[7,8] CHAPITRE VIII.
1 Ἀπορεῖται δὲ διὰ τί μᾶλλον φιλοῦσιν οἱ ποιήσαντες εὖ τοὺς παθόντας ἢ οἱ παθόντες εὖ τοὺς ποιήσαντας. Δοκεῖ δὲ δίκαιον εἶναι τοὐναντίον. 2 Τοῦτο δ´ ὑπολάβοι μὲν ἄν τις διὰ τὸ χρήσιμον καὶ τὸ αὐτῷ ὠφέλιμον συμβαίνειν· τῷ μὲν γὰρ ὀφείλεται, τὸν δ´ ἀποδοῦναι δεῖ. Οὐκ ἔστι δὲ τοῦτο μόνον, ἀλλὰ καὶ φυσικόν. 3 Ἡ γὰρ ἐνέργεια αἱρετώτερον, (1242) τὸν αὐτὸν δὲ λόγον ἔχει τὸ ἔργον καὶ ἡ ἐνέργεια, ὁ δ´ εὖ παθὼν ὥσπερ ἔργον τοῦ εὖ ποιήσαντος. διὸ καὶ ἐν τοῖς ζῴοις ἡ περὶ τὰ τέκνα σπουδὴ ἐστί, καὶ τοῦ γεννῆσαι καὶ τὰ γεννώμενα σῴζειν. 4 Καὶ φιλοῦσι δὴ μᾶλλον οἱ πατέρες τὰ τέκνα (καὶ αἱ μητέρες τῶν πατέρων) ἢ φιλοῦνται· καὶ οὗτοι πάλιν τὰ αὑτῶν ἢ τοὺς γεννήσαντας, διὰ τὸ τὴν ἐνέργειαν εἶναι τὸ ἄριστον· καὶ αἱ μητέρες τῶν πατέρων, ὅτι μᾶλλον οἴονται αὑτῶν εἶναι ἔργον τὰ τέκνα· τὸ γὰρ ἔργον τῷ χαλεπῷ διορίζουσι, πλείω δὲ λυπεῖται περὶ τὴν γένεσιν μήτηρ.
Καὶ περὶ μὲν φιλίας τῆς πρὸς αὑτὸν καὶ τῆς ἐν πλείοσι διωρίσθω τὸν τρόπον τοῦτον·
| [7,8] CHAPITRE VIII.
1 On demande pourquoi les bienfaiteurs aiment plus leurs obligés que les obligés n'aiment leurs bienfaiteurs. En bonne justice, il semble que ce devrait être tout le contraire. 2 On pourrait croire que l'intérêt et l'utilité personnelle expliquent suffisamment ceci, et dire que l'un est un créancier à qui l'on doit, et l'autre un débiteur qui doit rendre. Toutefois, non-seulement cette différence a lieu ; mais, de plus, il y a là quelque chose d'assez naturel. 3 L'acte en effet est toujours préférable; (1242) et le rapport est pareil entre l'œuvre produite par l'acte et l'acte qui la produit. Or, l'obligé est en quelque sorte l'œuvre du bienfaiteur; et voilà pourquoi, même dans les animaux, il y a une si vive tendresse envers les petits; d'abord, pour les mettre au monde, et ensuite, pour les conserver quand ils sont nés. 4. C'est là encore ce qui fait que les pères, moins tendres d'ailleurs que les mères, aiment plus leurs enfants qu'ils n'en sont aimés, et que ces enfants, à leur tour, aiment plus les leurs qu'ils n'aiment leurs parents. C'est que l'acte est ce qu'il y a de mieux et de supérieur. J'ajoute que, si les mères aiment plus que les pères, c'est qu'elles pensent que les enfants sont davantage leur œuvre. On mesure l'œuvre par la peine qu'elle donne ; et c'est la mère qui a le plus de mal dans la procréation.
Nous nous arrêtons ici en ce qui concerne l'amitié, tant celle qu'on peut avoir pour soi, que celle qu'on peut avoir pour les autres.
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