Texte grec :
[1,2] 2. Καὶ τοῦτο μόνον ἄν τις εὕροι τῶν πάλαι στάσεων ἔργον ἔνοπλον, καὶ
τοῦθ' ὑπ' αὐτομόλου γενόμενον, ξίφος δὲ οὐδέν πω παρενεχθὲν ἐς
ἐκκλησίαν οὐδὲ φόνον ἔμφυλον, πρίν γε Τιβέριος Γράκχος δημαρχῶν
καὶ νόμους ἐσφέρων πρῶτος ὅδε ἐν στάσει ἀπώλετο καὶ ἐπ' αὐτῷ
πολλοὶ κατὰ τὸ Καπιτώλιον εἱλούμενοι περὶ τὸν νεὼν ἀνῃρέθησαν. Καὶ
οὐκ ἀνέσχον ἔτι αἱ στάσεις ἐπὶ τῷδε τῷ μύσει, διαιρουμένων ἑκάστοτε
σαφῶς ἐπ' ἀλλήλοις καὶ ἐγχειρίδια πολλάκις φερόντων κτιννυμένης τέ
τινος ἀρχῆς ἐκ διαστήματος ἐν ἱεροῖς ἢ ἐκκλησίαις ἢ ἀγοραῖς, δημάρχων
ἢ στρατηγῶν ἢ ὑπάτων ἢ τῶν ἐς ταῦτα παραγγελλόντων ἢ τῶν ἄλλως
ἐπιφανῶν. Ὕβρις τε ἄκοσμος ἐπεῖχεν αἰεὶ δι' ὀλίγου καὶ νόμων καὶ δίκης
αἰσχρὰ καταφρόνησις. Προιόντος δ' ἐς μέγα τοῦ κακοῦ, ἐπαναστάσεις
ἐπὶ τὴν πολιτείαν φανεραὶ καὶ στρατεῖαι μεγάλαι καὶ βίαιοι κατὰ τῆς
πατρίδος ἐγίγνοντο φυγάδων ἀνδρῶν ἢ καταδίκων ἢ περὶ ἀρχῆς τινος ἢ
στρατοπέδου φιλονικούντων ἐς ἀλλήλους. Δυναστεῖαί τε ἦσαν ἤδη κατὰ
πολλὰ καὶ στασίαρχοι μοναρχικοί, οἱ μὲν οὐ μεθιέντες ἔτι τὰ πιστευθέντα
σφίσιν ὑπὸ τοῦ δήμου στρατόπεδα, οἱ δὲ καὶ κατὰ σφᾶς ἄνευ τοῦ
κοινοῦ κατ' ἀλλήλων ξενολογοῦντες. Ὁπότεροι δ' αὐτῶν τὴν πόλιν
προλάβοιεν, τοῖς ἑτέροις ἦν ὁ ἀγὼν λόγῳ μὲν ἐπὶ τοὺς ἀντιστασιώτας,
ἔργῳ δ' ἐπὶ τὴν πατρίδα· ἐσέβαλλον γὰρ ὡς ἐς πολεμίαν, καὶ σφαγαὶ
τῶν ἐν ποσὶν ἐγίγνοντο νηλεεῖς καὶ ἄλλων ἐπὶ θανάτῳ προγραφαὶ καὶ
φυγαὶ καὶ δημεύσεις, ἐνίων δὲ καὶ βάσανοι πάμπαν ἐπαχθεῖς.
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Traduction française :
[1,2] 2. C'est le seul exemple de ce genre qu'offrent les anciennes querelles
des Romains; encore fut-il donné par un banni. Jamais d'ailleurs glaive
ne fut porté dans les assemblées politiques. Jamais meurtre n'y fut
commis. Tibérius Gracchus fut le premier qui, alors qu'il était tribun de
la plèbe et pendant qu'il proposait des lois, périt dans une sédition.
Avec lui furent massacrés, dans le sein même du Capitole, plusieurs
de ceux qui s'y trouvèrent enfermés. Après ce tragique événement, les
séditions n'eurent plus de terme. L'esprit de discorde s'exalta
également des deux côtés. On s'arma fréquemment de poignards, et il
y eut dès lors peu d'assemblées, soit dans les temples, soit au
Champ-de-mars, soit au Forum, qui ne fussent ensanglantées par le meurtre
des tribuns, des préteurs, des consuls, des candidats pour ces
magistratures ou de tout autre personnage considérable. Chaque jour
on s'insultait avec plus d'audace, et le honteux mépris des lois et de la
justice allait en croissant. Le mal fit enfin de si grands progrès que l'on
conspira ouvertement contre la république. De nombreuses, de fortes
armées furent dirigées contre la patrie. On vit ceux qui se disputaient
ou les magistratures, ou la confiance des légions, s'exiler, se
condamner, se proscrire réciproquement. Déjà existaient des hommes
puissants, et des chefs de parti avides de la monarchie. Les uns ne
déposaient plus le commandement des armées qui leur avaient été
confiées par le peuple ; les autres levaient des troupes sans
autorisation légale, dans la vue de se mettre en mesure contre leurs
adversaires, puis s'opposaient entre eux. Chaque fois qu'un groupe
s'emparait de Rome, les autres entraient en lutte, soi-disant pour
combattre leurs rivaux, mais, en effet, pour anéantir la république. De
là les invasions de Rome à force ouverte ; de là le massacre
impitoyable de tout ce qui se présentait; de là les proscriptions, les
exils, les confiscations ; de là les affreuses tortures que l'on fit souffrir à
quelques citoyens.
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