[8,2] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Β'.
§ 1. Διῄρηνται δὲ κατὰ τοὺς τόπους· τὰ μὲν γὰρ πεζὰ τὰ δ´ ἔνυδρα τῶν ζῴων ἐστίν. § 2.
Διχῶς δὲ λεγομένης ταύτης τῆς διαφορᾶς, τὰ μὲν τῷ δέχεσθαι τὸν ἀέρα, τὰ δὲ τῷ τὸ ὕδωρ,
λέγεται τὰ μὲν πεζὰ τὰ δ´ ἔνυδρα· τὰ δ´ οὐ δεχόμενα μέν, πεφυκότα μέντοι πρὸς τὴν κρᾶσιν
τῆς ψύξεως τὴν ἀφ´ ἑκατέρου τούτων ἱκανῶς, τὰ μὲν πεζὰ τὰ δ´ ἔνυδρα καλεῖται, οὔτ´
ἀναπνέοντα οὔτε δεχόμενα τὸ ὕδωρ. Τὰ δὲ τῷ τὴν τροφὴν ποιεῖσθαι καὶ διαγωγὴν ἐν ἑκατέρῳ
τούτων. Πολλὰ γὰρ δεχόμενα τὸν ἀέρα, καὶ τοὺς τόκους ἐν τῇ γῇ ποιούμενα, τὴν τροφὴν ἐκ
τῶν ἐνύδρων ποιεῖται τόπων καὶ διατρίβει τὸν πλεῖστον ἐν ὕδατι χρόνον· ἅπερ ἔοικεν
ἐπαμφοτερίζειν μόνα τῶν ζῴων· καὶ γὰρ ὡς πεζὰ καὶ ὡς ἔνυδρά τις ἂν θείη. § 3. Τῶν δὲ
δεχομένων τὸ ὑγρὸν οὐδὲν οὔτε πεζὸν οὔτε πτηνόν, οὐδὲ τὴν τροφὴν ἐκ τῆς γῆς ποιεῖται, τῶν
δὲ πεζῶν καὶ δεχομένων τὸν ἀέρα πολλά. Καὶ τὰ μὲν οὕτως ὥστε μηδὲ ζῆν δύνασθαι
χωριζόμενα τῆς τοῦ ὕδατος φύσεως, οἷον αἵ τε καλούμεναι θαλάττιαι χελῶναι καὶ
κροκόδειλοι καὶ ἵπποι ποτάμιοι καὶ φῶκαι καὶ τῶν ἐλαττόνων ζῴων οἷον αἵ τ´ ἐμύδες καὶ τὸ
τῶν βατράχων γένος· ταῦτα γὰρ ἅπαντα μὴ διά τινος ἀναπνεύσαντα χρόνου ἀποπνίγεται. Καὶ
τίκτει δὲ καὶ ἐκτρέφει ἐν τῷ ξηρῷ, τὰ δὲ πρὸς τῷ ξηρῷ, διάγει δ´ ἐν τῷ ὑγρῷ. § 4.
Περιττότατα δὲ πάντων ὁ δελφὶς ἔχει τῶν ζῴων, καὶ εἴ τι ἄλλο τοιοῦτόν ἐστι καὶ τῶν ἐνύδρων
καὶ τῶν ἄλλων κητωδῶν, ὅσα τοῦ (590a) τον ἔχει τὸν τρόπον, οἷον φάλαινα καὶ ὅς´ ἄλλ´
αὐτῶν ἔχει αὐλόν. § 5. Οὐ γὰρ ῥᾴδιον οὔτ´ ἔνυδρον θεῖναι μόνον τούτων ἕκαστον οὔτε πεζόν,
εἰ πεζὰ μὲν τὰ δεχόμενα τὸν ἀέρα θετέον, τὰ δὲ τὸ ὕδωρ ἔνυδρα τὴν φύσιν. Ἀμφοτέρων γὰρ
μετείληφεν· καὶ γὰρ τὴν θάλατταν δέχεται καὶ ἀφίησι κατὰ τὸν αὐλόν, καὶ τὸν ἀέρα τῷ
πλεύμονι. Τοῦτο γὰρ ἔχουσι τὸ μόριον, καὶ ἀναπνέουσιν· διὸ καὶ λαμβανόμενος ὁ δελφὶς ἐν
τοῖς δικτύοις ἀποπνίγεται ταχέως διὰ τὸ μὴ ἀναπνεῖν. Καὶ ἔξω δὲ ζῇ πολὺν χρόνον μύζων καὶ
στένων, ὥσπερ καὶ τἆλλα τῶν ἀναπνεόντων ζῴων· ἔτι δὲ καθεύδων ὑπερέχει τὸ ῥύγχος, ὅπως
ἀναπνέῃ. § 6. Τὰ δ´ αὐτὰ τάττειν εἰς ἀμφοτέρας τὰς διαιρέσεις ἄτοπον, ὑπεναντίους οὔσας·
ἀλλ´ ἔοικεν εἶναι τὸ ἔνυδρον ἔτι προσδιοριστέον. Τὰ μὲν γὰρ δέχεται τὸ ὕδωρ καὶ ἀφίησι διὰ
τὴν αὐτὴν αἰτίαν δι´ ἥνπερ τὰ ἀναπνέοντα τὸν ἀέρα, καταψύξεως χάριν, τὰ δὲ διὰ τὴν τροφήν·
ἀνάγκη γὰρ ἐν ὑγρῷ λαμβάνοντα ταύτην καὶ τὸ ὑγρὸν ἅμα δέχεσθαι, καὶ δεχόμενα ὄργανον
ἔχειν ᾧ ἐκπέμψει. § 7. Τὰ μὲν οὖν ἀνάλογον τῇ ἀναπνοῇ χρώμενα τῷ ὑγρῷ βράγχια ἔχει, τὰ
δὲ διὰ τὴν τροφὴν αὐλὸν τῶν ἐναίμων ζῴων. Ὁμοίως δὲ τά τε μαλάκια καὶ τὰ μαλακόστρακα·
καὶ γὰρ ταῦτα δέχεται τὸ ὑγρὸν διὰ τὴν τροφήν. § 8. Ἔνυδρα δ´ ἐστὶ τὸν ἕτερον τρόπον, διὰ
τὴν τοῦ σώματος κρᾶσιν καὶ τὸν βίον, ὅσα δέχεται μὲν τὸν ἀέρα ζῇ δ´ ἐν τῷ ὑγρῷ, ἢ ὅσα
δέχεται μὲν τὸ ὑγρὸν καὶ ἔχει βράγχια, πορεύεται δ´ εἰς τὸ ξηρὸν καὶ λαμβάνει τροφήν. Ἓν δὲ
μόνον νῦν ὦπται τοιοῦτον, ὁ καλούμενος κορδύλος· οὗτος γὰρ πλεύμονα μὲν οὐκ ἔχει ἀλλὰ
βράγχια, τετράπουν δ´ ἐστὶν ὡς καὶ πεζεύειν πεφυκός. § 9. Τούτων δὲ πάντων ἔοικεν ἡ φύσις
ὡσπερανεὶ διεστράφθαι, καθάπερ τῶν τ´ ἀρρένων ἔνια γίνεται θηλυκὰ καὶ τῶν θηλέων
ἀρρενωπά. Ἐν μικροῖς γὰρ μορίοις λαμβάνοντα τὰ ζῷα διαφορὰν μέγα διαφέρειν φαίνεται κατὰ
τὴν τοῦ ὅλου σώματος φύσιν. § 10. Δηλοῖ δ´ ἐπὶ τῶν ἐκτεμνομένων· (590b) μικροῦ γὰρ
μορίου πηρωθέντος εἰς τὸ θῆλυ μεταβάλλει τὸ ζῷον. Ὥστε δῆλον ὅτι καὶ ἐν τῇ ἐξ ἀρχῆς
συστάσει ἀκαριαίου τινὸς μεταβάλλοντος τῷ μεγέθει, ἂν ᾖ ἀρχοειδές, γίνεται τὸ μὲν θῆλυ τὸ
δ´ ἄρρεν, ὅλως δ´ ἀναιρεθέντος οὐδέτερον. § 11. Ὥστε καὶ τὸ πεζὸν καὶ τὸ ἔνυδρον εἶναι κατ´
ἀμφοτέρους τοὺς τρόπους, ἐν μικροῖς μορίοις γινομένης τῆς μεταβολῆς. Διὸ συμβαίνει
γίνεσθαι τὰ μὲν πεζὰ τὰ δ´ ἔνυδρα τῶν ζῴων. Καὶ τὰ μὲν οὐκ ἐπαμφοτερίζει, τὰ δ´
ἐπαμφοτερίζει, διὰ τὸ μετέχειν τι τῆς ὕλης ἐν τῇ συστάσει τῆς γενέσεως, ἐξ οἵας ποιεῖται τὴν
τροφήν· προσφιλὲς γὰρ ἑκάστῳ τῶν ζῴων τὸ κατὰ φύσιν, ὥσπερ εἴρηται καὶ πρότερον.
| [8,2] CHAPITRE II.
§ 1. On peut diviser encore les animaux selon les lieux qu'ils habitent; les uns vivent sur terre,
les autres vivent dans l'eau.
§ 2. Ici, la différence peut être de trois sortes. D'abord les uns aspirent l'air; puis, les
autres aspirent l'eau ; ce qui fait qu'on appelle les uns des animaux terrestres, et les
autres des animaux aquatiques. D'autres qui ne reçoivent ni l'air ni l'eau mais qui, par
leur organisation naturelle, trouvent le suffisant mélange de refroidissement dans l'un de
ces deux éléments, s'appellent encore terrestres et aquatiques, bien qu'ils ne respirent
pas l'air et ne reçoivent pas l'eau. D'autres enfin sont appelés aquatiques ou terrestres,
parce qu'ils trouvent leur nourriture, ou passent leur vie, dans l'un ou l'autre de ces
éléments. Car beaucoup d'animaux qui respirent l'air et qui ont leurs petits sur terre, tirent
leur subsistance des lieux aquatiques, et passent la plus grande partie de leur existence
dans l'eau. Ces animaux sont les seuls, entre tous, qui semblent jouir des deux
existences à la fois; et l'on peut indifféremment les classer parmi les animaux terrestres,
ou parmi les animaux aquatiques.
§ 3. Parmi les animaux qui respirent l'eau, il n'en est pas un qui marche sur terre, ou
qui vole dans l'air, ou qui tire sa pâture de la terre. Au contraire, parmi les animaux qui
marchent sur le sol et qui aspirent l'air, il y en a beaucoup qui tirent leur nourriture de
l'eau; et quelques-uns en ont tellement besoin qu'ils ne peuvent plus vivre quand ils en
sont isolés et privés: par exemple, les tortues qu'on appelle tortues de mer, les crocodiles,
les hippopotames et les phoques; et parmi les animaux plus petits, les tortues de terre et
l'espèce des grenouilles. Tous ces animaux suffoquent, s'ils restent quelque temps sans
respirer. Ils font leurs petits et les élèvent sur la terre à sec, ou du moins sur le bord de la
terre sèche; mais leur vie se passe dans l'eau.
§ 4. Le plus singulier de tous les animaux, c'est le dauphin et ceux qui peuvent lui
ressembler, parmi les êtres qui habitent les eaux, (590a) et aussi le plus singulier parmi
les cétacés, constitués ainsi que le sont la baleine et les autres poissons à évent, comme elle.
§ 5. Il n'est pas facile de classer uniquement chacune de ces espèces, ni parmi les
animaux terrestres, ni uniquement parmi les animaux aquatiques, si l'on doit classer
comme animaux terrestres ceux qui aspirent l'air, et comme animaux aquatiques ceux qui
naturellement aspirent l'eau. Les cétacés à tuyau participent en effet de ces deux classes.
Ils respirent l'eau et la rejettent par leur évent; et ils respirent l'air par un poumon. Ils ont
en effet cet organe, et ils respirent par là. Aussi, le dauphin, quand il se trouve pris dans
les filets, ne tarde pas à être suffoqué, faute de respiration. Hors de l'eau, il vit encore fort
longtemps, grondant et gémissant, ainsi que le font tous les animaux qui respirent. Enfin,
quand le dauphin dort, il met son museau hors de l'eau, afin de pouvoir respirer.
§ 6. Comprendre ces mêmes animaux dans les deux divisions à la fois, aquatique et
terrestre, ce serait absurde, puisque ce sont deux classes contraires. Mais tâchons de
définir l'animal aquatique encore plus précisément. Il y a des animaux qui aspirent l'eau et
qui la rejettent par la même cause qui fait que les animaux qui respirent aspirent l'air et le
rejettent; c'est pour se rafraîchir. D'autres animaux en font autant, non plus pour respirer,
mais pour se procurer leur nourriture, parce que, ne la pouvant trouver que dans le
liquide, il leur faut nécessairement tout à la fois aspirer ce liquide, et, après l'avoir aspiré,
le rejeter par un organe spécial.
§ 7. Ceux donc des animaux qui se servent de l'eau pour respirer, comme les autres
se servent de l'air, ont des branchies; d'autres, qui sont des animaux pourvus de sang,
ont un tuyau, parce qu'ils prennent le liquide pour se nourrir. Il en est encore de même
pour les mollusques et les crustacés, qui ne reçoivent l'eau qu'en vue de leur nourriture.
§ 8. Il faut classer dans cette seconde espèce d'animaux aquatiques, à cause de
l'organisation de leur corps et à cause de leur genre de vie, tous ceux qui, aspirant l'air,
vivent néanmoins dans l'eau, ou tous ceux qui aspirent le liquide et ont des branchies, et
qui vont à terre pour y prendre leur pâture. On ne connaît jusqu'à présent qu'un seul
animal ainsi organisé; c'est celui qu'on nomme le Cordyle. Il n'a pas de poumon, mais des
branchies; il marche sur terre, et il y prend sa nourriture. Il est quadrupède, comme étant,
par nature, fait pour marcher.
§ 9. On dirait que la nature de tous ces animaux a été en quelque sorte renversée,
de même qu'on voit quelques animaux mâles avoir l'air de femelles, et des femelles avoir
l'air de mâles. Il suffit d'une différence légère, dans de très petits organes, pour que des
animaux offrent une différence considérable dans la constitution générale de leur corps.
§ 10. Ceci se voit avec pleine évidence sur les animaux qu'on châtre ; (590b) la partie
qu'on mutile est très petite, et l'animal passe sur-le-champ à la nature de la femelle. De ce
fait, on peut conclure avec certitude que, dans la constitution première de l'animal, il suffit
du plus mince changement matériel, qui est d'origine, pour faire ou une femelle ou un
mâle ; et si ce rien est enlevé complètement, cela suffit pour que l'animal ne soit plus ni
l'un ni l'autre.
§ 11. Par conséquent aussi, l'animal peut devenir terrestre et aquatique, dans les
deux sens, à la suite d'un changement dans les parties les plus ténues. Tels animaux
deviennent des animaux terrestres; tels autres deviennent aquatiques; les uns ne peuvent
pas avoir les deux existences; les autres peuvent les avoir toutes deux, parce que, dans
leur organisation, ils ont, dès leur naissance, participé quelque peu de la matière dont ils
font plus tard leur nourriture ; car tout ce qui est naturel aux animaux est fait pour leur
plaire, ainsi qu'on l'a déjà remarqué plus haut.
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