[4,133] Ἐπεί γε μὴν ἔργων ἐδέησε, δυοῖν οὐδὲ ὅλοιν ἐτοῖν
στρατιάν τε συνέλεξαν ὑπὲρ εἴκοσιν ὁπλιτῶν τέλη καὶ ἱππέας
ἀμφὶ τοὺς δισμυρίους καὶ ναῦς μακρὰς ὑπὲρ τὰς διακοσίας τήν
τε ἄλλην παρασκευὴν ἀξιόλογον καὶ χρήματα ἄπειρα καὶ παρ'
ἑκόντων καὶ παρὰ ἀκόντων, πολέμους τε ἐπολέμησαν ἔθνεσι
καὶ πόλεσι καὶ τῶν ἀντιστασιωτῶν πολλοῖς καὶ κατώρθουν.
Ἐθνῶν τε ἐκράτησαν ἀπὸ Μακεδονίας μέχρι Εὐφράτου· καὶ
ὅσους ἐπολέμησαν, ἐς συμμαχίαν αὑτοῖς ἔπεισαν καὶ
βεβαιοτάτοις ἐχρήσαντο. Ἐχρήσαντο δὲ καὶ βασιλεῦσι καὶ
δυνάσταις, καὶ Παρθυαίοις καίπερ οὖσιν ἐχθροῖς ἐς τὰ
βραχύτερα· ἐπὶ δὲ τὸ μεῖζον ἔργον οὐκ ἀνέμειναν ἐρχομένους,
ἵνα μὴ βάρβαρον ἢ ἀντίπαλον ἔθνος ἐθίσειαν ἐπὶ Ῥωμαίοις. Ὃ
δὲ δὴ μάλιστα πάντων ἀδοκητότατον ἦν, ὁ στρατὸς ὁ πλείων
ὅδε Γαΐου Καίσαρος ἐγεγένητο, καὶ δαιμονίως αὐτὸν εὐνοίας καὶ
σπουδῆς ἔχοντα ἐς ἐκεῖνον μετέπεισαν οἱ σφαγεῖς οἵδε τοῦ
Καίσαρος, καὶ ἐπὶ τὸν τοῦ Καίσαρος υἱὸν ἕσποντο αὐτοῖς
πιστότερον ἢ Ἀντωνίῳ τῷ Καίσαρος συναγωνιστῇ τε καὶ
συνάρχῳ· οὐ γάρ τις αὐτῶν Βροῦτον ἢ Κάσσιον οὐδὲ
ἡσσωμένους ἀπέλιπεν, οἱ Ἀντώνιον ἀμφὶ τὸ Βρεντέσιον καὶ πρὸ
πείρας ἀπολιπόντες· ἦν τε πρόφασις αὐτοῖς τῶν πόνων, καὶ ἐπὶ
Πομπηίου καὶ νῦν, οὐχ ὑπὲρ σφῶν αὐτῶν, ἀλλ' ὑπὲρ
δημοκρατίας, ὀνόματος εὐειδοῦς μέν, ἀλυσιτελοῦς δὲ αἰεί. Σφῶν
τε αὐτῶν, ὅτε μηδὲν ἐδόκουν ἔτι εἶναι χρήσιμοι τῇ πατρίδι,
ἄμφω κατεφρόνησαν ὁμοίως. Ἐν δὲ ταῖς φροντίσι καὶ πόνοις ὁ
μὲν Κάσσιος ἀμεταστρεπτί, καθάπερ ἐς τὸν ἀγωνιστὴν οἱ
μονομαχοῦντες, ἐς μόνον τὸν πόλεμον ἀφεώρα· ὁ δὲ Βροῦτος,
ὅπῃ γίγνοιτο, καὶ φιλοθεάμων ἦν καὶ φιλήκοος, ἅτε καὶ
φιλοσοφήσας οὐκ ἀγεννῶς.
| [4,133] Quand il devint nécessaire de prendre les armes, il ne
fallut pas deux ans pour qu'ils aient rassemblé vingt légions et
environ 20.000 cavaliers, et 200 navires de guerre, avec
l'équipement et une vaste quantité d'argent, provenant de
contributions volontaires ou forcées. Ils firent la guerre avec
succès contre de nombreux peuples et contre des villes et des
hommes de la faction opposée. Ils rassemblèrent sous leur
drapeau toutes les nations de la Macédoine à l'Euphrate. Ceux
qu'ils avaient combattus, ils les prirent comme alliés et ce
furent des alliés très fidèles. Ils avaient reçu l'aide des rois et
des princes indépendants, et dans une petite mesure même
des Parthes, qui étaient les ennemis des Romains; mais ils
n'ont pas attendus leur arrivée et ne les ont pas fait participer à
la bataille décisive, de peur que cette race barbare et hostile
ne prenne l'habitude de se battre contre des Romains. Le plus
extraordinaire de tout cela c'était que la plus grande partie de
leur armée était composée de soldats de Caius César et que
malgré cela ils leur étaient farouchement attachés, et ils furent
persuadés plus par les meurtriers mêmes de César et les
suivirent plus loyalement contre le fils de César qu'ils n'avaient
suivi Antoine, qui était le compagnon de César au combat et
son collègue; aucun d'eux n'abandonna Brutus et Cassius
même lorsqu'ils furent vaincus alors que certains d'entre eux
avaient abandonné Antoine à Brundusium avant que la guerre
ne commence. La raison de leur soutien, du temps de
Pompée et maintenant avec Brutus et Cassius, n'était pas leur
propre intérêt, mais la défense de la démocratie; un nom sans
doute alléchant, mais toujours nuisible. Ces deux chefs, quand
ils jugèrent qu'ils ne pourraient plus être utiles à leur pays,
dédaignèrent même leurs propres vies. Pour ce qui est de
façon de faire, Cassius ne pensait qu'à la guerre, comme un
gladiateur pense à son adversaire; Brutus, partout où il allait,
voulait tout voir et tout entendre, comme un philosophe qui ne
manquait pas de noblesse.
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