[14] XIV.
Δημοτικώτατος δ´ εἶναι δοκῶν ὁ Πεισίστρατος καὶ σφόδρ´ εὐδοκιμηκὼς ἐν τῷ πρὸς Μεγαρέας πολέμῳ, κατατραυματίσας ἑαυτὸν συνέπεισε τὸν δῆμον, ὡς ὑπὸ τῶν ἀντιστασιωτῶν ταῦτα πεπονθώς, φυλακὴν ἑαυτῷ δοῦναι τοῦ σώματος, Ἀριστίωνος γράψαντος τὴν γνώμην. λαβὼν δὲ τοὺς κορυνηφόρους καλουμένους, ἐπαναστὰς μετὰ τούτων τῷ δήμῳ, κατέσχε τὴν ἀκρόπολιν ἔτει δευτέρῳ καὶ τριακοστῷ μετὰ τὴν τῶν νόμων θέσιν, ἐπὶ Κωμέου ἄρχοντος. λέγεται δὲ Σόλωνα Πεισιστράτου τὴν φυλακὴν αἰτοῦντος ἀντιλέξαι καὶ εἰπεῖν ὅτι τῶν μὲν εἴη σοφώτερος, τῶν δ´ ἀνδρειότερος· ὅσοι μὲν γὰρ ἀγνοοῦσι Πεισίστρατον ἐπιτιθέμενον τυραννίδι, σοφώτερος εἶναι τούτων, ὅσοι δ´ εἰδότες κατασιωπῶσιν, ἀνδρειότερος. ἐπεὶ δὲ λέγων οὐκ ἔπειθεν, ἐξαράμενος τὰ ὅπλα πρὸ τῶν θυρῶν, αὐτὸς μὲν ἔφη βεβοηθηκέναι τῇ πατρίδι, καθ´ ὅσον ἦν δυνατός (ἤδη γὰρ σφόδρα πρεσβύτης ἦν), ἀξιοῦν δὲ καὶ τοὺς ἄλλους ταὐτὸ τοῦτο ποιεῖν. Σόλων μὲν οὖν οὐδὲν ἤνυσεν τότε παρακαλῶν. Πεισίστρατος δὲ λαβὼν τὴν ἀρχὴν διῴκει τὰ κοινά, πολιτικῶς μᾶλλον ἢ τυραννικῶς.
οὔπω δὲ τῆς ἀρχῆς ἐρριζωμένης, ὁμοφρονήσαντες οἱ περὶ τὸν Μεγακλέα καὶ τὸν Λυκοῦργον, ἐξέβαλον αὐτὸν ἕκτῳ ἔτει μετὰ τὴν πρώτην κατάστασιν, ἐφ´ Ἡγησίου ἄρχοντος. ἔτει δὲ δωδεκάτῳ μετὰ ταῦτα περιελαυνόμενος ὁ Μεγακλῆς τῇ στάσει, πάλιν ἐπικηρυκευσάμενος πρὸς τὸν Πεισίστρατον, ἐφ´ ᾧ τε τὴν θυγατέρα αὐτοῦ λήψεται, κατήγαγεν αὐτὸν ἀρχαίως καὶ λίαν ἁπλῶς. προδιασπείρας γὰρ λόγον, ὡς τῆς Ἀθηνᾶς καταγούσης Πεισίστρατον, καὶ γυναῖκα μεγάλην καὶ καλὴν ἐξευρών, ὡς μὲν Ἡρόδοτός φησιν ἐκ τοῦ δήμου τῶν Παιανιέων, ὡς δ´ ἔνιοι λέγουσιν ἐκ τοῦ Κολλυτοῦ στεφανόπωλιν Θρᾷτταν, ᾗ ὄνομα Φύη, τὴν θεὸν ἀπομιμησάμενος τῷ κόσμῳ, συνεισήγαγεν μετ´ αὐτοῦ· καὶ ὁ μὲν Πεισίστρατος ἐφ´ ἅρματος εἰσήλαυνε, παραιβατούσης τῆς γυναικός, οἱ δ´ ἐν τῷ ἄστει προσκυνοῦντες ἐδέχοντο θαυμάζοντες.
| [14] CHAPITRE XIV : Tyrannie de Pisistrate. Son premier exil.
Pisistrate, qui passait donc pour le plus résolu partisan de la démocratie, et qui s'était illustré dans la guerre contre Mégare, se fit un jour lui-même une blessure, puis il persuada au peuple que c'étaient ses adversaires qui l'avaient ainsi maltraité, et qu'il fallait lui donner une garde du corps : la proposition fut faite par Aristion. On lui donna ceux qu'on appela les porte-massue, et, marchant contre le peuple avec leur aide, il prit possession de l'Acropole, trente-deux ans après l'établissement des lois de Solon, sous l'archontat de Coméas. On rapporte que, lorsque Pisistrate demanda des gardes du corps (560 a. C. n.), Solon lui fit opposition, disant : « J'aurai plus de perspicacité que les uns et plus de courage que les autres : plus de perspicacité que tous ceux qui ne comprennent pas que Pisistrate prétend à la tyrannie; plus de courage que ceux qui, sans l'ignorer, se taisent. » Comme ses paroles restaient sans effet, il suspendit ses armes au-dessus de sa porte, et dit qu'il avait servi sa patrie aussi longtemps qu'il l'avait pu -il était déjà très vieux, - et que c'était au tour des autres d'en faire autant. Mais Solon n'aboutit à rien par ses exhortations. Au reste, Pisistrate, maître du pouvoir, administra la cité moins en tyran qu'en citoyen respectueux de la Constitution.
Son pouvoir n'avait pas encore pris de fortes racines, quand les partisans de Mégaclès et ceux de Lycurgue s'associèrent pour le chasser : cela eut lieu cinq ans après le premier établissement de Pisistrate (555 a. C. n.), et sous l'archontat d'Hégésias. Onze ans après, Mégaclès, menacé par ses propres partisans, entra en pourparlers avec lui ; il lui imposa comme condition d'épouser sa fille, et le fit rentrer par un artifice digne des anciens temps, et d'une extrême simplicité. Il fit courir le bruit qu'Athéna allait ramener Pisistrate, puis, ayant découvert une femme grande et belle, originaire du dème de Paeania, suivant Hérodote, marchande de couronnes d'origine thrace, du quartier de Collytos, selon d'autres, et nommée Phyé, il la costuma en Athéna, et la fit entrer dans la ville avec Pisistrate. Celui-ci fit son entrée sur un char, ayant cette femme à ses côtés, et les habitants, prosternés, les reçurent avec une pieuse admiration.
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