Texte grec :
[1,5] 5. Αἱ δὲ στάσεις ἐπὶ τῷδε μάλιστα αὖθις ἐπανελθοῦσαί τε καὶ αὐξηθεῖσαι
δυνατώτατα ἐς μέγα προῆλθον, καὶ φόνοι καὶ φυγαὶ καὶ ἐπὶ θανάτῳ
προγραφαὶ βουλευτῶν τε καὶ τῶν καλουμένων ἱππέων, κατὰ πλῆθος
ἀθρόως ἑκατέρων, ἐγίγνοντο, τοὺς ἐχθροὺς ἀλλήλοις τῶν στασιωτῶν
ἀντιπαρεχόντων καὶ ἐς τοῦτο ἀμελούντων καὶ φίλων καὶ ἀδελφῶν·
τοσοῦτον ἐκράτει τῆς ἐς τὰ οἰκεῖα εὐνοίας ἡ ἐς τὰ ἀντίπαλα φιλονικία.
Προιόντες τε τὴν Ῥωμαίων ἀρχὴν ὡς ἰδιωτικὸν σφῶν κτῆμα διενείμαντο
ἐφ' ἑαυτῶν τρεῖς οἵδε ἄνδρες, Ἀντώνιός τε καὶ Λέπιδος καὶ ὅτῳ
πρότερον μὲν Ὀκτάουιος ὄνομα ἦν, Καίσαρι δὲ πρὸς γένους ὢν καὶ
θετὸς ἐν διαθήκαις ὑπ' αὐτοῦ γενόμενος Καῖσαρ ἐκ τοῦδε
μετωνομάζετο. Ἐπὶ δὲ τῇ διαιρέσει τῇδε μετὰ βραχὺ συμπεσόντες, ὡς
εἰκὸς ἦν, ἐς ἀλλήλους ὁ Καῖσαρ αὐτῶν συνέσει τε καὶ ἐμπειρίᾳ
προύχων Λέπιδον μὲν πρότερον αὐτῶν ἣν ἐκεκλήρωτο Λιβύην, ἐπὶ δὲ
τῷ Λεπίδῳ καὶ Ἀντώνιον πολέμῳ περὶ Ἄκτιον ἀφείλετο τὴν ἀπὸ Συρίας
ἐπὶ κόλπον τὸν Ἰόνιον ἀρχήν. Ἐπί τε τούτοις, μεγίστοις δὴ φανεῖσι καὶ ἐς
ἔκπληξιν ἅπαντας ἐμβαλοῦσιν, εἷλε καὶ Αἴγυπτον ἐπιπλεύσας, ἣ
χρονιωτάτη τε ἦν ἐς τότε καὶ δυνατωτάτη μετὰ Ἀλέξανδρον ἀρχὴ καὶ
μόνη Ῥωμαίοις ἔλειπεν ἐς τὰ νῦν ὄντα, ὥστε Σεβαστὸς εὐθὺς ἐπὶ τοῖς
ἔργοις, ἔτι περιών, ὅδε πρῶτος ὀφθῆναί τε Ῥωμαίοις καὶ κληθῆναι πρὸς
αὐτῶν, αὐτός τε ἑαυτόν, ὥσπερ Γάιος καὶ ἐς τὸ δυνατώτερον ἔτι Γαΐου,
ἄρχοντα ἀποφῆναι τῇ τε πατρίδι καὶ τοῖς ὑπ' αὐτὴν ἔθνεσιν ἅπασιν,
οὐδὲν αἱρέσεως ἢ χειροτονίας ἢ προσποιήματος ἔτι δεηθείς. Χρονίου δ'
αὐτῷ καὶ ἐγκρατοῦς τῆς ἀρχῆς γενομένης, ἐπιτυχὴς ἐς πάντα καὶ
φοβερὸς ὢν γένος ἀφ' ἑαυτοῦ καὶ διαδοχὴν τὴν ἐπικρατοῦσαν ὁμοίως
ἐπ' ἐκείνῳ κατέλιπεν.
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Traduction française :
[1,5] 5. Les factions, encore un coup, réveillées et puissamment accrues,
firent d'énormes progrès. On vit reparaître les meurtres, les exils, les
proscriptions des sénateurs et de ceux qu'on appelait chevaliers,
horreurs que chacun des partis se prodiguait réciproquement. Les
factieux s'abandonnaient leurs ennemis respectifs, sans aucun égard
pour les droits du sang ni de l'amitié : tant les affections naturelles et
domestiques étaient étouffées par la frénésie de l'esprit de faction! On
porta l'audace jusqu'au partage que firent entre eux de l'empire romain,
comme d'une propriété particulière (chose épouvantable), les triumvirs,
Antoine, Lépide, et celui qui, d'abord nommé Octave, prit ensuite le
nom de César, soit parce qu'il était son parent, soit parce qu'il avait été
institué son héritier. Ce partage consommé, ils ne tardèrent pas à
s'attaquer l'un l'autre, comme de raison. Octave, plus habile et plus
expérimenté que ses deux rivaux, commença par enlever à Lépide la
Libye qui lui était échue: et à peine il l'eut dépouillé de toute autorité,
qu'il marcha contre Antoine, le battit à Actium, et lui ôta toutes les
provinces, depuis la Syrie jusqu'au golfe Adriatique. Après ces succès,
dont l'importance excita l'admiration des uns et la terreur des autres,
Octave s'embarqua et alla conquérir l'Égypte, le plus ancien des
royaumes alors existants, celui qui avait été le plus puissant depuis la
mort d'Alexandre, et le seul qui manquât aux Romains pour élever leur
empire au point où il est aujourd'hui. De si grandes choses lui firent
donner le surnom d'Auguste de son vivant, phénomène dont les
Romains n'avaient point encore eu d'exemple. Elles l'élevèrent aux
yeux de Rome, et de toutes les nations auxquelles elle donnait des
lois, à un degré de puissance supérieur même à celui où César était
parvenu. Il n'eut plus besoin ni d'élection ni de suffrage, pas même de
dissimulation ni d'hypocrisie. La perpétuité du pouvoir entre ses mains,
la consistance qu'il sut lui donner, son bonheur en toutes choses, et le
poids imposant de son nom, firent qu'il laissa l'empire à ses
descendants comme un patrimoine.
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