[19] XIX.
Μετὰ δὲ ταῦτα συνέβαινεν πολλῷ τραχυτέραν εἶναι τὴν τυραννίδα· καὶ γὰρ διὰ τὸ τιμωρεῖν τἀδελφῷ καὶ διὰ τὸ πολλοὺς ἀνῃρηκέναι καὶ ἐκβεβληκέναι, πᾶσιν ἦν ἄπιστος καὶ πικρός. ἔτει δὲ τετάρτῳ μάλιστα μετὰ τὸν Ἱππάρχου θάνατον, ἐπεὶ κακῶς εἶχεν τὰ ἐν τῷ ἄστει, τὴν Μουνιχίαν ἐπεχείρησε τειχίζειν, ὡς ἐκεῖ μεθιδρυσόμενος. ἐν τούτοις δ´ ὢν ἐξέπεσεν ὑπὸ Κλεομένους τοῦ Λακεδαιμονίων βασιλέως, χρησμῶν γιγνομένων ἀεὶ τοῖς Λάκωσι καταλύειν τὴν τυραννίδα διὰ τοιάνδ´ αἰτίαν. οἱ φυγάδες ὧν οἱ Ἀλκμεωνίδαι προειστήκεσαν, αὐτοὶ μὲν δι´ αὑτῶν οὐκ ἐδύναντο ποιήσασθαι τὴν κάθοδον, ἀλλ´ αἰεὶ προσέπταιον. ἔν τε γὰρ τοῖς ἄλλοις οἷς ἔπραττον διεσφάλλοντο, καὶ τειχίσαντες ἐν τῇ χώρᾳ Λειψύδριον τὸ ὑπὲρ Πάρνηθος, εἰς ὃ συνεξῆλθόν τινες τῶν ἐκ τοῦ ἄστεως, ἐξεπολιορκήθησαν ὑπὸ τῶν τυράννων, ὅθεν ὕστερον μετὰ ταύτην τὴν συμφορὰν ᾖδον ἐν τοῖς σκολιοῖς {αἰεί}·
αἰαῖ Λειψύδριον προδωσέταιρον,
οἵους ἄνδρας ἀπώλεσας, μάχεσθαι
ἀγαθούς τε καὶ εὐπατρίδας,
οἳ τότ´ ἔδειξαν οἵων πατέρων ἔσαν.
ἀποτυγχάνοντες οὖν ἐν ἅπασι τοῖς ἄλλοις, ἐμισθώσαντο τὸν ἐν Δελφοῖς νεὼν οἰκοδομεῖν, ὅθεν εὐπόρησαν χρημάτων πρὸς τὴν τῶν Λακώνων βοήθειαν. ἡ δὲ Πυθία προέφερεν αἰεὶ τοῖς Λακεδαιμονίοις χρηστηριαζομένοις ἐλευθεροῦν τὰς Ἀθήνας, εἰς τοῦθ´ ἕως προύτρεψε τοὺς Σπαρτιάτας, καίπερ ὄντων ξένων αὐτοῖς τῶν Πεισιστρατιδῶν· συνεβάλλετο δὲ οὐκ ἐλάττω μοῖραν τῆς ὁρμῆς τοῖς Λάκωσιν ἡ πρὸς τοὺς Ἀργείους τοῖς Πεισιστρατίδαις ὑπάρχουσα φιλία. τὸ μὲν οὖν πρῶτον Ἀγχίμολον ἀπέστειλαν κατὰ θάλατταν ἔχοντα στρατιάν· ἡττηθέντος δ´ αὐτοῦ καὶ τελευτήσαντος, διὰ τὸ Κινέαν βοηθῆσαι τὸν Θετταλὸν ἔχοντα χιλίους ἱππεῖς, προσοργισθέντες τῷ γενομένῳ, Κλεομένην ἐξέπεμψαν τὸν βασιλέα στόλον ἔχοντα μείζω κατὰ γῆν, ὃς ἐπεὶ τοὺς τῶν Θετταλῶν ἱππεῖς ἐνίκησεν, κωλύοντας αὐτὸν εἰς τὴν Ἀττικὴν παριέναι, κατακλείσας τὸν Ἱππίαν εἰς τὸ καλούμενον Πελαργικὸν τεῖχος, ἐπολιόρκει μετὰ τῶν Ἀθηναίων. προσκαθημένου δ´ αὐτοῦ, συνέπεσεν ὑπεξιόντας ἁλῶναι τοὺς τῶν Πεισιστρατιδῶν υἱεῖς. ὧν ληφθέντων ὁμολογίαν ἐπὶ τῇ τῶν παίδων σωτηρίᾳ ποιησάμενοι, καὶ τὰ ἑαυτῶν ἐν πένθ´ ἡμέραις ἐκκομισάμενοι, παρέδωκαν τὴν ἀκρόπολιν τοῖς Ἀθηναίοις ἐπὶ Ἁρπακτίδου ἄρχοντος, κατασχόντες τὴν τυραννίδα μετὰ τὴν τοῦ πατρὸς τελευτὴν ἔτη μάλιστα ἑπτακαίδεκα, τὰ δὲ σύμπαντα σὺν οἷς ὁ πατὴρ ἦρξεν ἑνὸς δεῖ πεντήκοντα.
| [19] CHAPITRE XIX : Tyrannie d'Hippias. Sa chute.
Dès lors sa tyrannie devint de plus en plus dure. Pour venger son frère il mit à mort nombre de citoyens, en chassa beaucoup d'autres : tous le prirent en défiance et en haine. (511 a. C. n.) Trois ans après le meurtre d'Hipparque, ne se sentant plus en sûreté dans la ville, il entreprit de fortifier Munichie, où il comptait s'établir. Les travaux étaient commencés quand il fut chassé par Cléomène, roi de Sparte. Les oracles avaient toujours dit qu'il appartiendrait aux Lacédémoniens de renverser la tyrannie, et voici comment : les proscrits, à la tête desquels étaient les Alcméonides, ne pouvaient point, avec leurs seules forces, parvenir à rentrer ; ils échouaient toujours. Toutes leurs tentatives avaient été vaines : ils avaient par exemple fortifié Leipsydrion, au-delà du Parnés, et quelques Athéniens étaient venus de la ville s'y joindre à eux. Mais les tyrans les y assiégèrent et les en délogèrent, et c'est en souvenir de cet échec que longtemps après on chantait encore dans les scolies : Maudit Leipsydrion, traître aux amis ! Quels hommes tu as fait périr, braves au combat, et de noble race, qui prouvèrent alors de quels pères ils étaient les fils!
C'est après avoir échoué dans tous leurs desseins qu'ils passèrent marché pour la reconstruction du temple de Delphes ; ce qui leur permit, avec les grandes richesses dont ils disposaient, de s'assurer l'alliance de Sparte. Toutes les fois en effet qu'un Lacédémonien venait consulter l'oracle, la Pythie lui enjoignait de délivrer Athènes; elle finit par décider les Spartiates, en dépit des liens d'hospitalité qui les unissaient aux Pisistratides. Aussi bien les relations d'amitié des Pisistratides avec les Argiens ne contribuèrent pas peu à pousser les Lacédémoniens. Ils envoyèrent donc, par mer, une première armée commandée par Anchimolos ; mais le Thessalien Kinéas vint avec mille cavaliers au secours des Pisistratides, et Anchimolos fut vaincu et tué. Irrités de cet échec, les Lacédémoniens envoyèrent le roi Cléomène avec une armée plus forte, et par terre. Les cavaliers thessaliens s'opposèrent en vain à l'entrée de ses troupes en Attique : Cléomène les défit, enferma Hippias dans l'enceinte appelée Pélargicon, et l'y assiégea avec l'aide des Athéniens. Cléomène était encore là quand les fils des Pisistratides, qui cherchaient à s'enfuir, furent faits prisonniers. Les tyrans traitèrent aussitôt à la condition que leurs enfants auraient la vie sauve. Ils prirent cinq jours pour enlever tout ce qui leur appartenait, puis ils livrèrent l'Acropole aux Athéniens, sous l'archontat d'Harpagidès (511 a. C. n.). Il y avait juste dix-sept ans, depuis la mort de leur père, qu'ils exerçaient la tyrannie ; en tout, c'est-à-dire en comptant les années de Pisistrate, la tyrannie avait duré quarante-neuf ans.
|