[24] Ὅτι δὲ τριμερής ἐστιν ἡ ψυχὴ κατὰ τὰς
δυνάμεις, καὶ κατὰ λόγον τὰ μέρη αὐτῆς τόποις ἰδίοις διανενέμηται,
μάθοιμεν ἂν ἐντεῦθεν. Πρῶτον μὲν δὴ τὰ φύσει χωριζόμενα
ἕτερα ὑπάρχει· φύσει δὲ χωρίζεται τὸ παθητικὸν καὶ
λογιστικόν, εἴ γε τὸ μὲν περὶ τὰ νοητά ἐστι, τὸ δὲ περὶ τὰ
λυπηρὰ καὶ ἡδέα, προσέτι τοῦ παθητικοῦ καὶ περὶ τὰ ζῷα ὄντος.
Ἔπειτά γε μὴν ἕτερα ὄντα τῇ φύσει τό τε παθητικὸν
καὶ τὸ λογιστικὸν καὶ τόποις ὀφείλει κεχωρίσθαι. Εὑρίσκεται
γὰρ μαχόμενα ἀλλήλοις, οὔτε αὐτοῦ τινὸς πρὸς αὑτὸ μάχεσθαι
δυναμένου οὔτε τῶν ἐναντιουμένων πρὸς ἄλληλα περὶ τὸ αὐτὸ
κατὰ τὸν αὐτὸν χρόνον δυναμένων συστῆναι.
Ὁρᾶται δέ γε ἐπὶ μὲν τῆς Μηδείας ὁ θυμὸς λογισμῷ
μαχόμενος· λέγει γοῦν τὸ
Καὶ μανθάνω μὲν οἷα δρᾶν μέλλω κακά,
Θυμὸς δὲ κρείσσων τῶν ἐμῶν βουλευμάτων·
ἐπὶ δὲ τοῦ Λαίου τὸν Χρύσιππον ἁρπάζοντος ἐπιθυμία λογισμῷ
μαχομένη· λέγει γὰρ οὕτως·
Αἲ αἲ τόδ´ ἤδη θεῖον ἀνθρώποις κακόν,
Ὅταν τις εἰδῇ τἀγαθόν, χρῆται δὲ μή.
Ἔτι δὲ τὸ ἕτερον εἶναι τὸ λογιστικὸν τοῦ παθητικοῦ παρίσταται
κἀκ τοῦ ἑτέραν μὲν ἐπιμέλειαν εἶναι τοῦ λογιστικοῦ,
ἑτέραν δὲ τοῦ παθητικοῦ· τοῦ μὲν διὰ διδασκαλίας, τοῦ δὲ διὰ
τῆς ἔθους ἀσκήσεως.
| [24] CHAPITRE XXIV.
QUE L’AME se divise en trois parties relativement à ses trois facultés, que ces
parties soient distribuées dans des lieux particuliers selon l'essence de ces mêmes facultés, c'est ce
que l'on peut conclure de ce qui suit. D’abord les choses que la nature a séparées sont différentes
: or la faculté rationnelle et la faculté sensitive sont naturellement séparées; car l'une a pour objet
les choses intelligibles, et l'autre a pour objet le plaisir et la douleur. D'ailleurs la faculté
sensitive est commune aux animaux. Puis donc que la nature a mis de la différence entre la
faculté rationnelle et la faculté sensitive, il faut aussi que ces deux facultés aient une différence
locale ; d'ailleurs elles se combattent souvent l'une et l'autre : or une chose ne peut pas combattre
contre elle-même, et des choses qui se combattent réciproquement ne peuvent pas exister en
même temps dans un même lieu. On voit en effet dans la tragédie de Médée que la colère combat
la raison. Ce personnage s'exprime ainsi : « Je n'ignore point tous les maux que je vais causer ;
mais les conseils de ma fureur sont les plus forts ». Ailleurs on voit la passion de Laïus,
ravisseur de Chrysippe, aux prises avec la raison. Voici ses paroles : « Hélas ! c'est pour l'homme
le plus ce grand de tous les forfaits lorsqu'il connaît le bien sans le faire. » Une autre preuve que la
faculté sensitive est différente de la volonté rationnelle, c'est qu'elles ont l'une et l'autre un objet
très différent ; car l'une a la science pour apanage, et l'autre, les affections de la vie.
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