[1,1] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Α
§ 1. (268b) Ἡ περὶ φύσεως ἐπιστήμη σχεδὸν ἡ πλείστη φαίνεται περί τε
σώματα καὶ μεγέθη καὶ τὰ τούτων οὖσα πάθη καὶ τὰς κινήσεις, ἔτι δὲ περὶ
τὰς ἀρχάς, ὅσαι τῆς τοιαύτης οὐσίας εἰσίν· τῶν γὰρ φύσει συνεστώτων τὰ μέν
ἐστι σώματα καὶ μεγέθη, τὰ δ´ ἔχει σῶμα καὶ μέγεθος, τὰ δ´ ἀρχαὶ τῶν
ἐχόντων εἰσίν.
§ 2. Συνεχὲς μὲν οὖν ἐστι τὸ διαιρετὸν εἰς ἀεὶ διαιρετά, σῶμα δὲ τὸ πάντῃ
διαιρετόν. Μεγέθους δὲ τὸ μὲν ἐφ´ ἓν γραμμή, τὸ δ´ ἐπὶ δύο ἐπίπεδον, τὸ δ´
ἐπὶ τρία σῶμα· καὶ παρὰ ταῦτα οὐκ ἔστιν ἄλλο μέγεθος διὰ τὸ τὰ τρία πάντα
εἶναι καὶ τὸ τρὶς πάντῃ. Καθάπερ γάρ φασι καὶ οἱ Πυθαγόρειοι, τὸ πᾶν καὶ
τὰ πάντα τοῖς τρισὶν ὥρισται· τελευτὴ γὰρ καὶ μέσον καὶ ἀρχὴ τὸν ἀριθμὸν
ἔχει τὸν τοῦ παντός, ταῦτα δὲ τὸν τῆς τριάδος. Διὸ παρὰ τῆς φύσεως
εἰληφότες ὥσπερ νόμους ἐκείνης, καὶ πρὸς τὰς ἁγιστείας χρώμεθα τῶν θεῶν τῷ
ἀριθμῷ τούτῳ. Ἀποδίδομεν δὲ καὶ τὰς προσηγορίας τὸν τρόπον τοῦτον· τὰ γὰρ
δύο ἄμφω μὲν λέγομεν καὶ τοὺς δύο ἀμφοτέρους, πάντας δ´ οὐ λέγομεν, ἀλλὰ
κατὰ τῶν τριῶν ταύτην τὴν κατηγορίαν κατάφαμεν πρῶτον. Ταῦτα δ´, ὥσπερ
εἴρηται, διὰ τὸ τὴν φύσιν αὐτὴν οὕτως ἐπάγειν ἀκολουθοῦμεν.
§ 3. Ὥστ´ ἐπεὶ τὰ πάντα καὶ τὸ πᾶν καὶ τὸ τέλειον οὐ κατὰ τὴν ἰδέαν
διαφέρουσιν ἀλλήλων, ἀλλ´ εἴπερ, ἐν τῇ ὕλῃ καὶ ἐφ´ ὧν λέγονται, τὸ σῶμα
μόνον ἂν εἴη τῶν μεγεθῶν τέλειον· μόνον γὰρ ὥρισται τοῖς τρισίν, τοῦτο δ´
ἐστὶ πᾶν. Τριχῇ δὲ ὂν διαιρετὸν πάντῃ διαιρετόν ἐστιν· τῶν δ´ ἄλλων τὸ μὲν
ἐφ´ ἓν τὸ δ´ ἐπὶ δύο· ὡς γὰρ τοῦ ἀριθμοῦ τετυχήκασιν, οὕτω καὶ τῆς
διαιρέσεως καὶ τοῦ συνεχοῦς· τὸ μὲν γὰρ ἐφ´ ἓν συνεχές, τὸ δ´ ἐπὶ δύο, τὸ
δὲ πάντῃ τοιοῦτον.
§ 4. Ὅσα μὲν οὖν διαιρετὰ τῶν μεγεθῶν, καὶ συνεχῆ ταῦτα· εἰ δὲ καὶ τὰ
συνεχῆ πάντα διαιρετά, οὔπω δῆλον ἐκ τῶν νῦν. Ἀλλ´ ἐκεῖνο μὲν δῆλον, ὡς
οὐκ (269a). ἔστιν εἰς ἄλλο γένος μετάβασις, ὥσπερ ἐκ μήκους εἰς
ἐπιφάνειαν, εἰς δὲ σῶμα ἐξ ἐπιφανείας· οὐ γὰρ ἂν ἔτι τὸ τοιοῦτον τέλειον
εἴη μέγεθος· ἀνάγκη γὰρ γίγνεσθαι τὴν ἔκβασιν κατὰ τὴν ἔλλειψιν, οὐχ οἷόν
τε δὲ τὸ τέλειον ἐλλείπειν· πάντῃ γάρ ἐστιν.
§ 5. Τῶν μὲν οὖν ἐν μορίου εἴδει σωμάτων κατὰ τὸν λόγον ἕκαστον τοιοῦτόν
ἐστιν· πάσας γὰρ ἔχει τὰς διαστάσεις· ἀλλ´ ὥρισται πρὸς τὸ πλησίον ἁφῇ·
διὸ τρόπον τινὰ πολλὰ τῶν σωμάτων ἕκαστόν ἐστιν. Τὸ δὲ πᾶν οὗ ταῦτα μόρια,
τέλειον ἀναγκαῖον εἶναι καὶ καθάπερ τοὔνομα σημαίνει πάντῃ, καὶ μὴ τῇ μὲν
τῇ δὲ μή.
| [1,1] CHAPITRE PREMIER.
§ 1. (268b) La science de la nature consiste à peu près entièrement dans
l'étude des corps et des grandeurs, avec leurs modifications et leurs
mouvements. Elle s'occupe en outre de l'étude des principes qui
constituent cette substance particulière ; car parmi les composés et les
êtres qui sont dans la nature, les uns sont des corps et des grandeurs ;
les autres ont un corps et une grandeur ; et les autres enfin sont les
principes de ceux qui ont cette grandeur et ce corps.
§ 2. On entend par continu tout ce qui peut se diviser en parties toujours
divisibles ; et le corps est ce qui est divisible en tous sens. C'est que,
parmi les grandeurs, l'une n'est divisible qu'en un sens unique, c'est la
ligne ; l'autre, l'est en deux, c'est la surface ; l'autre, l'est en
trois, c'est le corps. Il n'y a pas de grandeurs autres que celles-là,
parce que trois est tout et que trois renferme toutes les dimensions
possibles. En effet, ainsi que le disent les Pythagoriciens, l'univers
entier et toutes les choses dont il est composé sont déterminées par ce
nombre Trois. A les entendre, la fin, le milieu et le commencement forment
le nombre de l'univers, et ces trois termes représentent le nombre de la
triade. Dès lors, recevant de la nature elle-même ce nombre, qui résulte
en quelque sorte de ses lois, nous l'employons aussi à régler les
sacrifices solennels que nous offrons aux Dieux. C'est encore de cette
même manière que nous exprimons les dénominations et les dénombrements des
êtres ; car lorsqu'il n'y a que deux êtres nous les désignons en disant :
Les deux ; et alors "Les deux" signifie l'un et l'autre ; mais dans ce cas,
nous ne disons pas Tous, et nous ne commençons seulement à appliquer
cette dénomination de Tous, que quand il y a trois êtres au moins. Nous ne
suivons du reste cette marche, ainsi qu'on vient de le dire, que parce que
c'est la nature même qui nous conduit dans ce chemin.
§ 3. Si donc ces trois termes : Toutes les choses, l'Univers et le Parfait
ne représentent pas une idée différente, et s'ils se distinguent seulement
entre eux par la matière et par les êtres auxquels ils s'appliquent, il
s'ensuit que le corps est la seule des grandeurs qui soit parfaite ; car
il est le seul à être déterminé par trois, et c'est bien là ce qu'on
entend par le Tout. Du moment que le corps peut se diviser de trois
façons, il est complètement divisible, tandis que, pour le reste des
grandeurs, c'est par un ou par deux seulement qu'elles se divisent. C'est
en tant qu'elles participent du nombre qu'elles sont susceptibles aussi de
division et de continuité ; et en effet, l'une n'est continue qu'en un
sens; l'autre l'est en deux ; et enfin l'autre l'est de toute espèce de façon.
§ 4. Celles des grandeurs qui sont divisibles sont par cela même
continues. Quant à savoir si toutes les grandeurs qui sont continues sont
divisibles aussi, c'est ce qu'on ne voit pas encore résulter clairement de
ce que nous venons de dire ici ; mais ce qui doit être évident dès à
présent, (269a) c'est qu'il n'y a pas pour le corps de passage possible à
un autre genre différent, comme, par exemple, on passe de la longueur à la
surface, ou de la surface au corps. Le corps, s'il était dans cette
condition, ne serait plus une grandeur complète ; car cette transition à
un autre genre ne peut nécessairement avoir lieu que par suite d'un
certain défaut ; or il n'est pas possible que ce qui est complet soit
défectueux, puisqu'il est tout ce qu'il doit être.
§ 5. Ainsi donc les corps qui se présentent à nous sous forme de simple
partie d'un tout, doivent être chacun faits ainsi selon leur définition
même que nous venons d'indiquer ; c'est-à-dire qu'ils ont toutes .les
dimensions possibles. Mais ils se limitent et se déterminent par les corps
voisins qu'ils touchent. Aussi voilà pourquoi, sous un certain point de
vue, chaque corps est multiple. Mais il faut bien que le tout, dont ces
corps ne sont que de simples parties, soit complet nécessairement ; et
ainsi que le mot même de Tout l'exprime assez, il n'est pas possible que
le tout soit de telle façon, et qu'en telle autre façon il ne soit pas.
|