[4,129] Γενομένης δὲ τῆς τροπῆς τὸ λοιπὸν ἔργον οἱ στρατηγοὶ
διῃροῦντο, Καῖσαρ μὲν αἱρεῖν τοὺς ἐκπίπτοντας ἐκ τοῦ
στρατοπέδου καὶ αὐτὸ φυλάσσειν τὸ στρατόπεδον· ὁ δὲ
Ἀντώνιος πάντα ἦν καὶ πᾶσιν ἐνέπιπτε, τοῖς τε φεύγουσι καὶ τοῖς
ἔτι συνεστῶσι καὶ τοῖς ἄλλοις στρατοπέδοις αὐτῶν, ὁρμῇ τε
ὑπερηφάνῳ πάντα ἐβιάζετο ὁμοῦ. Καὶ περὶ τοῖς ἡγεμόσι δείσας,
μὴ αὑτὸν διαφυγόντες αὖθις ἕτερον στρατὸν ἀγείρειαν, τοὺς
ἱππέας ἐξέπεμπεν ἐπὶ τὰς ὁδούς τε καὶ ἐκβολὰς τῆς μάχης,
αἱρεῖν τοὺς ἀποδιδράσκοντας· οἳ διελόμενοι τὸ ἔργον ἀνά τε τὸ
ὄρος ἐφέροντο σὺν τῷ Θρᾳκίῳ Ῥάσκῳ, δι' ἐμπειρίαν ὁδῶν
συναπεσταλμένῳ, καὶ τὰ χαρακώματα καὶ κρημνοὺς
περιστάντες τοὺς ἐκφεύγοντας ἐκυνηγέτουν καὶ τοὺς ἐντὸς
ἐφρούρουν. Οἱ δὲ Βροῦτον αὐτὸν ἐδίωκον· καὶ αὐτοὺς ἀσχέτως
ἔχοντας τοῦ δρόμου Λουκίλιος ἰδὼν ὑπέστη καὶ ὡς Βροῦτος ὢν
ἠξίου πρὸς Ἀντώνιον ἀντὶ τοῦ Καίσαρος ἀναχθῆναι· ᾧ δὴ καὶ
μάλιστα εἶναι Βροῦτος ἐνομίσθη, τὸν ἀδιάλλακτον ἐχθρὸν
ἐκκλίνων. Ἀγομένου δὲ αὐτοῦ πυθόμενος ὁ Ἀντώνιος ἀπήντα
σὺν ἐπιστάσει, τὴν τύχην ὁμοῦ καὶ τὸ ἀξίωμα τἀνδρὸς καὶ
ἀρετὴν ἐνθυμούμενος, ὅπως Βροῦτον ὑποδέξαιτο. Πλησιάσαντι
δ' ὁ Λουκίλιος ἐντυχὼν μάλα θρασέως εἶπε· « Βροῦτος μὲν οὐχ
ἑάλωκεν, οὐδὲ ἁλώσεταί ποτε πρὸς κακίας ἀρετή· ἐγὼ δὲ
τούσδε ἀπατήσας ὧδέ σοι πάρειμι. » καὶ ὁ Ἀντώνιος τοὺς
ἱππέας ἰδὼν αἰδουμένους παρηγόρει καί, « Οὐ μείονά μοι τήνδε
ἄγραν, εἶπεν, ἀλλὰ ἀμείνονα ἧς ἐνομίζετε ἐθηρεύσατε, ὅσῳ
κρείττων ἐχθροῦ φίλος. » Καὶ τὸν Λουκίλιον τότε μέν τινι τῶν
φίλων ἔδωκε θεραπεύειν, ὕστερον δὲ αὐτὸς ἔχων ἐχρῆτο ὡς πιστῷ.
| [4,129] L'ennemi mis en déroute, les généraux se partagèrent
entre eux le reste du travail, Octave devait capturer ceux qui
s'échappaient du camp et garder le camp principal, alors
qu'Antoine était sur tous les fronts, et attaquait partout,
tombant sur les fugitifs et ceux qui combattaient encore, et sur
leurs autres campements, écrasant tout avec la même
impétuosité. Craignant que les chefs ne parviennent à lui
échapper et à rassembler une autre armée, il expédia la
cavalerie sur les routes et les sorties du champ de la bataille
pour capturer ceux qui essayaient de s'échapper. Celle-ci se
divisa le travail; certains d'entre eux se dirigèrent vers le haut
de la montagne avec Rhascus, le Thrace, qui avait été envoyé
avec eux à cause de sa connaissance des routes. Ils
encerclèrent les positions fortifiées et les escarpements, en
chassèrent les fugitifs, et surveillèrent ceux qui se trouvaient à
l'intérieur. D'autres se mirent à la poursuite de Brutus lui-même.
Lucilius les voyant se précipiter furieusement sur lui, se
rendit en feignant d'être Brutus, et demanda d'être emmené
chez Antoine au lieu d'Octave; on pense qu'il s'est fait passer
pour Brutus pour éviter de tomber aux mains de son ennemi
implacable. Quand Antoine entendit qu'on l'amenait, il alla à sa
rencontre après avoir réfléchi un moment sur la fortune, la
dignité, et la vertu de l'homme, et s'être demandé comment il
devait recevoir Brutus. Comme il s'approchait, Lucilius se
présenta et lui dit avec avec une franche audace, "Tu n'as pas
capturé Brutus, et la vertu sera jamais faite prisonnière par
bassesse. J'ai trompé ces hommes et c'est ainsi que je suis
ici." Antoine, voyant que les cavaliers avaient honte de leur
erreur, les consola en leur disant, "Le butin que vous m'avez
amené n'est pas plus mauvais, mais meilleur que vous ne le
pensez - il vaut mieux avoir un ami qu'un ennemi." Alors il
confia Lucilius au soin d'un de ses amis, et plus tard le prit à
son propre service et l'utilisa comme homme de confiance.
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