[109] Ὁ δὲ καὶ τέκνων τοσῶνδε καὶ φρουρίων καὶ τῆς ἀρχῆς ὅλης ἀφῃρημένος,
καὶ ἐς οὐδὲν ἀξιόμαχος ἔτι ὤν, οὐδὲ τῆς Σκυθῶν συμμαχίας ἡγούμενος ἂν
τυχεῖν, ὅμως οὐδὲν οὐδὲ τότε ἢ ταπεινὸν ἢ συμφορῶν ἄξιον ἐνεθυμεῖτο, ἀλλ'
ἐς Κελτούς, ἐκ πολλοῦ φίλους ἐπὶ τῷδέ οἱ γεγονότας, ἐπενόει διελθὼν ἐς τὴν
Ἰταλίαν σὺν ἐκείνοις ἐμβαλεῖν, ἐλπίζων οἱ πολλὰ καὶ τῆς Ἰταλίας αὐτῆς
ἔχθει Ῥωμαίων προσέσεσθαι, πυνθανόμενος ὧδε καὶ Ἀννίβαν πρᾶξαι
πολεμούμενον ἐν Ἰβηρίᾳ, καὶ ἐπιφοβώτατον ἐκ τοῦδε Ῥωμαίοις γενέσθαι. ᾜδει
δὲ καὶ ἔναγχος τὴν Ἰταλίαν σχεδὸν ἅπασαν ἀπὸ Ῥωμαίων ἀποστᾶσαν ὑπὸ ἔχθους,
καὶ ἐπὶ πλεῖστον αὐτοῖς πεπολεμηκυῖαν, Σπαρτάκῳ τε μονομάχῳ συστᾶσαν ἐπ'
αὐτούς, ἀνδρὶ ἐπ' οὐδεμιᾶς ἀξιώσεως ὄντι. Ταῦτα ἐνθυμούμενος ἐς Κελτοὺς
ἠπείγετο. Τοῦ δὲ τολμήματος ἂν αὐτῷ λαμπροτάτου γενομένου, ὁ στρατὸς ὤκνει
δι' αὐτὸ μάλιστα τῆς τόλμης τὸ μέγεθος, ἐπί τε χρόνιον στρατείαν καὶ ἐς
ἀλλοτρίαν γῆν ἀγόμενοι, καὶ ἐπὶ ἄνδρας ὧν οὐδ' ἐν τῇ σφετέρᾳ κρατοῦσιν.
Αὐτόν τε τὸν Μιθριδάτην ἡγούμενοι, πάντων ἀπογιγνώσκοντα, βούλεσθαί τι
δρῶντα καὶ βασιλιζόμενον μᾶλλον ἢ δι' ἀργίας ἀποθανεῖν, ὅμως ἐνεκαρτέρουν
καὶ ἡσύχαζον· οὐ γάρ τοι σμικρὸς οὐδ' εὐκαταφρόνητος ἦν ὁ βασιλεὺς οὐδ' ἐν
ταῖς συμφοραῖς.
| [109] Bien que privé de tant d'enfants, de forteresses, de son royaume
entier, nullement prêt pour la guerre, et bien qu'il ne pouvait attendre
aucune aide des Scythes, il pensait à des choses qui n'avaient rien à voir
avec sa situation actuelle et qui ne correspondaient pas aux malheurs
présents. Il projetait de se diriger vers la Gaule, dont il cultivait
l'amitié depuis longtemps à cette fin, et avec eux d'envahir l'Italie,
espérant que beaucoup d'Italiens le rejoindraient à cause de leur haine
pour les Romains ; il avait entendu dire que telle avait été la politique
d'Hannibal lors de sa guerre contre les Romains en Espagne, et que c'était
de cette façon qu'il était devenu la terreur des Romains. Il savait que
presque toute l'Italie venait de se révolter contre les Romains par haine
pour ceux-ci et avait fait la guerre contre eux pendant longtemps, et
avait soutenu Spartacus, le gladiateur, contre eux, bien que ce fût un
homme ignoble. Avec ces idées, il avait hâte de se rendre en Gaule, mais
ses soldats, bien que tentés par l'entreprise très audacieuse, furent
découragés surtout par son énormité, et par la distance de l'expédition
dans un territoire étranger, contre les hommes qu'ils ne pouvaient même
pas surmonter dans leur propre pays. Ils pensaient aussi que
Mithridate, dans son désespoir total, voulait finir sa vie d'une manière
brillante et royale plutôt que dans l'oisiveté. Aussi ils le toléraient et
restaient silencieux, parce que il n'y avait rien de médiocre ni de
méprisable chez lui même dans ses malheurs.
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