[3,950] μολπήν, οὐκ ἐπὶ δηρὸν ἐφήνδανεν ἑψιάασθαι. 
 ἀλλὰ μεταλλήγεσκεν ἀμήχανος, οὐδέ ποτ' ὄσσε 
 ἀμφιπόλων μεθ' ὅμιλον ἔχ' ἀτρέμας· ἐς δὲ κελεύθους 
 τηλόσε παπταίνεσκε, παρακλίνουσα παρειάς. 
 ἦ θαμὰ δὴ στηθέων ἐάγη κέαρ, ὁππότε δοῦπον 
 955 ἢ ποδὸς ἢ ἀνέμοιο παραθρέξαντα δοάσσαι. 
 αὐτὰρ ὅγ' οὐ μετὰ δηρὸν ἐελδομένῃ ἐφαάνθη 
 ὑψόσ' ἀναθρώσκων ἅ τε Σείριος Ὠκεανοῖο, 
 ὃς δή τοι καλὸς μὲν ἀρίζηλός τ' ἐσιδέσθαι 
 ἀντέλλει, μήλοισι δ' ἐν ἄσπετον ἧκεν ὀιζύν· 
 960 ὧς ἄρα τῇ καλὸς μὲν ἐπήλυθεν εἰσοράασθαι 
 Αἰσονίδης, κάματον δὲ δυσίμερον ὦρσε φαανθείς. 
 ἐκ δ' ἄρα οἱ κραδίη στηθέων πέσεν, ὄμματα δ' αὔτως 
 ἤχλυσαν· θερμὸν δὲ παρηίδας εἷλεν ἔρευθος. 
 γούνατα δ' οὔτ' ὀπίσω οὔτε προπάροιθεν ἀεῖραι 
 965 ἔσθενεν, ἀλλ' ὑπένερθε πάγη πόδας. αἱ δ' ἄρα τείως 
 ἀμφίπολοι μάλα πᾶσαι ἀπὸ σφείων ἐλίασθεν. 
 τὼ δ' ἄνεῳ καὶ ἄναυδοι ἐφέστασαν ἀλλήλοισιν, 
 ἢ δρυσίν, ἢ μακρῇσιν ἐειδόμενοι ἐλάτῃσιν, 
 αἵ τε παρᾶσσον ἕκηλοι ἐν οὔρεσιν ἐρρίζωνται, 
 970 νηνεμίῃ· μετὰ δ' αὖτις ὑπὸ ῥιπῆς ἀνέμοιο 
 κινύμεναι ὁμάδησαν ἀπείριτον· ὧς ἄρα τώγε 
 μέλλον ἅλις φθέγξασθαι ὑπὸ πνοιῇσιν Ἔρωτος. 
 γνῶ δέ μιν Αἰσονίδης ἄτῃ ἐνιπεπτηυῖαν 
 θευμορίῃ, καὶ τοῖον ὑποσσαίνων φάτο μῦθον· 
 975 "Τίπτε με, παρθενική, τόσον ἅζεαι, οἶον ἐόντα; 
 οὔ τοι ἐγών, οἷοί τε δυσαυχέες ἄλλοι ἔασιν 
 ἀνέρες, οὐδ' ὅτε περ πάτρῃ ἔνι ναιετάασκον, 
 ἦα πάρος. τῶ μή με λίην ὑπεραίδεο, κούρη, 
 ἤ τι παρεξερέεσθαι, ὅ τοι φίλον, ἠέ τι φάσθαι. 
 980 ἀλλ' ἐπεὶ ἀλλήλοισιν ἱκάνομεν εὐμενέοντες, 
 χώρῳ ἐν ἠγαθέῳ, ἵνα τ' οὐ θέμις ἔστ' ἀλιτέσθαι, 
 ἀμφαδίην ἀγόρευε καὶ εἴρεο· μηδέ με τερπνοῖς 
 φηλώσῃς ἐπέεσσιν, ἐπεὶ τὸ πρῶτον ὑπέστης 
 αὐτοκασιγνήτῃ μενοεικέα φάρμακα δώσειν. 
 985 πρός σ' αὐτῆς Ἑκάτης μειλίσσομαι ἠδὲ τοκήων 
 καὶ Διός, ὃς ξείνοις ἱκέτῃσί τε χεῖρ' ὑπερίσχει· 
 ἀμφότερον δ', ἱκέτης ξεῖνός τέ τοι ἐνθάδ' ἱκάνω, 
 χρειοῖ ἀναγκαίῃ γουνούμενος. οὐ γὰρ ἄνευθεν 
 ὑμείων στονόεντος ὑπέρτερος ἔσσομ' ἀέθλου. 
 990 σοὶ δ' ἂν ἐγὼ τίσαιμι χάριν μετόπισθεν ἀρωγῆς, 
 ἣ θέμις, ὡς ἐπέοικε διάνδιχα ναιετάοντας, 
 οὔνομα καὶ καλὸν τεύχων κλέος· ὧς δὲ καὶ ὧλλοι 
 ἥρωες κλῄσουσιν ἐς Ἑλλάδα νοστήσαντες 
 ἡρώων τ' ἄλοχοι καὶ μητέρες, αἵ νύ που ἤδη 
 995 ἡμέας ἠιόνεσσιν ἐφεζόμεναι γοάουσιν· 
 τάων ἀργαλέας κεν ἀποσκεδάσειας ἀνίας. 
 δή ποτε καὶ Θησῆα κακῶν ὑπελύσατ' ἀέθλων 
 παρθενικὴ Μινωὶς ἐυφρονέουσ' Ἀριάδνη, 
 ἥν ῥά τε Πασιφάη κούρη τέκεν Ἠελίοιο. 
 | [3,950] qu'il cessait de lui plaire. 
Ses yeux ne pouvaient s'arrêter sur ce qui l'environnait, 
elle tournait à tout moment la tête et portait au loin ses regards 
inquiets dans la campagne. Le moindre bruit, le plus léger souffle 
de vent faisait tressaillir vivement son coeur. Enfin, elle 
aperçoit l'objet de ses désirs. Tel qu'on voit sortir du sein de 
l'Océan, Sirius, dont la splendeur frappe les yeux, mais dont 
l'influence est souvent funeste aux troupeaux, tel et avec 
encore plus d'éclat, le fils d'Éson s'avançant à grands pas parut 
aux regards de Médée. A son aspect le trouble s'empare de ses 
sens, ses yeux se couvrent d'un nuage, une rougeur brillante se 
répand sur son visage, ses genoux tremblants se dérobent 
sous elle, elle ne peut ni avancer ni s'éloigner. Cependant ses 
suivantes se retirent et la laissent seule avec Jason. Ils restent 
tous les deux quelque temps immobiles et sans rien dire. Ainsi 
lorsque les zéphyrs retiennent leur haleine, le silence règne dans 
une forêt. Mais bientôt le vent souffle, les arbres sont agités et 
font entendre un doux murmure. Ainsi Jason et Médée, inspirés 
par l'amour, feront bientôt succéder au silence les plus tendres 
accents. Le héros reconnut d'abord au trouble de Médée le trait 
dont une main divine l'avait blessée. "Princesse, lui dit-il avec 
douceur, vous me voyez seul devant vous. D'où vient que la 
crainte glace vos esprits ? Je ne suis point de ces hommes que 
leur insolence rend insupportables. Jamais on ne me vit tel, lors 
même que j'habitais au sein de ma patrie. Cessez donc 
d'appréhender. Parlez et interrogez-moi librement, et puisque 
une confiance réciproque nous réunit en un lieu sacré, sûr garant 
de la bonne foi, daignez vous expliquer, et, sans m'abuser par 
des espérances frivoles, exécutez la promesse que vous avez 
faite à votre soeur en m'armant du pouvoir de vos 
enchantements. Je vous en conjure par Hécate elle-même, par 
les auteurs de vos jours, par Jupiter dont le bras vengeur protège 
les étrangers et les suppliants. C'est à ce double titre que 
j'embrasse vos genoux. Sans vous, je ne puis sortir victorieux 
des combats où la nécessité m'a condamné. L'intervalle qui 
sépare nos demeures ne me laisse qu'un moyen de faire éclater 
ma reconnaissance. Je publierai vos bienfaits dans la Grèce et j'y 
rendrai votre gloire immortelle. Tous les héros qui me suivent 
diront que c'est à vous qu'ils doivent la douceur de revoir leur 
patrie. Leurs femmes et leurs mères vous combleront de 
bénédictions. Peut-être qu'assises en ce moment sur le bord de la 
mer elles déplorent déjà notre perte. Dissipez leurs alarmes en 
nous secourant. Par une semblable faveur, la jeune Ariane, fille 
de Minos et de Pasiphaé qui avait pour père le soleil, délivra 
autrefois Thésée du plus pressant danger. 
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