[4] Ἀννίβας δὲ ὅσα μὲν αὐτὸς καὶ οἱ μετ' αὐτὸν ἄλλοι Καρχηδονίων τε
καὶ Ῥωμαίων στρατηγοὶ περὶ Ἰβηρίαν ἔπραξαν, ἡ Ἰβηρικὴ γραφὴ δηλοῖ·
ἐπιλεξάμενος δὲ Κελτιβήρων τε καὶ Λιβύων καὶ ἑτέρων ἐθνῶν ὅτι
πλείστους, καὶ τὰ ἐν Ἰβηρίᾳ παραδοὺς Ἀσδρούβᾳ τῷ ἀδελφῷ, τὰ Πυρηναῖα
ὄρη διέβαινεν ἐς τὴν Κελτικὴν τὴν νῦν λεγομένην Γαλατίαν, ἄγων πεζοὺς
ἐνακισμυρίους καὶ ἱππέας ἐς δισχιλίους ἐπὶ μυρίοις καὶ ἐλέφαντας ἑπτὰ καὶ
τριάκοντα. Γαλατῶν δὲ τοὺς μὲν ὠνούμενος, τοὺς δὲ πείθων, τοὺς δὲ καὶ
βιαζόμενος, διώδευε τὴν χώραν. Ἐλθὼν δὲ ἐπὶ τὰ Ἄλπεια ὄρη, καὶ
μηδεμίαν μήτε δίοδον μήτε ἄνοδον εὑρών ἀπόκρημνα γάρ ἐστιν ἰσχυρῶς,
ἐπέβαινε κἀκείνοις ὑπὸ τόλμης, κακοπαθῶν χιονος τε πολλῆς οὔσης καὶ
κρύους, τὴν μὲν ὕλην τέμνων τε καὶ κατακαίων, τὴν δὲ τέφραν σβεννὺς
ὕδατι καὶ ὄξει, καὶ τὴν πέτραν ἐκ τοῦδε ψαφαρὰν γιγνομένην σφύραις
σιδηραῖς θραύων, καὶ ὁδὸν ποιῶν ἣ καὶ νῦν ἐστιν ἐπὶ τῶν ὀρῶν ἐντριβὴς
καὶ καλεῖται δίοδος Ἀννίβου. Τῶν δὲ τροφῶν αὐτὸν ἐπιλειπουσῶν ἠπείγετο
μέν, ἔτι λανθάνων ὅτι καὶ πάρεστιν ἐς τὴν Ἰταλίαν, ἕκτῳ δὲ μόλις ἀπὸ τῆς ἐξ
Ἰβήρων ἀναστάσεως μηνί, πλείστους ἀποβαλών, ἐς τὸ πεδίον ἐκ τῶν ὀρῶν
κατέβαινε.
| [4] Ce qu'a fait Hannibal lui-même et ce que les autres généraux
carthaginois et romains ont fait ensuite en Espagne, je l'ai rapporté dans
l'histoire espagnole. Hannibal, ayant enrôlé chez les Celtibères, les
Libyens et d'autres peuples le plus d'hommes possible et ayant remis les
affaires d'Ibérie à son frère Hasdrubal, passa par les monts Pyrénées
dans la Celtique appelée aujourd'hui Galatie. Il emmenait avec lui 90,000
fantassins, 12,000 chevaux environ et trente-sept éléphants. Des Galates
(Gaulois) il achète les uns, use envers les autres de persuasion ou de
violence et peut ainsi faire route par leur pays. Arrivé aux monts Alpes,
comme il ne trouve aucune route pour passer à travers ou par-dessus ces
montagnes fortement escarpées, il entre, il avance à force d'audace,
bravant les fatigues. Il y avait d'énormes couches de neige et de glace ; il
fait abattre et brûler une forêt, et, après avoir éteint le brasier immense
avec de l'eau et du vinaigre, la roche ainsi rendue friable, il la brise avec
des marteaux de fer et s'y ouvre une route. Ce chemin frayé dans les
montagnes existe encore aujourd'hui et s'appelle le Passage d'Hannibal.
Puis, comme les vivres faisaient défaut, il se hâte, et l'on ignorait encore
sa marche que, déjà, il approchait de l'Italie. Ainsi à peine six mois après
son départ de l'Ibérie, ayant fait, il est vrai, de grandes pertes, il descend
des monts dans la plaine.
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