HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, La Constitution d'Athènes

Chapitre 16

 Chapitre 16

[16] XVI. μὲν οὖν Πεισιστράτου τυραννὶς ἐξ ἀρχῆς τε κατέστη τοῦτον τὸν τρόπον, καὶ μεταβολὰς ἔσχεν τοσαύτας. διῴκει δ´ Πεισίστρατος, ὥσπερ εἴρηται, τὰ περὶ τὴν πόλιν μετρίως καὶ μᾶλλον πολιτικῶς τυραννικῶς. ἔν τε γὰρ τοῖς ἄλλοις φιλάνθρωπος ἦν καὶ πρᾷος καὶ τοῖς ἁμαρτάνουσι συγγνωμονικός, καὶ δὴ καὶ τοῖς ἀπόροις προεδάνειζε χρήματα πρὸς τὰς ἐργασίας, ὥστε διατρέφεσθαι γεωργοῦντας. τοῦτο δ´ ἐποίει δυοῖν χάριν, ἵνα μήτε ἐν τῷ ἄστει διατρίβωσιν, ἀλλὰ διεσπαρμένοι κατὰ τὴν χώραν, καὶ ὅπως εὐποροῦντες τῶν μετρίων καὶ πρὸς τοῖς ἰδίοις ὄντες, μήτ´ ἐπιθυμῶσι μήτε σχολάζωσιν ἐπιμελεῖσθαι τῶν κοινῶν. ἅμα δὲ συνέβαινεν αὐτῷ καὶ τὰς προσόδους γίγνεσθαι μείζους, ἐξεργαζομένης τῆς χώρας. ἐπράττετο γὰρ ἀπὸ τῶν γιγνομένων δεκάτην. διὸ καὶ τοὺς κατὰ δήμους κατεσκεύασε δικαστάς, καὶ αὐτὸς ἐξῄει πολλάκις εἰς τὴν χώραν, ἐπισκοπῶν καὶ διαλύων τοὺς διαφερομένους, ὅπως μὴ καταβαίνοντες εἰς τὸ ἄστυ παραμελῶσι τῶν ἔργων. τοιαύτης γάρ τινος ἐξόδου τῷ Πεισιστράτῳ γιγνομένης, συμβῆναί φασι τὰ περὶ τὸν ἐν τῷ Ὑμηττῷ γεωργοῦντα τὸ κληθὲν ὕστερον χωρίον ἀτελές. ἰδὼν γάρ τινα παντελῶς πέτρας σκάπτοντα καὶ ἐργαζόμενον, διὰ τὸ θαυμάσαι τὸν παῖδα ἐκέλευσεν ἐρέσθαι, τί γίγνεται ἐκ τοῦ χωρίου. δ´ὅσα κακὰ καὶ ὀδύναιἔφη, ‘καὶ τούτων τῶν κακῶν καὶ τῶν ὀδυνῶν Πεισίστρατον δεῖ λαβεῖν τὴν δεκάτην.’ μὲν οὖν ἄνθρωπος ἀπεκρίνατο ἀγνοῶν, δὲ Πεισίστρατος ἡσθεὶς διὰ τὴν παρρησίαν καὶ τὴν φιλεργίαν ἀτελῆ πάντων ἐποίησεν αὐτόν. οὐδὲν δὲ τὸ πλῆθος οὐδ´ ἐν τοῖς ἄλλοις παρώχλει κατὰ τὴν ἀρχήν, ἀλλ´ αἰεὶ παρεσκεύαζεν εἰρήνην καὶ ἐτήρει τὴν ἡσυχίαν· διὸ καὶ πολλάκις ἐθρύλλουν ὡς Πεισιστράτου τυραννὶς ἐπὶ Κρόνου βίος εἴη· συνέβη γὰρ ὕστερον διαδεξαμένων τῶν υἱέων πολλῷ γενέσθαι τραχυτέραν τὴν ἀρχήν. μέγιστον δὲ πάντων ἦν τῶν εἰρημένων τὸ δημοτικὸν εἶναι τῷ ἤθει καὶ φιλάνθρωπον. ἔν τε γὰρ τοῖς ἄλλοις ἐβούλετο πάντα διοικεῖν κατὰ τοὺς νόμους, οὐδεμίαν ἑαυτῷ πλεονεξίαν διδούς, καί ποτε προσκληθεὶς φόνου δίκην εἰς Ἄρειον πάγον, αὐτὸς μὲν ἀπήντησεν ὡς ἀπολογησόμενος, δὲ προσκαλεσάμενος φοβηθεὶς ἔλιπεν. διὸκαὶ πολὺν χρόνον ἔμεινεν ἐν τῇ ἀρχῇ, καὶ ὅτ´ ἐκπέσοι πάλιν ἀνελάμβανε ῥᾳδίως. ἐβούλοντο γὰρ καὶ τῶν γνωρίμων καὶ τῶν δημοτικῶν οἱ πολλοί. τοὺς μὲν γὰρ ταῖς ὁμιλίαις, τοὺς δὲ ταῖς εἰς τὰ ἴδια βοηθείαις προςήγετο, καὶ πρὸς ἀμφοτέρους ἐπεφύκει καλῶς. ἦσαν δὲ καὶ τοῖς Ἀθηναίοις οἱ περὶ τῶν τυράννων νόμοι πρᾷοι κατ´ ἐκείνους τοὺς καιρούς, οἵ τ´ ἄλλοι καὶ δὴ καὶ μάλιστα καθήκων πρὸς τὴν τῆς τυραννίδος κατάστασιν. νόμος γὰρ αὐτοῖς ἦν ὅδε. ‘θέσμια τάδε Ἀθηναίων καὶ πάτρια· ἐάν τινες τυραννεῖν ἐπανιστῶνται {ἐπὶ τυραννίδι}, συγκαθιστῇ τὴν τυραννίδα, ἄτιμον εἶναι καὶ αὐτὸν καὶ γένος.’ [16] CHAPITRE XVI : Caractère de son gouvernement. C'est ainsi qu'au début fut établie la tyrannie de Pisistrate, et ce furent là ses vicissitudes. Pisistrate, comme nous l'avons dit, gouverna la cité moins en tyran qu'en citoyen respectueux de la Constitution. Il avait l'abord facile et plein de douceur, et se montrait indulgent à toutes les fautes. Il faisait aux pauvres, pour l'exploitation de leurs terres, des avances d'argent qui leur permettaient de ne pas interrompre leurs travaux de culture. Il agissait ainsi pour deux raisons : il voulait qu'au lieu de vivre à la ville, ils fussent dispersés dans la campagne, et que parvenant à l'aisance et préoccupés de leurs seuls intérêts, ils n'eussent ni le désir, ni le loisir de s'occuper des affaires publiques. En même temps, plus on cultivait la terre, plus ses propres revenus s'accroissaient : car Pisistrate percevait la dîme des fruits. Pour toutes ces raisons, il établit les juges des dèmes, et lui-même sortait souvent dans la campagne pour se rendre compte des choses et régler les différends, afin qu'on n'eût pas à négliger les champs pour venir à la ville. C'est dans une de ces tournées qu'il arriva à Pisistrate cette aventure bien connue : il vit, dans la région de l'Hymette, un paysan qui cultivait le champ appelé depuis le Champ-Franc. Le bonhomme ne remuait que des cailloux, et Pisistrate, surpris, fit demander par son esclave ce qu'on retirait du champ : « Dieu que maux et peines, répondit le paysan, et encore, faut-il que Pisistrate en prélève la dîme. » II avait répondu sans connaître Pisistrate, mais celui-ci, charmé de cette franchise en même temps que de cette ardeur au travail, l'exempta de tout impôt. Pas une des mesures de son gouvernement ne fut vexatoire pour le peuple. Il prépara toujours la paix et sut maintenir le calme à l'intérieur de la cité ; de là l'expression proverbiale qu'on répéta souvent dans la suite : « Vivre sous la tyrannie de Pisistrate, c'était vivre du temps de Cronos. » Ce n'est en effet que plus tard et par les excès de ses fils, que la tyrannie devint de jour en jour plus dure. Ce qu'on louait le plus en lui, c'étaient ses manières, qui dénotaient un ami du peuple, et sa bienveillance. D'ailleurs, en toute son administration, il se conforma aux lois, sans s'arroger aucune prérogative : appelé un jour à comparaître devant l'Aréopage comme prévenu de meurtre, il se présenta lui-même en homme prêt à se défendre ; ce fut l'accusateur, effrayé, qui fit défaut. Voilà pourquoi sa tyrannie dura longtemps et pourquoi, après chacune de ses chutes, il n'eut pas de peine à ressaisir le pouvoir. Il avait en effet pour lui le bon vouloir de la plupart des nobles : et des gens du parti populaire : également bien disposé pour les uns et pour les autres, il gagnait les uns par ses relations d'amitié, les autres par des services personnels. Les lois des Athéniens sur la tyrannie étaient alors peu sévères, celle surtout qui visait les entreprises des tyrans et dont voici le texte : Les lois athéniennes établies par nos pères portent que quiconque aspire à la tyrannie ou forme un complot pour l'établir, sera frappé d'atimie dans sa personne et dans sa race.


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Dernière mise à jour : 1/07/2010