ἐν
δὲ τῇ Εὐρώπῃ οὐ γίνονται. Ὅλως δὲ τὰ μὲν ἄγρια ἀγριώτερα ἐν τῇ Ἀσίᾳ, ἀνδρειότερα δ´ ἐν τῇ
Εὐρώπῃ πάντα, πολυμορφότατα δ´ ἐν τῇ Λιβύῃ· καὶ λέγεται δέ τις παροιμία, ὅτι ἀεὶ Λιβύη
φέρει τι καινόν. Διὰ γὰρ τὴν ἀνομβρίαν μίσγεσθαι δοκεῖ ἀπαντῶντα πρὸς τὰ ὑδάτια καὶ τὰ μὴ
ὁμόφυλα, καὶ ἐκφέρειν ὧν οἱ χρόνοι οἱ τῆς κυήσεως οἱ αὐτοὶ καὶ τὰ μεγέθη μὴ πολὺ ἀπ´
ἀλλήλων· § 10. πρὸς ἄλληλα δὲ πραΰνεται διὰ τὴν τοῦ ποτοῦ χρείαν. Καὶ γὰρ καὶ δέονται τοῦ
πίνειν τοὐναντίον τῶν ἄλλων τοῦ χειμῶνος μᾶλλον ἢ τοῦ θέρους· διὰ γὰρ τὸ μὴ εἰωθέναι
ὕδατα γίνεσθαι τοῦ θέρους ἀσύνηθες αὐτοῖς τὸ πίνειν ἐστίν. Καὶ οἵ γε μύες ὅταν πίωσιν,
ἀποθνήσκουσιν. § 11. (607b) Γίνεται δὲ καὶ ἄλλα ἐκ μίξεως μὴ ὁμοφύλων, ὥσπερ καὶ ἐν
Κυρήνῃ οἱ λύκοι μίσγονται ταῖς κυσὶ καὶ γεννῶσι, καὶ ἐξ ἀλώπεκος καὶ κυνὸς οἱ Λακωνικοί.
Φασὶ δὲ καὶ ἐκ τοῦ τίγριος καὶ κυνὸς γίνεσθαι τοὺς Ἰνδικούς, οὐκ εὐθὺς δ´ ἀλλ´ ἐπὶ τῆς τρίτης
μίξεως· τὸ γὰρ πρῶτον γεννηθὲν θηριῶδες γίνεσθαί φασιν. Ἄγοντες δὲ δεσμεύουσιν εἰς τὰς
ἐρημίας τὰς κύνας· καὶ πολλαὶ κατεσθίονται, ἐὰν μὴ τύχῃ ὀργῶν πρὸς τὴν ὀχείαν τὸ θηρίον.
| [8,27] CHAPITRE XXVII.
§ 1. En générai, les animaux varient selon les climats; ainsi, de
même que quelques-uns ne vivent pas du tout dans certaines contrées, de même dans
certaines contrées, où ils peuvent vivre, ils sont plus petits; leur vie y est plus courte, et ils
ne s'y portent pas bien. Quelquefois, ces différences sont sensibles dans des régions très
rapprochées les unes des autres; et, par exemple, en certains endroits de la Milésie fort
voisins entre eux, il y a des cigales dans ceux-ci; il n'y en a point dans ceux-là.
§ 2. Dans l'île de Céphalonie, une rivière sépare deux cantons, l'un où l'on trouve la
cigale, et l'autre où elle ne se trouve plus. Dans la Pordosélène, un chemin seulement
sépare les cantons où en deçà il y a des belettes; et où au delà, il n'y en a point. En
Béotie, il y a beaucoup de taupes aux environs d'Orchomène, (606b) tandis que dans la
Lébadie, qui en est toute voisine, il n'y en a point; et si l'on en apporte, elles ne veulent
point y fouiller la terre.
§ 3. A Ithaque, les lièvres ne vivent pas, si l'on en apporte et qu'on les y lâche; mais
on les trouve bientôt morts sur la côte, tournés vers l'endroit d'où on les a apportés. En
Sicile, on ne voit pas de fourmis-cavalières; et jadis à Cyrène, il n'y avait pas de
grenouilles coassantes.
§ 4. On ne trouverait pas dans la Libye entière, ni un sanglier, ni un cerf sauvage, ni
une chèvre sauvage. Dans l'Inde, à ce que prétend Ctésias, d'ailleurs si peu digne de foi,
on ne trouve, ni porc, ni sanglier; et tous les animaux qui n'ont pas de sang et qui ont des
écailles y sont d'une grandeur démesurée. Dans le Pont-Euxin, on ne trouve, ni de
mollusques, ni de testacés, si ce n'est eu quelques endroits et en très petit nombre. Au
contraire, dans la mer Rouge, tous les testacés sont énormes.
§ 5. En Syrie, les moutons ont des queues larges d'une coudée; et les chèvres y ont
des oreilles longues d'une palme et de quatre doigts ; quelques-unes même les ont
traînantes jusqu'à terre. Les boeufs, ainsi que les chameaux, y ont des crinières au
sommet des épaules. En Lycie, on tond les chèvres, comme ailleurs on tond les moutons.
En Libye, les béliers qui ont des cornes les ont en naissant; et ce ne sont pas les mâles
seulement, comme le dit Homère; ce sont aussi les autres. Dans le Pont, du côté de la
Scythie, c'est tout le contraire; et les béliers y sont sans cornes.
§ 6. En Égypte, certains animaux, comme les boeufs et les moutons, sont plus
grands que dans la Grèce; certains autres sont plus petits : les chiens, les loups, les
lièvres, les renards, les corbeaux, les éperviers: D'autres encore y sont de la même
grosseur à peu près : les corneilles, par exemple, et les chèvres. On explique ces
différences par celle de la nourriture, abondante pour les uns, difficile et rare pour les
autres, tels que les loups et les éperviers ; presque nulle pour les carnivores, parce que
les petits (607a) oiseaux y sont peu nombreux; et aussi pour les lièvres et pour tous les
animaux qui ne sont pas carnivores, parce que les fruits n'y durent pas longtemps, ni
ceux des arbres, ni ceux des arbustes.
§ 7. Dans bien des contrées, c'est la température seule qui est cause de ces
variétés; et c'est ainsi qu'en Illyrie, en Thrace, en Épire, Ies ânes sont petits, et qu'il n'y en
a même plus en Scythie et dans la Celtique, parce que ces animaux supportent mal le
froid. On trouve en Arabie des lézards qui ont plus d'une coudée de long; les rats
domestiques y sont plus grands que les rats des champs. Leurs pattes de devant ont la
longueur d'une palme; celles de derrière ont à peine la longueur de la première phalange
du doigt.
§ 8. En Libye, les serpents sont, à ce qu'on rapporte, d'une grosseur dont on ne peut
se faire une idée. Des navigateurs prétendent avoir trouvé dans ces parages, où ils
avaient abordé, de nombreux squelettes de boeufs, qui, évidemment, avaient été dévorés
par des serpents; et que remontés dans leur barque, ils y avaient été poursuivis par ces
serpents, qui avaient précipité quelques matelots dans la mer, en renversant le canot.
§ 9. Il y a plus de lions en Europe qu'en Asie; et on ne les trouve en Europe que dans
la région comprise entre l'Achéloüs et le Nessus. Dans l'Asie, il y a des panthères; en
Europe, il n'y en a pas. Généralement, les animaux farouches sont en Asie plus
farouches qu'en Europe; mais en Europe, ils ont tous plus de courage. C'est en Libye que
les animaux présentent les formes les plus diverses; et de là, le proverbe qui dit que la
Libye produit toujours quelque monstre nouveau. C'est que là, en effet, les animaux se
rassemblent près des petits cours d'eau du pays, par suite de la sécheresse, faute de
pluie; les bêtes d'espèces dissemblables s'y rencontrent; et l'accouplement y devient
fécond, si le temps de la gestation est le même, et si la disproportion de taille n'est pas
trop grande.
§ 10. Ils s'adoucissent les uns à l'égard des autres, parce qu'ils sont toujours pressés
du besoin de boire ; car, au contraire des autres animaux, ils ont besoin de boire plus en
hiver qu'en été. En effet, comme les pluies ne viennent guère pendant l'été, ils perdent
l'habitude de boire en cette saison; et même les rats du pays meurent quand ils viennent
à boire.
§ 11. (607b) Il y a encore d'autres animaux qui naissent du mélange de races
différentes; et c'est ainsi qu'à Cyrène les loups s'accouplent aux chiennes, et qu'ils
produisent. Les chiens de Laconie viennent d'un renard et d'un chien. On assure aussi
que les chiens de l'Inde viennent d'un tigre et d'une chienne, non pas au premier
croisement, mais à la troisième génération; car le produit du premier accouplement est
encore une bête fauve. On conduit les chiennes; et on les attache, dans un lieu bien
désert; mais beaucoup sont dévorées par les tigres, avant qu'il ne s'en trouve un qui soit
poussé par le désir ardent de s'accoupler.
|