[3] Τρίτος δὲ ἐπὶ τοῖσδε στρατηγὸς Ἰβήρων ὑπὸ τῆς στρατιᾶς
ἀποδείκνυται, φιλοπόλεμος καὶ συνετὸς εἶναι δοκῶν, Ἀννίβας ὅδε, Βάρκα
μὲν υἱὸς ὤν, Ἀσδρούβου δὲ τῆς γυναικὸς ἀδελφός, νέος δὲ κομιδῇ, καὶ ὡς
μειράκιον ἔτι τῷ πατρὶ καὶ τῷ κηδεστῇ συνών. Καὶ ὁ δῆμος ὁ Καρχηδονίων
αὐτῷ τὴν στρατηγίαν ἐπεψήφισεν. Οὕτω μὲν Ἀννίβας, περὶ οὗ τάδε
συγγράφω, γίγνεται στρατηγὸς Καρχηδονίων ἐπ' Ἴβηρσι· τῶν δ' ἐχθρῶν
τῶν Βάρκα τε καὶ Ἀσδρούβου τοὺς φίλους τοὺς ἐκείνων διωκόντων, καὶ
Ἀννίβου τοῦδε καταφρονούντων ὡς ἔτι νέου, ἀρχὴν εἶναι τοῦθ' ὁ Ἀννίβας
ἐφ' ἑαυτὸν ἡγούμενος, καὶ νομίζων οἱ τὸ ἀσφαλὲς ἐκ τῶν τῆς πατρίδος
φόβων περιέσεσθαι, ἐς πόλεμον αὐτοὺς μέγαν ἐμβαλεῖν ἐπενόει.
Ὑπολαβὼν δ', ὥσπερ ἦν, τὸ Ῥωμαίοις ἐπιχειρῆσαι χρόνιόν τε
Καρχηδονίοις ἔσεσθαι, καὶ μεγάλην αὐτῷ δόξαν, εἰ καὶ τύχοι πταίσας, τό γε
ἐγχείρημα οἴσειν, λεγόμενος δὲ καὶ ὑπὸ τοῦ πατρὸς ἐπὶ βωμῶν ἔτι παῖς
ὁρκωθῆναι Ῥωμαίοις ἐπιβουλεύων οὔ ποτ' ἐκλείψειν, ἐπενόει παρὰ τὰς
σπονδὰς τὸν Ἴβηρα διαβῆναι, καὶ παρεσκεύαζέ τινας ἐς πρόφασιν
κατηγορεῖν Ζακανθαίων. Γράφων τε ταῦτα συνεχῶς ἐς Καρχηδόνα, καὶ
προστιθεὶς ὅτι Ῥωμαῖοι κρύφα τὴν Ἰβηρίαν αὐτῶν ἀφιστᾶσιν, ἔτυχε παρὰ
Καρχηδονίων πράσσειν ὅ τι δοκιμάσειεν. Ὁ μὲν δὴ τὸν Ἴβηρα διαβὰς τὴν
Ζακανθαίων πόλιν ἡβηδὸν διέφθειρε, Ῥωμαίοις δὲ καὶ Καρχηδονίοις ἐπὶ
τῷδε ἐλέλυντο αἱ σπονδαὶ αἱ γενόμεναι αὐτοῖς μετὰ τὸν πόλεμον τὸν ἐν
Σικελίᾳ.
| [3] Après eux, ce fut Hannibal qui fut choisi par l'armée comme
troisième commandant en Espagne parce qu'il paraissait avoir de grandes
aptitudes et avait des penchants pour la guerre. Il était le fils d'Hamilcar et
le frère de l'épouse d'Hasdrubal. C'était un très jeune homme dont les
premières années s'étaient passées en compagnie de son père et de son
beau-frère. Les habitants de Carthage entérinèrent son élection comme
général. C'est ainsi qu'Hannibal, dont je vais écrire l'histoire, devint le
commandant des Carthaginois contre les Espagnols. Les ennemis
d'Hamilcar et d'Hasdrubal à Carthage continuèrent à persécuter les amis
de ces derniers, dédaignant Hannibal à cause de sa jeunesse. Ce dernier,
croyant que cette persécution était le commencement d'une offensive
contre lui et qu'il pourrait assurer sa propre sécurité en faisant peur à son
pays, imagina de l'impliquer dans une grande guerre. Il supposait (et ce
fut ce qui arriva) qu'une guerre entre Romains et Carthaginois, une fois
commencée, durerait longtemps, et que cette entreprise lui apporterait
une grande gloire, même s'il échouait (on disait également que son père
lui avait fait jurer sur l'autel, alors qu'il était encore enfant, d'être l'ennemi
éternel de Rome); c'est pourquoi il résolut de traverser l'Èbre en violation
du traité. Comme prétexte, il poussa certaines personnes à accuser les
habitants de Sagonte. Il envoya sans arrêts des rapports à ce sujet à
Carthage, et, en accusant les Romains d'inciter secrètement les
Espagnols à se révolter, il obtint la permission de Carthage de prendre les
mesures qu'il jugeait nécessaires. Alors il traversa l'Èbre et détruisit la ville
de Sagonte ainsi que ses habitants. C'est de cette façon que fut rompu le
traité conclu entre Romains et Carthaginois après la guerre de Sicile.
|