[5,39] V. Γενομένης οὖν τινος ἐς τοῦτο πείρας καὶ ἐλπίδος οὐκ ἀηδοῦς, τὸν
στρατὸν συναγαγὼν ἔλεξεν ὧδε· « Γνώμη μὲν ἦν μοι τὴν πάτριον ὑμῖν
ἀποδοῦναι πολιτείαν, ὦ συστρατιῶται, τυρραννίδα τὴν τῶν τριῶν ἀνδρῶν ἀρχὴν
καὶ οὐδ', ἐφ' ᾗ συνέστη προφάσει, Κασσίου καὶ Βρούτου τεθνεώτων
διαλυθεῖσαν. Λεπίδου γὰρ τὸ μέρος τῆς ἀρχῆς ἀφῃρημένου καὶ Ἀντωνίου
πορρωτάτω χρήματα συλλέγοντος, εἷς οὗτος ἅπαντα πρὸς τὴν ἑαυτοῦ γνώμην
διῴκει, τὰ δὲ πάτρια Ῥωμαίοις πρόσχημα μόνον ἦν καὶ γέλως. Ἅπερ ἐγὼ
μεταβάλλειν ἐς τὴν ἄνωθεν ἐλευθερίαν τε καὶ δημοκρατίαν ἐπινοῶν ἠξίουν τῶν
ἐπινικίων διαδοθέντων ἐκλυθῆναι τὴν μοναρχίαν. Ἐπεὶ δὲ οὐκ ἔπειθον,
ἐπειρώμην ἐπὶ τῆς ἐμῆς ἀρχῆς καταναγκάσαι. Ὁ δέ με τῷ στρατῷ διέβαλλε,
κωλύειν τὰς κληρουχίας ἐλέῳ τῶν γεωργῶν· καὶ τὴν διαβολὴν ἐγὼ τήνδε
ἠγνόησα ἐπὶ πλεῖστον. Ἀλλ' οὐδὲ ἐπιγνοὺς ἐπίστευσά τινα πιστεύσειν, ὁρῶντα
τοὺς οἰκιστὰς καὶ παρ' ἐμοῦ δεδομένους, οἳ μεριεῖν ἔμελλον ὑμῖν τὰς
κληρουχίας. Ἀλλὰ ἐδημαγώγησε γάρ τινας ἡ διαβολή, καὶ πρὸς ἐκεῖνον ᾤχοντο
πολεμήσοντες ὑμῖν, ὡς νομίζουσι, σὺν χρόνῳ δ' εἴσονται στρατευσάμενοι καθ'
αὑτῶν. Ὑμῖν δ' ἐγὼ μαρτυρῶ μὲν ἑλομένοις τὰ ἀμείνονα καὶ ὑπὲρ δύναμιν
κακοπαθήσασιν, ἡττήμεθα δὲ οὐχ ὑπὸ τῶν πολεμίων, ἀλλὰ τοῦ λιμοῦ, ᾧ δὴ καὶ
πρὸς τῶν ἡμετέρων στρατηγῶν ἐγκαταλελείμμεθα. Ἐμοὶ μὲν δὴ καλῶς εἶχεν
ἀγωνίσασθαι μέχρι τοῦ τελευταίου δαίμονος ὑπὲρ τῆς πατρίδος· καλὸν γάρ μοι
τὸν ἔπαινον ἐπὶ τῇ γνώμῃ καὶ τὸ τέλος ἐποίει· οὐχ ὑφίσταμαι δὲ δι' ὑμᾶς,
οὓς τῆς ἐμῆς προτίθημι εὐκλείας. Πέμψω δὴ πρὸς τὸν κεκρατηκότα καὶ
δεήσομαι ἐμοὶ μὲν ἀντὶ πάντων ὑμῶν εἰς ὃ θέλει καταχρήσασθαι μόνῳ, ὑμῖν δὲ
ἀντ' ἐμοῦ ἀμνηστίαν δοῦναι, πολίταις τε οὖσιν αὐτοῦ καὶ στρατιώταις ποτὲ
γενομένοις καὶ οὐδὲ νῦν ἀδικοῦσιν οὐδὲ πολεμήσασιν ἄνευ καλῆς αἰτίας οὐδὲ
ἡσσημένοις πολέμῳ μᾶλλον ἢ λιμῷ. »
| [5,39] V. C'est pourquoi, après avoir fait une tentative qui lui donna de
l'espoir, Lucius rassembla son armée et parla comme suit : « J'avais
l'intention, camarades soldats, de vous remettre la république quand j'ai
vu que le gouvernement des triumvirs était une tyrannie, établie sous
prétexte de combattre Brutus et Cassius, mais qui ne s'est pas terminée
après leur mort. Lépide a été privé de sa part du gouvernement, Antoine
était au loin pour trouver de l'argent, et un seul homme contrôlait tout
selon sa volonté : l'antique gouvernement romain était devenu une illusion
et un sujet de moquerie. Pour ramener la liberté et le gouvernement
démocratique de nos ancêtres, j'ai demandé qu'après la distribution des
récompenses de la victoire, la monarchie soit abolie. Comme on ne m'a pas
écouté, j'ai cherché à l'imposer en vertu de ma charge. Octave m'accuse
faussement, devant l'armée, d'empêcher l'établissement de colonies par
pitié pour les propriétaires fonciers. J'ai ignoré cette calomnie pendant
longtemps, et même lorsque je l'ai appris je n'ai pas cru un moment que
quelqu'un pourrait la croire, alors on voyait que les commissaires pour
les colonies étaient des hommes nommés par moi-même pour diviser les
terres pour vous. Mais la calomnie a trompé certaines personnes, qui ont
rejoint Octave pour faire la guerre contre nous : c'est ce qu'ils
pensent. Mais par la suite ils constateront qu'ils ont fait la guerre
contre leurs propres intérêts. J'affirme que vous avez choisi la cause la
meilleure, et que vous avez souffert pour elle au delà de vos forces. Nous
sommes vaincus, non par nos ennemis, mais par la faim, à laquelle nous
avons été acculés par nos propres généraux. Ce serait beau pour moi de
combattre jusqu'au bout pour mon pays. Une telle attitude rendrait ma
renommée glorieuse après tout ce que j'ai fait. Mais je ne veux pas de ce
destin, à cause de vous, que je préfère à ma propre renommée. Je vais
envoyer des messagers au vainqueur et lui demanderai de m'infliger la
punition qu'il voudra à moi seul, au lieu de la donner à vous tous ;
d'accorder l'amnistie, non à moi, mais à vous, ses concitoyens et
autrefois ses soldats, qui ne font pas le mal, qui ne combattent pas pour
une mauvaise cause, et qui sont vaincus, non par guerre, mais par la faim.»
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