[26] Περὶ δὲ εἱμαρμένης τοιαῦτά τινα τῷ ἀνδρὶ
ἀρέσκει. Πάντα μέν φησιν ἐν εἱμαρμένῃ εἶναι, οὐ μὴν πάντα
καθειμάρθαι. Ἡ γὰρ εἱμαρμένη νόμου τάξιν ἐπέχουσα οὐχ οἷον
λέγει, διότι ὅδε μὲν τάδε ποιήσει, ὅδε δὲ τάδε πείσεται· εἰς
ἄπειρον γὰρ τοῦτο, ἀπείρων μὲν ὄντων τῶν γεννωμένων, ἀπείρων
δὲ τῶν περὶ αὐτοὺς συμβαινόντων· ἐπεὶ καὶ τὸ ἐφ´ ἡμῖν οἰχήσεται
καὶ ἔπαινοι καὶ ψόγοι καὶ πᾶν τὸ τούτοις παραπλήσιον· ἀλλὰ
διότι ἥτις ἂν ἕληται ψυχὴ τοιοῦτον βίον καὶ τάδε τινὰ πράξῃ,
τάδε τινὰ αὐτῇ ἕψεται.
Ἀδέσποτον οὖν ἡ ψυχὴ καὶ ἐπ´ αὐτῇ μὲν τὸ πρᾶξαι ἢ μή,
καὶ οὐ κατηνάγκασται τοῦτο, τὸ δὲ ἑπόμενον τῇ πράξει καθ´
εἱμαρμένην συντελεσθήσεται· οἷον τῷ· Πάρις ἁρπάσει τὴν
Ἑλένην, ἐπ´ αὐτῷ ὄντι, ἀκολουθήσει τό· πολεμήσουσι περὶ τῆς
Ἑλένης οἱ Ἕλληνες. Οὕτω γὰρ καὶ ὁ Ἀπόλλων τῷ Λαΐῳ
προεῖπεν·
Εἰ γὰρ τεκνώσεις παῖδ´, ἀποκτενεῖ ς´ ὁ φύς·
ἐν τῷ θεσμῷ δὴ περιέχεται μὲν καὶ ὁ Λάϊος καὶ τὸ φῦσαι αὐτὸν
παῖδα, καθείμαρται δὲ τὸ ἑπόμενον.
Ἡ δὲ τοῦ δυνατοῦ φύσις πέπτωκε μέν πως μεταξὺ τοῦ τε
ἀληθοῦς καὶ τοῦ ψεύδους, ἀορίστῳ δὲ ὄντι αὐτῷ τῇ φύσει ὥσπερ
ἐποχεῖται τὸ ἐφ´ ἡμῖν· ὃ δ´ ἂν ἑλομένων ἡμῶν γένηται, τοῦτο
ἔσται ἢ ἀληθὲς ἢ ψεῦδος· τὸ δὲ δυνάμει τοῦ καθ´ ἕξιν καὶ κατ´
ἐνέργειαν λεγομένου διήνεγκε. Τὸ μὲν γὰρ δυνάμει ἐπιτηδειότητά
τινα ἀποσημαίνει πρός τινα οὔπω τὴν ἕξιν ἔχοντα· ὡς ὁ
παῖς δυνάμει ῥηθήσεται καὶ γραμματικὸς καὶ αὐλητὴς καὶ
τέκτων, ἔσται δὲ τὸ τηνικάδε ἐν ἕξει ἑνός τινος ἢ δυοῖν τούτων,
ὁπόταν μάθῃ καὶ κτήσηταί τινα τῶν ἕξεων· κατ´ ἐνέργειαν δὲ
ὁπόταν ἐνεργῇ ἀπὸ τῆς ἕξεως ἐκείνης, ἣν κέκτηται· τὸ δὲ
δυνατὸν οὐδὲν τούτων, ἀορισταῖνον δὲ τῷ ἐφ´ ἡμῖν κατὰ τὴν ἐφ´
ὁπότερον ῥοπὴν λαμβάνει τὸ ἀληθεύειν ἢ μή.
| [26] CHAPITRE XXVI.
VOICI les idées de Platon touchant la fatalité. Il pense que tout est soumis à la fatalité, mais que tout n'est pas réglé par elle. Quoique le destin soit une espèce de loi, ce n'est pas à dire qu'il détermine, « celui-ci fera telle chose, celui-là souffrira telle autre chose ». Cela irait à l'infini ; car le nombre des individus est infini, et les accidents de chaque individu infinis aussi. D'ailleurs où seraient alors notre liberté, les sujets de louange, de blâme, et toutes choses semblables? Mais l'influence du destin se réduit à ce que si une âme mène une telle vie et qu'elle fasse telles actions il en résultera telles conséquences. L’âme est donc indépendante ; elle est la maîtresse d'agir ou de ne pas agir. A cet égard elle ne peut point être forcée ; mais les conséquences de l'action sont conformes aux décrets de la destinée. Par exemple Paris (le fils de
Priam) est bien le maître d'enlever ou de ne pas enlever Hélène, mais s'il l'enlève il en résultera
que les Grecs feront la guerre aux Troyens à cause de cet enlèvement. C'est ainsi qu'Apollon
prédit à Laïus (roi de Thèbes et père d’Œdipe) ; « Si tu engendres un fils, il te donnera la mort ».
L'oracle parle de Laïus et d'un fils qu'il peut engendrer; mais le destin règle les conséquences de
cette génération. La nature du possible est placée en quelque manière entre le vrai et le faux;
mais comme il est naturellement indéfini, notre liberté se conserve. Ce qui existe par notre choix
est ou vrai, ou faux ; ce qui existe en puissance est différent de ce qui existe en habitude, ou en acte; ce
qui existe en puissance suppose une certaine disposition pour une habitude qu'il n'a pas encore ;
c'est ainsi qu'on peut dire qu'un enfant est grammairien, joueur, de flûte, forgeron, en puissance : il
sera en habitude une ou deux de ces choses lorsqu'il aura appris et qu'il saura quelques principes
de ces arts : il le sera en acte, lorsqu'il travaillera en maître selon les principes qu'il aura appris. Le
possible n'est rien de tout cela : mais notre liberté étant indéfinie prend un caractère de vérité ou-
de fausseté selon qu'elle incline d'un côté ou de l'autre.
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