[83] Σινώπη δ' ἀντεῖχεν ἔτι καρτερῶς, καὶ διεναυμάχησεν οὐ κακῶς.
Πολιορκούμενοι δὲ τὰς ναῦς τὰς βαρυτέρας σφῶν διέπρησαν, καὶ ἐς τὰς
κουφοτέρας ἐμβάντες ἀπέδρασαν. Λεύκολλος δὲ τὴν πόλιν εὐθὺς ἐλευθέραν
ἠφίει δι' ἐνύπνιον, ὃ τοιόνδε ἦν. Αὐτόλυκόν φασιν, ἐπὶ τὰς Ἀμαζόνας
Ἡρακλεῖ συστρατεύοντα, ὑπὸ χειμῶνος ἐς Σινώπην καταχθῆναι καὶ τῆς πόλεως
κρατῆσαι· ἀνδριάς τε σεβάσμιος τοῖς Σινωπεῦσιν ἔχρα, ὃν οἱ μὲν Σινωπεῖς οὐ
φθάσαντες ἐς φυγὴν ἐπαγαγέσθαι, ὀθόναις καὶ καλῳδίοις περιέδησαν· οὐδὲν δ'
ὁ Λεύκολλος εἰδὼς οὐδὲ προμαθὼν ἔδοξεν ὑπ' αὐτοῦ κληθεὶς ὁρᾶν αὐτόν, καὶ
τῆς ἐπιούσης τὸν ἀνδριάντα τινῶν περιβεβλημένον παραφερόντων ἐκλῦσαι
κελεύσας, εἶδεν οἷον ἔδοξε νυκτὸς ἑωρακέναι. Τὸ μὲν δὴ ἐνύπνιον τοιόνδε
ἦν, Λεύκολλος δὲ καὶ Ἀμισὸν ἐπὶ τῇ Σινώπῃ συνῴκιζεν, ἐκφυγόντων μὲν ὁμοίως
τῶν Ἀμισέων διὰ θαλάσσης, πυνθανόμενος δ' ὑπ' Ἀθηναίων αὐτοὺς
θαλασσοκρατούντων συνῳκίσθαι, καὶ δημοκρατίᾳ χρησαμένους ἐπὶ πολὺ τοῖς
Περσικοῖς βασιλεῦσιν ὑπακοῦσαι, ἀναγαγόντος δ' αὐτοὺς ἐς τὴν δημοκρατίαν
ἐκ προστάγματος Ἀλεξάνδρου πάλιν δουλεῦσαι τοῖς Ποντικοῖς. Ἐφ' οἷς ἄρα
συμπαθὴς ὁ Λεύκολλος γενόμενός τε, καὶ φιλοτιμούμενός γε καὶ ὅδε ἐπὶ
Ἀλεξάνδρῳ περὶ γένος Ἀττικόν, αὐτόνομον ἠφίει τὴν πόλιν καὶ τοὺς Ἀμισέας
κατὰ τάχος συνεκάλει. Ὧδε μὲν δὴ Σινώπην καὶ Ἀμισὸν Λεύκολλος ἐπόρθει τε
καὶ συνῴκιζε, καὶ Μαχάρῃ τῷ παιδὶ τῷ Μιθριδάτου, Βοσπόρου τε βασιλεύοντι
καὶ στέφανόν οἱ πέμψαντι ἀπὸ χρυσοῦ, φιλίαν συνέθετο, Μιθριδάτην δ' ἐξῄτει
παρὰ Τιγράνους. Καὶ ἐς τὴν Ἀσίαν αὐτὸς ἐπανελθών, ὀφείλουσαν ἔτι τῶν
Συλλείων ἐπιβολῶν, τέταρτα μὲν ἐπὶ τοῖς καρποῖς, τέλη δ' ἐπὶ τοῖς
θεράπουσι καὶ ταῖς οἰκίαις ὥριζεν. Καὶ ἐπινίκια ἔθυεν ὡς δὴ τὸν πόλεμον
κατωρθωκώς.
| [83] Sinope continua à lui résister vigoureusement, et les habitants
livrèrent un combat naval non sans succès, mais quand ils furent assiégés
ils brûlèrent leurs navires les plus lourds, embarquèrent sur les plus
légers, et s'en allèrent. Lucullus immédiatement en fit une ville libre,
poussé par le rêve suivant. On dit qu'Autolycos, compagnon d'Hercule dans
son expédition contre les Amazones, fut conduit par une tempête à Sinope
et se rendit maître de la ville, et que la statue qu'on lui consacra
rendait des oracles aux habitants de Sinope. Pendant qu'ils s'enfuyaient
ils ne purent l'embarquer, mais l'enveloppèrent avec des tissus de toile
et des cordes. Personne ne l'avait dit à Lucullus et il ne savait rien à
son sujet, mais il rêva qu'Autolycus l'appelait et qu'il le voyait; et le
jour suivant, quand des hommes lui apportèrent la statue enveloppée, il
leur ordonna d'enlever la bâche et alors il vit ce qu'il pensait avoir vu
la nuit. Voilà le rêve qu'il eut. Après Sinope Lucullus ramena dans leurs
demeures les citoyens d'Amisos, qui s'étaient sauvés de la même manière
par la mer, parce qu'il avait appris qu'ils avaient été emmenés là par
Athènes quand elle dominait la mer ; qu'ils avaient eu un gouvernement
démocratique au début, et qu'après ils avaient été soumis pendant
longtemps aux rois de Perse ; que leur démocratie leur avait été rétablie
par un décret d'Alexandre, et qu'ils avaient été finalement obligés de
servir les rois du Pont. Lucullus eut de la sympathie pour eux, et voulant
être à la hauteur de la faveur montrée au peuple attique par Alexandre il
donna à la ville sa liberté et a rappela les citoyens de Sinope le plus
rapidement possible. Ainsi Lucullus dévasta et repeupla Sinope et Amisos.
Il entra dans les relations amicales avec Machares, le fils de Mithridate
et le gouverneur le Bosphore, qui lui envoya une couronne d'or. Il exigea
de Tigrane la reddition de Mithridate. Alors il rentra dans la province de
l'Asie. Comme l'acompte de l'hommage imposé par Sylla restait dû il
préleva le quart de la moisson, et a imposa une taxe sur les demeures et
sur les esclaves. Il offrit un sacrifice triomphal aux dieux pour la fin de la guerre.
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