HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

APOLLONIOS de Rhodes, Argonautica, chant IV

Vers 1650-1699

  Vers 1650-1699

[4,1650] νῆα περιδδείσαντες ἀνακρούεσκον ἐρετμοῖς.
καί νύ κ' ἐπισμυγερῶς Κρήτης ἑκὰς ἠέρθησαν,
ἀμφότερον δίψῃ τε καὶ ἄλγεσι μοχθίζοντες,
εἰ μή σφιν Μήδεια λιαζομένοις ἀγόρευσεν·
"Κέκλυτέ μευ. μούνη γὰρ ὀίομαι ὔμμι δαμάσσειν
1655 ἄνδρα τόν, ὅστις ὅδ' ἐστί, καὶ εἰ παγχάλκεον ἴσχει
ὃν δέμας, ὁππότε μή οἱ ἐπ' ἀκάματος πέλοι αἰών.
ἀλλ' ἔχετ' αὐτοῦ νῆα θελήμονες ἐκτὸς ἐρωῆς
πετράων, εἵως κεν ἐμοὶ εἴξειε δαμῆναι."
Ὧς ἄρ' ἔφη· καὶ τοὶ μὲν ὑπὲκ βελέων ἐρύσαντο
1660 νῆ' ἐπ' ἐρετμοῖσιν, δεδοκημένοι ἥντινα ῥέξει
μῆτιν ἀνωίστως· δὲ πτύχα πορφυρέοιο
προσχομένη πέπλοιο παρειάων ἑκάτερθεν
βήσατ' ἐπ' ἰκριόφιν· χειρὸς δέ χειρὶ μεμαρπὼς
Αἰσονίδης ἐκόμιζε διὰ κληῖδας ἰοῦσαν.
1665 ἔνθα δ' ἀοιδῇσιν μειλίσσετο, μέλπε δὲ Κῆρας
θυμοβόρους, Ἀίδαο θοὰς κύνας, αἳ περὶ πᾶσαν
ἠέρα δινεύουσαι ἐπὶ ζωοῖσιν ἄγονται.
τὰς γουναζομένη τρὶς μὲν παρεκέκλετ' ἀοιδαῖς,
τρὶς δὲ λιταῖς· θεμένη δὲ κακὸν νόον, ἐχθοδοποῖσιν
1670 ὄμμασι χαλκείοιο Τάλω ἐμέγηρεν ὀπωπάς·
λευγαλέον δ' ἐπί οἱ πρῖεν χόλον, ἐκ δ' ἀίδηλα
δείκηλα προΐαλλεν, ἐπιζάφελον κοτέουσα.
Ζεῦ πάτερ, μέγα δή μοι ἐνὶ φρεσὶ θάμβος ἄηται,
εἰ δὴ μὴ νούσοισι τυπῇσί τε μοῦνον ὄλεθρος
1675 ἀντιάει, καὶ δή τις ἀπόπροθεν ἄμμε χαλέπτει.
ὧς ὅγε χάλκειός περ ἐὼν ὑπόειξε δαμῆναι
Μηδείης βρίμῃ πολυφαρμάκου. ἂν δὲ βαρείας
ὀχλίζων λάιγγας, ἐρυκέμεν ὅρμον ἱκέσθαι.
πετραίῳ στόνυχι χρίμψε σφυρόν· ἐκ δέ οἱ ἰχὼρ
1680 τηκομένῳ ἴκελος μολίβῳ ῥέεν· οὐδ' ἔτι δηρὸν
εἱστήκει προβλῆτος ἐπεμβεβαὼς σκοπέλοιο.
ἀλλ' ὥς τίς τ' ἐν ὄρεσσι πελωρίη ὑψόθι πεύκη,
τήν τε θοοῖς πελέκεσσιν ἔθ' ἡμιπλῆγα λιπόντες
ὑλοτόμοι δρυμοῖο κατήλυθον· δ' ὑπὸ νυκτὶ
1685 ῥιπῇσιν μὲν πρῶτα τινάσσεται, ὕστερον αὖτε
πρυμνόθεν ἐξαγεῖσα κατήριπεν· ὧς ὅγε ποσσὶν
ἀκαμάτοις τείως μὲν ἐπισταδὸν ᾐωρεῖτο,
ὕστερον αὖτ' ἀμενηνὸς ἀπείρονι κάππεσε δούπῳ.
κεῖνο μὲν οὖν Κρήτῃ ἐνὶ δὴ κνέφας ηὐλίζοντο
1690 ἥρωες· μετὰ δ' οἵγε νέον φαέθουσαν ἐς ἠῶ
ἱρὸν Ἀθηναίης Μινωίδος ἱδρύσαντο,
ὕδωρ τ' εἰσαφύσαντο καὶ εἰσέβαν, ὥς κεν ἐρετμοῖς
παμπρώτιστα βάλοιεν ὑπὲρ Σαλμωνίδος ἄκρης.
Λὐτίκα δὲ Κρηταῖον ὑπὲρ μέγα λαῖτμα θέοντας
1695 νὺξ ἐφόβει, τήνπερ τε κατουλάδα κικλήσκουσιν·
νύκτ' ὀλοὴν οὐκ ἄστρα διίσχανεν, οὐκ ἀμαρυγαὶ
μήνης· οὐρανόθεν δὲ μέλαν χάος, ἠέ τις ἄλλη
ὠρώρει σκοτίη μυχάτων ἀνιοῦσα βερέθρων.
αὐτοὶ δ', εἴτ' Ἀίδῃ, εἴθ' ὕδασιν ἐμφορέοντο,
[4,1650] Les Argonautes, effrayés, abandonnèrent promptement le rivage et se préparaient, malgré la soif qui les pressait et la fatigue dont ils étaient accablés, à fuir loin de l'île de Crète : "Écoutez, leur dit alors Médée, quel que soit ce fier ennemi, quand tout son corps serait d'airain, je prétends, pourvu qu'il ne soit pas immortel, le dompter seule aujourd'hui si vous voulez tenir quelque temps le vaisseau immobile hors de la portée de ses coups." On s'arrêta donc, et chacun attendait l'événement avec impatience. Médée, le visage couvert de sa robe, fut conduite à travers les bancs par Jason qui lui tenait la main et monta sur le bord du vaisseau. Là par des enchantements elle invoqua les Furies, ces chiens agiles de Pluton, qui tournant sans cesse dans les airs sont toujours prêts à se jeter sur les mortels. Elle se mit ensuite à genoux et les conjura trois fois par de nouveaux charmes et trois fois par de simples prières. Dès qu'elle fut remplie de leur esprit malin, elle fascina par des regards pleins de haine les yeux de Talus, et toute hors d'elle-même, elle souffla sur lui sa rage et lui envoya d'horribles fantômes. Grand Jupiter ! quelle surprise est la mienne ! Les maladies et le fer ne sont donc pas les seules causes de notre mort, un ennemi peut nous la donner de loin par ses prestiges. Ainsi Talus, malgré l'airain dont son corps était formé, succomba sous le pouvoir de Médée. Tandis qu'il faisait rouler des pierres pour empêcher qu'on ne pût aborder, son talon rencontra la pointe d'un rocher. Aussitôt une liqueur semblable à du plomb fondu coula de la veine fatale. Avec elle ses forces l'abandonnent, et bientôt il ne peut plus soutenir ses membres. Tel qu'un pin élevé que des bûcherons ont laissé demi-abattu sur une montagne, agité durant la nuit par les vents, se brise entièrement et est renversé, tel le géant, après avoir chancelé quelque temps, tombe enfin sans force avec un bruit effroyable. Les Argonautes ayant passé la nuit dans l'île de Crète, élevèrent aux premiers rayons du jour un monument en l'honneur de Minerve Minoïs, et s'étant munis d'eau, se rembarquèrent pour doubler aussitôt le promontoire Salmon. Ils parcoururent ensuite la mer de Crète, et l'avaient même déjà franchie lorsqu'ils furent surpris par une nuit épouvantable, nuit redoutée des matelots, qui l'appellent Catoulas et dont les astres ne peuvent percer l'obscurité. On eût dit que le noir chaos était répandu sur le ciel ou que les plus profonds abîmes avaient vomi dans les airs toutes leurs ténèbres. Chacun, interdit, ne savait s'il était porté sur les eaux ou plongé dans le sombre empire de Pluton.


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Dernière mise à jour : 20/10/2005