[4,109] Ὧν οἱ μὲν ἀμφὶ τὸν Βροῦτον ἐνθυμούμενοι μάλιστα
διέτριβον· ὁ δὲ Ἀντώνιος αὐτὰ δεδιὼς ἔγνω βιάσασθαι τοὺς
ἄνδρας ἐς μάχην καὶ ἐπενόησεν, εἰ δύναιτο βάσιμον τὸ ἕλος
ἐργάσασθαι λαθών, ἵνα κατόπιν τῶν ἐχθρῶν ἔτι ἀγνοούντων
γενόμενος τὴν ἀγορὰν σφᾶς ἀφέλοιτο τὴν ἀπὸ τῆς Θάσου
κομιζομένην. Ἐκτάσσων οὖν αὖθις ἑκάστοτε ἐς μάχην τὰ σημεῖα
τοῦ στρατοῦ πάντα, ἵνα ὅλος ἐκτετάχθαι νομίζοιτο, μέρει τινὶ
νυκτός τε καὶ ἡμέρας ἔκοπτεν ἐν τῷ ἕλει δίοδον στενήν, κείρων
τε τὸν δόνακα καὶ χῶμα ἐπιβάλλων καὶ λίθους ἑκατέρωθεν, ἵνα
μὴ τὸ χῶμα διαπίπτοι, τὰ δὲ βαθέα διεσταύρου καὶ ἐγεφύρου
μετὰ σιωπῆς βαθυτάτης. Ἀφῄρητο δὲ τὴν ὄψιν τοῦ ἔργου τοὺς
πολεμίους ὁ πεφυκὼς ἔτι δόναξ ἀμφὶ τῇ διόδῳ. Δέκα δ' ἡμέρας
ἐργασάμενος ὧδε ἐσέπεμψε λόχους ὀρθίους νυκτὸς ἄφνω καὶ
τὰ ἐρυμνὰ τῶν ἐντὸς κατέλαβε καὶ ἐχαράκωσε φρούρια ὁμοῦ
πολλά. Ὁ δὲ Κάσσιος κατεπλάγη μὲν τοῦ ἔργου τὴν ἐπίνοιάν τε
καὶ κλοπήν, ἀντεπινοῶν δὲ ἀποτεμέσθαι τὰ φρούρια τὸν
Ἀντώνιον, διετείχιζε καὶ αὐτὸς ἐπικάρσιον τὸ ἕλος ἅπαν,
ἀρχόμενον ἀπὸ τοῦ στρατοπέδου μέχρι τῆς θαλάσσης, κόπτων
ὁμοίως καὶ γεφυρῶν καὶ τὸν χάρακα τοῖς στεριφώμασιν ἐπιτιθεὶς
καὶ τὴν ὑπὸ Ἀντωνίου γεγενημένην δίοδον ἀπολαμβάνων, ἵνα
μήτε ἐκδραμεῖν ἐς αὐτὸν οἱ ἔνδον ἔτι δυνηθεῖεν μήτε ἐκεῖνος
αὐτοῖς ἐπιβοηθεῖν.
| [4,109] Conscients de la situation, Brutus et ses généraux
prolongeaient la guerre. Antoine, craignant ce retard, résolut
de les forcer à se battre. Il imagina de forcer, si possible
secrètement, un passage par les marais, pour arriver derrière
l'ennemi sans qu'ils s'en aperçoivent, et leur couper leur voie
d'approvisionnement avec Thasos. Aussi il rangeait ses
troupes en ordre de bataille chaque jour dans les règles de
l'art, de sorte qu'on pouvait croire que c'était son armée entière
qui se trouvait là, alors qu'une partie de ses troupes travaillait
nuit et jour à ouvrir un passage étroit dans les marais, coupant
les roseaux, s'en servant comme soubassement de la
chaussée, et mettant sur les côtés des pierres, pour que la
terre ne puisse s'écrouler, et jetant un pont sur les parties plus
profondes avec des pieux, et tout cela dans le plus profond
silence. Les roseaux, qui poussaient toujours autour de son
chemin, empêchèrent l'ennemi de voir son travail. Après avoir
travaillé dix jours de cette manière il envoya soudainement une
colonne de troupes durant la nuit, qui occupa toutes les
positions fortes dans ses lignes et construisit plusieurs
redoutes en même temps. Cassius fut stupéfait de l'ingéniosité
ainsi que du secret de ce travail, et il forma le contre-projet de
couper Antoine de ses redoutes. Il fit construire un mur
transversal à travers tout le marais de son camp à la mer,
coupant comme lui les roseaux et jetant un pont de la
même manière qu'Antoine l'avait fait, et établissant une
palissade au-dessus de ses monticules, coupant de ce fait le
passage fait par Antoine, de sorte que ceux qui étaient à
l'intérieur ne pouvaient revenir vers lui, ni lui leur porter secours.
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