Texte grec :
[1200] ἀπὸ ληκυθίου σου τοὺς προλόγους διαφθερῶ.
(Εὐριπίδης) ἀπὸ ληκυθίου σὺ τοὺς ἐμούς;
(Αἰσχύλος) ἑνὸς μόνου.
ποιεῖς γὰρ οὕτως ὥστ᾽ ἐναρμόττειν ἅπαν,
καὶ κῳδάριον καὶ ληκύθιον καὶ θύλακον,
ἐν τοῖς ἰαμβείοισι. δείξω δ᾽ αὐτίκα.
1205 (Εὐριπίδης) ἰδού, σὺ δείξεις;
(Αἰσχύλος) φημί.
(Διόνυσος) καὶ δὴ χρὴ λέγειν.
(Εὐριπίδης)
”Αἴγυπτος, ὡς ὁ πλεῖστος ἔσπαρται λόγος,
ξὺν παισὶ πεντήκοντα ναυτίλῳ πλάτῃ
Ἄργος κατασχών --
(Αἰσχύλος) ληκύθιον ἀπώλεσεν.
(Διόνυσος)
τουτὶ τί ἦν τὸ ληκύθιον; οὐ κλαύσεται;
1210 λέγ᾽ ἕτερον αὐτῷ πρόλογον, ἵνα καὶ γνῶ πάλιν.
(Εὐριπίδης)
”Διόνυσος, ὃς θύρσοισι καὶ νεβρῶν δοραῖς
καθαπτὸς ἐν πεύκαισι Παρνασσὸν κάτα
πηδᾷ χορεύων“--
(Αἰσχύλος) ληκύθιον ἀπώλεσεν.
(Διόνυσος) οἴμοι πεπλήγμεθ᾽ αὖθις ὑπὸ τῆς ληκύθου.
1215 (Εὐριπίδης) ἀλλ᾽ οὐδὲν ἔσται πρᾶγμα· πρὸς γὰρ τουτονὶ
τὸν πρόλογον οὐχ ἕξει προσάψαι λήκυθον.
”οὐκ ἔστιν ὅστις πάντ᾽ ἀνὴρ εὐδαιμονεῖ·
ἢ γὰρ πεφυκὼς ἐσθλὸς οὐκ ἔχει βίον,
ἢ δυσγενὴς ὤν“--
(Αἰσχύλος) ληκύθιον ἀπώλεσεν.
1220 (Διόνυσος) Εὐριπίδη --
(Εὐριπίδης) τί ἔσθ᾽;
(Διόνυσος)
ὑφέσθαι μοι δοκεῖ·
τὸ ληκύθιον γὰρ τοῦτο πνευσεῖται πολύ.
(Εὐριπίδης)
οὐδ᾽ ἂν μὰ τὴν Δήμητρα φροντίσαιμί γε·
νυνὶ γὰρ αὐτοῦ τοῦτό γ᾽ ἐκκεκόψεται.
(Διόνυσος)
ἴθι δὴ λέγ᾽ ἕτερον κἀπέχου τῆς ληκύθου.
1225 (Εὐριπίδης) ”Σιδώνιόν ποτ᾽ ἄστυ Κάδμος ἐκλιπὼν
Ἀγήνορος παῖς“--
(Αἰσχύλος) ληκύθιον ἀπώλεσεν.
(Διόνυσος)
ὦ δαιμόνι᾽ ἀνδρῶν ἀποπρίω τὴν λήκυθον,
ἵνα μὴ διακναίσῃ τοὺς προλόγους ἡμῶν.
(Εὐριπίδης) τὸ τί;
ἐγὼ πρίωμαι τῷδ᾽;
(Διόνυσος) ἐὰν πείθῃ γ᾽ ἐμοί.
1230 (Εὐριπίδης) οὐ δῆτ᾽, ἐπεὶ πολλοὺς προλόγους ἕξω λέγειν
ἵν᾽ οὗτος οὐχ ἕξει προσάψαι ληκύθιον.
”Πέλοψ ὁ Ταντάλειος ἐς Πῖσαν μολὼν
θοαῖσιν ἵπποις“--
(Αἰσχύλος) ληκύθιον ἀπώλεσεν.
(Διόνυσος)
ὁρᾷς, προσῆψεν αὖθις αὖ τὴν λήκυθον.
1235 ἀλλ᾽ ὦγάθ᾽ ἔτι καὶ νῦν ἀπόδος πάσῃ τέχνῃ·
λήψει γὰρ ὀβολοῦ πάνυ καλήν τε κἀγαθήν.
(Εὐριπίδης)
μὰ τὸν Δί᾽ οὔπω γ᾽· ἔτι γὰρ εἰσί μοι συχνοί.
”Οἰνεύς ποτ᾽ ἐκ γῆς“--
(Αἰσχύλος) ληκύθιον ἀπώλεσεν.
(Εὐριπίδης)
ἔασον εἰπεῖν πρῶθ᾽ ὅλον με τὸν στίχον.
1240 ”Οἰνεύς ποτ᾽ ἐκ γῆς πολύμετρον λαβὼν στάχυν
θύων ἀπαρχάς“--
(Αἰσχύλος) ληκύθιον ἀπώλεσεν.
(Διόνυσος) μεταξὺ θύων; καὶ τίς αὔθ᾽ ὑφείλετο;
(Εὐριπίδης)
ἔα αὐτὸν ὦ τᾶν· πρὸς τοδὶ γὰρ εἰπάτω.
”Ζεύς, ὡς λέλεκται τῆς ἀληθείας ὕπο“--
1245 (Διόνυσος) ἀπολεῖ σ᾽· ἐρεῖ γάρ, ”ληκύθιον ἀπώλεσεν“.
τὸ ληκύθιον γὰρ τοῦτ᾽ ἐπὶ τοῖς προλόγοισί σου
ὥσπερ τὰ σῦκ᾽ ἐπὶ τοῖσιν ὀφθαλμοῖς ἔφυ.
ἀλλ᾽ ἐς τὰ μέλη πρὸς τῶν θεῶν αὐτοῦ τραποῦ.
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Traduction française :
[1200] d'un seul petit lécythe je mettrai à néant tes prologues.
EURIPIDE. Toi, mes prologues, d'un seul petit lécythe !
ESCHYLE. D'un seul. Tu fais de façon qu'on peut adapter quoi
que ce soit, "petite toison, petit lékythe, petit sac", à tes iambes :
je le montrerai tout de suite.
EURIPIDE. Voyons ; toi, le montrer ?
ESCHYLE. Je l'affirme.
DIONYSOS. Il faut le prouver : parle.
EURIPIDE. "Egyptos, selon la tradition répandue, accompagné
de ses cinquante fils, faisant voile vers Argos..."
ESCHYLE. A perdu son petit lécythe.
EURIPIDE. Qu'est-ce que c'est que ce lécythe ? Ne va-t-on pas le
faire crier ?
DIONYSOS. Récite-lui un autre prologue, afin qu'il voie encore.
EURIPIDE. "Dionysos, qui, armé de thyrses et couvert de peaux
de faon, danse sur le Parnasos, à la lueur des torches..."
ESCHYLE. A perdu son petit lécythe.
DIONYSOS, Hélas ! nous voilà de nouveau frappés par le petit
lécythe.
EURIPIDE. Mais cela n'arrivera plus : il ne pourra pas à ce
prologue ajuster son petit lékythe. "Il n'est pas d'homme
heureux en tout point : l'un, issu d'une illustre origine, n'a pas de
quoi vivre; l'autre, d'une basse naissance..."
ESCHYLE. A perdu son petit lécythe.
DIONYSOS. Euripide !
EURIPIDE. Qu'y a-t-il ?
DIONYSOS. Je crois qu'il te faut carguer la voile : ce petit
lécythe va souffler violemment.
EURIPIDE. Par Démétér ! je ne m'en ferai pas de souci : à
l'instant même il va être brisé.
DIONYSOS. Allons, dis-en un autre ; mais gare le petit lécythe.
EURIPIDE. « Cadmos, fils d'Agénor, ayant un jour quitté la ville
de Sidon... »
ESCHYLE. A perdu son petit lécythe.
DIONYSOS. Ah ! mon pauvre ami, achète ce petit lécythe, pour
qu'il ne gâte pas nos prologues.
EURIPIDE. Eh quoi ! moi, j'achèterais quelque chose de lui ?
DIONYSOS. Oui, si tu m'en crois.
EURIPIDE. Jamais ; j'ai encore à dire beaucoup de prologues,
auxquels il ne ne trouvera pas moyen d'adapter son petit
lékythe. « Pélops, fils de Tantalos, étant venu à Pisa sur de
rapides coursiers... »
ESCHYLE. A perdu son petit lécythe.
DIONYSOS. Tu vois, il a encore ajusté son petit lécythe. Allons,
mon bon, cède-le maintenant, à quelque prix que ce soit ; pour
une obole, tu en auras un tout à fait bel et bon.
EURIPIDE. Non, non, de par Zeus ! J'ai encore bien des
prologues. "OEneus dans les champs... »
ESCHYLE. A perdu son petit lécythe.
EURIPIDE. Laisse-moi d'abord dire le vers tout entier. "OEneus,
dans les champs, ayant fait une abondante récolte et offert les
prémices... "
ESCHYLE. A perdu son petit lécythe.
DIONYSOS. Pendant le sacrifice ? Et qui donc le lui a enlevé ?
EURIPIDE. Laisse-le, mon cher : qu'il essaie avec celui-ci. «
Zeus, comme on l'a dit en toute vérité... »
DIONYSOS. Tu es perdu; il va dire : « A perdu son petit
lécythe. » Ce lécythe, en effet, est à tes prologues comme un pic
qui s'attache aux yeux. Mais, au nom des dieux, passons à la
partie lyrique.
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