[3,12,6] Ἕκτωρ μὲν οὖν Ἀνδρομάχην τὴν Ἠετίωνος γαμεῖ, Ἀλέξανδρος δὲ Οἰνώνην τὴν Κεβρῆνος τοῦ
ποταμοῦ θυγατέρα. αὕτη παρὰ ῾Ρέας τὴν μαντικὴν μαθοῦσα προέλεγεν Ἀλεξάνδρῳ μὴ πλεῖν ἐπὶ
Ἑλένην. μὴ πείθουσα δὲ εἶπεν, ἐὰν τρωθῇ, παραγενέσθαι πρὸς αὐτήν· μόνην γὰρ θεραπεῦσαι
δύνασθαι. τὸν δὲ Ἑλένην ἐκ Σπάρτης ἁρπάσαι, πολεμουμένης δὲ Τροίας τοξευθέντα ὑπὸ Φιλοκτήτου
τόξοις Ἡρακλείοις πρὸς Οἰνώνην ἐπανελθεῖν εἰς Ἴδην. ἡ δὲ μνησικακοῦσα θεραπεύσειν οὐκ ἔφη.
Ἀλέξανδρος μὲν οὖν εἰς Τροίαν κομιζόμενος ἐτελεύτα, Οἰνώνη δὲ μετανοήσασα τὰ πρὸς θεραπείαν
φάρμακα ἔφερε, καὶ καταλαβοῦσα αὐτὸν νεκρὸν ἑαυτὴν ἀνήρτησεν.
ὁ δὲ Ἀσωπὸς ποταμὸς Ὠκεανοῦ καὶ Τηθύος, ὡς δὲ Ἀκουσίλαος λέγει, Πηροῦς καὶ Ποσειδῶνος, ὡς δέ
τινες, Διὸς καὶ Εὐρυνόμης. τούτῳ Μετώπη γημαμένη (Λάδωνος δὲ τοῦ ποταμοῦ θυγάτηρ αὕτη) δύο μὲν
παῖδας ἐγέννησεν, Ἰσμηνὸν καὶ Πελάγοντα, εἴκοσι δὲ θυγατέρας, ὧν μὲν μίαν Αἴγιναν ἥρπασε Ζεύς.
ταύτην Ἀσωπὸς ζητῶν ἧκεν εἰς Κόρινθον, καὶ μανθάνει παρὰ Σισύφου τὸν ἡρπακότα εἶναι Δία. Ζεὺς δὲ
Ἀσωπὸν μὲν κεραυνώσας διώκοντα πάλιν ἐπὶ τὰ οἰκεῖα ἀπέπεμψε ῥεῖθρα (διὰ τοῦτο μέχρι καὶ νῦν ἐκ
τῶν τούτου ῥείθρων ἄνθρακες φέρονται), Αἴγιναν δὲ κομίσας εἰς τὴν τότε Οἰνώνην λεγομένην νῆσον,
νῦν δὲ Αἴγιναν ἀπ᾽ ἐκείνης κληθεῖσαν, μίγνυται, καὶ τεκνοῖ παῖδα ἐξ αὐτῆς Αἰακόν. τούτῳ Ζεὺς ὄντι
μόνῳ ἐν τῇ νήσῳ τοὺς μύρμηκας ἀνθρώπους ἐποίησε. γαμεῖ δὲ Αἰακὸς Ἐνδηίδα τὴν Σκείρωνος, ἐξ ἧς
αὐτῷ παῖδες ἐγένοντο Πηλεύς τε καὶ Τελαμών. Φερεκύδης δέ φησι Τελαμῶνα φίλον, οὐκ ἀδελφὸν
Πηλέως εἶναι, ἀλλ᾽ Ἀκταίου παῖδα καὶ Γλαύκης τῆς Κυχρέως. μίγνυται δὲ αὖθις Αἰακὸς Ψαμάθῃ τῇ
Νηρέως εἰς φώκην ἠλλαγμένῃ διὰ τὸ μὴ βούλεσθαι συνελθεῖν, καὶ τεκνοῖ παῖδα Φῶκον.
ἦν δὲ εὐσεβέστατος πάντων Αἰακός. διὸ καὶ τὴν Ἑλλάδα κατεχούσης ἀφορίας διὰ Πέλοπα, ὅτι
Στυμφάλῳ τῷ βασιλεῖ τῶν Ἀρκάδων πολεμῶν καὶ τὴν Ἀρκαδίαν ἑλεῖν μὴ δυνάμενος,
προσποιησάμενος φιλίαν ἔκτεινεν αὐτὸν καὶ διέσπειρε μελίσας, χρησμοὶ θεῶν ἔλεγον
ἀπαλλαγήσεσθαι τῶν ἐνεστώτων κακῶν τὴν Ἑλλάδα, ἐὰν Αἰακὸς ὑπὲρ αὐτῆς εὐχὰς ποιήσηται
ποιησαμένου δὲ εὐχὰς Αἰακοῦ τῆς ἀκαρπίας ἡ Ἑλλὰς ἀπαλλάττεται. τιμᾶται δὲ καὶ παρὰ Πλούτωνι
τελευτήσας Αἰακός, καὶ τὰς κλεῖς τοῦ Ἅιδου φυλάττει.
διαφέροντος δὲ ἐν τοῖς ἀγῶσι Φώκου, τοὺς ἀδελφοὺς Πηλέα καὶ Τελαμῶνα ἐπιβουλεῦσαι· καὶ λαχὼν
κλήρῳ Τελαμὼν συγγυμναζόμενον αὐτὸν βαλὼν δίσκῳ κατὰ τῆς κεφαλῆς κτείνει, καὶ κομίσας μετὰ
Πηλέως κρύπτει κατά τινος ὕλης. φωραθέντος δὲ τοῦ φόνου φυγάδες ἀπὸ Αἰγίνης ὑπὸ Αἰακοῦ
ἐλαύνονται.
| [3,12,6] Hector épousa Andromaque, la fille d'Éétion, et Alexandre épousa Œnone, la fille
du fleuve Cébren. Œnone avait appris de Rhéa l'art de la divination ; elle mit en garde
Alexandre de ne pas voyager sur la mer pour enlever Hélène, mais elle ne réussit pas à le
convaincre. Alors elle ajouta qu'il revienne auprès d'elle, au cas où il serait blessé, car elle
seule pourrait le soigner. Quand ensuite il enleva Hélène, que Troie fut assiégée, Pâris fut
blessé par Philoctète, avec les flèches d'Héraclès, et il se rendit auprès d'Œnone sur l'Ida. Mais
son épouse, qui se souvenait encore du déshonneur qu'il lui avait fait subir, refusa de le
soigner. Ainsi Alexandre fut reconduit à Troie, et il mourut. Œnone, entre-temps, pleine de
remords, avait apporté à Troie les médicaments pour guérir Alexandre ; mais quand elle
trouva son époux désormais mort, elle se pendit.
Le fleuve Asopos était le fils d'Océan et de Téthys, ou bien, comme le dit Acousilaos, de Péro
et de Poséidon, ou bien encore de Zeus et d'Eurynomé. Métopé, la fille du fleuve Ladon,
l'épousa et lui donna deux fils, Isménos et Pélasgon, et vingt filles, dont l'une, Égine, fut
enlevée par Zeus. Recherchant sa fille, Asopos arriva à Corinthe, où il sut, de Sisyphe, que le
ravisseur était Zeus. Asopos le suivit alors, mais Zeus lui envoya sa foudre et le fit retourner
dans son cours habituel - c'est pourquoi depuis ce jour le courant de l'Asopos charrie du
charbon. Égine fut amenée dans l'île qui se nommait alors Œnone, et qu'on appelle aujourd'hui
du nom de la jeune fille ; Zeus s'unit à elle, et engendra un fils, Éaque. Mais Éaque vivait seul
dans l'île ; alors Zeus, pour lui donner de la compagnie, transforma les fourmis en hommes.
Éaque épousa Endéis, la fille de Sciron ; de leur union naquirent Pélée et Télamon. Mais
Phérécyde soutient que Télamon était l'ami de Pélée, non son frère, et qu'il était le fils
d'Actaios et de Glaucé, la fille de Cychrée. Éaque s'unit ensuite à Psamathée, la fille de Nérée,
qui s'était métamorphosée en phoque pour échapper à ses ardeurs amoureuses ; ils eurent un
fils, Phocos.
Éaque était le plus dévoué d'entre les hommes. À l'époque où la Grèce fut frappée d'une grave
sécheresse à cause de Pélops (il avait fait la guerre à Stymphalos, le roi des Arcadiens, sans
toutefois réussir à se rendre maître de l'Arcadie : alors il feignit d'offrir au souverain son
amitié, puis il le tua, découpa son corps en morceaux qu'il dispersa) - en ce temps-là, donc, les
oracles divins dirent que la Grèce serait soulagée des maux qui pesaient sur elle si Éaque
priait pour elle. Ainsi Éaque fit des prières, et la Grèce fut délivrée de la sécheresse. Même
après sa mort, Éaque reçut les honneurs dans le royaume d'Hadès, et on lui confia les clefs des
Enfers.
Phocos excellait particulièrement dans les concours athlétiques, et pour cette raison ses frères,
Pélée et Télamon, complotèrent contre lui. Le sort désigna Télamon ; au cours d'une épreuve
gymnique avec Phocos, il lui lança un disque à la tête et le tua ; puis, Pélée et lui emportèrent
son corps et le déposèrent dans un bois. Mais le meurtre fut découvert, et Éaque les chassa
d'Égine.
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