[28] V. Καὶ ὁ μὲν ἐπὶ τοῖσδε ἦν, κατὰ δὲ τὴν Ἑλλάδα τοιάδε ἐγίγνετο.
Ἀρχέλαος ἐπιπλεύσας καὶ σίτῳ καὶ στόλῳ πολλῷ, Δῆλόν τε ἀφισταμένην ἀπὸ
Ἀθηναίων καὶ ἄλλα χωρία ἐχειρώσατο βίᾳ καὶ κράτει. Κτείνας δ' ἐν αὐτοῖς
δισμυρίους ἄνδρας, ὧν οἱ πλέονες ἦσαν Ἰταλοί, τὰ χωρία προσεποιεῖτο τοῖς
Ἀθηναίοις· καὶ ἀπὸ τοῦδε αὐτούς, καὶ τὰ ἄλλα κομπάζων περὶ τοῦ Μιθριδάτου
καὶ ἐς μέγα ἐπαίρων, ἐς φιλίαν ὑπηγάγετο· τά τε χρήματα αὐτοῖς τὰ ἱερὰ
ἔπεμπεν ἐκ Δήλου δι' Ἀριστίωνος ἀνδρὸς Ἀθηναίου, συμπέμψας φυλακὴν τῶν
χρημάτων ἐς δισχιλίους ἄνδρας, οἷς ὁ Ἀριστίων συγχρώμενος ἐτυράννησε τῆς
πατρίδος, καὶ τῶν Ἀθηναίων τοὺς μὲν εὐθὺς ἔκτεινεν ὡς ῥωμαΐζοντας, τοὺς δ'
ἀνέπεμψεν ἐς Μιθριδάτην, καὶ ταῦτα μέντοι σοφίαν τὴν Ἐπικούρειον ἠσκηκώς.
Ἀλλὰ γὰρ οὐχ ὅδε μόνος Ἀθήνησιν, οὐδὲ Κριτίας ἔτι πρὸ τούτου, καὶ ὅσοι τῷ
Κριτίᾳ συμφιλοσοφοῦντες ἐτυράννησαν, ἀλλὰ καὶ ἐν Ἰταλίᾳ τῶν πυθαγορισάντων
καὶ ἐν τῇ ἄλλῃ Ἑλλάδι τῶν ἑπτὰ σοφῶν λεγομένων ὅσοι πραγμάτων ἐλάβοντο,
ἐδυνάστευσάν τε καὶ ἐτυράννησαν ὠμότερον τῶν ἰδιωτικῶν τυράννων, ὥστε καὶ
περὶ τῶν ἄλλων φιλοσόφων ἄπορον ποιῆσαι καὶ ὕποπτον, εἴτε δι' ἀρετήν, εἴτε
πενίας καὶ ἀπραξίας τὴν σοφίαν ἔθεντο παραμύθιον, ὧν γε καὶ νῦν πολλοὶ
ἰδιωτεύοντες καὶ πενόμενοι, καὶ τὴν ἀναγκαίαν ἐκ τῶνδε σοφίαν
περικείμενοι, τοῖς πλουτοῦσιν ἢ ἄρχουσι λοιδοροῦνται πικρῶς, οὐχ ὑπεροψίας
πλούτου καὶ ἀρχῆς δόξαν σφίσι μᾶλλον ἢ ζηλοτυπίας ἐς αὐτὰ προφέροντες.
Ὑπερορῶσι δ' αὐτῶν οἱ βλασφημούμενοι πολὺ σοφώτερον. Ταῦτα μὲν οὖν
ἡγήσαιτο ἄν τις ἐς Ἀριστίωνα τὸν φιλόσοφον εἰρημένα, αὐτὸν αἴτιον τῆς
ἐκβολῆς τῷ λόγῳ γενόμενον·
| [28] CHAPITRE V.
Tandis que Mithridate s'occupait ainsi, voici ce qui se passait en
Grèce : Archélaos, qui naviguait avec des vivres en abondance et une
grande flotte, s'empara par la force et la violence de Délos et d'autres
places qui s'étaient révoltées contre Athènes. Il tua 20.000 hommes dans
ces places (la plupart étaient des Italiens), et fit rendre les places aux
Athéniens. De cette façon, en vantant Mithridate et en le magnifiant, il
réussit à faire entrer les Athéniens dans son alliance. Archélaos leur
envoya le trésor sacré de Délos par les mains d'Aristion, citoyen
athénien, accompagné de 2.000 soldats pour surveiller l'argent. Aristion
se servit de ces soldats pour se rendre maître du pays, mettant à mort
immédiatement certains Athéniens qui favorisaient les Romains et en envoya
d'autres à Mithridate. Et cela, bien qu'il ait professé d'être un
philosophe de l'école d'Epicure. Il n'était pas le seul à Athènes qui ait
pactisé avec les tyrans (ainsi avant lui Critias et ses disciples).
Mais en l'Italie aussi une partie des Pythagoriciens et ceux qu'on connaît sous
le nom des Sept Sages dans d'autres régions du monde grec, se sont mis en
tête de s'occuper des affaires publiques, ont régné cruellement et sont
devenus de plus grands tyrans que les tyrans ordinaires ; c'est pourquoi
on s'est mis à douter et à soupçonner les autres philosophes : leurs
discours sur la sagesse provient-il d'un amour de la vertu ou comme
consolation de leur pauvreté et de leur échec. Nous voyons beaucoup de ces
derniers encore maintenant, obscurs et frappés par la pauvreté, se draper
de la philosophie comme une question de nécessité, et faisant d'amers
reproches aux riches et aux puissants, non parce qu'ils méprisent vraiment
la richesse et la puissance, mais parce qu'ils envient ceux qui possèdent
des ceux choses. Ceux qui sont diffamés par eux ont une bien meilleure
raison de les dédaigner.
Les lecteurs peuvent considérer que ces paroles se rapportent au
philosophe Aristion, qui est la cause de cette digression.
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