[14] CHAPITRE XIV.
§ 1. Κινήσεως δέ ἐστιν εἴδη ἕξ· γένεσις, φθορά, αὔξησις, μείωσις, ἀλλοίωσις, κατὰ τόπον μεταβολή.
§ 2. Αἱ μὲν οὖν ἄλλαι κινήσεις φανερὸν ὅτι ἕτεραι ἀλλήλων εἰσίν· οὐ γάρ ἐστιν ἡ γένεσις φθορὰ οὐδέ γε ἡ αὔξησις μείωσις οὐδὲ ἡ κατὰ τόπον μεταβολή†, ὡσαύτως δὲ καὶ αἱ ἄλλαι·
§ 3. ἐπὶ δὲ τῆς ἀλλοιώσεως ἔχει τινὰ ἀπορίαν, μήποτε ἀναγκαῖον ᾖ τὸ ἀλλοιούμενον κατά τινα τῶν λοιπῶν κινήσεων ἀλλοιοῦσθαι.
§ 4. Τοῦτο δὲ οὐκ ἀληθές ἐστιν· σχεδὸν γὰρ κατὰ πάντα τὰ πάθη ἢ τὰ πλεῖστα ἀλλοιοῦσθαι συμβέβηκεν ἡμῖν οὐδεμιᾶς τῶν ἄλλων κινήσεων κοινωνοῦσιν· οὔτε γὰρ αὔξεσθαι ἀναγκαῖον τὸ κατὰ πάθος κινούμενον οὔτε μειοῦσθαι, ὡσαύτως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων, ὥσθ´ ἑτέρα ἂν εἴη παρὰ τὰς ἄλλας κινήσεις ἡ ἀλλοίωσις· εἰ γὰρ ἦν ἡ αὐτή, ἔδει τὸ ἀλλοιούμενον εὐθὺς καὶ αὔξεσθαι ἢ μειοῦσθαι ἤ τινα τῶν ἄλλων ἀκολουθεῖν κινήσεων· ἀλλ´ οὐκ ἀνάγκη.
§ 5. Ὡσαύτως δὲ καὶ τὸ αὐξόμενον ἤ τινα ἄλλην κίνησιν κινούμενον ἀλλοιοῦσθαι· ἀλλ´ ἔστι τινὰ αὐξανόμενα ἃ οὐκ ἀλλοιοῦται· οἷον τὸ τετράγωνον γνώμονος περιτεθέντος ηὔξηται μέν, ἀλλοιότερον δὲ οὐδὲν γεγένηται· ὡσαύτως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων τῶν τοιούτων. ῝´Ωσθ´ ἕτεραι ἂν εἴησαν αἱ κινήσεις ἀλλήλων.
<16a> § 6. Ἔστι δὲ ἁπλῶς μὲν κίνησις ἠρεμίᾳ ἐναντίον· ταῖς δὲ καθ´ ἕκαστα, γενέσει μὲν φθορά, αὐξήσει δὲ μείωσις· τῇ δὲ κατὰ τόπον μεταβολῇ ἡ κατὰ τόπον ἠρεμία μάλιστα ἔοικεν ἀντικεῖσθαι, καὶ εἰ ἄρα ἡ εἰς τὸν ἐναντίον τόπον μεταβολή, οἷον τῇ κάτωθεν ἡ ἄνω, τῇ ἄνωθεν ἡ κάτω. Τῇ δὲ λοιπῇ τῶν ἀποδοθεισῶν κινήσεων οὐ ῥᾴδιον ἀποδοῦναι τί ποτέ ἐστιν ἐναντίον, ἔοικε δὲ οὐδὲν εἶναι αὐτῇ ἐναντίον, εἰ μή τις καὶ ἐπὶ ταύτης τὴν κατὰ τὸ ποιὸν ἠρεμίαν ἀντιθείη 〈ἢ〉 τὴ〈ν〉 εἰς τὸ ἐναντίον τοῦ ποιοῦ μεταβολή〈ν〉, καθάπερ καὶ ἐπὶ τῆς κατὰ τόπον μεταβολῆς τὴν κατὰ τόπον ἠρεμίαν ἢ τὴν εἰς τὸ ἐναντίον τόπον μεταβολήν, — § 7. ἔστι γὰρ ἡ ἀλλοίωσις μεταβολὴ κατὰ τὸ ποιόν·— ὥστε ἀντίκειται τῇ 〈κατὰ τὸ ποιὸν κινήσει ἡ〉 κατὰ τὸ ποιὸν ἠρεμία 〈ἢ〉 ἡ εἰς τὸ ἐναντίον τοῦ ποιοῦ μεταβολή, οἷον τὸ λευκὸν γίγνεσθαι τῷ μέλαν γίγνεσθαι· ἀλλοιοῦται γὰρ εἰς τὰ ἐναντία τοῦ ποιοῦ μεταβολῆς γιγνομένης.
| [14] CHAPITRE XIV.
§ 1. On distingue six espèces de mouvement: naissance ou génération, destruction, accroissement, décroissement, modification, déplacement dans le lieu.
§ 2. Évidemment tous ces mouvements diffèrent entre eux : la naissance n'est pas la destruction; l'accroissement n'est pas le décroissement, non plus que le déplacement, et ainsi du reste.
§ 3. Quant à la modification, on peut demander s'il n'est pas toujours nécessaire que ce qui est modifié le soit selon un des autres mouvements.
§ 4. Mais cette supposition n'est pas juste. Dans toutes nos sensations, ou du moins dans la plupart, il arrive que nous sommes modifiés sans qu'aucun autre mouvement ne vienne nous affecter. II n'est pas nécessaire, en effet, que ce qui est mû par une sensation s'accroisse ou diminue, ni qu'il éprouve aucun des autres mouvements. Ainsi donc la modification est bien réellement un mouvement d'espèce différente de toutes les autres. Si elle n'était qu'un mouvement de même nature, il faudrait que sur-le-champ la chose modifiée s'accrût ou diminuât, ou éprouvât un des autres mouvements; or, il n'en est rien.
§ 5. Et de même, il faudrait que ce qui croît ou est affecté de tout autre mouvement fût aussi modifié; mais il est des choses qui croissent sans être modifiées : par exemple, un quadrilatère, si on lui applique le gnomon, devient il est vrai plus grand, mais il n'est pas autre chose qu'un quadrilatère. Ceci peut être dit de toutes les choses du même genre, etc. Ainsi, tous ces mouvements sont différents les uns des autres.
<16a> § 6. D'une manière absolue, le repos est contraire au mouvement; mais chaque mouvement spécial est contraire à un autre mouvement spécial : la destruction à la génération, le décroissement à l'accroissement; le repos dans le lieu au déplacement dans le leu. Le déplacement dans un lieu contraire, pourrait plus que les autres mouvements sembler une modification : par exemple, le déplacement en haut est opposé au déplacement en bas, et réciproquement. Mais pour la modification, le dernier des mouvements énoncés, il ne serait pas facile de dire ce qui est son contraire. Rien, en effet, ne paraît lui être contraire à moins qu'on ne lui oppose le repos avec telle qualité ou bien le changement de la qualité dans son contraire; de même qu'au déplacement dans le lieu, on oppose le repos dans le lieu, ou le changement dans le sens contraire. § 7. La modification, en effet, est aussi un changement de qualité : ainsi, le repos dans une qualité ou bien le changement dans le contraire de cette qualité sera opposé au mouvement dans la qualité; ainsi devenir blanc sera opposé à devenir noir; car alors, l'objet est modifié, parce que le qualitatif vient à changer en ses contraires.
|