[7,9] CHAPITRE IX.
1 Δοκεῖ δὲ τό τε δίκαιον εἶναι ἴσον τι καὶ ἡ φιλία ἐν ἰσότητι, εἰ μὴ μάτην λέγεται ἰσότης (ἡ) φιλότης. Αἱ δὲ πολιτεῖαι πᾶσαι δικαίου τι εἶδος· κοινωνία γάρ, τὸ δὲ κοινὸν πᾶν διὰ τοῦ δικαίου συνέστηκεν, ὥστε ὅσα εἴδη φιλίας, καὶ δικαίου καὶ κοινωνίας, καὶ πάντα ταῦτα σύνορα ἀλλήλοις, καὶ ἐγγὺς ἔχει τὰς διαφοράς. 2 Ἐπεὶ δ´ ὁμοίως ἔχει ψυχὴ πρὸς σῶμα καὶ τεχνίτης πρὸς ὄργανον καὶ δεσπότης πρὸς δοῦλον, τούτων μὲν οὐκ ἔστι κοινωνία. Οὐ γὰρ δύ´ ἐστίν, ἀλλὰ τὸ μὲν ἕν, τὸ δὲ τοῦ ἑνός (οὐδέν). Οὐδὲ διαιρετὸν τὸ ἀγαθὸν ἑκατέρῳ, ἀλλὰ τὸ ἀμφοτέρων τοῦ ἑνὸς οὗ ἕνεκα ἐστίν. Τό τε γὰρ σῶμά ἐστιν ὄργανον σύμφυτον, καὶ τοῦ δεσπότου ὁ δοῦλος ὥσπερ μόριον καὶ ὄργανον ἀφαιρετόν, τὸ δ´ ὄργανον ὥσπερ δοῦλος ἄψυχος. 3 Αἱ δ´ ἄλλαι κοινωνίαι εἰσὶν (ἢ) μόριον τῶν τῆς πόλεως κοινωνιῶν, οἷον ἡ τῶν φρατέρων ἢ τῶν ὀργίων, ἢ αἱ χρηματιστικαὶ ἔτι πολιτεῖαι. Αἱ δὲ πολιτεῖαι πᾶσαι ἐν οἰκείοις συνυπάρχουσι, καὶ αἱ ὀρθαὶ καὶ αἱ παρεκβάσεις (ἔστι γὰρ τὸ αὐτὸ ὥσπερ καὶ ἐπὶ τῶν ἁρμονιῶν καὶ τῶν ἐν ταῖς πολιτείαις)· 4 βασιλικὴ μὲν ἡ τοῦ γεννήσαντος, ἀριστοκρατικὴ δ´ ἡ ἀνδρὸς καὶ γυναικός, πολιτεία δ´ ἡ τῶν ἀδελφῶν· παρέκβασις δὲ τούτων τυραννὶς ὀλιγαρχία δῆμος. Καὶ τὰ δίκαια δὴ τοσαῦτα. 5 Ἐπεὶ δὲ τὸ ἴσον τὸ μὲν κατ´ ἀριθμὸν τὸ δὲ κατ´ ἀναλογίαν, καὶ τοῦ δικαίου εἴδη ἔσται καὶ τῆς φιλίας καὶ τῆς κοινωνίας. Κατ´ ἀριθμὸν μὲν γὰρ ἡ δημοκρατικὴ κοινωνία καὶ ἡ ἑταιρικὴ φιλία, τῷ γὰρ αὐτῷ ὅρῳ μετρεῖται· κατ´ ἀναλογίαν δὲ ἡ ἀριστοκρατικὴ ἀρίστη καὶ βασιλική. Οὐ γὰρ ταὐτὸν δίκαιον τῷ ὑπερέχοντι καὶ ὑπερεχομένῳ, ἀλλὰ τὸ ἀνάλογον. 6 Καὶ ἡ φιλία δὲ ὁμοίως πατρὸς καὶ παιδός, καὶ ἐν ταῖς κοινωνίαις ὁ αὐτὸς τρόπος.
| [7,9] CHAPITRE IX.
1 Il semble que la justice est une sorte d'égalité, et que l'amitié consiste dans l'égalité même, à moins qu'on n'ait tort quand on dit que l'amitié n'est qu'une égalité. Toutes les constitutions politiques ne sont au fond que des formes de la justice. Un État est une association, et toute association ne se maintient que par la justice ; de telle sorte que toutes les formes de l'amitié sont tout autant de formes de la justice et de l'association. Toutes ces choses se touchent, et n'ont entr'elles que des différences a peu près insensibles. 2 Dans les rapports de l'âme au corps, dans ceux de l'ouvrier à son instrument, ou ceux du maître à son esclave, qui sont presque les mêmes, il n'y a pas de véritable association ; car il n'y a pas deux êtres : ici, il n'y en a qu'un seul; et là, il n'y a que la propriété d'un seul et même individu. On ne peut pas non plus concevoir le bien de l'un et de l'autre séparément ; mais le bien de tous les deux ensemble est le bien de l'être unique pour lequel il est fait Ainsi le corps est un instrument congénial de l'âme; et l'esclave est comme une partie et un instrument séparable du maître; et l'instrument de l'ouvrier est une sorte d'esclave inanimé. 3 Toutes les autres associations, on peut dire, sont une partie de l'association politique, telles que les associations des Phratries, des Mystères, etc.; et même les associations commerciales et lucratives sont encore des espèces d'États. Or, toutes les constitutions avec leurs diverses nuances se retrouvent dans la famille, tant les constitutions pures, que les constitutions dégénérées; car ce qui se passe pour les États, ressemble beaucoup à ce qui a lieu dans les diverses espèces d'harmonies. 4 Ainsi, l'on peut dire que le pouvoir royal est celui du père sur les enfants qu'il a engendrés ; le pouvoir aristocratique est celui du mari à la femme ; et la république est le rapport des frères entr'eux. La dégénération de ces trois formes pures, c'est, on le sait, la tyrannie, c'est l'oligarchie, c'est la démocratie ; et il y a autant de droits différents, et de justices, qu'il y a de différentes formes de constitutions. 5 D'autre part, comme il y a égalité de nombre, et, de plus, égalité de proportion, il doit y avoir tout autant d'espèces d'amitié et d'association. La simple association de camarades, et l'amitié qui les unit, ne se rapportent qu'au nombre; et tous sont soumis à la même mesure. Dans les associations proportionnelles, c'est celle qui est aristocratique et royale qui est la meilleure; car le droit n'est pas identique pour le supérieur et pour l'inférieur ; et il n'y a de juste entr'eux que la proportion. 6 Il en est de même de l'amitié du père et du fils ; et de toutes les associations de ce genre.
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