[60] Μετὰ δὲ τοῦτο ἐς τὰς ναῦς τὸ πλῆθος ἐμβιβάσας τὸ πνεῦμα
ἀνέμενεν, ὀλίγους ἐς φυλακὴν ἐπὶ τῆς γῆς καταλιπών. Οἱ δὲ Πετηλῖνοι καὶ
σὺν αὐτοῖς ἕτεροι Ἰταλοὶ ἐπέθεντο, καί τινας αὐτῶν κατασφάξαντες
ἀπέδρασαν. Ἀννίβας δ' ἐπὶ Λιβύης ἀνήγετο, ἑκκαίδεκα ἔτεσιν ὁμαλῶς
πορθήσας τε τὴν Ἰταλίαν, καὶ τοὺς ἄνδρας ἐμπλήσας κακῶν μυρίων καὶ ἐς
κίνδυνον ἔσχατον πολλάκις συναγαγών, τοῖς τε ὑπηκόοις αὑτοῦ καὶ
συμμάχοις ἐνυβρίσας ὡς πολεμίοις· ἅτε γὰρ καὶ τέως αὐτοῖς οὐκ ἐπ' εὐνοίᾳ
μᾶλλον ἢ χρείᾳ χρώμενος, οὐδὲν ἔχων ἔτι πρὸς αὐτῶν ὠφελεῖσθαι
κατεφρόνησεν ὡς πολεμίων.
| [60] Sur quoi il fit embarquer son armée et attendit un vent favorable,
laissant quelques garnisons à terre. Les Petalini et d'autres Italiens les
attaquèrent, en tuèrent certains d'entre eux, et puis se retirèrent. Hannibal
vogua vers l'Afrique, ayant dévasté l'Italie pendant seize ans, et infligé des
maux innombrables à ses habitants; il amena Rome plusieurs fois à la
dernière extrémité, et traita ses sujets et ses alliés avec le mépris qu'on a
pour des ennemis. En effet il s'était servi d'eux pendant tout ce temps,
non par une quelconque bonté d'âme mais par nécessité. Aussi
maintenant qu'ils ne lui étaient plus d'aucun davantage il les dédaigna et
les considéra comme des ennemis.
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