[4,20] Τότε γὰρ οἱ μὲν θεράποντες ὡς ἐλευσομένων πλεόνων
κατεπλάγησαν, ὁ δὲ Λαίνας, καὶ δίκην τινὰ διὰ τοῦ Κικέρωνός
ποτε κατωρθωκώς, ἐκ τοῦ φορείου τὴν κεφαλὴν ἐπισπάσας
ἀπέτεμνεν, ἐς τρὶς ἐπιπλήσσων καὶ ἐκδιαπρίζων ὑπὸ ἀπειρίας·
ἀπέτεμε δὲ καὶ τὴν χεῖρα, ᾗ τοὺς κατὰ Ἀντωνίου λόγους οἷα
τυράννου συγγράφων, ἐς μίμημα τῶν Δημοσθένους,
Φιλιππικοὺς ἐπέγραφεν. Ἔθεον δὲ οἱ μὲν ἐπὶ ἵππων, οἱ δὲ ἐπὶ
νεῶν, αὐτίκα τὸ εὐαγγέλιον Ἀντωνίῳ διαφέροντες· καὶ ὁ Λαίνας
ἐν ἀγορᾷ προκαθημένῳ τὴν κεφαλὴν καὶ τὴν χεῖρα μακρόθεν
ἀνέσειεν ἐπιδεικνύς. Ὁ δὲ ἥσθη μάλιστα καὶ τὸν λοχαγὸν
ἐστεφάνωσε καὶ πλέοσι τῶν ἄθλων ἐδωρήσατο πέντε καὶ εἴκοσι
μυριάσιν Ἀττικῶν δραχμῶν ὡς μέγιστον δὴ τόνδε πάντων
ἐχθρὸν καὶ πολεμιώτατόν οἱ γενόμενον ἀνελόντα. Ἡ κεφαλὴ δὲ
τοῦ Κικέρωνος καὶ ἡ χεὶρ ἐν ἀγορᾷ τοῦ βήματος ἀπεκρέμαντο
ἐπὶ πλεῖστον, ἔνθα πρότερον ὁ Κικέρων ἐδημηγόρει· καὶ
πλείους ὀψόμενοι συνέθεον ἢ ἀκροώμενοι. Λέγεται δὲ καὶ ἐπὶ
τῆς διαίτης ὁ Ἀντώνιος τὴν κεφαλὴν τοῦ Κικέρωνος θέσθαι πρὸ
τῆς τραπέζης, μέχρι κόρον ἔσχε τῆς θέας τοῦ κακοῦ.
Ὧδε μὲν δὴ Κικέρων, ἐπί τε λόγοις ἀοίδιμος ἐς ἔτι νῦν ἀνήρ, καὶ
ὅτε ἦρχε τὴν ὕπατον ἀρχήν, ἐς τὰ μέγιστα τῇ πατρίδι γεγονὼς
χρήσιμος, ἀνῄρητο καὶ ἀνῃρημένος ἐνυβρίζετο· ὁ δὲ παῖς ἐς τὴν
Ἑλλάδα προαπέσταλτο ἐς Βροῦτον. Κόιντος δέ, ὁ τοῦ
Κικέρωνος ἀδελφός, ἅμα τῷ παιδὶ καταληφθεὶς ἐδεῖτο τῶν
σφαγέων πρὸ τοῦ παιδὸς αὑτὸν ἀνελεῖν· τὰ δὲ ἐναντία καὶ τοῦ
παιδὸς ἱκετεύοντος, οἱ σφαγεῖς ἔφασαν ἀμφοτέροις διαιτήσειν
καὶ διαλαβόντες ἕτερον ἕτεροι κατὰ σύνθημα φονεῖς ἀνεῖλον ὁμοῦ.
| [4,20] Alors les esclaves croyant qu'il y avait plus de soldats
qu'en réalité, furent frappés de terreur, et Laena, qui par le
passé avait été sauvé par Cicéron lors d'un procès, tira sa tête
de la litière et la coupa, le frappant par trois fois, ou plutôt la
sciant en raison de son inexpérience. Il découpa également la
main avec laquelle Cicéron avait écrit les discours contre la
tyrannie d'Antoine, qu'il avait appelés Philippique par imitation
de ceux de Démosthène. Des soldats se hâtèrent à cheval et
d'autres sur des navires pour aller donner rapidement la bonne
nouvelle à Antoine. Ce dernier se reposait devant le tribunal
dans le forum quand Laena, de loin, montra la tête et la main
en les soulevant et en les secouant. Antoine fut ravi. Il
couronna le centurion et lui donna 250.000 drachmes attiques
en plus de la récompense normale pour avoir tué l'homme qui
avait été son plus grand et plus terrible ennemi. La tête et la
main de Cicéron furent suspendues pendant longtemps aux
rostres dans le forum où autrefois il avait l'habitude de
prononcer ses discours devant le peuple, et beaucoup de gens
se réunirent pour assister à ce spectacle, eux qui
précédemment étaient venus pour l'écouter. On dit même que
lors de ses repas Antoine avait placé la tête de Cicéron devant
sa table, jusqu'à ce qu'il fût rassasié de cette vue horrible.
Tel fut Cicéron, un homme renommé encore maintenant pour
son éloquence, et qui avait rendu les plus grands services à
son pays quand il avait la charge de consul, qui fut massacré,
et offensé après sa mort. Son fils avait été envoyé auparavant
chez Brutus en Grèce. Le frère de Cicéron, Quintus, fut
capturé avec son fils. Il pria les meurtriers de le tuer avant son
fils, et le fils pria d'être tué avant son père. Les meurtriers
répondirent qu'ils donnaient leur accord aux deux demandes,
et, se divisant en deux parties, chacune en prit un et les tua en
même temps à un signal donné.
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