[5,55] Ἀντώνιος δὲ Φουλβίαν μὲν ἐν Σικυῶνι νοσηλευομένην ἀπέλιπεν, ἀπὸ δὲ
Κερκύρας ἐς τὸν Ἰόνιον ἔπλει, στρατῷ μὲν οὐ πολλῷ ναυσὶ δὲ διακοσίαις, ἃς
ἐν Ἀσίᾳ πεποίητο. Πυθόμενος δὲ Ἀηνόβαρβον ἀπαντᾶν αὑτῷ ναυσὶ καὶ στρατῷ
πολλῷ, οὐ δοκοῦντά τισιν οὐδ' ἐπὶ ταῖς διαπεμφθείσαις σπονδαῖς εἶναι
βέβαιον (ἦν γὰρ Ἀηνόβαρβος τῶν κατεγνωσμένων τε ἐκ δίκης ἐπὶ Γαΐῳ
Καίσαρι φόνου καὶ προγεγραμμένων ἐπὶ τῇ καταδίκῃ καὶ ἐν Φιλίπποις Ἀντωνίῳ
καὶ Καίσαρι πεπολεμηκότων), ὅμως ἔπλει, πέντε ναυσὶν ἐπιβὰς ταῖς ἀρίσταις,
ἵνα φαίνοιτο πιστεύων, καὶ τὰς λοιπὰς ἐκ διαστήματος ἕπεσθαι κελεύσας.
Καθορωμένου δὲ ἤδη τοῦ Ἀηνοβάρβου παντί τε τῷ στρατῷ καὶ παντὶ τῷ στόλῳ
μετ' ὀξείας εἰρεσίας προσπλέοντος, ἔδεισεν ὁ Πλάγκος Ἀντωνίῳ παρεστὼς καὶ
ἐπισχεῖν αὐτὸν ἠξίου τὸν πλοῦν καὶ προπέμψαι τινὰς ἐς πεῖραν ὡς πρὸς
ἀμφίβολον ἄνδρα. Ὁ δὲ εἰπὼν αἱρεῖσθαι παρασπονδούμενος ἀποθανεῖν μᾶλλον ἢ
σῴζεσθαι δειλὸς ὀφθείς, ἔπλει. Πλησίον τε ἦσαν ἀλλήλων ἤδη, καὶ αἱ
ναυαρχίδες ἐκ τῶν σημείων ἐφαίνοντο καὶ ἀλλήλαις προσέπλεον· καὶ τῶν
ῥαβδούχων ὁ ἡγούμενος Ἀντωνίῳ, κατὰ τὴν πρῷραν, ὥσπερ ἔθος ἐστίν, ἑστώς,
εἴτ' ἐκλαθόμενος, ὅτι ἀμφίβολος ἀνὴρ καὶ στρατοῦ κἀκεῖνος ἡγούμενος ἰδίου
προσπλέοι, εἴτε ἀπὸ εὐγενεστέρου φρονήματος, ὡς ὑπηκόοις ἢ ἐλάσσοσιν
ἀνδράσιν ὑπαντῶσι, προσέταξε καθελεῖν τὸ σημεῖον. Οἱ δὲ καθῄρουν τε καὶ
τὴν ναῦν ἐς τὰ πλάγια τῆς Ἀντωνίου νεὼς περιέστρεφον. Ὡς δὲ καὶ συνιδόντες
ἀλλήλους ἠσπάσαντο καὶ ὁ στρατὸς ὁ τοῦ Ἀηνοβάρβου τὸν Ἀντώνιον ἡγεμόνα
προσεῖπεν, ὁ μὲν Πλάγκος ἀνεθάρρει μόλις, ὁ δὲ Ἀντώνιος ἐς τὴν ἑαυτοῦ ναῦν
τὸν Ἀηνόβαρβον ἀναδεξάμενος ἐς Παλόεντα κατέπλευσεν, ἔνθα ἦν Ἀηνοβάρβῳ καὶ
τὸ πεζόν. Καὶ ὁ Ἀηνόβαρβος τῆς σκηνῆς ἐξίστατο Ἀντωνίῳ.
| [5,55] Antoine laissa Fulvia malade à Sicyone, et fit voile vers Corcyre
dans l'Adriatique avec une armée peu considérable et 200 navires qu'il
avait fait construire en Asie. Antoine apprit qu'Ahenobarbus venait à sa
rencontre avec une flotte et un grand nombre de soldats. Alors certains
des amis d'Antoine jugèrent qu'il n'était pas bon de faire confiance à
l'accord échangé entre eux, puisque Ahenobarbus avait été condamné lors du
procès des meurtriers de César, avait été mis sur la liste des proscrits,
et avait lutté contre Antoine et Octave lors de la bataille de Philippes.
Néanmoins, Antoine s'avança avec cinq de ses meilleurs navires pour faire
semblant d'avoir confiance en Ahenobarbus, et commanda aux autres navires
de le suivre à une certaine distance. Quand on vit arriver Ahenobarbus, à
forces de rames, avec son armée et sa flotte entières, Plancus, qui se
tenait à côté d'Antoine, fut alarmé et lui demanda de vérifier son cours
et d'envoyer quelques hommes en avant pour tester cet homme dont les
intentions étaient douteuses. Antoine répondit qu'il mourrait plutôt à
cause d'une infraction faite à un traité que de se sauver par un acte de
poltronnerie, et il continua sa courses. Maintenant ils s'approchaient, et
les navires qui contenaient les chefs étaient distinguibles par leurs
insignes et étaient proches. Le premier licteur d'Antoine, qui se tenait
sur la proue comme c'était l'usage, soit oubliant qu'Ahenobarbus était un
homme douteux, et qu'il menait ses propres forces, ou poussé par un esprit
élevé comme s'il avait devant lui des sujets ou des hommes inférieurs,
leur ordonna de baisser leur drapeau. c'est ce qu'ils firent, et amenèrent
leur navire bord à bord de celui d'Antoine. Quand les deux commandants se
virent ils se saluèrent, et l'armée d'Ahenobarbus acclama Antoine comme
imperator. Plancus reprit courage avec beaucoup de difficulté. Ahenobarbus
fut reçu par Antoine dans son propre navire et navigua vers Paloeis, où
Ahenobarbus avait son infanterie, et là il céda sa tente à Antoine.
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